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COMMUNICATION ANIMALE: ENTRE CHARLATANISME ET RÉALITÉ SCIENTIFIQUE.

Dans la communication animale, on retrouve un vocabulaire et des néologismes empruntés au New Age et au développement personnel.

Cachemire de la Caillauderie, chat des chartreux

Dans le film « Docteur Dolittle », sorti en 1998 et interprété par Eddie Murphy, un vétérinaire fait une découverte étonnante: il peut communiquer avec les animaux par télépathie. Cette comédie légère et sympathique ravira les amoureux des animaux. Bien qu’il s’agisse d’une fiction cinématographique, il existe dans certains courants ésotériques, éloignés de la pensée rationnelle et proches du New Age, une notion appelée « communication animale ». Cette pratique propose d’établir un lien avec les animaux et échanger avec eux des informations au-delà des barrières linguistiques.

On pourrait penser que la communication animale fait référence à l’éthologie animale, qui étudie le comportement des animaux et peut servir de passerelle pour comparer le comportement animal à celui de l’homme. L’éthologie classique, s’est notamment intéressée à la comparaison entre le comportement des animaux et ceux des êtres humains. Certains éthologues ont même développé une branche spécifique, l’ éthologie humaine en parallèle avec celle des animaux. Par exemple, Konrad Lorenz,  lauréat du prix Nobel de médecine en 1973, a exploré dans son livre, « Trois essais sur le comportement animal et humain »les conditions nécessaires à l’émergence de comportement humain .

Cependant, la communication animale, bien que souvent confondue avec l’éthologie, est en réalité pour les sceptiques, une vaste supercherie intellectuelle, n’ayant pas de fondements scientifiques solides comme l’éthologie.

Dans la communication animale, on affirme que l’intuition, la pensée et l’énergie permettent de pratiquer la télépathie avec les animaux. Cependant, cette approche suscite des doutes quant à sa crédibilité scientifique. En réalité, cette idée n’est pas aussi révolutionnaire qu’elle le semble. Finalement, ce n’est pas si nouveau que ça. Lobsang Rampa, considéré comme un charlatan qui n’avait jamais mis les pieds au Tibet mais, a connu un succès mondial dans le domaine de l’ésotérisme populaire avec son livre le « Troisième oeil »prétend que son livre « Vivre avec le lama » a été dicté par un être non humain, en l’occurence une chatte siamoise Madame Fifi Greywisken. Cette affirmation peut-être interprétée comme l’illustration de croyances ésotériques autour de la communication animale, et elles relèvent davantage de la fiction ou de la mystification que de l’éthologie, une discipline scientifique étudiant le comportement animal de manière empirique.

Toutefois, il est important de noter que cette approche diffère radicalement du comportementalisme animalier. Elle présente des risques potentiels pour la santé de votre animal si elle est utilisée ne remplacement des soins vétérinaires conventionnels.

Intéressons-nous à la façon dont se déroule une séance de communication animale. Cela peut se faire de deux manières: en présentiel ou à distance. Cette analogie ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose ? Cela rappelle étrangement une séance de médiumnité, n’est-ce pas ?Ce parallèle soulève des questions quant à la crédibilité de cette pratique.

La communication animale revendique un contact direct avec l’âme de l’animal, un aspect parapsychologique qui échappe à la rationalité traditionnelle. Ah, bien sur, ces ces communicants animaliers nous révèlent cette incroyable vérité: nos animaux de compagnie ne peuvent pas nous dire ce qu’ils ressentent! Comme si les maîtres d’animaux ne l’avaient pas remarqué.

Ces professionnels affirment sans vergogne posséder la « capacité unique » de servir d’intermédiaire entre l’animal et le propriétaire pour améliorer leur relation. Cette approche peut-être considérée comme une forme de psychothérapie adaptée à l’animal mais on peut la confondre avec avec la thérapie animalière traditionnelle, la zoothérapie et même la médecine vétérinaire. Cela va assez loin dans le charlatanisme qui cette fois-ci concerne la médecine vétérinaire et la thérapie animalière.

La communication animalière prétend résoudre les problèmes de comportement de vos animaux de compagnie. Là encore, cela risque d’être confondu avec la thérapie comportementale dont ont besoin certains chiens qui ont des troubles du comportement comme le léchage impulsif, la malpropreté, l’agressivité, l’anxiété de séparation et les problèmes de destruction. Même si ces professionnesl sont des coachs nécessaire pour des maîtres dépassés par animal de compagnie, et qu’ils aiment leur métier, ils ne communiquent pas par télépathie avec les chiens. Peut-être par empathie, mais ceci n’est qu’une opinion personnelle sans fondement scientifique.

En consultant le site, « Le chien coureur » », j’ai constaté que le sérieux était au rendez-vous. Une rubrique intitulée « Comment saluer un nouveau chien » m’a particulièrement interpellée ! Plutôt que d’imaginer des pratiques ésotériques telles que des imposition des mains ou des postures de yoga, l’approche est purement pavlovienne, basée sur le réflexe conditionné. Pour saluer un chien, il est recommandé de maintenir une distance sécuritaire, de s’approcher doucement de lui, et surtout, de demander l’autorisation au maître (non pas au chien) d’interagir avec l’animal. À l’opposé de la communication animale.

L’approche consiste à se présenter sans se pencher ni établir de contact visuel, en restant en dehors de sa bulle protectrice. Comme nous, les animaux possèdent une sphère ou une barrière protectrice qui leur permet de se sentir en sécurité. C’est sacré! Des neurones spécifiques chez l’homme homme et l’animal peuvent déclencher des comportements d’évitement ou de défense si cette distance protectrice est violée! Cette approche s’inscrit dans le domaine de l’éthologie et du comportementalisme, comme l’a démontré Heini Hediger, zoologiste suisse et directeur de zoo.

Dans la communication animale, on retrouve un vocabulaire et des néologismes empruntés au New Age et au développement personnel. Une communicatrice pour animaux s’exprime ainsi: : « il y a rien de magique dans ce processus. Il faut lâcher prise avec son mental, se synchroniser avec les mêmes ondes et stimuler cette fréquence pour communiquer ». Cette communicatrice, si l’animal n’est pas physiquement présent demande une photo où les yeux de l’animal sont visibles, peu importe qu’il soit vivant ou mort. Cela ressemble à une séance de spiritisme initiée avec l’animal. Une fois le contact établi, un véritable échange avec les âmes commencent. « je transmets les messages de son gardien -terme plus approprié que « propriétaire » ou « maître »-. L’animal parle et elle entend une voix, et c’est comme si elle décrochait le téléphone, tel que dans le film Doolittle. La communication peut même se manifester par des frissons, des sensations ou la vision de couleurs.

Il est vrai que le comportement des animaux peut être difficile à interpréter par « leurs gardiens », et les motivations derrière leurs actions peuvent être multiples et complexes. Dans le cas particulier de Loky, un chat adopté dans un refuge, sa maîtresse a était déçue de la séance de communication animale qu’elle a entreprise pour comprendre pourquoi son chat manifester des comportements excessif de morsure et de miaulement. Elle reproche à la communicatrice d’avoir évoqué son abandon par ses maitres précédents à Loki. Cependant, il est important de noter que sur Internet, de nombreux articles, de nombreux articles rédigés par des vétérinaires et des comportementalistes animaliers abordent ce sujet. Il est possible que le comportement de Loki soit en partie lié à son éducation et à sevrage précoce.

La communication animale est en effet devenu un sujet populaire, avec de nombreux livres et praticiens proposant leurs services dans ce domaine. Elle est souvent associée au développement personnel et au New Age, offrant un moyen pour les individus de se connecter plus profondément avec leurs animaux et leur intuition. Elle est considérée comme un cheminement spirituel par de nombreux praticiens et adeptes de cette pratique.

Il est préoccupant de constater l’émergence de dérives sectaires qui n’affectent plus non seulement les humains, mais aussi les animaux comme souligné dans dans l’excellent article paru dans le journal, Marianne de décembre 2023. Mathieu Porzzo du GEMPPI met en lumière le risque de sujétion que représente cette situation, souvent exploité par certains thérapeutes, notamment ceux pratiquant le féminin sacré et la kinésiologie. Il pointe du doigt des figures telles que Laila Del Monte, qui se présente en tenue tibétaine et se vante d’avoir 25 ans d’expérience en communication animale. Cette tendance semble avoir des liens étroits avec le bouddhisme et le New Age, avec une porosité significative entre ces mouvements. Il est en effet, remarquable de constater une similitude avec l’histoire du lama Lobsang Rampa, une figure très influente dans le milieu New Age. Son cas illustre les pièges de la désinformation et de la manipulation qui peuvent exister dans les nouvelles spiritualité et le New Age.

Selon certaines croyances, les animaux pourraient communiquer par le biais d’ondes alpha ! Cependant, cette théorie n’a pas été corroborée par des tests I.R.M ou d’autres méthodes scientifiques .Et comme le souligne Mathieu Porzzi, l’absence de preuves tangibles remet en question la validité de la télépathie animale. De plus, Porzzi va jusqu’à affirmer que la pratique de la communication animale et de l’exercice illégal de la médecine vétérinaire.

Le rapport de l’institut National et de Recherche (L’INSERM ) confirme cette perspective concluant qu’il n’existe pas de preuves de l’efficacité de la communication animale en tant que discipline.

Alors maintenant, parlons des tarifs en communication animale. J’ai découvert un site qui propose des services pour les chevaux. Ils offrent deux séances de communications animales avec des soins énergétiques pour 85 €. D’autres sites proposent des tarifs différents, comme 20 € la séance à distance et 5 € le soin supplémentaires. Sur d’autres sites, les tarifs sont encore plus élevés, avec un bilan énergétique pour 105 € et la séance suivante à 85 €. Ils proposent des messages de la part d’animaux décédés pour 70 €. La petite entreprise marche bien!

C’est beaucoup plus cher qu’une consultation vétérinaire et une vaccination pour un animal de compagnie. Parfois, des chevaux, des chiens et des chats ont besoin d’une remise en forme, d’une rééducation locomotrice, des thérapies antidouleurs et une remise en forme que propose une antenne de l’équipe vétérinaire qui s’occupe de mon chat. C’est de la médecine vétérinaire et pas du développement personnel!

Il est surprenant de constater qu’une formation en praticien de communication animale est proposée par Pôle emploi via l’organisme France Travail. Cette initiative n’est pas à confondre avec l’éthologie ou le comportementalisme animalier.

On se frotte les yeux! La durée de la formation est de 250 heures, il semble inclure des aspects liés au champs vibratoires et au corps éthique des animaux, ainsi que des techniques de rééquilibrage énergétique.

L’ECAMT (École de communication animale multidimensionnel et thérapeutique) qui propose cette formation, bénéficie du label « Qualiopi », ce qui rassure le gogo sur le sérieux de cette formation. L’objectif de cette formation axé sur la création d’entreprise soulève des questions sur la nature commerciale de cette pratique et ses applications réelles dans le domaine professionnel.

En conclusion, cet article critique met en lumière les différentes facettes et controverses entourant la communication animale. Malgré son succès évident, cette discipline doit être abordée avec un regard sceptique en raison du manque de bases scientifiques solides. Les tarifs élevés et la prolifération des formations dans ce domaine suscite des interrogations quant à la légitimité et à l’éthique de cette pratique, notamment lorsqu’elle est présentée comme une alternative à la médecine vétérinaire traditionnelle. De plus, la confusion possible avec l’éthologie et le comportementalisme animalier accentue les doutes quant à son sérieux. Enfin, de compte, la communication animale peut-être considéré comme une dérive pseudo scientifique du mouvement du New Age, nécessitant un examen examen critique et une approche raisonnée de la part, des praticiens et du public.

https://www.everland-petfood.com/conseils/la-communication-animale-cest-quoi-definition-et-fonctionnement/#:~:text=Comment%20se%20déroule%20une%20séance%20de%20communication%20animale%20%3F,du%20nom%20de%20l%27animal.

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LES SAISONS DE L’ÂME: DÉCRYPTAGE DE L’INFLUENCE HIVERNALE SUR NOTRE PSYCHÉ!

Les saisons ne se limitent pas à des phénomènes météorologiques, elles sont également liées à des changements influençant le comportement humain et l’environnement.

Un article captivant de la BBC a récemment retenu toute mon attention. Le mois de janvier avec ses jours peu ensoleillés et son froid mordant exerce une influence significative sur le comportement, les décisions et l’humeur de certaines personnes. Après la magie festive de Noël, ses festins et rencontres chaleureuses, le mois de janvier pour certains d’entre nous peut paraître terne, c’est indiscutable.

L’article de la BBC fait référence à une publication dans APS Psychologie en juillet 2023, soulignant un constat fascinant: de nombreuses espèces animales présentent des changements saisonniers dans leur physiologie et leur comportement. L’hibernation de l’ours et de la marmotte en est un exemple notable. Malgré des preuves, aussi empiriques soient-elles, les variations saisonnières chez les humains, ne sont pas pleinement pris en compte en psychologie contrairement à d’autres variables telle que la culture, la personnalité et le développement. Les auteurs de l’étude estiment que cela est regrettable, car, selon eux pour eux les variations saisonnières ont des implications sur la psyché humaine. Homo Temporus!

Les saisons exercent un impact sur la psyché, et c’est bien connu à l’instar du Trouble Affectif Saisonnier (TAS). Ce trouble est caractérisé par une dépression récurrente pendant les mois d’hiver, est il est largement documenté en psychiatrie. Cependant, au-delà du TAS, de nombreux autres phénomènes psychologiques, tels que la prise de décision dans divers domaines comportementaux (agressivité, comportement prosocial, comportement alimentaire, libido) suivent également ce cycle. Les goûts musicaux et les couleurs ainsi que les processus attentionnels sont également susceptibles d’être influencés. Les auteurs de l’étude suggèrent même l’émergence d’une nouvelle branche de la psychologie: la psychologie saisonnière. Une proposition légitime puisque le trouble affectif saisonnier est déjà étudié, alors pourquoi ne pas envisager des études similaires à celles menées en éthologie animale?

Se basant sur des exemples animaliers, les auteurs évoquent le changement de pelage du renard dans l’Arctique, les migrations des oies du Canada et même le comportement des enfants anticipant l’arrivée du Père Noël. Ils démontrent ainsi que le comportement humain suit les cycles saisonniers.

Les saisons ne se limitent pas à des phénomènes météorologiques, elles sont également liées à des changements influençant le comportement humain et l’environnement. Chaque saison est associée à des traditions culturelles et à des phénomènes sociaux à grande échelle. Ces changements saisonniers impactent les variables écologiques, la propagation des maladies, les habitudes alimentaires et les comportements avec des répercussions distincts sur la psyché humaine.

À titre d’exemple de tradition culturelle, citons la fête de Sainte Lucie de Syracuse, célébrée le 13 décembre, une date significative en Suède et célébrant la lumière. Au cours d’une procession, une jeune fille a la tête ceinte d’une couronne de cinq bougies. Elle est suivie par sept adolescentes tenant chacune une bougie à la main et vêtues d’une robe blanche avec une ceinture rouge. Cette célébration aide à affronter la nuit polaire en illuminant l’hiver. Des processions lumineuses sont également organisées dans les écoles, les bureaux, les hôtels et les centres commerciaux pour contrer l’obscurité.

Cette ancienne coutume suédoise révèle le besoin des Suédois de trouver des moyens de faire face au froid polaire et l’obscurité en utilisant la festivité et l’humour comme le souligne Jonas Engman, ethnologue au Musée Nordique, citant des croyances des anciens.

Au-delà du TAS, les effets saisonniers sont visibles. Une analyse de 500 millions de tweets écrits par 2,4 millions de personnes datant de 1980 a montré une corrélation entre et une tonalité moins positif dans les tweets. Une autre analyse de 800 millions de tweets au Royaume-Uni a relevé un pic de tristesse en hiver. De plus, environ 50 % des personnes, sans être dépressives, rapportent ressentir des symptômes dépressifs en hiver. Une enquête aux États-Unis sur le bonheur subjectif a même révélé que le bonheur était plus élevé au printemps.

Après l’hiver, lorsque l’été s’installe avec sa chaleur, les comportements agressifs peuvent augmenter. Par exemple, on observe une hausse des crimes violents durant les jours les plus chauds de l’année par rapport aux jours plus frais.

Il est indéniable que les changements de saison exercent une influence sur différents aspects de notre vie allant de notre alimentation à notre activité physique, et même nos capacités cognitives. La chaleur estivale, par exemple, peut provoquer une sensation de satiété plus rapide après le repas. De plus, les saisons peuvent avoir un impact sur la sévérité des symptômes de certaines maladies, comme la maladie d’Alzheimer. Même les individus en bonne santé peuvent ressentir des variations dans leur attention et leurs performances cognitives en fonction des saisons. Une étude belge a révélé que chez des jeunes en bonne santé, les performances sur une tâche de mémoire de travail étaient les plus optimales en automne et minimales au printemps.

Les variation saisonnières s’accompagnent de changements physiologiques, notamment dans la régulation de la sérotonine et son renouvellement, qui sont influencés par la lumière naturelle du soleil. Dans les régions tempérées, les niveaux de sérotonine sont plus élevés dans le cerveau en été et plus bas en hiver. Cette liste des impacts saisonniers est loin d’être exhaustive.

Nos mentalités jouent également un rôle crucial dans l’influence des saisons dans l’Homo Temporus. Un exemple concret se déroule en ce moment même en plein hiver. La psychologue de la santé Kari Leibowitz et sa collègue Joar Vitersø ont mené des enquêtes auprès des Suédois pour comprendre leurs attitudes envers cette saison. Ils ont demandé aux participants d’évaluer positivement ou négativement des déclarations telles que « j’apprécie le confort des mois d’hiver » ou bien encore « j’aime la lumière douce des mois d’hiver ». Les individus qui ont exprimé une appréciation positive pour ces affirmations semblaient moins enclins à ressentir de la tristesse et adoptaient plutôt un regard optimiste sur la vie.

Il est incontestable que notre acuité mentale connait une diminution proportionnelle à avec la durée du jour. Une analyse menée par le Centre médical universitaire Erasmus de Rotterdam, au Pays Bas, sur les données d’une vaste étude longitudinale impliquant plus de 10000 participants âgés de 45 ans et plus a révélé que, pendant la saison hivernale, les performances cognitives telles que l’apprentissage, la mémoire et la concentration étaient légèrement inférieures à celles observées en été. Cette baisse pourrait être imputable à divers facteurs, notamment le blues hivernal ou à un déficit en vitamine D, synthétisée par la peau lors de l’exposition à la lumière. Les journées les plus courtes en hiver favorisent chez certaines personnes une carence en vitamine D.

De nombreux exemples viennent corroborer le lien entre l’Homo Temporus et le cycle des saisons.

L’auteur de l’article de la BBC, David Robson, conclut en mettant en lumière que de nombreux cycles humains découlent de l’interaction complexe entre la biologie et la culture. Les avancées scientifiques nous permettent de mieux appréhender ces changements dans le comportement humain, ouvrant ainsi la possibilité à chacun d’adopter une approche plus positive

For more information, you can visit this link: How the dark days of January shape your mood, intelligence, and sex drive

https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/17456916231178695

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OSCAR, UN CHAT HORS DU COMMUN!

Cette histoire étonnante met en lumière le rôle des animaux dans les services de soins palliatifs pour apaiser l’angoisse de la mort chez les malades et la tristesse des familles lors du départ d’un proche. Même si cette histoire manque de rigueur scientifique, elle demeure réconfortante…

Les capacités extraordinaires des animaux suscitent souvent des discussions sur un prétendu sixième sens. Certains de leurs comportements intrigants, largement relayés par la presse, incluent des récits où des chats et des chiens parcourent des milliers de kilomètres pour retrouver leurs maîtres. Outre nos cinq sens familiers, faut-il vraiment invoquer un sixième sens pour expliquer ces facultés exceptionnelles, ou serait-il plus pertinent d’évoquer une « supra sensibilité » ?

En 2004, des éléphants auraient manifesté une anticipation du tsunami dévastateur ayant frappé les côtes de l’île. Ils se seraient mis à pleurer et à fuir vers les montagnes avant l’arrivée de la vague destructrice. Ces événements dépassent une part de leur nature, échappant aux limites de la science. Selon le naturaliste Marc Giraud, la science officielle semble peu encline à explorer de tels phénomènes.

Il y a quelques années, j’avais consacré un article à Oscar, un chat exceptionnel doté de capacités énigmatiques aux yeux de la science. Né en 2005 et décédé en février 2022 à l’âge de 17 ans, Oscar était un membre particulier de l’équipe soignante du Dr Dosa, gériatre et professeur adjoint à l’Université Brown à Rhode Island. Recueilli alors qu’il était chaton dans un refuge pour animaux, il a grandi au sein de l’unité de soins du centre de réadaptation Steere House à Providence, Rhode Island. Cet établissement accueille des patients atteints de maladies telles que la maladie d’Alzheimer, de Parkinson et d’autres affections neurodégénératives. Dans les stades avancés de ces maladies, les patients perdent généralement conscience de leur environnement. L’histoire d’Oscar, c’est aussi l’histoire des soins que reçoivent les patients en fin de vie.

Oscar, devenu la mascotte emblématique du service de gériatrie, a accédé à la notoriété grâce à un article paru en juillet 2007 dans le New England Journal of Medicine, rédigé par David Dosa. Ce gériatre relate les rondes effectuées par Oscar au sein de son service, mettant en lumière son don extraordinaire. Il a un comportement récurrent qui avertit l’équipe médicale de la proximité de la mort chez les patients en phase terminale. Lorsqu’un résident est sur le point de décéder, Oscar grimpe sur son lit et se blottit contre lui en boule jusqu’à son dernier souffle.

L’étonnante capacité d’Oscar à prédire ces moments critiques aurait plusieurs explications. Notamment, une sensibilité à l’immobilité précurseur de la mort chez ces patients, un odorat particulièrement développé lui permettant de détecter substances émises par les cellules mourantes, ou encore une sensibilité aux phéromones spécifiques. Ce qui est certain, c’est que cette mascotte ne choisit de réconforter que les personnes approchant les dernières heures de leur vie.

Les cheveux en bataille, Mme P déambule sans but dans les couloirs, perdue dans ses pensées. Son errance la conduit vers Oscar. Interrompu dans sa promenade, Oscar la fixe attentivement et, lorsqu’elle passe devant lui, émet un sifflement doux, semblant lui signifier: « Laisse-moi tranquille. » Mme P l’ignore et poursuit son chemin dans le couloir, laissant Oscar visiblement soulagé. Sa visite ne présage pas de fin imminente pour elle, et Oscar peut vaquer à d’autres occupations.

Revenu auprès du personnel médical, Oscar saute sur le bureau pour se désaltérer et prendre quelques croquettes dans son bol. Rassasié, il reprend sa ronde dans l’aile ouest, évitant un résident profondément endormi sur un canapé.

Arrivé à la chambre 313, Oscar se glisse par la porte entrebâillée. Mme K repose sereinement dans son lit, sa respiration calme, bien que peu profonde. Elle est entourée de photos de ses petits-enfants et de souvenirs de son mariage. Malgré ces images, elle semble seule. Oscar saute sur son lit et la renifle avant de se blottir contre elle en boule. Une heure s’écoule, Oscar demeure lové contre Mme K. Lorsqu’une infirmière entre pour vérifier l’état de sa patiente, elle remarque la présence d’Oscar. Après un bref instant dans la chambre, elle se hâte de retourner à son bureau, saisit le dossier de Mme K et passe quelques appels.

Trente minutes plus tard, la famille arrive, et le personnel s’active pour installer des sièges supplémentaires afin que les proches veillent Mme K. Un prêtre se présente pour lui administrer les derniers sacrements. Pendant ce tumulte, Oscar n’a pas bougé d’un poil. Il continue de ronronner doucement tout en pétrissant affectueusement Mme K.

L’un des petits-fils interroge sa mère : « Pourquoi ce chat est-il là ?» Sa mère, les yeux empreints de larmes, lui répond : « Il est là pour aider ta grand-mère à partir vers le ciel. » Trente minutes plus tard, Mme K. fait son ultime souffle. À ce moment, Oscar se redresse, jette un dernier regard autour de lui et quitte la chambre si discrètement que la famille, plongée dans le chagrin, ne remarque pas son départ.

De retour parmi le personnel, Oscar boit de l’eau avant de se recroqueviller pour une longue période de repos. Sa journée tire à sa fin. Aujourd’hui, il n’y aura pas de nouveaux décès. Chaque accompagnement en fin de vie par Oscar est aussi émouvant que les précédents. La plaque honorifique dédiée à Oscar est fixée au mur, reconnaissant son service exceptionnel dans cette unité de soins palliatifs. Gravée à son effigie, elle mentionne : « Pour sa compassion au sein de cette unité, cette plaque est décernée à Oscar, le chat. »

Cependant, il est essentiel de garder une perspective critique. Les spécialistes du comportement animal soulignent d’abord les capacités innées des animaux. Le Dr Jill Goldman, spécialiste du comportement animal à Laguna Beach (Californie), souligne le remarquable odorat des chats et avance l’idée qu’Oscar peut rester aux côtés des mourants par association avec une odeur spécifique associée à la mort.

Le Dr Thomas Graves, expert félin de l’Illinois, partage avec la BBC : « Les chats peuvent souvent détecter quand leurs maîtres ou d’autres animaux sont malades. Ils peuvent anticiper les changements climatiques et sont réputés pour détecter les tremblements de terre. » Pour ces spécialistes, le soi-disant sixième sens des animaux n’est pas une surprise. Ainsi, le don d’Oscar n’est pas d’ordre parapsychologique, mais simplement rare.

Nicolas Gauvrit, dans la revue Science et Pseudo-sciences, parle d’Oscar comme une mascotte du paranormal. Il aborde les biais cognitifs, les corrélations illusoires et les erreurs statistiques potentielles induites par l’équipe soignante. Il souligne: « Il n’existe aucune preuve scientifique étayant l’idée qu’Oscar ressent quoi que ce soit, rendant ainsi prématurées toutes considérations sur ses causes… »

Ces nuances ne diminuent en rien la portée sympathique de l’article publié dans le New England Journal of Medicine. Certains sceptiques soulignent à juste titre qu’il s’agit d’un témoignage informel, cité par les médias comme s’il était un article de recherche, alors qu’il ne l’est pas. Ce témoignage met en avant la discipline émergente de la médiation animale ou de la zoothérapie, soulignant les bienfaits sur le moral des malades. Il semble que l’intention première du Dr Dosa soit de remettre en question l’aspect impersonnel souvent associé à la fin de vie en milieu hospitalier, ainsi que le désarroi des patients souffrant de maladies neurodégénératives. Et comment mieux attirer l’attention sur ce sujet que de susciter un buzz avec un chat hors du commun ?

L’histoire d’Oscar a atteint un rayonnement international grâce au livre du Dr David Dosa, « Un Chat médium nommé Oscar », traduit dans 20 pays, et à sa présence sur sa page Facebook « Oscarthecat ».

Cette histoire étonnante met en lumière le rôle des animaux dans les services de soins palliatifs pour apaiser l’angoisse de la mort chez les malades et la tristesse des familles lors du départ d’un proche. Même si cette histoire peut manquer de rigueur scientifique, elle demeure réconfortante…

C’est émouvant de voir le don d’Oscar, aujourd’hui parti rejoindre le paradis des chats. Dans l’une de ses interviews, le Dr Dosa évoque la présence réconfortante d’Oscar au sein du service. Sa spécialisation dans des maladies particulièrement difficiles éprouvait le moral des patients mais aussi celle de l’équipe soignante, mais sa présence était un réel réconfort.

Voici une réflexion poignante partagée par un lecteur du livre sur le site Babelio. Elle n’est peut-être pas scientifique, mais elle illustre l’importance de la médiation animale et de la zoothérapie dans le domaine des soins et du bien-être.

On aimerait finir ses jours dans cet établissement où chaque patient est entouré d’une remarquable équipe médicale et…de chats. 

Version sous-titrée de l’histoire d’Oscar, un chat exceptionnel

Notes:

Définition de la zoothérapie

La zoothérapie, également connue sous le nom de Thérapie Assistée par l’Animal (TAA), est une activité réalisée individuellement ou en groupe, impliquant un animal domestique spécialement sélectionné et formé. Cet animal est introduit dans l’environnement direct d’une personne par un professionnel qualifié. L’objectif est de susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer le potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif de cette personne.

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L’ESPRIT DE NOËL: UNE PLONGÉE DANS LA MAGIE FESTIVE DES CADEAUX

Derrière l’échange de cadeaux sous le sapin, il y a la notion de potlach évoquée par l’ethnologue Marcel Mauss.

Photo de Laura James sur Pexels.com

Ah, la trêve des confiseurs et les traditions des fêtes de fin d’année ! Cette fameuse trêve, entre Noël et le jour de l’an, marque une période spéciale où les dîners festifs abondent et l’occasion de partager des moments en famille et entre amis.

L’expression « trêve des confiseurs » trouve ses racines à la fin du XIXe siècle, vers 1875, en France. À l’époque, elle symbolisait la pause des débats politiques enflammés entre factions comme les monarchistes, les bonapartistes et les républicains. À cette époque, cette trêve symbolisait la pause prise par les politiciens pendant les fêtes de fin d’année, une période où les débats politiques étaient mis de côté.

Les échanger des cadeaux sont une tradition largement répandue pendant les fêtes. Les présents, méticuleusement déposés sous le sapin décoré, illustrent cette coutume qui s’est réellement développée à partir du XIXe siècle. Auparavant, les cadeaux étaient plutôt offerts à la Saint-Nicolas, le 6 décembre, dans certaines régions.

Certes , la dimension commerciale de cette période peut susciter des débats, mais Noël reste un rituel collectif, ancré dans notre mythologie culturelle et religieuse. Émile Cioran soulignait , « le cauchemar de l’opulence » en cette période, mais il ne faut pas sous-estimer l’importance des traditions et de la générosité qui s’expriment à travers les cadeaux, les visites et les vœux de fin d’année.

En somme, la trêve des confiseurs offre une opportunité précieuse pour se ressourcer de célébrer les liens familiaux et amicaux, et exprimer notre générosité envers autrui. C’est un moment privilégié pour créer des souvenirs impérissables et aborder la nouvelle année avec optimisme et bienveillance.

L’esprit de Noël est un mélange de profane et de sacré auquel nous nous prêtons de bonne grâce ou en rechignant, mais qui reste une norme collective. Le sociologue Émile Durkheim pense l’expérience du sacré comme celle d’une communion avec le groupe, et il ne voit « dans la divinité que la société transfigurée et pensée symboliquement ». La démonstration du sacré se fait à travers l’échange de cadeau, le simultané. Faire des cadeaux est un geste ancestral qui est une forme du gaspillage cérémoniel lié à toute fête.

Dans notre société contemporaine, l’échange de cadeaux sous le sapin est la fois don et marchandise. L’enfant, même s’il croit au Père Noël, mémorisera cette valeur symbolique du cadeau, et il reproduira une fois devenu adulte ce don. Le cadeau de Noël correspond à cette forme d’échange qualifiée par l’anthropologue Marcel Mauss (au sujet du don) comme une triple obligation qui consiste « à donner, recevoir et rendre ». Derrière l’échange de cadeaux sous le sapin, il y a la notion de potlach évoquée par l’ethnologue Marcel Mauss dans son ouvrage Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques. Le potlach c’est l’essence du don, et il explique ( toujours en partie) l’esprit de l’échange de cadeaux à Noël.

Avant qu’il ne trouve sa place sous le sapin, le rituel collectif de l’échange de cadeaux devient exigeant: cette « fièvre acheteuse » propre à l’esprit de Noël met à rude épreuve le porte-monnaie et requiert une dose considérable d’imagination pour dénicher le présent parfait qui saura ravir.

À l’approche de la date tant attendue de Noël, l’effervescence consumériste s’intensifie. Les célébrations de fin d’année sont solidement ancrées dans nos habitudes, évoquant une logique comportementale qui encourage l’achat précoce des cadeaux dès l’ouverture commerciale en novembre.

Idéalement, il serait préférable d’acheter les cadeaux dans des conditions optimales, évitant ainsi la précipitation dans les magasins bondés à la dernière minute, où le risque de rupture de stock ou de non-conformité aux critères désirés (taille, couleur, forme) est élevé. Ce comportement serait considéré comme rationnel.

Pourtant, qu’il s’agisse de Noël, de cadeaux ou non, le consommateur rationnel demeure une abstraction. Nos choix d’achat sont d’abord influencés par des facteurs émotionnels et cognitifs. Lorsqu’il s’agit des cadeaux de fin d’année, s’ajoute à cela une autre dimension liée à ce rituel collectif.

Les fêtes de fin d’année représentent une occasion privilégiée pour réunir la famille au grand complet. L’échange de cadeaux, censé renforcer les liens, sert également à réévaluer la position de chacun au sein de son réseau familial et relationnel. Pourtant, même de manière inconsciente, ce rituel peut susciter chez certaines personnes de l’anxiété et du stress.

Les présents que nous offrons révèlent la nature de nos relations avec notre entourage, et leur impact perdure bien après leur remise. Selon certains spécialistes en psychologie, pour ceux pour qui cette pression devient trop anxiogène, repousser les achats de cadeaux jusqu’au dernier moment pourrait être une tentative d’échapper à cette tension.

La variété des options, surtout pendant les festivités de fin d’année, ne garantit pas le bien-être. La quête effrénée des cadeaux peut rapidement tourner au cauchemar. Des études ont révélé que rechercher systématiquement le choix parfait engendre davantage de perturbation émotionnelle que la simple acceptation du premier article trouvé. Dans un magasin offrant une multitude de cadeaux, la prise de décision devient une source de tension psychologique et épuise les réserves émotionnelles. L’abondance cesse d’être plaisante pour devenir anxiogène.

ll semble que ceux qui attendent le dernier moment pour leurs achats s’épargnent émotionnellement en optant pour le premier article venu pour leurs cadeaux. Après tout, n’est-ce pas l’intention qui prime ?

Acheter les cadeaux à l’avance ou au dernier moment, est-ce important? La véritable essence ne réside-t-elle pas dans l’esprit de Noël ?

Ce fameux esprit de Noël semble se manifester à travers l’activation de certaines zones du cerveau, révélé par des études utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRM). Des chercheurs danois ont rapporté ces découvertes dans l’édition de Noël du « British Medical Journal » en 2017. Bien que le sujet puisse sembler farfelu, ces neurologues ont suivi une méthodologie rigoureuse, soulignant toutefois que la complexité de la psyché humaine ne se réduit pas à une simple cartographie cérébrale.

D’après ces neurologues danois, l’esprit de Noël se traduit par une activation des zones cérébrales associées au toucher, à la spiritualité, à l’interprétation des expressions émotionnelles et à la capacité de se connecter au monde extérieur.

Ainsi, gardons cette faculté d’imaginer, de croire à la magie de Noël et de savourer le plaisir des cadeaux sans retenue.

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IRIDOLOGIE: DÉCRYPTAGE D’UNE MÉTHODE CONTROVERSÉE

L’iridologie est une technique de médecine alternative, et elle ne permet pas de diagnostiquer des maladies.

photo d’iris réalisée par @Romain Bebon: https://www.romainbebon.com

Pour rendre unique votre intérieur et suivre la dernière tendance très ego-déco, affichez dans votre salon une immense photo de votre iris. Plaisanterie mise à part, plus prosaïquement, parfois, c’est votre ophtalmologue qui, en vous faisant un fond d’œil, vous montre la beauté de votre iris qui peut donner envie d’en faire une oeuvre d’art.

Qui n’a pas régulièrement consulté un ophtalmologue pour un fond d’œil ? Cet examen est indispensable car il permet de dépister et de prévenir des problèmes de vision graves. En effet, l’examen est indolore et réalisé par un ophtalmologue. L’ophtalmologie est une spécialité médico-chirurgicale des plus sérieuses, qui répond aux dernières avancées de la science. Grâce aux progrès de la science et de la technologie, l’ophtalmologie est en constante évolution. De nouvelles techniques chirurgicales, des traitements innovants et des dispositifs médicaux de pointe sont continuellement développés pour améliorer la prise en charge des maladies oculaires.

On pourrait croire que cette spécialité est à l’abri du charlatanisme et de la pseudo-science. Absolument pas! Connaissez-vous l’iridologie? La publication récente d’un article paru en 1989 dans la revue The Skeptic vient nous rappeler d’être vigilant sur cette pseudo-médecine.

Contrairement à la spécialité médicale de l’ophtalmologie, l’iridologie n’est pas basée sur des preuves scientifiques solides. L’iridologie est une pratique qui prétend pouvoir diagnostiquer des maladies ou des problèmes de santé en examinant les motifs et les couleurs de l’iris de l’œil. C’est le chiropracticien et naturopathe Bernard Jensen à qui l’iridologie doit l’une des cartographies élaborées par les chefs de file de l’iridologie.

La santé d’une personne serait liée aux lignes et aux marques qui apparaissent dans l’iris. L’iridologie prétend être un système ordonné qui peut être cartographié et interprété comme un signe avant-coureur d’une maladie, même s’il vous semble que vous êtes en pleine forme. Selon les iridologues, chaque cercle de l’iris correspond à des organes et à des parties spécifiques du corps. Par exemple, si on se casse une jambe, une marque spécifique, telle qu’une signature liée à l’organe, apparaîtra dans l’iris. Hormis toute pathologie spécifique ou la dépigmentation progressive chez les personnes âgées, l’iris n’évolue plus au cours de la vie et il est caractéristique d’un individu, tout comme une empreinte digitale. La technologie en biométrie de reconnaissance par l’iris l’illustre.

Selon l’iridologie, « il y aurait au cours de la vie, trois grandes métamorphoses de l’iris… en relation étroite avec les trois phases évolutives de modifications physiques et biologiques de l’organisme.« 

Lors des premiers entretiens de Monaco sur les médecines énergétiques, le 22 novembre 1985, relayé par l’AFIS, tandis que le spécialiste cherche la nature précise de la maladie, pour le naturopathe, l’iris fournit des informations permettant de rechercher les capacités réactionnelles en rapport avec l’autoguérison et les causes profondes des déséquilibres physiologiques, etc. Une souffrance passée peut aussi s’inscrire dans l’iris.

L’iris droit représente la moitié droite du corps, et l’iris gauche la moitié gauche du corps. En partant de la pupille vers le bord extérieur de l’iris, plusieurs zones concentriques représentant les différents systèmes du corps humain. Chaque couleur d’iris a son profil de faiblesse et son lot de maladies. L’iris bleu ou constitution « lymphatique fibrillaire » est lié à des profils constitutionnels. Les personnes ayant les yeux clairs auraient un système immunitaire fragile, prédisposé aux allergies, asthme, migraines, arthrites.

L’iris brun ou constitution « hématogène » prédispose aux pathologies cardio-vasculaires, hypertension, cholestérol, diabète, troubles circulatoires, hépatiques et bilieux. L’iridologie n’oublie pas l’iris mixte ou constitution « mixte biliaire ». C’est un iris noisette de coloration vert-brun ou brun jaune laissant apparaître des couches iriennes profondes en bleu. Cette constitution témoignerait d’une faiblesse du foie, d’un potentiel digestif faible et d’une perturbation du métabolisme des glucides. Malgré ce jargon qui laisse supposer une spécialité médicale des plus fiables, aucune étude scientifique n’a pu prouver à ce jour que l’iridologie permettait de réaliser un diagnostic de pathologie.

Les études scientifiques sérieuses utilisent des méthodologies rigoureuses et des essais contrôlés pour évaluer les maladies et leurs traitements. Il y a sur PubMed, le service d’archives qui répertorie des titres de périodiques scientifiques, de rares articles qui déconstruisent l’iridologie. Il y en a un qui a retenu mon attention. C’est un article de 2008 concernant le dépistage du cancer colorectal par l’iridologie comme méthode alternative, car le développement de ce cancer est long. Et ainsi savoir s’il est possible d’anticiper avant le diagnostic; ce qui serait intéressant en gastro-entérologie.

On a présenté à des iridologues, dans un ordre aléatoire et sans qu’ils connaissent le nombre de personnes malades, l’iris de 29 personnes diagnostiquées d’un cancer colorectal et de 29 personnes en bonne santé. Dans cette expérience, la comparaison des iris de patients atteints d’un cancer du côlon avec ceux de personnes en bonne santé devrait permettre aux iridologues d’analyser les différences potentielles entre les deux groupes. En examinant la forme, la couleur, la texture et d’autres caractéristiques de l’iris afin de tenter de déceler des signes ou des patterns spécifique liées au cancer du colon.

Les iridologues auraient correctement détecté 53,7 % et 53,4 % des iris des personnes de l’étude. Ces résultats montrent que la probabilité n’était statistiquement pas meilleure que le hasard. Cette étude montre que l’iridologie n’a aucune validité en tant qu’outil de diagnostic pour la détection du cancer colorectal. Point. Circulez, il n’y a rien à voir.

Le bilan de l’iridologie dure entre 15 et 20 minutes. L’iridologue scrute l’iris de chaque œil à l’aide d’un appareil spécialisé, l’iridoscope, composé d’un système optique et d’une source lumineuse, une loupe rétro-éclairée. Parfois, l’iridologue peut prendre des photos qui seront ensuite agrandies, parfois traitées par l’informatique comme aide au diagnostic. Avant l’examen de l’iris, il y a un bilan morphologique, et après l’examen de l’iris un échange avec le client. Ensuite, une description du terrain avec des préconisations centrées autour de la naturopathie et des médecines alternatives, éloignées des recommandations des médecins généralistes ou spécialistes, suivant les supposées fragilités constatées par l’iridologue.

Le tarif moyen d’une séance d’iridologie se situe entre 50 et 100 euros, non remboursée par la sécurité sociale. Certaines mutuelles prennent en charge l’iridologie, bien que, son tarif moyen, entre 50 et 100 euros par séance ne soit pas remboursée par la sécurité sociale. Cette reconnaissance est dilatoire étant donné que l’iridologie fait partie de la boite à outils du naturopathe. Cependant, pour éliminer les pratiques infondées scientifiquement, il faudrait que les mutuelles cessent de rembourser ces méthodes, surtout quand on annonce que les tarifs augmentent en 2024.

Quel diplôme faut-il avoir pour être iridologue et quelle est la formation ? La spécialité d’iridologie est couplée à la naturopathie. Les formations en naturopathie proposent souvent des modules d’iridologie. En fonction des établissements, la formation peut durer entre trois et cinq ans. Elle correspond à la norme RNCP, l’organisme qui liste tous les titres et toutes les formations certifiées par la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP). « Mais en théorie, nul besoin d’un titre RNCP pour exercer en toute légalité » peut-on lire sur le site Innov’Naturopathie. De plus, une représentation du logo gouvernemental incite au sérieux de cette formation en iridologie. Cependant, cela peut être considéré comme un attrape-nigaud pour des personnes soucieuses de suivre une formation de Care pour « soigner » basée sur l’empathie et l’écoute.

Le domaine de l’iridologie, comme la naturopathie, ne bénéficie par de diplôme universitaire (DU) officiel. Les formations sont dispensées uniquement par des écoles privées. Cependant, il existe des sites au marketing convaincant qui ciblent les personnes intéressées par ces formations. Par exemple, Bircham International University, une institution privée offrant des programmes d’enseignement à distance non reconnus par des organismes officiels. accréditée. Initialement enregistré aux États-Unis, puis aux Bahamas, elle est désormais immatriculée en Espagne. Cette université offre promet des diplômes de niveau master et doctorat aux adultes déjà engagés dans une profession. Son diplôme est particulièrement attractif, arborant un design remarquable qui le rend idéal pour être exposé dans un cabinet, donnant l’illusion d’un certain gage de sérieux.

L’iridologie est une technique de médecine alternative, et elle ne permet pas de diagnostiquer des maladies. Et il faut revenir à cette anecdote amusante aux origines de l’iridologie. Le père de l’iridologie moderne est le Hongrois Ignaz Von Peczely, médecin homéopathe, né en 1826, qui eut l’inspiration en étant adolescent en soignant une chouette, victime d’une fracture de patte. Certains sites sont dithyrambiques au sujet de ce médecin homéopathe qui aurait eu sa vocation de médecin en soignant cette chouette, inspiré directement par la Mère Nature ou la Golden Girl car il était en harmonie avec son environnement. Il fut interdit un temps de pratique pour charlatanisme. Qu’à cela ne tienne, il est toujours l’un des chefs de file non seulement de l’iridologie mais aussi des médecines alternatives.

La controverse entoure la pratique de l’iridologie en France, bien que l’ambiguïté de l’iris soit reconnue comme une composante biométrique permettant d’identifier une personne tout le long de sa vie. Mais aucun iridologue ne peut établir « un diagnostic » grâce à un bilan en vitalité. Les diagnostics ne peuvent être posés que par un médecin spécialiste. Les études citées plus haut en 2005 ont prouvé que les bilans iridologiques ne permettaient pas de diagnostiquer des cancers ou des troubles de la psyché.

Des chercheurs comme Pete Greasley du département médical de Lancaster estime que « l’iridologie…révèle une logique basée sur des analogies, ce qui est une base commune de la pensée magique et des croyances pseudo-scientifiques». L’iridologie, comme beaucoup de thérapies complémentaires, fait souvent l’objet d’évaluations, d’essais cliniques et de revues systématiques, mais les preuves restent équivoques. Par contre ce qui est sans danger pour votre iris est d’afficher dans votre salon une photo immense de votre iris. Alors ne vous en privez pas!

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PRÉVENIR LES ADDICTIONS CHEZ LES JEUNES: L’EXPÉRIENCE ISLANDAISE

En 1992, Harvey Milkman et son équipe de Denver ont créé un programme novateur pour les adolescents luttant contre la consommation de drogue et la petite délinquance.

Photo de Rudolf Kirchner sur Pexels.com

Dans le post intitulé « Alcoolisme et sensibilisation : les campagnes annulées », j’ai insisté sur l’importance des campagnes de marketing social axées sur la prévention de l’alcoolisme. J’ai souligné leur impact sur le comportement des individus ainsi que leur impact sur la santé. J’ai également partagé l’opinion d’un patient-expert et de plusieurs associations de lutte contre les addictions, qui étaient surpris de l’annulation des campagnes de prévention contre l’alcoolisme pendant la Coupe du Monde de rugby.

En 2018, j’avais rédigé sur ce blog un post sur le programme islandais de lutte contre la toxicomanie initié en 1992 qui a l’avantage de présenter une approche préventive globale. Je l’ai réactualisé car le principe du programme islandais est exemplaire. Il pourrait inspirer la France et, il complète mon précédent post sur les campagnes de prévention contre l’alcoolisme annulées en France.

Quelle est la situation en Europe concernant la consommation de substances psychoactives? En 2023, selon l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, la situation ne s’est pas améliorée. Les substances psychoactives sont particulièrement accessibles en Europe, en variété comme en quantité. La cocaïne est la substance en progression la plus forte (416% de saisies), suivie par le cannabis (+260%) et la méthamphétamine (+135%). Concernant l’alcool, parmi les 10 pays qui boivent le plus, neuf font partie de l’UE. Chaque année, un nombre effrayant de jeunes âgés de 15 ans et plus consomme 9,5 litres d’alcool pur. Ce qui équivaut à 109 litres de bière, 80 litres de vin et 24 litres de spiritueux.

Alors, évoquons l’exemple islandais avec quelques statistiques à l’appui. En 2017, l’Islande était considérée comme un modèle en matière de jeunes ayant une consommation quasi-inexistante d’addictions. Et ce modèle continue à faire ses preuves.

– En 1998, 17% des jeunes Islandais âgés de 15 à 16 ans consommaient du cannabis, tandis qu’en 2016, ce chiffre est tombé à seulement 7% ! Un adolescent sur quatre consomment du cannabis

– En 1998, 42% consommaient de l’alcool, et ils ne sont plus que 5% en 2016

– Et en 1998, ils étaient 23% à fumer et 3% en 2016.

Éloquent, non?

En 1997, le gouvernement islandais lance le programme Drug-Free Iceland. L’articulation de ce programme passe par des questionnaires anonymes soumis aux écoliers et aux collégiens, destinées à obtenir une radiographie des habitudes de consommations de ces jeunes.

Quelques exemples de questions : quand avez-vous bu pour la dernière fois ? Avez-vous déjà été ivre ? Avez-vous déjà essayé de fumer ? Combien de temps passez-vous avec vos parents, à quelles activités participez-vous ?etc…

L’Islande a réussi à obtenir des réductions spectaculaires de la consommation de tabac, d’alcool et de drogues au cours des 20 dernières années. Comment ont-ils fait ? Découvrez leur approche dans cet article : Comment l’Islande a détourné sa jeunesse des drogues, de l’alcool et du tabac.

Parmi les premières mesures, la vente d’alcool est interdite aux jeunes de moins de vingt ans. Il n’y a pas que ça. En France, la vente d’alcool est interdite aux mineurs. Mais le programme est innovant sur bien d’autres point.

Le modèle a été introduit par le psychologue et professeur américain Harvey Milkman. Il enseigne à Reykjavik pendant une partie de l’année et a écrit de nombreux livres sur la drogue. Vous pouvez en savoir plus sur lui en consultant sa page ici.

Au début des années 70, Harvey Milkman a observé la montée en flèche de la consommation de drogues, notamment le LSD et la marijuana. Sa thèse de doctorat s’est axée sur l’étude des substances psychoactives et psychostimulantes et leur lien avec le stress psychologique. Le stress est un élément essentiel de la vie, dont les effets varient d’une personne à l’autre. La consommation d’héroïne vise à atténuer le stress, tandis que celle d’amphétamines cherche à l’intensifier.

Les interrogations ci-dessus s’appliquent aux collégiens. Leur comportement instable et leur goût du risque sont en partie dus à l’immaturité du cerveau adolescent, notamment du cortex préfrontal. Le cerveau des adolescents est influencé par les hormones de la puberté, ce qui affecte directement la production de sérotonine. Certains adolescents recherchent ces effets en volant ou en consommant des substances psychostimulantes. L’alcool a aussi un impact sur la chimie du cerveau, en réduisant l’anxiété et en désinhibant les individus. Cette observation comportementaliste a conduit à l’idée de mettre en place un programme social pour aider les personnes à modifier leur état mental sans les effets négatifs des drogues.

En 1992, Harvey Milkman et son équipe de Denver ont créé un programme novateur pour les adolescents luttant contre la consommation de drogue et la petite délinquance. Plutôt que de se limiter à un traitement traditionnel, ils ont enseigné aux jeunes une variété de disciplines, telles que la musique, la danse, le hip-hop, l’art et les arts martiaux. L’idée était que ces activités pourraient influencer positivement la chimie du cerveau des adolescents, leur procurant les ressources nécessaires pour réussir dans leur vie. En réduisant l’anxiété et en renforçant leur confiance en eux, les participants ont développé des compétences personnelles qui leur ont permis de résister à la tentation de se droguer. Le programme, qui était initialement prévu pour une durée de trois mois, a été prolongé pour certains jeunes qui y sont restés jusqu’à cinq ans.

Milkman est invité en Islande pour parler de son travail, de ses découvertes et de ses idées. Il devient alors consultant pour le premier centre résidentiel de traitement de la toxicomanie pour adolescents à Tindar. Selon lui, l’idée était d’occuper les enfants avec des activités constructives et de leur offrir de meilleures alternatives.

Des enquêtes menées en Islande ont révélé des différences significatives entre les personnes qui consomment de l’alcool et des drogues et celles qui n’en consomment pas. Certains facteurs protecteurs ont été identifiés, tels que la participation à des activités organisées et le temps passé avec les parents. Ces enquêtes ont conduit à la mise en place d’un nouveau plan national de lutte, incluant des modifications des lois et l’interdiction de la publicité pour le tabac et l’alcool. Des organisations parentales ont également été créées dans chaque école pour renforcer les liens entre les parents et l’éducation de leurs enfants.

Depuis plusieurs années, l’Islande a adopté une loi pour empêcher les enfants de sortir après certaines heures. Les enfants âgés de 13 à 16 ans ne peuvent pas sortir après 22 heures en hiver et minuit en été. Les parents doivent s’engager à respecter certaines règles, comme ne pas permettre à leurs enfants d’organiser des fêtes en leur absence, ne pas acheter d’alcool et veiller à leur bien-être. Cette mesure a pour objectif de rétablir l’autorité parentale à la maison. L’Islande est le seul pays à avoir obtenu autant de résultats significatifs dans la lutte contre la toxicomanie et les addictions. Le programme islandais de prévention primaire repose sur le pragmatisme et le bon sens, et ses résultats prouvent son efficacité.

Depuis l’année 2000, le nombre d’adolescents hospitalisés chute. En vingt ans, le nombre d’admissions de mineurs est passé de 130 par moyenne à une trentaine par an.

Le modèle islandais a été adopté en 2019 dans trois communes de la Nouvelle-Calédonie. Environ 30% de la population de la Nouvelle-Calédon moins de 25 ans, et il y a une augmentation constante des actes de délinquance commis par des mineurs. Le professeur Harvey Milkman, qui était en mission dans ce pays, a déclaré que les données montrent des similarités avec l’Islande, il y a 20 ans, où environ 20% des adolescents déclaraient avoir été ivres au cours du mois. Actuellement, en Islande, ce taux est passé à 7%. Cette approche a également été adoptée au Chili et dans plusieurs villes de 28 pays dans le monde.

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ALCOOLISME ET SENSIBILISATION : LES DÉFIS DES CAMPAGNES ANNULÉES

En 2007, un groupe de chercheurs de l’Université de Stirling, en Angleterre ont passé en revue 88 études anglaises portant sur la promotion de l’exercice physique et d’une saine alimentation, sur la prévention ou l’abandon du tabagisme de l’alcool et des drogues illicites.

Photo de Pavel Danilyuk sur Pexels.com

Depuis plusieurs semaines, le monde de la santé et les associations d’addictologie s’insurgent contre l’annulation d’une campagne gouvernementale contre les ravages de l’alcoolisme. Dommage, oui vraiment dommage qu’une campagne soit annulée au motif qu’il faille ne pas déplaire au lobby des vignerons, surtout lors de raouts sportifs comme la coupe du monde de Rugby où l’éthanol festif risque de couler à flot! Et pourtant, en prévision de la coupe du monde rugby, la direction générale de la santé avait demandé une campagne de prévention sur le « thème alcool et rugby ».

L’une des raisons invoquées concerne le visuel qui serait trop caricatural. Le scénario était le suivant: un coach de supporters mettait en garde contre « les abus d’alcool« , « ne laissez pas l’alcool vous mettre KO« .

Une autre campagne a elle aussi été annulée en juin dernier. Vous ne verrez rien qui ne la concerne sur les écrans de télévision et sur des panneaux publicitaires. Elle était Intitulée “quand on boit des coups, notre santé prend des coups. Elle montrait des personnes en train de boire un verre, avec sur l’autre partie de l’image les messages de prévention suivants : “boire de l’alcool multiplie les risques de troubles du rythme cardiaque” ou encore “boire de l’alcool multiplie les risques d’AVC hémorragiques. C’était pas mal? Non?

Vu sur le site https://www.radiofrance.fr/franceinter/alcool-deux-campagnes-de-prevention-enterrees-par-le-ministere-de-la-sante-8784229

Par contre, la campagne de prévention, reprenant les thèmes de 2019 a été ciblée pour les jeunes. L’une des raisons invoquées serait que les risques à court terme (coma éthylique, etc) seraient mieux identifiés que les risques là long terme liés à l’alcoolisme. Vraiment? Un peu tiré par les cheveux…

la consommation d’alcool excessive est un vrai sujet. Et il est hors de question de la minimiser. Au sujet de sa consommation excessive, les chiffres sont implacables, et il faut les rabâcher, ô combien ce soit de la moraline, et que cela agace ceux qui s’étiquettent de bons vivants voire d’épicuriens.

La consommation moyen en France est de 2,7 ou 2, 37 verres par jour. L’excès d’alcool tue en grande quantité et est responsable de 49 000 décès par an. Même si la France est derrière les Pays Bas (47%), le Luxembourg (43,1%) et la Belgique (40,8%), il ne faut surtout pas s’enorgueillir de ce classement! Il faut répéter que l’alcoolodépendance est une addiction ou le TUA ( trouble de l’usage de l’alcool), une addiction qui touche le circuit neurobiologique de la récompense au niveau du cerveau. Il y aussi la notion de dépendance, qui est redoutable car c’est un phénomène physiologique qui pousse à consommer de nouveau. La frontière entre l’addiction et la dépendance est mince, et les deux peuvent coexister. Ce qu’il faut retenir c’est qu’aucune consommation d’alcool, même aux supposées doses recommandées, suivant les pays n’est anodine. Ce qui est intéressant, c’est de constater que les systèmes de mesure en vigueur et les habitudes de boissons locales influencent les décisions officielles des pays.

En France, 25% des adultes dépassent les repères de consommation, et la consommation d’alcool est responsable de + de 200 maladies et atteintes diverses. Et encore, ce doit être pire. L’alcool et la deuxième cause de mortalité en France et également la deuxième cause de mortalité par cancer. Et cause évitable. C’est implacable: « Au total, environ 8 % de tous les nouveaux cas de cancer sont liés à l’alcool, et ce quel que soit le niveau de consommation d’alcool, y compris faible à modéré.» (INSERM).

L’alcool fait partie du vaste ensemble des addictions, et il existe pour l’alcool, comme pour d’autres produit, des dépendances de degrés divers. Mais c’est un produit complexe par son caractère culturel et convivial à connotation hédoniste. Même si la France produit des vins de qualité qui se dégustent et sont enviés par le monde entier. Pour revenir à la coupe du monde de rugby, 137 000 verres de 50 cl de bière ont été écoulés lors du match opposant l’Irlande à l’Écosse. Sacrée descente!

Maintenant, tout en partageant la déception des uns et des autres sur l’annulation de ces deux campagnes, le but de post est de s’interroger sur l’utilité des campagnes de sensibilisation. Éveillent-elles une prise de conscience collective, sur sa propre consommation d’alcool ou de celle de son entourage ou ne servent-elles à rien?

Les campagnes de sensibilisation qu’elles soient contre la consommation excessive d’alcool, le tabac, l’exercice physique pour modifier les habitudes de vie sont ce qu’on appelle, dans le jargon publicitaire du marketing social. En 2007, un groupe de chercheurs de l’Université de Stirling, en Angleterre ont passé en revue 88 études anglaises portant sur la promotion de l’exercice physique et d’une saine alimentation ou sur la prévention ou l’abandon du tabagisme de l’alcool et des drogues illicites.

Le marketing social s’appuie en même temps sur des principes de marketing, de psychologie et de psychologie sociale pour concevoir et mettre en oeuvre des programmes qui favorisent un changement de comportement socialement bénéfique. Il traite du comportement, dans le cas de la consommation d’alcool, avec un changement de comportement bénéfique (réduction des risques pour la santé) par la persuasion. Le marketing social a emprunté nombre de concepts à l’école de Yale qui a travaillé sur les changements de comportement et sur la propagande.

L’un des points forts est la répétition du message qui constitue la clef du succès. À la suite de cela, après la diffusion d’une campagne de prévention, par exemple contre l’alcool au volant, il est constaté une diminution du comportement indésirable. Alors, le principe d’une campagne de prévention marche, et incontestablement on peut s’étonner de l’annulation récente de certains campagnes.

Avec le marketing social, il y a des préoccupations éthiques quant à la manière et le moment d’utiliser les leviers psychologiques. L’un des risques majeurs est la mise en exergue de fausses allégations d’informations trompeuses incitant à ne pas changer de comportement voire à ne pas se sentir concerné. Individuellement ou en groupe. Dans le style, c’est pas moi, c’est l’autre! C’est le sentiment que j’ai quand je lis certaines réactions que je partage sur l’annulation de ces campagnes à destination de l’adulte mais aussi sur celle à destination des jeunes. Il est essentiel de fournir des informations exactes et de ne pas manipuler les émotions du public d’une manière inappropriée.

Ces préoccupations éthiques pourraient s’illustrer quand on lit certaines critiques envers la campagne de sensibilisation des jeunes. Il est reproché de laisser de côté des problématiques liées à l’alcool sur la santé. Une campagne « jugée réductrice et stigmatisante » par Guylaine Benech, consultante en formation, spécialiste de la prévention des conduites addictives et auteur du livre Ados et l’alcool, comprendre et agir.

Comme le souligne Myriam Sauvy, présidente du plaidoyer de l’association Addictions France, il manquerait le message « boire moins c’est mieux ».

Dans le registre éthique, les messages à l’égard des jeunes seraient simplistes comme le fait de boire de l’eau laissant supposer que ce n’est pas grave car boire beaucoup d’eau n’empêche pas les comas éthyliques, les rapports non protégés, etc. Les messages sur les risques à court, moyen et à long terme sur le cerveau sont occultés. Ors, chez les personnes âgées de 20 à 39 ans, environ 13% des décès sont attribuables à l’alcool selon l’Organisation Mondiale de la Santé. (OMS). La campagne banalise l’ivresse, une conduite acceptable quand on est jeune et à laquelle on ne peut rien. Il serait intéressant de suivre le parcours de la consommation d’alcool de ces jeunes jusqu’à ce qu’ils deviennent des séniors, et évaluer à ce moment là, leur état de santé lié à une consommation excessive d’éthanol.

Un article de 2006 de Alison Ritter et de Jacqui Cameron examine les stratégies de campagne de sensibilisation sur la réduction des méfaits pour l’alcool, le tabac et les drogues illicites. Leur méthodologie repose sur l’étude de 650 articles dont la majorité concerne des drogues illicites. Concernant l’alcool, les deux auteurs soulignent les interventions de réduction des méfaits de l’alcool au volant concernant les traumatismes routiers car cette association est tangible et constituant une forme de preuve. Car selon elles, il y a peu de recherches soutenant l’efficacité d’autres interventions concernant la réductions des méfaits de l’alcool.

D’abord du côté de la Fédération d’addiction ne peut qu’encourager cette forme d’initiative qui vise à réduire la consommation d’alcool. L’une des remarques pertinentes lue sur ce site est que si chaque année, le succès grandissant du Dry January est prometteur, est de s’étonner sur « des messages traditionnels de critiques de pratiques festives à risques et de rappel de la dangerosité» . Il faudrait d’autres pratiques innovantes, explorer d’autres voies de sensibilisation.

Il n’y a pas que le marketing social avec les campagnes de sensibilisation et le milieu associatif s’occupant des addictions, il y a aussi le patient-expert qui contribue par son expérience passée avec lui ou un proche à parler des risques d’une consommation excessive d’alcool auprès des équipes soignantes, du public et des médias. Il ne s’agit pas d’un simple témoignage mais de personnes qui ont une connaissance fine de la maladie, et a développé des savoirs et des compétences qu’il peut mettre au service de ses pairs et des professionnels de santé. Sont-ils consultés systématiquement par les concepteurs des campagnes?

C’est le cas de Yann Alex G, patient-expert certifié et auteur du livre « Sacrée descente: comprendre l’alcoolisme, comment tout est fait pour nous inciter à boire. Son compte X Trouble de l’usage et de l’alcool et abstinence est à consulter régulièrement car il est une mine de renseignements sur l’alcoolisme.

Alors où en suis-je avec consommation d’alcool pour contrer le caractère culturel et convivial en résistant à la tentation du verre ou plutôt les verres des rosé à gogo après la plage? Après avoir été piégée une ou deux fois, avec des lendemains qui déchantent, j’amène fièrement ma bouteille d’eau pétillante de ma réserve personnelle. À prendre ou à laisser! Mais inventer des stratégies pour refuser de boire est tout de même incroyable!

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CES CHARLATANS QUI LISENT LES AURAS

La contre-culture hippie contribuera à propager, dans les années 70, le concept d’aura.

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Selon les principes picturaux de la Renaissance, le peintre Fra Angelico (1400-1455),  a représenté dans ses oeuvres le visage humain entouré  d’une auréole, un halo de lumière symbolisant la lumière mystique des saints. Elle signifie aux croyants que ces saints, par leur vie exemplaire ou leurs prodiges, sont différents du commun des mortels. Cette auréole est  aussi connue plus prosaïquement sous le terme d’aura, marquant l’atmosphère spirituelle d’une personne. Maintenant quittons le domaine de l’art pictural de la Renaissance pour celui de la parapsychologie et de ses aberrations.

Ce champ magnétique, ces corps subtils que sont les auras, enveloppant tous les êtres vivants et les choses, sont abondamment décrits dans la parapsychologie, les sciences occultes les thérapeutes du New Age. La parapsychologie et la psycho- spiritualité new age ont fait de l’aura leur fond de commerce. Le principe premier de l’aura est son invisibilité pour le profane, le quidam que nous sommes vous et moi. Mais. Certains clairvoyants autoproclamés qui font la course à la belle âme auraient le talent de la voir. 

L’une des premières descriptions des auras remonterait à 1897 et reviendrait à Charles Wester Leadbeater, un prêtre anglican,  membre de la société de théosophie et autoproclamé clairvoyant. C.W Leadbeater décrit les auras comme une brume lumineuse autour de l’homme, que l’on peut classer en fonction de sa couleur suivant le degré de spiritualité d’une personne. 

Si vous voulez tout savoir sur votre aura, il vous faudra consulter l’un de ces élus qui savent la lire. Attention, le monde psycho-spirituel est semé d’embûches, et si vous pensez éventuellement être doté d’une aura semblable à celle des saints, vous risquez d’être déçu(e). Contentez vous de regarder l’image de votre saint pieusement car le thérapeute autoproclamé clairvoyant est conditionné à traquer les moindres défauts de la couleur de votre aura. Sa couleur dépend de votre degré d’évolution psycho-spirituelle et de la qualité de votre âme. Chez certains, l’aura peut-être vaste, puissante, lumineuse, possédant des vibrations intenses et des couleurs splendides, tandis que chez d’autres, c’est tout le contraire : elle est petite, terne et laide. Si c’est le cas de la vôtre, ne paniquez pas, vous pouvez la travailler afin qu’elle vous protège des mauvaises influences et vous permettent de bénéficier des influences bénéfiques du cosmos. Certains charlatans, oups…guérisseurs vont vous faire la  promesse de vous remettre sur pied en soignant votre aura et lui redonner bonne mine.

Sur le net, il y a pléthore de sites new age. La plupart restent généraux et gentillets sur la relation entre la couleur des auras et l’évolution psycho spirituelle de la personne, il en est d’autres plus flippants sur les traits de caractère négatifs ou des maladies physiques et psychologiques dévoilés par des couleurs déclarées nocives. De quoi déstabiliser une personne fragile qui fait confiance à un thérapeute new age convaincue par les fadaises qu’il raconte.

La lecture des auras est une facétie qui a ses racines dans la pensée irrationnelle ou magique à l’instar de l’enfant qui croit au Père Noël. On est libre des ses croyances et de ses choix pour se faire soigner, mais le risque de tomber sous la coupe de charlatans peut vider votre portefeuille, conforter l’inculture scientifique et vous déstabiliser psychologiquement.

Voici quelques correspondances des couleurs des auras empruntées à des auteurs, à succès, de la galaxie new age:
Le Bleu pâle et fade signifie une timidité excessive, une personnalité non épanouie et influençable. Si par malheur, ce bleu est mêlé à un jaune ocre, méfiance Et mêlée à du gris, pessimisme. Mêlée à  un jaune électrique, tendance à intellectualiser. Le summum du bleu restant le bleu foncé qui dénote un caractère volontaire, pugnace et l’envie de progresser.
Quand l’aura est orange vif, la personne est tournée vers le bien et fait preuve de bonne volonté de loyauté. Mais… si elle est mêlée de jaune pâle, sa générosité est calculée. Et si l’orange est mêlé de vert sombre, la personne est rancunière, agressive et  sans finesse.
L’aura rose est signe d’un esprit immature et d’un esprit ludique. Mêlée de jaune zones acidulé, la personne est égocentrique.
Bref, toutes les couleurs du spectre y passent et c’est sans fin. On peut noircir des pages et des pages avec toutes les correspondances entre les couleurs de l’aura et la personnalité des gens.

Outre la clairvoyance, la lecture de l’aura se dote d’un appareil attrape-nigauds et aussi pseudo scientifique que l’électromètre de la scientologie: la photographie de Kirlian, du nom de son découvreur. Sa supposée découverte se propagea dans la parapsychologie et les sciences occultes. Tout commença avant la première guerre mondiale. En 1939, Semion Kirlian, un électricien russe qui réparait un appareil médical, voit crépiter des étincelles entre sa main et une électrode entourée de verre. L’image révélée est surprenante car sa main apparaît entourée d’une frange lumineuse. S. Kirlian  poursuit ses recherches et pense que son procédé peut être utilisé pour diagnostiquer des maladies et étudier les propriétés électriques ou physiologiques d’organismes vivants. Rappelons que nous étions en 1939, et que la science médicale n’en était qu’à tous ses débuts. En plein essor du mouvement New Age et de la contre culture dans les années 70, les travaux de S.Kirlian  vont être  diffusés par deux journalistes américains .

Avec l’effet Kirlian, de belles photographies en couleur montrent les variations de forme et d’aspect de l’aura à l’extrémité des doigts d’un sujet durant  diverses phases de méditation ou sous l’effet de la douleur. L’Association Francaise pour l’Information Scientifique (l’AFIS) décrit dans l’article « L’effet Kirlian » les dérives sectaires de la découverte de l’électricien russe. « Les photographies de Kirlian ne servent pas, seulement, écrit-on à diagnostiquer, divers troubles, dont le cancer, avec une fiabilité supérieure à celle des méthodes médicales classiques; elles permettent aussi d’observer le transfert de l’énergie vitale du guérisseur à celui du patient. »
Les parapsychologues assimilent l’effet Kirlian au corps astral ou éthérique des occultistes. Par la suite, les marchands du temple de l’industrie vont exploiter le filon en fabriquant des détecteurs de Kirlian vendus à des charlatans qui tirent le portrait (si on peut dire) de l’aura des gogos  pour connaître leur couleur et leur Quotient spirituel (QS) pour la somme de quarante Euros. Les salons de médecine douce ou de parapsychologie regorgent de ce type d’appareils.

Outre S.Kirlian, durant les années 1910 et 1920, pleine période de la théosophie, Walter J. Kilner, au début des années 90, inventa également des lunettes basées sur l’idée des écrans de dicyanine contenant de l’aniline pour lire les auras. La dicyanine est un colorant vert olive utilisé comme sensibilisateur pour la photographie en couleur. L’aniline étant un précurseur de l’indigo.

En 1956, le livre le Troisième Oeil de Lobsang Rampa (se présentant comme un moine tibétain) obtint un immense succès planétaire, et diffusa dans l’ésotérisme populaire la notion d’aura. Lobsang Rampa affirme dans ses écrits qu’il possède le don de voir les auras, et qu’il peut  ainsi évaluer le matérialisme, la spiritualité et le degré d’honnêteté des gens. Lobsang Rampa prétendit qu’il était né avec ce pouvoir de lire les auras. À l’âge de sept ans, il avait été envoyé dans une lamaserie tibétaine, et une opération chirurgicale consistant à percer un petit orifice dans le front de Rampa ouvrit son troisième oeil et amplifia son pouvoir de voir les auras. Auteur prolixe, Lobsang Rampa prétendit travailler à la conception d’une machine aurique à destination des médecins non clairvoyants pour qu’ils puissent photographier l’aura, et par ce moyen diagnostiquer des maladies. Les Tibétologues et anthropologues de l’époque se montrèrent sceptiques sur  la réalité des écrits et des voyages au Tibet de Lobsang Rampa. Et ils avaient raison. L’auteur était en fait un certain Cyril Henry Hoskin, né le 8 avril 1910 à Plython (Devon), d’un père plombier; il était en réalité vendeur de matériel pharmaceutique au chômage. Hoskin n’avait jamais mis les pieds au Tibet, et ne parlait pas un mot de tibétain. En 1948, il se fait officiellement changer son nom en Karl Kuon Suo avant d’adopter celui de Lobsang Rampa. Retrouvé par la presse britannique en Irlande, le charlatan ne se démonta pas. Il ne nia pas son nom de Cyril Hoskin mais prétendit que son corps était occupé par l’esprit de Lobsang Rampa grâce à la technique de la transmigration, un moine tibétain qui avait besoin de transmettre un enseignement aux Occidentaux en prenant possession du corps de Hoskin.
Grand mythomane devant l’éternité, Hoskin/Rampa prétendit que son livre « Vivre avec le lama » avait été dicté par télépathie par Mme Fifi Greywisken, son animal de compagnie…une chatte siamoise! 

Il a certainement été inspiré par les livres de la grande voyageuse Alexandra David Neel et par les enseignements de la théosophie. Les livres de Lobsang Rampa firent rêver des lecteurs du monde entier, et sensibilisèrent des tas de gens à la spiritualité tibétaine sur la base de mensonges et de croyances irrationnelles. Même après sa mort, son enseignement continue de rassembler un grand nombre d’adeptes qui pensent trouver un sens caché psycho-spirituel dans ce canular littéraire. 

La contre-culture hippie contribuera à propager, dans les années 70, le concept d’aura. En 1972, le psychologue américain Stanley Krippner a organisé à New York le premier congrès sur l’aura. Ce psychologue, est un pionnier dans l’étude de la conscience, et il conduit des investigations dans le domaine des rêves, de l’hypnose, du chamanisme et de la dissociation. Toutes ses recherches sont faites dans une perspective multiculturelle avec un accent sur les phénomènes réputés anormaux. Il s’agit d’une démarche peu académique mais intéressante. Dans ce type de recherche, on peut aussi bien côtoyer des sceptiques intéressés par ce genre de phénomènes que des charlatans.

La vision de l’aura obtint un regain d’intérêt, dans les années 90, avec la parution du livre Les enfants indigo: Enfants du troisième millénaire du couple Lee Carroll et Jan Tober (qui se présentent comme des intermédiaires entre les humains  et les extraterrestres), suivi du film Indigo par James Twyman, Neale Donald Walsch et Stephen Simon. Les enfants indigo se caractériseraient par une aura indigo et seraient des enfants surdoués mais dont l’intelligence et la maturité seraient supérieures car il viennent d’une autre galaxie. Ces enfants peuvent faire preuve d’étonnantes capacités comme celles de se guérir du virus HIV. Ces enfants sont forcément mal adaptés à la vie terrestre, et ils ont besoin d’une prise en charge adaptée à leurs étonnantes facultés surhumaines. Lee Carroll a développé le réseau Kryeon avec la technique EMF Balancing, technique d’harmonisation des champs magnétiques. Des praticiens énergéticiens, certifiés EMF prétendent soigner les enfants indigo , incarnations d’esprits supérieurs ou d’âmes anciennes.


Ors, les expressions employées pour les  enfants-indigo sont les mêmes que pour les enfants ayant un QI supérieur à 130. Les enfants précoces sont hypersensibles, et en cas de doute, il vaut mieux consulter l’AFEP (Association française pour les enfants précoces) plutôt qu’un thérapeute EMF.

L’aura est-elle cantonnée au domaine de la parapsychologue et des pseudo-sciences uniquement, alors?

Le terme d’aura existe pourtant en médecine, à mille lieues du sens donné par la parapsychologie. Les migraines peuvent parfois s’accompagner des phénomènes sensoriels regroupés sous le nom d’aura.
Dans le cas des migraines, les auras les plus fréquentes sont ophtalmologiques: le champ visuel se remplit de phosphènes, de mouches semblant traverser le champ visuel (myodésopsies), de lignes brisées lumineuses (scotomes scintillants) pouvant former des compositions complexes. Les migraineux peuvent également avoir des auras visuelles, des auras sensorielles, et d’autres formes plus rares.

La synesthésie est l’une des autres signification des auras, loin du charlatanisme. La synesthésie est un trouble neurologique (non pathologique) par lequel deux ou plusieurs sens sont associés alors qu’ils sont habituellement isolés.

Les cas sont rares et ne concernent pas les charlatans. En 2004, Jamie Ward rapporte une étude de cas dans la très sérieuse revue Cognitive Psychologie: une synesthète voyait des couleurs pour les noms des gens qu’elle connaissait personnellement. Elle disait qu’elle voyait des couleurs qui occupaient tout son champ de vision quand sa synesthésie était provoquée par des mots. Elle percevait visuellement distinctement les noms et les visages des gens qu’elle connaissait avec des halos colorés au des auras projetées autour de la personne ou du nom. Elle ne croyait pas qu’elle possédait des pouvoirs mystiques à l’instar de Lobsang Rampa et ne s’adonnait pas à l’occultisme.  Il existe d’autres cas bien documentés dans des revues de neurologie de bonne facture dans lesquelles des synesthètes ont rapporté projeter des couleurs sur des gens (Weiss 2001 et Al, Ramachadran & Hubbard, 2001).

Le psychologue britannique du College universitaire de Londres Jamie Ward décrit les tests autour de cette jeune femme qui affirme voir des couleurs autour des mots, des objets ou des personnes uniquement dans un contexte émotionnel. Les tests montrent qu’elle associe systématiquement  les mêmes couleurs aux mêmes mots et le psychologie conclut que certaines personnes, atteintes de ce trouble associe,  alors ces couleurs à  des états spirituels. 

Phil Merikle, du Centre de recherche sur la synesthésie, à l’université de Waterloo (Ontario) émet comme hypothèse que les enfants seraient synesthètes à l’origine, et qu’au fur et à mesure du développement de leur cerveau, quand les bonnes connections se font, cette particularité disparait.   

 Des déformations perceptuelles induites par les  charlatans,  conditionnées des exercices pour apprendre à lire les auras (entre autres), des illusions et des hallucinations peuvent favoriser les croyances dans l’existence de l’aura. Certains scientifiques affirment que la propension à voir des auras, pourrait  avoir du moins en partie, un fondement à la fois neurochimique et génétique. Il y aurait une relation entre les facteurs psychologiques, comme la propension à la fantaisie, la suggestibilité et d’autres associés à des niveaux de dopamine dans le cerveau  qui favoriseraient la vision des auras.

La science a bien prouvé l’existence de champs thermiques, électromagnétiques et électrostatiques, mais  elle n’a pas prouvé l’existence des auras décrites dans les sciences occultes, la parapsychologie et le New Age. Gardons l’esprit sceptique comme le philosophe Friedrich Nietzsche:
« La croyance forte ne prouve que sa force, non la vérité de ce qu’on croit »

Sources:
http://www.charlatans.info/auras.php
http://simpleetclair.com/Aura-Definition-et-Formation
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article132
http://www.sandrineguerisseuse.com/pages/spiritualite/signification-interpretation-des-couleurs-de-l-aura.html
http://lumiereeternel.centerblog.net/6579504-exercice-pour-voir-son-aura
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dicyanine/25361
http://www.danielpicotin-avocat.com/index.php/le-dossier-noir-des-enfants-indigo/

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INCURSION DANS LE MONDE DANGEREUX DES MÉDECINES ALTERNATIVES

Le décodage biologique est inscrit sur la liste des pratiques à risque de dérives sectaires suivant des critères d’identification précis.

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Avec les confinements successifs, les médecines alternatives ont prospéré, faisant de nombreuses victimes. Le phénomène n’est pas nouveau mais avait été déjà observé depuis plus de vingt ans par la Miviludes et son milieu associatif, mais est aujourd’hui amplifié par les réseaux sociaux.

Récemment diffusé sur France 2, dans le cadre de l’émission « Les yeux d’Olivier » le reportage Sous influence », rapporte le témoignage douloureux de Nathalie dont la mère à 60 ans est morte d’un cancer du sein. Sa fille a été témoin de la descente aux enfers de sa mère. Atteinte d’un cancer du sein et sous l’influence d’une pseudo médecine qui prône l’auto-guérison, elle n’a jamais reçu de soins jusqu’à sa mort. Ce charlatan s’était autoproclamé ostéopathe, en rappelant que cette spécialité déclenche l’ire de nombreux médecins qui ne comprennent pas le bien fondé de cette discipline surtout quand ils en constatent les dégâts sur le plan médical. Et s’il n’y avait que lui! Sa mère était sous l’influence de tout un groupe de thérapeutes dont certains étaient infirmiers et médecins.

L’ostéopathe a suivi la mère de Nathalie pendant 10 ans pour une fibromyalgie. Selon lui, c’était la manifestation d’un conflit et jamais, il n’a été évoqué la possibilité d’un cancer. Elle ne consultera aucun médecin généraliste, ni oncologue et ne prendra aucun antalgique malgré des souffrances intenses. En guise de traitement médical, il lui conseillera de mettre de l’oignon, du jus de. citron, de l’argile verte sur la tumeur nécrosée. Demandez à votre médecin généraliste ce qu’il en pense!

Pendant les dix huit derniers mois de sa vie, elle fut suivie uniquement par un ostéopathe et un médecin homéopathe, tous les deux adeptes de la biologie totale et de la nouvelle médecine germanique (NMG). Malgré le fait que ces méthodes contiennent, les mots biologie et médecine, des termes qui peuvent apparaître comme des références scientifiques sérieuses, ces dénominations cachent en réalité des pratiques charlatanesques.

Alors démystifions la biologie totale et la MNG qui laisse penser qu’il s’agit de méthodes innovantes et performantes qui laissent penser que c’est le Graal du soin.

Qu’est-ce que la biologie totale ?La nouvelle médecine germanique a été créé par le docteur Ryde Geerd Hamer. Son socle idéologique repose sur ce précepte: aucune maladie n’est incurable, et pour guérir il suffit de connecter les malades à leurs facultés d’auto guérison. La maladie est toujours utile, pour la survie de l’individu. Ce qui compte, ce n’est pas la réaction biologique (les symptômes et le diagnostic), mais plutôt la réaction de la psyché de la personne malade. La manière dont vit l’individu, ses émotions, son stress, etc. face a la maladie.

L’épicentre de la biologie totale est celui de la maladie causée principalement par un conflit psychologique non résolu. Qu’à cela ne tienne, avec la NMG, c’est une véritable révolution psychique qui est proposée au malade: il faut rééduquer la psyché de la personne malade. Évidemment, c’est à l’opposé de la médecine reposant sur l’EBM (l’Evidence based Médecine). Selon le dictionnaire médical, ce concept est de origine anglo-saxonne où tout affirmation est vraie si elle est étaye par la recherche clinique. Son équivalent français et la médecine factuelle et la médecine fondée sur les preuves.

La Fondation contre le cancer consacre un long exposé sur les dangers de la nouvelle médecine germanique. Comme le déni des règles de la médecine factuelle, et le cancer ne peut pas être guéri grâce à une approche mentale émotionnelle mais par des traitements prouvés par la recherche clinique même si les traitements sont lourds mais indispensables. Le cancer est causé par un dérèglement de l’ADN,et en aucun cas par les tempêtes de notre psyché et nos émotions. Ce qui ne veut pas dire qu’une personne atteinte d’un cancer n’a pas besoin de soutien émotionnel. De nombreux cancéreux ont abandonné leur traitement médical du cancer, et sont morts par les aberrations de la méthode charlatanesque de la NMG.

Sur un site pro médecine germanique, j’ai trouvé les correspondances de certains cancers. C’est joyeux ! Par exemple, le cancer du sein droit aurait sa source dans des soucis ou des conflits avec son partenaire, ses collègues, amis, etc. Qui n’a ou ne connait pas des conflits de cette nature? Ce conflit se localise dans la zone latéral gauche du cerveau. Après, voyons ce qu’il en est, pour le cancer de la prostate : le patient peut se sentir abandonné par ses partenaires, et c’est la la zone médiale du pont cérébral touchée. En se penchant sur ces zones cérébrales en référence aux types de cancer, on voit vraiment que c’est du pipeau…

Dans les années 80, beaucoup de patients suivant la méthode de la MNG sont mortes dans des douleurs effroyables. Dans la clinique privée de Hamer, avant sa fermeture, sur 50 personnes hospitalisées, seules 7 était encore en vie, c’est que rapporte deux journalistes de l’hebdomadaire allemand « Der Stern ». Le premier cas à être traité par la MNG fut la propre femme du Dr Hamer, Sigrid Oldenburg atteinte d’un cancer du sein. Elle mourra plus tard en 1985. La faute à pas de chance?

R.G Hamer sera condamné en Allemagne et en France pour exercice illégal de la médecine et avec prison ferme. Il terminera sa vie en Norvège à Sandefjord où il mourut le 2 juillet 2017.

On pourrait supposer qu’après la mort de Hamer, les dérives de NMG se sont calmées. Absolument pas. Les héritiers de Ryde Geer Hamer entretiennent les préceptes de leur mentor. J’ai pu lire sur un site consacré à la « neomédecine » s’opposant à la médecine par les preuves que si Hamer est mort, vive la « médecine germanique ». Une magnifique déclaration de foi qui en dit long sur l’héritage encore vivace de la NMG.

Car des héritiers de Hamer, il y en a beaucoup est certains se sont démarqués par une nouvelle approche avec leur propre conception du traitement des cancers. En précisant toujours qu’il ne s’agit nullement de traitement suivant les règles de l’E.B.M. Plutôt que de parler d’héritage, il faut parler de sous-écoles inspirées par la NMG.

L’une des plus connues est celle du décodage biologique, un traitement non conventionnel du cancer. Le décodage biologique repose sur le postulat que l’origine de toute maladie, mal-être, est une émotion, mal gérée qui s’est transformée en dysfonctionnement organique. Cousin Germain de la NMG. Le décodage biologique permettrait d’observer nos mécanismes inconscients lorsque nous sommes soumis au stress. Sur un site, j’ai pu lire que cette démarche « permet de devenir un héros actif de sa maladie qui se transforme alors en véritable chemin initiatique.». Vraiment?

Ors, le décodage biologique est inscrit sur la liste des pratiques à risque de dérives sectaires suivant les critères d’identification tels que des méthodes psychologisantes, impliquant des massages ou l’imposition des mains, l’ingestion de substance, le développement personnel et/ou le rééquilibrage des énergies.

Claude Sabbagh, promoteur de la biologie totale des êtres vivant. Pour lui, il faut juste identifier l’évènement déclencheur des maladies comme le cancer pour le guérir.

En 2015, cet ancien médecin, radié de l’ordre, pour son opposition à la médecine traditionnelle a été condamné à 2 ans de prison ferme et 30000 euros d’amende pour « publicité mensongère » par la tribunal correctionnel de Montpellier. Ce procès a eu lieu par l’entremise de l’UNADFI et de l’épouse d’un homme atteint d’un cancer qui avait abandonné tout traitement médical pour celui de Claude Sabbagh.

De nombreux sites restent prudents pour décrypter la biologie totale, et parlent prudemment de méthode controversée laissant sous-entendre qu’elle ne présente aucun danger. Pas de vague! Une publication de 2008 sur Radio-Canada à la suite d’un reportage de Guy Gendron rapporte quelques dialogues de thérapeutes encourageant leurs clients à abandonner leurs traitements.

« Vous n’êtes plus en danger. Vous n’avez pas besoin d’être mutilée. Laissez-le faire, votre sein. On va se revoir quelques fois, vous allez voir, tout va rentrer dans l’ordre ».

« Je fais quoi? », demande une patiente à un autre thérapeute. « Tout ce que vous avez à faire c’est de laisser aller. Vous n’avez plus besoin de vous stresser avec ça », affirme-t-il.

Vraiment sans danger si on sait qu’on traitement anticancéreux marche? Car ce reportage canadien évoque la légèreté de la formation des thérapeutes de la NMG et de ses cousins.Il se trouve parmi eux parfois un médecin qui n’hésite pas à transmettre sa facture à l’assurance maladie du Canada.

Les concepts pseudo-scientifiques fleurissent et contribuent à égarer et mettre sous influence le patient naïf. Et l’un de ces concepts, la bioanalogie semble se démarquer de la NMG ou de la biologie totale mais comme Claude Sabbagh a coécrit avec le fondateur de cette méthode complémentaire, je l’assimile aux dérives de la NMG et celui de la biologie totale. Le concepteur de la bioanalogie. est Jean-Philippe Brébion.

La bioanalogie est un ensemble de clefs pour comprendre le sens de la vie en dehors de toute causalité. Elle repose sur l’empreinte de naissance « qui se structure à partir de l’empreinte embryonnaire faite du vécu et ressenti des parents pendant les 18 mois avant la naissance et les 9 mois après la naissance » La bioanalogie invite à vivre et à cesser de survivre. Tout un programme proposant un pont entre la biologie et l’astrologie, et une vision supposée scientifique (mention de l’ADN et de la programmation cellulaire et en incluant une dimension très new age de la spiritualité).

L’article Charlatanisme et droit pénal de Cairn Info (2008), à partir d’un cas, évoque la notion de remède illusoire lorsqu’il est présenté comme salutaire et sans danger. Certains sont sans danger même s’ils relèvent du charlatanisme, mais en ce qui concerne la NMG et ses dérivés, ce n’est pas le cas. Souvenons de Jacqueline la mère de Nathalie atteinte d’un cancer et qui suivi les préceptes de la NMG. La mort de Jacqueline ne date pas de cette année mais de plus de dix ans. Tant de temps pour dénoncer des pratiques dangereuses! Ce qui soulève la question suivante: combien de victimes ont fait ce groupe de charlatans avant d’être dénoncé médiatiquement? Est ce qu’un tel témoignage va dissuader de recourir à la NMG ou d’ailleurs aux médecines alternatives (sans oublier les psychothérapies hasardeuses) en sachant que dans son rapport 2022 la MIVILUDES a constaté une hausse significative de saisines en 2021?

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https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/413244/biologie-totale

https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2008-3-page-67.htm

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CAUCHEMAR EN THÉRAPIE POUR ELLEN!

L’histoire d’Ellen est une histoire parmi d’autres durant les années 80! Une histoire de faux souvenirs et d’emprise mentale par des thérapeutes sans scrupules!

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Au début des années 1980, le New Age inspire la psychologie et la psychothérapie. On peut qualifier le New Age sous divers angles soit comme un mouvement spirituel mais surtout comme un bric-à-brac de croyances ésotériques empruntant des éléments à la spiritualité orientale adaptée à l’Occidental en quête de spiritualité. C’est avec Le courant humaniste, apparu à partir des années 1940 aux États-Unis sous l’impulsion d’Abraham Maslow, que se sont développées ces thérapies du New Age. L’arrivée de la psychologie humaniste partait d’une bonne intention car il favorisait une vision positive de l’être humain, et s’opposait à la psychanalyse et au behaviorisme. Malheureusement ce courant fut dévoyé (et l’est encore) causant des dégâts dans la psyché de personnes ayant fait confiance à des thérapeutes pratiquant des thérapies pseudoscientifiques! L’histoire d’Ellen, digne d’un thriller, l’illustre (hélas) parfaitement!

Le cas d’Ellen a été recueilli par Margaret Thaler Singer, psychiatre et son collègue Abraham Nievod, psychologue légiste; ils vont le consigner dans l’un des chapitres de l’excellent livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology à la rigueur scientifique incontestable.

À la suite d’une énième rupture sentimentale, Ellen est déprimée, et consulte une psychothérapeute pour l’aider à y voir clair dans ses relations amoureuses. Lors de la première séance, la thérapeute fait allonger Ellen dans un fauteuil relax en lui mettant une couverture, et en lui disant de sa détendre.

Au cours des dix ans de thérapie, la thérapeute fit se remémorer à Ellen des souvenirs d’abus sexuels commis par son père et des membres de sa famille au cours de rites sataniques. Infondés, faut-il le préciser! En 2020, on se frotte les yeux en se disant que les rituels sataniques sont de la pure fiction et qu’ils n’ont rien à voir avec la psychothérapie et la dépression. Ne croyez pas ça, l’Amérique des années 90 est obsédée par la violence des cultes sataniques réels ou imaginaires, et de nombreux thérapeutes se sont spécialisés dans la prise en charge des patients supposés abusés lors de cultes sataniques « Au cours de cette période, les rumeurs sur les adorateurs du Diable vont se multiplier, jusqu’à l’hystérie collective. Les médias, avides de sensationnalisme, font circuler des vidéos dites tournées par les adorateurs de Satan. Elles montrent des messes noires où des adolescentes se feraient violer et où des bébés seraient sacrifiés.» 

Et dans cet « inventaire à la Prévert » des diagnostics délirants, Ellen découvrit qu’elle souffrait du trouble des Personnalités Multiples. Comme pour les rites sataniques, à partir des années des années 70,  le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire. Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alter ego qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte. Les alter ego se conduisent à l’opposé de la personnalité et ils émergent curieusement avec une thérapie utilisant les états modifiés de conscience. La personne ainsi diagnostiquée est complètement amnésique de ce qu’elle a pu faire ou dire de longues heures quand elle était sous l’emprise des alters. Aujourd’hui, dans le DSM V, le Trouble de la Personnalité Multiple est remplacé par celui du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI).

Ellen « cohabiterait »à l’intérieur d’elle avec 159 alters à l’intérieur d’elle, et cerise sur le gâteau, elle aurait aussi été enlevée par des extra terrestres. Tout comme pour le satanisme, les Personnalités Multiples, des psychothérapeutes s’étaient spécialisés dans la thérapie des souvenirs traumatisants d’enlèvement d’ET! Des copines d’Ellen l’informèrent qu’elles avaient eu vent de « techniques à la mode  » par des talk show télévisés et les médias mainstream, et qu’elle était sous l’emprise de sa thérapeute!

La thérapeute enregistrait les séances sur des K-7 audio aux fins d’écriture d’un livre à quatre mains avec Ellen. Après des années de thérapie, Ellen comprit que la thérapeute abusait de sa confiance, l’influençant sournoisement par ses suggestions indues.

Pour vous faire une idée de la dangerosité de cette thérapie, quelques propos entre Ellen et sa thérapeute retranscris par Margaret Thaler Singer et Abraham Nievod:

La Thérapeute (T) : soyez détendue, et dites ce qui vous passe par la tête. Ayez confiance en votre esprit. Visualisez vous en arrière-plan, et regardez le ciel! Voyez vous une lumière?

Ellen: oui.

T: Dites m’en plus

Ellen: une étoile, juste une étoile.

T: est-ce que cela se rapproche? Pouvez vous bouger ou non?

Ellen (en pleurs): je ne peux pas bouger, ça se rapproche et devient de plus en plus brillant. Je ne sais pas, je ne peux pas bouger, je ne sais pas.

T: vous êtes en train de vous souvenir de quelque chose.

Ellen éclate en sanglots

T: qu’avez vous vu? Qui est-ce? Êtes vous allongée?

Ellen: ils me disent que je dois me détendre.

T: entendez vous leurs voix ou communiquent-ils directement avec votre esprit?

Ellen: c’est dans ma tête, je n’entends aucun son.

T: que vous racontent-ils? Que comptent-ils vous faire?

Ellen:ils comptent m’implanter une puce électronique dans la plante de mes pieds!

T: vous en souvenez vous? Vous devez vous en souvenir car vous êtes prête à fouiller dans vos souvenirs. Regardez autour de vous et racontez moi ce que vous voyez.

Ellen décrivit les petits gris (une race d’ET) qui l’entouraient dans une chambre blanche, et tandis qu’elle décrivait la scène, la thérapeute l’interrompit en lui disant: « vous allez accepter cette expérience comme si elle avait lieu maintenant, vous allez vous souvenir de ce qui s’est passé. » Évidemment, il s’agissait pour la thérapeute de faire remémorer les supposés souvenirs de cet enlèvement pour qu’Ellen puisse aller mieux….

Après ces dix années de thérapie, Ellen de plus en plus échaudée va contacter d’anciens patients de sa thérapeute, et elle apprit, ô surprise que certains avaient porté plainte. Chaque plaignant avait été dédommagé généreusement grâce à la compagnie d’assurance de la thérapeute.

Ellen dépitée raconte à Margaret Thaler Singer et Abraham Nievod que sa Thérapie s’éternisait. Sa thérapeute ne cessait de trouver des raisons fausses (et délirantes) à son mal-être en invoquant que c’était du à un travail sur sa psyché en profondeur. Elle avoua qu’elle ne s’était jamais sentie bien psychologiquement au cours de la thérapie! Imaginez, dix ans, c’est un bail. Elle avoue également qu’elle n’a pas assez écoutée ses amies qui la mettaient en garde contre sa thérapeute, mais elle n’avait qu’elle à qui se confier.

L’histoire d’Ellen n’est qu’une histoire parmi d’autres durant la décennie 80/90! Une histoire de faux souvenirs, d’emprise mentale par des thérapeutes sans scrupules ou eux-mêmes délirants par leurs fausses croyances charlatanesques.

Si le cas d’Ellen semble inouï à cause du satanisme, des personnalités multiples et des ET, les thérapies pseudo-scientifiques liées au New Age, ou plus précisément au développement personnel sont toujours d’actualité. Des méthodes non validées suivant les règles de « L’Evidence based Medecine » et farfelues induisent des dégâts dans la psyché et accentuent le mal-être!

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DÉRIVES SECTAIRES: LES DOSSIERS NOIRS DU CHAMANISME HALLUCINOGÈNE

Toutes les sectes s’avancent masquées et le pseudo-chamanisme amazonien n’échappe pas à cette règle.

©Joe Webb*NEW* Heaven and Earth – Silkscreen http://www.joewbbar.com

Ce post raconte une histoire personnelle qui m’est arrivée, il y a vingt ans. Elle est à l’origine de certains posts de mon blog. Je voulais écrire un livre sur les dérives sectaires du chamanisme amazonien, et notamment sur l’emprise chimique de l’ayahuasca sur des Occidentaux partis au Pérou en quête spirituelle et manipulés par des pseudo-chamans. De l’eau s’est écoulée sous le pont, mais cette dérive c’est toujours d’actualité. Allez savoir pourquoi! Chaque rapport annuel de la MIVILUDES cite le chamanisme. Mon expérience se situe entre 2002 et 2005. L’ayahuasca est inscrit depuis 2005 (JO du 3 mai 2005, publication de l’arrêté du 20 avril modifiant l’arrêté du 22 février 1990) au registre des stupéfiants, que ce texte présente comme une liane originaire d’Amérique latine ou comme une décoction.

Quant au livre, il n’est jamais sorti car le manuscrit a été remis entre les mains de la MIVILUDES. Pourquoi? C’est une longue histoire sur laquelle je ne tiens pas à m’étendre. Il vaut peut-être mieux d’ailleurs! Cette expérience n’étant pas constructive car « Vox clamantis in desert », depuis, j’ai jeté l’éponge de la lutte contre les dérives sectaires. Est ce que quelque chose a changé hormis le fait qu’il y ait des militants actifs contre les dérives sectaires sur les réseaux sociaux, sans continuité avec un travail fait depuis plus de trente ans comme si les compteurs étaient remis à zéro? Je suis sceptique!

Un jour, j’aurais peut-être l’envie de reprendre les notes qui sont au fond d’un tiroir. Qui sait? Ce que je tiens à préciser est que même si l’expérience fut kafkaïenne et rocambolesque, je ne la regrette pas car je n’ai jamais été victime des dérives du chamanisme, même si j’ai été contrainte d’ingérer l’hallucinogène. Quant aux protagonistes qui se sont livrés à ces dérives, ils courent toujours dans la nature et font toujours une publicité d’enfer sur le net et les réseaux sociaux. J’ai eu l’occasion lors d’un colloque international de la FECRIS via le GEMPPI en 2004 de faire une conférence sur cette expérience, et je retranscris le texte intégral de cette conférence ci-dessous, même si certains détails sont obsolètes. Quoique!

LE CHAMANISME, UNE VOIE INTERNATIONALE POUR CONSOMMER DES DROGUES:

« Depuis plus de trois ans, pour écrire un livre à paraître, je mène une enquête sur les dérives du chamanisme hallucinogène. Le chamanisme, dont il est dit que c’est la plus vieille forme de religion observée depuis l’aube des temps, revient en force en Occident dans les milieux de l’ésotérisme populaire.

Ce savoir ancestral des peuples premiers suscite un écho favorable chez ceux qui aspirent à des valeurs spirituelles ou à une certaine forme de sacré. Après la lecture de livres ou à la suite de conférences, nombre de personnes sont séduites par sa pratique. Mais leur crédulité peut être abusée par des charlatans qui proposent à des personnes en recherche de pseudo-pratiques chamaniques pas toujours inoffensives, surtout lorsqu’elles sont conjuguées à la drogue. Leurs leaders sont souvent bien connus de la MIVILUDES, et des associations de victimes dont beaucoup appartiennent au réseau de la FECRIS.

Les traditions chamaniques les plus convoitées sont celles qui utilisent des drogues dans leurs rituels. Particulièrement,  celle de l’Amazonie avec son hallucinogène puissant, l’ayahuasca aux effets proches du L.S.D. D’autres drogues sacrées sont touchées aussi par ce racket. Talonnant  aujourd’hui l’ayahuasca, on trouve la montée en puissance préoccupante de l’iboga, le L.S.D. africain, de la tradition des Bwitis.

Avant ces dérives, l’usage de l’ayahuasca se limitait au cercle restreint de l’Amazonie. C’est une médecine traditionnelle qui soigne les populations locales. Elle est utilisée par les chamans d’Amazonie, appelées les ayahuasqueros, dans le cadre de rites magico-religieux, ayant lieu la nuit. Les maladies pour eux sont d’origine magique et sont à l’opposé de la conception de la maladie occidentale. L’ayahuasca est un breuvage sacré millénaire composé de deux plantes: l’ayahuasca qui a donné son nom au breuvage, une liane géante (le banisteriopsis caapi) qui pousse en abondance dans la forêt amazonienne et une autre, la chacruna, qui contient du D.M.T, un stupéfiant prohibé sur le plan international.

Sous des apparences naturelles, la boisson sacrée des Indiens d’Amazonie est hautement hallucinogène. Ses effets sont proches de ceux du L.S.D, le psycho-actif de référence. Les Amazoniens la surnomment la Liane de la Mort. Celle-ci connaît un nouvel essor en Europe. Diffusée par des micro-groupes sectaires, elle a acquis le statut d’un outil chimique de manipulation redoutable. L’addition de ces groupuscules hallucinogènes, souvent indépendants les uns des autres, créent une nouvelle nébuleuse sectaire, insidieuse et difficilement cernable.

L’ayahuasca permet à des charlatans, à des gourous du Bien-Être, de la médecine et de la psychothérapie de faire commerce de techniques comportementales déstructurantes. Et celles ci font des victimes, en nombre grandissant. Toutes les sectes s’avancent masquées et le pseudo-chamanisme amazonien n’échappe pas à cette règle. Pour illustrer le mécanisme de séduction que les leaders de groupuscules hallucinogènes mettent en œuvre pour recruter des candidats, et comment ils arrivent à faire croire que la drogue amazonienne est anodine, je vais  témoigner de ce que j’ai vécu dans l’un des ces groupuscules sectaires hallucinogène.

Dans le cadre de mon enquête, je me suis infiltrée dans ce milieu très fermé et j’ai pris la drogue amazonienne. Lors d’une deuxième prise, j’ai fait -à défaut de voyage chamanique- un « Bad Trip », provoqué par ses effets puissants. Précisons que je n’ai été victime que de la drogue elle même et non de l’emprise sectaire comme peut l’être malheureusement d’autres victimes. Une sorte d’accident de travail d’un auteur qui est allé un peu trop loin dans son enquête. Je ne recommande à personne d’en faire autant car il n’est pas évident d’échapper à la pression des normes d’un groupe hallucinogène. Je ne suis tombée que dans une partie du piège tendu par deux leaders de groupuscules comme il y en a, hélas, tant d’autres en France, en Belgique et en Europe.

Les victimes de cette nébuleuse pseudo-chamanique subissent la double soumission -chimique et sectaire- mise en exergue par le Dr Gilbert Pépin, pharmacologue. Manipulation mentale menant à la déstabilisation psychologique qui tombe sous le coup  de la loi About-Picard.

L’idée d’écrire sur les dérives du chamanisme m’est venue à la suite d’entrevues avec un ami médecin. Profil soixante-huitards, fumant de temps un joint, il était toujours à l’affût d’une nouvelle méthode de médecine alternative ou d’une nouvelle psychothérapie pour résoudre ses difficultés existentielles. J’ai vu, au fil des mois, cette personnalité brillante changer. Ce qui m’a intrigué.

Enthousiaste, il me racontait ses expériences sous ayahuasca, un breuvage originaire d’Amazonie qu’il buvait depuis quelques mois en France et au Pérou. Les couleurs, les sensations qu’il décrivait m’ont fait penser aux comptes-rendus psychédéliques que j’avais lus. Inconnue en Europe et que cet ami l’appelait la “Plante”, je n’avais pas cerné l’ayahuasca comme une drogue. Curieusement, bien qu’il soit médecin, il n’envisageait pas un seul instant que celle ci soit une drogue comme le L.S.D. Il était fasciné par le contexte entourant l’absorption du breuvage amazonien ainsi que par les vertus curatives de la plante censée résoudre tous les malaises physiques et psychologiques de l’occidental dans la perspective du « Changement de Paradigme » évoquée par Jean-Pierre Jougla, tout à l’heure …

En France, cet ami médecin a été initié par Guillermo Vilar, un  chaman péruvien, héros du film documentaire de Yan Kounen, « Autres Mondes ». Tous les participants à ces stages sauvages de ce  chaman étaient  introduits par cooptation et triés sur le volet: gens du cinéma, médecins, psychologues, psychothérapeutes… A cette époque là, l’ayahuasca n’était pas classé comme stupéfiant. Seul l’était le DMT, et peu de ceux qui prenaient la drogue amazonienne en France savaient qu’il s’agissait d’un stupéfiant. Il fallait avoir été au Pérou. Et il ne faut ne pas perdre de vue que l’information du public porte essentiellement sur les drogues des narcotrafiquants.

J’ai rapidement  compris que cet ami était victime d’une arnaque. Effectivement, il était victime de la double soumission chimique et sectaire, évoquée tout à l’heure, et il ne pouvait pas la déceler. L’idée d’écrire un livre sur le sujet pour dénoncer ces dérives, me séduisait de plus en plus. Je n’avais jamais pris l’ayahuasca, ni d’autre drogue. Mais j’ai vite constaté au cours de mon enquête sur le terrain, que le chamanisme amazonien était bradé par des syncrétismes new age qui dénaturent la tradition d’origine des chamans amazoniens.

Avec la complicité de cette relation médicale, je me suis introduite « undercover » dans ce milieu très fermé. Nous nous sommes tous les deux inscrits à un séminaire de chamanisme où l’on prend illégalement de l’ayahuasca. Il était organisé par un Argentin, professeur de yoga kundalini et son compagnon,  masseur sensitif et prêtre du patriarcat orthodoxe de la filiation apostolique d’Antioche. Pour le week-end, l’une de leurs adeptes, infirmière en milieu hospitalier, avait mis à notre disposition la péniche d’habitation de son compagnon comédien;  péniche qui était amarrée en bord de Seine, à Saint-Germain-en-Laye.

J’ai participé à deux sessions, à un mois d’intervalle entre janvier 2002 et février 2002. Nous étions quinze participants. À bord, mon regard fût attiré par trois personnes dont j’appris plus tard qu’il s’agissait d’une mère de famille accompagnée de sa fille et son garçon, âgés tous les deux d’une vingtaine d’années. Ils étaient venus suivre une sorte de thérapie familiale insolite avec “la Plante” pour se libérer de l’emprise du chef de famille, alcoolique.

Embarquée à bord pour la nuit, j’ai suivi les préliminaires de séance de yoga kundalini, de guérison de groupe déconnectant légèrement de la réalité, mais ludique et drôle si on les regarde en décalé mais qu’ont pris au sérieux les adeptes, sous sujétion mentale et consommateurs réguliers de l’ayahuasca, par l’entremise du duo des deux leaders. A la phase d’ingestion du breuvage sacré, distribué par les deux lascars dans un contexte folklorique new age de fumigation de tabac et de chants pseudo-indiens, je pensais trouver des stratégies pour laisser passer mon tour. Mais j’ai été acculée, sous la pression du groupe, à boire le breuvage amazonien. Les “dealers” newagistes avaient tout organisé pour qu’il soit impossible de passer au travers des mailles du filet.

Lors du premier week-end, lors de ma première prise, tout s’est bien passé pour moi: je ne ressentais aucun effet de la drogue; J’avais les idées claires sans visions de couleur. Juste l’imagination et les émotions exacerbées. J’en ai profité pour  observer le groupe. J’ai vu des participants malades, vomissant à qui mieux, tordus en deux par l’angoisse et la douleur.  Les deux gourous étaient présents auprès des participants dont la majorité étaient en même temps clients de leur cabinet. Le rituel pseudo-chamanique était un complément du travail individuel effectué en yoga et en thérapie holistique.

Entre les deux sessions sur la péniche, il s’est écoulé un mois. C’est avec le recul du temps que je m’aperçois que la drogue avait créé une appétence que j’avais occultée. J’attendais fébrilement la prochaine séance sur la péniche, attribuant mon impatience à mes recherches pour mon livre.

Mais lorsque je pris la drogue la deuxième fois toujours dans le même contexte syncrétique new age, j’ai ressenti une douleur fulgurante dans la tête. Après avoir crié « Au Secours », la seule chose dont je me souvienne avant de tomber dans le coma un temps indéterminé, c’est qu’on m’insulta en me demandant de me taire pour ne pas gêner l’expérience des autres. Lorsque je suis revenue à moi, j’ai eu des sensations dignes d’un livre de Stephen King. Personne n’est venu à mon secours. Aucun des deux leaders, ni mon ami médecin cloué au sol par l’effet de la drogue, ni aucun passager. Mais j’ai appris par la suite que beaucoup d’entre eux avaient pensé que j’étais morte et que les deux dealers avaient donné ordre de ne pas me secourir.

Il me fallut plusieurs semaines pour me relever de ce bad trip. J’ai fait une décompensation psychiatrique transitoire qui a pu se soigner en ambulatoire. Dans des circonstances rocambolesques, j’ai réussi à me débarrasser des deux leaders et de cet ami médecin qui s’étaient alliés contre moi, et tentaient de me convaincre que je faisais un voyage chamanique dans les Enfers, pour ne pas que je témoigne contre eux.

Ce groupe dans lequel je me suis infiltrée est un groupe type de tous ceux qui proposent l’ayahuasca en Europe. De nombreuses personnes sont tombées sous l’emprise chimique et sectaire du pseudo-chamanisme amazonien. J’ai rencontré des victimes qui sont déstructurées psychologiquement au long cours. Avec cette drogue amazonienne consommée dans ce contexte sectaire, on a observé des décompensations psychiatriques, des cas de suicides quelques mois après l’avoir prise, des comas et des morts par overdose. Beaucoup de victimes directes ne veulent pas témoigner auprès des associations de victimes car elles ont peur des représailles des leaders qui arrivent à leur faire croire qu’elles peuvent être punies par des attaques de sorcellerie.

La prise de l’ayahuasca dans des groupes en Europe n’est que l’étape préliminaire pour aller au Pérou qui boucle l’emprise  chimique et sectaire. Les postulants au chamanisme,  technique  de psychothérapie humaniste comme une autre, se rendent dans des camps de vacances insolites où l’on conjugue, évolution spirituelle, soins de l’esprit et du corps par l’ayahuasca, censées aider à passer le cap du changement de paradigme.

Il y a des traits constants chez tous les leaders du pseudo-chamanisme et j’ai établi leur “Profiling”.

Pour ces hommes d’influence, le débat porterait non sur la drogue et les pratiques qui leur sont associées mais sur les libertés individuelles et religieuses.

Le leader ès pseudo-chamanisme est soit:

– Médecin

– Pharmacien

– Psychothérapeute

– Thérapeute holistique (New Age).

Lorsqu’il est médecin ou pharmacien, il a connu la médecine chamanique amazonienne par Médecins Sans Frontière, Médecins Aux Pieds Nus, Pharmaciens Sans Frontières.

Quand il est psychothérapeute ou thérapeute holistique, il a connu le chamanisme amazonien par des instituts privés de formation en psychothérapie ou par des voyages au Pérou où il a été initié à la médecine traditionnelle amazonienne.

–  Il se définit comme chaman ou apprenti chaman pratiquant le chamanisme moderne et le néo-chamanisme.

– Son idéologie est celle du mouvement transpersonnel, des Nouveaux Mouvements Religieux (Esalen et  du New Age).

–  Il est l’auteur d’articles de contre-culture scientifique sur les hallucinogènes, ou de livres d’ésotérisme populaire.

–Il est  conférencier  dans des librairies ésotériques, dans des instituts privés de formation  en psychothérapie.

– Il recrute ses correspondants essentiellement dans la nébuleuse des Nouveaux Mouvements religieux, médecine holistique, courant de la psychologie humaniste,  perméables entre eux.

–  Il propose un nouveau concept de soins en médecine holistique: technique personnelle de soins à  base d’EMC  (états modifiés de conscience) par des plantes naturelles amazoniennes ou africaines et des thérapies humanistes ou des somatothérapies.

–  Il propose de développer une nouvelle voie spirituelle à base de chamanisme et d’E.M.C, syncrétisme du néo-chamanisme et de psychédélisme.

–   C’est souvent un ancien polydrogué aux drogues dures.

–  Pour lui, les hallucinogènes -ou enthéogènes- ne sont pas des drogues analogue à celles qui font le commerce des narco-trafiquants.

–  Il a été initié par des chamans péruviens ou africains, ou nord-amérindiens. Ou à d’autres traditions proches du vaudou.

–  Il organise des séminaires sauvages d’initiation en France, en Belgique. Et des séjours au Pérou dans des communautés thérapeutiques (CT).

– Il a créé une  Communauté Thérapeutique (CT) ou un centre d’hébergement  au Pérou.

–  Il a des relations étroites avec des leaders de secte.

–  Il peut faire l’objet d’inculpation au motif d’incitation à la consommation de stupéfiants.

– Au motif  de la loi About-Picard.

–Il fait l’objet d’articles contradictoires dans les médias.

Un tourisme psycho-spirituel est organisé entre le Pérou et l’Europe. Là bas, des Occidentaux consomment, en toute légalité, l’hallucinogène, et d’autres plantes locales toxiques dans des communautés thérapeutiques, spécialisées dans le traitement de la toxicomanie et les maux psycho-spirituels en tous genres.

Le centre d’hébergement le plus important est celui de T…, un centre de désintoxication pour drogués, dirigé par un médecin français, ancien de Médecins Sans Frontières et ancien polydrogué. Ce centre de médecines naturelles porte officiellement le masque d’une communauté thérapeutique, une modalité de traitement pour drogués qui n’existe pas en  France après les dérives sectaires de L. Engelmajer, le Patriarche.

De par le monde, des communautés thérapeutiques (CT) sont une modalité de soins pour la toxicomanie. Leur fonctionnement s’inspire du modèle anglo-saxon de Synanon et de Daytop. Un bref rappel sur l’historique de Synanon où son fondateur Chuck Dederich instaura des méthodes coercitives qui firent dériver Synanon en secte. Le modèle de CT italien qui inclut l’aspect spirituel est très prisé en Amérique Latine. T… est donc officiellement une communauté thérapeutique, agréé par l’état péruvien, qui soigne par la médecine traditionnelle locale, à l’origine, les drogués locaux.

Chacun de vous peut accéder au site Internet de la CT de T… où y est développé son programme de détoxication pour drogués au Pérou avec l’ayahuasca et d’autres plantes toxiques amazoniennes et des techniques de psychothérapies, dont certaines sont connues pour leur potentialité à être des outils psycho-sectaires (comme la respiration holotropique de Stanislav Grof, leader du mouvement transpersonnel).

Je me pose la question de savoir quelle est la validité et la dangerosité d’un programme de détoxication où l’on sèvre les drogués par une autre drogue, l’ayahuasca un  genre de L.S.D et d’autres plantes hautement toxiques comme la datura altérant la conscience et adjointe à des techniques de psychothérapie mettant en E.M.C (état modifié de conscience?

Ce programme de soins pour drogués est contesté par la communauté scientifique officielle. Mais il est cautionné par des gourous de la médecine alternative. Cet agrément est loin des critères définis par l’OMS en matière de médecine traditionnelle (MRT) et de soins primaires dans les pays sous-équipés médicalement. Incluant au passage la médecine des ayahuasqueros réintroduite officiellement en Amazonie par le programme AMRITA 2000.

Le directeur de T.. se rend régulièrement en France faire des conférences, publie des articles dans des revues spécialisées dans la Nouvelle Spiritualité et recrute par son charisme indiscutable des candidats pour venir au Pérou prendre l’ayahuasca,  légal là bas et suivre ses enseignements, délivrer les « Nouvelles Clés » du changement de paradigme.

T… propose des stages pour adolescents drogués ou non pour goûter à l’esprit de la plante et s’essayer aux rites pseudo-chamaniques; et il y a aussi des séminaires pour adultes non drogués de développement psycho-spirituel.

Ce type de centre doit être rentable financièrement pour que l’ex associé de ce médecin, un Espagnol,  en ait monté un autre plus spécialisé dans le développement psycho-spirituel. Son programme est très Science-Fantasy car on y parle parfois de rencontrer les lointains ancêtres de l’humanité, venus d’autres planètes comme les serpents dragons.

Lorsque je suis montée sur la péniche, mes deux leaders organisaient des voyages au Pérou vers le centre de cet Espagnol. Depuis deux ans, ils ont monté, eux même, leur centre péruvien jugés par certains émules du pseudo-chamanisme comme déviant.

Dans ces dossiers noirs du chamanisme, tout est manipulation de concepts: de l’écologie, de l’anthropologie, de la psychologie, de la médecine alternative et de concepts scientifiques.

La pharmacologie de l’ayahuasca est sujette à la manipulation de concepts scientifiques. Les leaders omettent de comparer l’ayahuasca au L.S.D, un stupéfiant prohibé. S’ils admettent que l’ayahuasca contient du DMT, un stupéfiant prohibé moins connu et qui était consommé pour son aspect récréatif lors de l’époque psychédélique, ils insistent sur l’action sérotoninergique de l’ayahuasca, action constatée chez une classe d’antidépresseurs (AD). L’ayahuasca ne serait pas toxique et ne créerait pas de dépendance. Bref, une médecine multi-usages qui guérirait tout, même du cancer. Mais que fait-on des effets secondaires dits psychiatriques?

Pourtant, les caractéristiques et effets secondaires de l’ayahuasca sont en partie ceux du L.S.D. Avec une composante pharmacologique et des effets secondaires inconnus soulignés par le Dr Gilbert Pépin.

Selon les charlatans du chamanisme, il y a aurait très peu de victimes. Et lorsqu’elles existent, il s’agit le plus souvent d’exceptions, de manquements à des recommandations sur l’usage de l’ayahuasca. Pas celles constatés par les associations de victimes ou les médecins mais comme les résultats d’attaques des esprits maléfiques, de la sorcellerie, et de la magie.  Leur point de vue est de nature parapsychologique, pseudo-scientifique.

Si les charlatans sont dans le déni sur les dangers de l’ayahuasca, il semblerait qu’ils  reconsidèrent la question avec l’iboga (drogue et rites associés), évalué plus dangereux que la drogue amazonienne.

L’action recherchée en prenant de l’ayahuasca est l’ouverture de la conscience par l’état modifié  de conscience supposée comparable à la transe chamanique. Il faut stimuler « coûte que coûte » par un hallucinogène appelé enthéogène, une zone du cerveau que Vilayanur Ramachandran de l’université de San Diego, a appelé le « Module de Dieu ».

La littérature scientifique se montre particulièrement élogieuse envers l’ayahuasca. Réalité surprenante mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’elle émane de la recherche psychédélique, tolérée outre-atlantique, dans des conditions dites draconiennes, par la FDA. Le directeur de T… a écrit dans MAPS (la revue de la recherche psychédélique) en 1992 et 1996, des articles sur le traitement de la toxicomanie par les plantes amazoniennes. Actuellement, l’ayahuasca est à l’étude dans la branche ethnomédecine de la recherche psychédélique. Par contre, la littérature scientifique classique est prolixe sur les effets secondaires du LSD, du DMT.

Seuls deux Européens, de la recherche non psychédélique, précisons le, dénoncent les dangers de l’ayahuasca: Gilbert Pépin, un pharmacologue français, expert auprès des tribunaux. Et le Suisse Laurent Rivier, également toxicologue.

Il y a une énorme disparité au niveau du classement de l’ayahuasca en Europe. Car si le DMT est prohibé partout, ce n’est pas le cas de l’ayahuasca et d’autres hallucinogènes naturels.  L’ayahuasca est légal en Belgique, toléré au Pays-Bas dans le cadre religieux de santo daïme, mais illicite en Italie, en Espagne et en France. L’iboga est autorisé en France mais interdit en Belgique. De quoi s’y perdre en matière de législation européenne…

Les leaders profitent du vide juridique européen pour recruter des adeptes à tour de bras, organisant les stages sauvages dans les pays où l’hallucinogène x n’est pas interdit. Pendant ce temps là, la liste des victimes ne cesse de s’allonger.

Au printemps 2005, les autorités françaises sanitaires (l’ASSAPS) ont durci l’interdiction de l’ayahuasca sur le sol français, en classant la liane elle même, absente du biotope européen. Mais la prohibition de l’ayahuasca dans le reste de l’Europe reste toujours un problème d’envergure, en dehors du DMT.

Le feuilleton  des procès européens de santo daïme où l’on prend en guise de sacrement le daïme, autre nom de l’ayahuasca, illustre l’ambiguïté du vide juridique européen et sa consommation  tolérée dans un cadre religieux. Cette église spirite et condomble brésilienne est légale au Brésil tout comme l’ayahuasca l’est dans son cadre religieux. Au Brésil, d’ailleurs, le DMT n’est pas interdit.  Pour ses fidèles, santo daïme, c’est du chamanisme populaire.

Si santo daïme est implanté au Brésil, c’est parce que dans ce pays, la doctrine spirite est dans les mœurs. Le Brésil est le premier pays au monde à propager la littérature spirite, en particulier celle d’Allan Kardec. Des bibliobus spirites sillonnent tous le pays, aussi bien dans les campagnes que les centres urbains. Le Mouvement spiritualiste a ses œuvres caritatives qui vont des crèches aux hôpitaux psychiatriques, en passant par les écoles, les maisons de retraite.

Santo daïme a des ramifications en Europe ayant fait l’objet d’affaires judiciaires. Il y eût d’abord le procès hollandais en 2001, et puis en 1999, six Français furent arrêtés à Paris en train de consommer le daïme. La charge retenue contre eux est la consommation de DMT; le caractère sectaire de l’église hallucinogène a été abandonné.

Dans ces deux pays de l’Union européenne, les daïmistes sont accusés pour possession, transport et consommation de drogues illicites. En Hollande, au même titre que l’héroïne et la cocaïne, l’ayahuasca est une drogue illégale pour son DMT. Mais voici quelques arguments communs de la défense qui ont permis la relaxe des prévenus en Hollande et en France: il n’y a  aucune base scientifique pour affirmer que le DMT “naturel” est une drogue mettant en péril la santé publique. Le DMT analysé dans les saisies était en quantité insuffisante pour prouver sa toxicité.

J’ai assisté aux deux phases du procès français, ayant lieu au palais de justice de Paris, en 2003 et à son appel en 2004. L’expert Jace Callaway, chercheur connu dans la recherche psychédélique, est venu témoigner pour les prévenus aux deux procès européens sur l’absence de dangerosité de l’ayahuasca dans le contexte religieux de santo daïme. Lors de l’audition du procès français à Paris, l’expertise du Dr Gilbert Pépin, faites à partir des échantillons prélevés sur les bidons de daïme mis sous scellés lors de l’arrestation des daïmistes, a été évoquée du bout des lèvres.

L’un des avocats de la défense au procès français, partisan de la dépénalisation des drogues dites douces, eût ce mot qui fait le prestige de la profession. Il appela le daïme: le Cidre des tropiques. On ne peut que présumer qu’il n’a pas pris le fameux daïme et qu’il n’a pas fait de bad trip! A souligner que l’un  des autres avocats de la défense a déjà défendu des représentants de sectes qui ont eu des démêlées avec la justice.

En 2005, le feuilleton fleuve santo daïme s’est poursuivi: en Italie une vingtaine de daïmistes ont été arrêtés, en mars 2005, par la brigade anti-mafia italienne pour avoir été pris en train de consommer du DMT. Ils sont en attente de jugement.

Mais après le jugement français, encore une tolérance de consommation de l’ayahuasca accordée au Nouveau Mexique à l’Union végétale (une branche de santo daïme) dans le cadre religieux. Une précision factuelle: l’Union Végétale est étudiée officiellement dans le département d’ethnomédecine par la recherche psychédélique pour son utilisation rituelle de « thé » (autre nom du daïme).

L’avenir nous dira si la justice italienne s’alignera sur cette tolérance religieuse internationale ou s’il sera prouvé le caractère sectaire de santo daïme en Europe. La revue MAPS automne-hiver 2005/2006 fait état des dernières recherches sur l’usage curatif de l’ayahuasca en médecine alternative dans le cadre du rituel de santo daïme, étudié dans le village amazonien Céu Dio Mapià.

Je vais conclure par des propos tout frais, recueillis, il y quelques minutes, ici, auprès de la présidente d’une association de victimes du Sud-Ouest de la France. Un congrès d’ethnomédecine s’est tenu à Toulouse, voici une semaine. Ils rassemblaient les leaders d’opinion du pseudo-chamanisme, devenu une voie internationale et royale pour un nouvel usage sectaire des drogues. Certains médecins, sensibilisés à l’ethnomédecine, pensant trouver matière à réflexion, se sont sentis bernés par le contenu du festival et sont prêts à réagir pour démasquer la supercherie.

Il se trouvait dans le public des jeunes gens de 18 ans, public probable des rave-party où certains indices laissent supposer une augmentation de la consommation de drogues comme dans les années 70, qui pourraient être intéressés par le masque séducteur du chamanisme, propagé par ces dealers du troisième millénaire, si rien n’est fait pour enrayer le phénomène.

L’usage de l’ayahuasca risque de se banaliser très rapidement.  C’est ce qui arriva avec l’ecstasy, il y a plus de vingt ans. La presse encensait cette drogue pour ses qualités d’ouverture de la conscience, d’empathie très new age. Elle est aujourd’hui un fléau qui ravage les rave-party.

Je vous remercie de votre attention.»

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LES FANTÔMES FACE À LA SCIENCE!

La suggestion joue un rôle non négligeable dans la croyance au paranormal et aux fantômes.

Depuis la crise liée au Covid, la parole scientifique est remise en cause et il y a un engouement pour les parasciences et les croyances au paranormal. Un peu plus de 40 % des Français croient aux fantômes.

Dans le film culte S.O.S Fantômes sorti en 1971, quatre professeurs d’université au chômage, décident d’ouvrir une société d’investigations paranormales. Ils doivent lutter contre un dieu sumérien malveillant. Il s’agit d’une fiction fort sympathique qui reprend la thématique des croyances irrationnelles sur l’existence des fantômes dans la parapsychologie.

Selon l’une des études du psychologue Richard Wiseman, professeur à l’université de la Hetfordshire, 25 % des Britanniques auraient déclaré avoir vu au moins une fois dans leur vie un fantôme. Il semblerait qu’au fil du temps, les fantômes côtoient de plus en plus nos voisins d’outre Manche. En 1950, ils n’étaient que 5% des Britanniques qui les voyaient, 14 % en 1980, 19 % en 2003 et 25 % aujourd’hui. Cette montée en puissance de la croyance aux fantômes est révélatrice du retour de la pensée magique, et à une remise en cause du scientisme depuis une trentaine d’années! S’il n’y avait que les croyances au paranormal concernées, aujourd’hui, les fakenews scientifiques malmènent la méthodologie scientifique!

Le psychologue Richard Wiseman étudie d’une manière rigoureuse le sujet de la « pensée magique » ou de la pensée irrationnelle. Il a publié sur cette thématique plus de 100 articles, notamment dans des revues scientifiques comme Nature, Pyschological Bulletin ou le PlosOne.

Sur son blogRichard Wiseman relate ses recherches dans les lieux hantés. Dont Hampton Court Palace qui serait hanté selon les dires de certains par le fantôme de Catherine Howard, cinquième épouse du roi Henri VIII reconnue coupable d’adultère et fut décapitée. Au XIX siècle, une partie du château fait l’objet de phénomènes étranges dans la galerie où elle avait été trainée en arrière après s’être jetée aux pieds du roi son époux pour demander qu’on la gracie. Richard Wiseman et son équipe de chercheurs ont été sollicités pour enquêter scientifiquement, trouver des réponses rationnelles à ces supposées présences fantomatiques. Selon lui, « ces expériences ne semblaient pas être induites par les connaissances historiques de ces gens sur ces lieux, (avant leur visite); les personnes qui croyaient en l’existence de fantômes aient rapporté plus d’expériences que les mécréants. Certaines de ces expériences ont été causées par des phénomènes naturels, tels que des courants d’air subtils et des changements de température de l’air, et il y avait des preuves provisoires reliant ces endroits où les participants ont rapporté leurs expériences avec certains types d’activité géomagnétique.» Le géomagnétisme n’est pas une activité paranormale!

Les fantômes ne se manifestent pas qu’en Grande-Bretagne, et nous en avons aussi en France. Ainsi, des événements paranormaux se seraient produits dans une maison en août 2014 Un couple de retraités aurait eu sa maison saccagée par des esprits frappeurs. Les médias nationaux comme TF1 et FR3 avaient relayé ce fait divers paranormal au même titre qu’une prouesse scientifique.Ceux qui croient au paranormal ont en été pour leurs frais avec cette histoire de phénomène de hantise. Il s’agissait d’un canular monté de toutes pièces par la propriétaire de la maison et de son neveu de 12 ans.

La suggestion joue un rôle non négligeable dans la croyance au paranormal et aux fantômes, plus particulièrement celle qui est verbale. Et bien évidemment confortée par les médias. Souligné par Richard Wiseman, « Je pense que cela est principalement dû à un nombre croissant d’évocations de fait paranormaux à la télévision. Un simple événement tel qu’un bruissement reste le même, mais la perception psychologique que l’on en a est modifiée ». 

Il y a des lieux qui inspirent ces croyances au paranormal et à la hantise. Ils sont souvent liées au folklore populaire. Une architecture bizarroïde dans un endroit isolé, un meurtre ou un propriétaire asocial et hop la légende de la maison est faite. Parmi ces endroits hantés, il y a la Maison qui saigne à St Quentin dans l’Aisn. les habitants se sont plaints d’entendre la nuit des bruits de casserole ou des gémissements. Les habitants affirment avoir vu les murs qui saignent. La maison finira par être démolie et on découvrira des squelettes de soldats allemands de la première guerre mondiale.

Comment les neurosciences expliquent-elles (hors canular) certains fondements de ces croyances irrationnelles fondées sur des distorsions de la réalité, des hallucinations parapsychologiques, des sensations étranges de présences invisibles auxquelles on donne le nom de fantôme, d’esprit. Cela peut-il arriver à tout le monde ou faut-il souffrir de troubles psychiques pour voir des fantômes?

Une équipe de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) vient de montrer qu’un tel « sentiment de présence » pouvait être généré en laboratoire, à l’aide d’un robot, par la simple perturbation du mécanisme de perception spatio-temporelle. Cette équipe publie dans la revue Current Biology un article décrivant ce dispositif. De nombreux travaux avaient déjà associé ces « apparitions » à des perturbations cérébrales chez des schizophrènes, épileptiques, migraineux… Autrement dit, les fantômes n’existaient que dans nos têtes.

Les chercheurs suisses ont quand même voulu y voir de plus près. Ils ont analysé les cerveaux de patients présentant ces symptômes : en l’occurrence douze personnes, en majorité épileptiques, dont ils ont scruté l’encéphale à l’aide d’images à résonance magnétique (IRM). Ils y ont trouvé des lésions dans trois régions corticales – les cortex insulaire, pariéto-frontal et temporo-pariétal –impliquées dans la conscience de soi, le mouvement et la position. Discordance temporelle et spatiale Les neurologues de l’EPFL ont donc émis l’hypothèse que ce sentiment de présence relevait d’une difficulté à conjuguer ces différents sens pour établir une perception « cohérente et unitaire de notre propre corps ».

Pour s’en assurer, ils sont allés voir leurs collègues du département de robotique. Ensemble, ils ont conçu un appareil capable de produire de la discordance temporelle et spatiale. Les yeux bandés, le sujet de l’expérience tend son bras puis le déplace devant son corps, le doigt dans un capteur. Derrière lui, un robot reproduit ces mouvements en lui touchant le dos. « Pour le cerveau, il y a un conflit spatial, explique Olaf Blanke, directeur du centre de neuroprothèses de l’EPFL et premier signataire de l’article. Un mouvement effectué devant soi ne doit pas se traduire par une sensation dans le dos. Mais ce conflit, il le résout. » Les sujets sains ont ainsi affirmé avoir éprouvé le curieux sentiment de se toucher eux-mêmes le dos. Faux dans la réalité, mais cohérent.

Les chercheurs ont ensuite ajouté une discordance temporelle. Cette fois, le robot reproduisait les mouvements avec un décalage d’une demi-seconde. Dans ces conditions asynchrones, plusieurs sujets ont eu l’impression que ce n’était ni eux-mêmes, ni le robot qui leur titillait le dos mais une autre, voire plusieurs autres personnes. Espoir pour les épileptiques Giulio Rognini, du département de neurosciences cognitives de l’EPFL, décrypte le résultat : « Notre cerveau possède plusieurs représentations de notre corps. Dans des conditions normales, il est capable de les rassembler en une perception unitaire de nous-même. Mais lorsque le système dysfonctionne, par maladie ou robot, une deuxième représentation de notre corps est parfois induite et n’est pas ressentie comme “moi” mais comme autrui, comme une présence. » Les chercheurs suisses n’entendent pas s’arrêter là. Si un robot peut créer un sentiment de présence, peut-être peut-il aussi le faire disparaître. Autrement dit, corriger certaines discordances subies par des sujets malades. Un espoir pour les épileptiques, une menace pour les fantômes.

Loin des esprits frappeurs, une réalité médicale et psychologique où l’esprit (au sens de la psyché) peut jouer des tours avec les membres fantômes! Quand un bras ou une jambe ont été amputés, les patients sentent encore la présence du membre pourtant manquant! D’après leneuroscientifique Vilanayur S.Ramachandran, il s’agirait d’une manifestation de neuroplasticité cérébrale qui fait éprouver cette étrange sensation de la présence du membre pourtant amputé. Les plans de l’image corporelle dans le cortex somatosensoriel sont recablés après l’amputation du membre. Rien de parapsychologique! Il a mis au point un protocole de thérapie-miroir pour rééduquer les patients amputés. Le principe repose sur une boîte où le membre sain est reflété dans un miroir en lieu et place du membre amputé. Ainsi par ce jeu de miroir, le patient peut ainsi voir ses deux membres, et un nouvel apprentissage pour enlever cette sensation de membre fantôme peut se mettre en place.

Loin de la parapsychologie, il faut aussi citer des réactions allergiques à certaines substances toxiques comme le monoxyde de carbone par exemple ou encore la prise d’hallucinogène psychédélique, l’ayahuasca déjà évoqué dans mon post « Trip avec le narco-tourisme hallucinogène »! Le but de cette drogue est de provoquer des expériences mystiques avec des esprits invisibles. À vos risques et périls car il s’agit la plupart du temps de l’utilisation d’une drogue puissante à des fins d’endoctrinement sectaire! D’un mésusage du chamanisme amazonien et le dévoiement de une tradition séculaire chamanique.

David Smailes, psychologue à l’université de Northrhumbria (Newcastle-Upon-Tine) évoque les perceptions erronées de notre cerveau . Notre cerveau peut mentir. De ces illusions, selon lui, tout le monde eut en avoir, mais la plupart d’entre nous les ignorent, mais certains vont se tourner vers les fantômes comme explication. « Nous sommes habitués à ce que nos sens nous donnent des informations précises sur le monde. Donc, lorsque nous faisons l’expérience d’une hallucination, notre premier instinct est généralement de le croire.» Sollicité de toute part et bombardé d’informations, le cerveau sélectionne selon peut-être aussi ces croyances, surtout que l’on peut constater depuis quelque temps la montée de la pensée magique et la perte de l’esprit rationnel qui caractérise la science.

Parmi ces illusions du cerveau, il faut citer la cécité intentionnelle. Le cerveau est aveugle à ce qui ne correspond pas à ce qu’il attend dans une image. « La mémoire ne fonctionne pas comme une caméra vidéo », dit le psychologue en (Université Goldsmiths de Londres Christopher French. Il est . Vous ne vous souvenez que des choses auxquelles vous faites attention. Certaines personnes sont plus susceptibles de s’en absorber que d’autres. Et ces personnes signalent également des niveaux plus élevés de croyances paranormales, dit-il, y compris des croyances dans les fantômes. Un autre type d’illusion qui peut conforter la croyance aux fantômes est la paréidolie. C’est la tendance décrite comme instinctive, sous l’effet de stimuli visuels ou auditifs à reconnaitre une forme familière dans des images, une tache d’encre, des nuages.

Le marché des gadgets de la chasse aux fantômes se porte bien!Le thème des fantômes n’est pas réservé au seul domaine du cinéma ou de la littérature, il fait l’objet d’un commerce ingénieux high-tech. Le geek fan de paranormal peut s’équiper d’apps à charger sur votre site comme « Ghost radar ou autres gadgets détectant toute activité paranormale comme un détecteur de fantômes, en signalant les modifications du champ magnétique, inévitables lorsque un esprit invisible est présent. J’ai noté pour vous le petit ours en peluche BooBuddy qui voit les morts; il fonctionne comme un « trigger objet », un objet déclencheur susceptible de provoquer chez un revenant l’envie de communiquer avec les vivants. En fait, c’est l’objet transitionnel à l’envers si cher à Donald Winnicott… à destination des fantômes et non des vivants! Cet enquêteur de manifestations paranormales, au design attendrissant, qui s’allume et tend les pattes lors de tout changement d’énergie vibratoire anormale se vend à plus de 300 euros.

Croyances aux fantômes, êtres surnaturels ou dialogue avec les morts, certainement des superstitions liées à la pensée irrationnelle. Pour paraphraser Honoré de Balzac, une superstition vaut peut-être une espérance mais la réalité semble plus pragmatique avec Friedrich August Von Hayek qui voit la superstition comme « tout système où les individus imaginent qu’ils en savent plus qu’ils n’en connaissent en réalité. »

Sources: http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/06/comment-les-scientifiques-produisent-des-fantomes_4519780_1650684.html
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article928
https://www.google.fr/#q=pseudo+sciences
http://fr.wikipedia.org/wiki/SOS_Fantômes
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1680

https://theconversation.com/victorian-scientists-thought-theyd-found-an-explanation-for-ghosts-but-the-public-didnt-want-to-hear-it-126153

https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/trois-questions-sur-la-pareidolie-cette-capacite-de-notre-cerveau-a-voir-une-tete-d-ours-sur-la-planete-mars_5634263.html

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UN AUTRE REGARD SUR LA VIEILLESSE AVEC LES SUPERAGERS!

La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie (Dona Maurice Zannou)

Photo de Mikhail Nilov sur Pexels.com

Un article publié dans JNeurosci a suscité ma curiosité. Il évoque le substrat biologique lié au vieillissement cognitif exceptionnel observé chez certains séniors appelés les « SuperAgers »! Cette dénomination se retrouve dans des revues scientifiques consacrées au vieillissement. La Northwestern University SuperAging Research (Chicago) et ses programmes scientifiques et médicaux étudient ces personnes exceptionnelles.

Le terme de SuperAge bouscule les idées reçues sur le déclin cognitif lié à l’âge et les préjugés liés au vieillissement popularisés par l’expression OK Boomer. Ce n’est pas un terme fantaisiste. Il s’appuie sur les données scientifiques de la psychologie du vieillissement et la neuropsychologie.

Remettons les pendules à l’heure. Comment définir un SuperAger? Je reste volontairement floue sur cette notion de personne âgée car je considère qu’il y a une part sociétale importante qui participe au clivage des générations; même si à partir du curseur déterminé par l’âge chronologique (pas forcément en adéquation avec l’âge physiologique), c’est le pré carré de la gérontologie et de la gériatrie. Mais également, celui de la psychologie du vieillissement, une nouvelle spécialité qui s’est développée depuis des années 90, compte tenu du vieillissement de la population mondiale.

Le terme de SuperAger est clairement délimité dans la recherche médicale. Des critères ont été développés pour identifier des nouvelles caractéristiques anatomiques, biologiques, génétiques associées au phénotype et psychosociales du SuperAger. Il y a l’âge ( celui de 80 ans et +), la performance de la mémoire épisodique et les capacités cognitives.

Ces personnes ont des capacités cognitives et de mémoire similaires à des personnes beaucoup plus jeunes. Le terme de superager a été popularisé par les travaux de neuroscientifiques américains qui ont montré que certaines personnes âgées avaient un cerveau aussi performant que des personnes beaucoup plus jeunes qu’elles. Des personnes de plus de 80 ans qui obtiennent des résultats similaires à des personnes âgées de vingt à trente ans de moins qu’elles aux tests de mémoire, c’est pas mal, non?

La liste des scientifiques qui se sont penchés sur le cerveau vieillissant n’est pas exhaustive, mais d’en citer quelques uns. Comme Yaakov Stern (Université » de Colombia) a mené des études sur les facteurs de risque de la démence et de la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur les facteurs qui peuvent protéger contre ces maladies. Également, Denise C.Park de l’Université du Texas à Dallas a mené des études sur la plasticité cérébrale et sur les moyens de maintenir la fonction cognitive à un niveau élevé au cours du vieillissement. Et sans oublier Eric Kandel, qui à 80 ans a été couronné par le Nobel 2000 de médecine pour ses recherches (de toute une vie) sur la neurobiologie de la mémoire et du vieillissement du cerveau .

C’est une approche digne de la psychologie positiviste (au bon sens du terme) dont j’ai déjà parlé dans ce blog. La psychologie positiviste souligne des points optimistes et n’insiste pas lourdement sur les maladies qui font penser que la vieillesse est forcément un naufrage.

Cependant, le terme de Superager » ne s’applique pas à toutes les personnes avançant en âge. Il s’agit d’une frange de population relativement faible. Mais elle existe prouvée sur les règles de l‘Evidence-Based Medicine (EBM) et c’est le principal. Alors, voyons ce qu’il en est.

Quel est le point fort des superagers par à rapport à leurs pairs? Le vieillissement moyen est associé à une diminution progressive de la capacité de la mémoire, et ce qui est exceptionnel chez ces superagers, c’est la mémoire épisodique; aussi performante que des personnes plus jeunes qu’eux. La mémoire épisodique est aussi appelée mémoire autobiographique, et elle permet selon cette jolie formule empruntée au magazine Futura de voyager dans le temps, passé ou futur.

Comment dans l’étude de JNeurosci ou même d’autres, cette mémoire épisodique exceptionnelle a-t-elle été constatée chez eux?

Dans cette étude où deux tiers des participants étaient des femmes, pour distinguer les superseniors des autres pairs au vieillissement normal ou légèrement anamnestiques, l’étude a examiné l’intégrité neuronale dans le cortex entorhinal (ERC) (ou aire 28 de Brodman ), une zone phare de la mémoire et sélectivement vénérable à la dégénérescence neurofibrillaire. Ces neurones plus grands et plus sains serait la signature biologique de la trajectoire de ces superagers. Ce serait la couche II du cortex entorhinal (étudié post-mortem) qui serait concerné. Il reçoit en particulier les informations d’autres centres de mémoire et est un centre très spécifique et crucial le long du circuit de la mémoire.

Tamar Gefen, professeure adjointe de psychiatrie et de la science du comportement à la Northwestern University Feinberg School of médecine pense que ces neurones plus grands que chez les jeunes « étaient déjà présents à la naissance et se sont maintenus structurellement tout au long de leur vie». Vers une part génétique?

Quel est l’intérêt scientifique de ces recherches? Elles sont importantes pour comprendre comment des personnes peuvent résister à la maladie d’Alzheimer. Il existerait une forme de résilience aux voies conventionnelles du vieillissement observées chez les SuperAgers. L’ERC joue un rôle clé dans la mémoire est l’un des premiers endroits ciblés par la maladie d’Alzheimer. Le but est d’exploiter les traits biologiques particuliers aux superageurs pour aider les personnes âgées à éviter la maladie d’Alzheimer et pour de futures recherches.

La prévalence des superagers est plus élevée chez les femmes. Il a été constaté une influence positive du niveau d’éducation sur le score des tests cognitifs, ce qui indiquerait une réserve cognitive plus élevée des SuperAgers ayant un niveau d’éducation plus élevée. Un lieu commun mais confirmé par des tests.

Le bien-être psychologique serait-il lié à la performance cognitive chez les SuperAgers? Il a été constaté chez eux un niveau plus élevé de relations chaleureuses (positives ) avec les autres. L’autonomie, une certaine maîtrise de l’environnement et une aptitude au développement personnel. Pourquoi ne pas reparler de la pyramide de Maslow de son sommet (celle de la plénitude de son humanité) et peut-être après, envisager des niveaux dont le besoin cognitif, le besoin esthétique et le dépassement de soi? Il ne s’agit que d’une opinion personnelle.

Car en dehors de la recherche et de ses publications, les SuperAgers sont des personnes âgées définies comme impressionnantes, se comportant comme une personnes d’âge moyen. Rock on-roll! Dans un article sympathique écrit par Rod Rodriguez, le SuperAger et défini comme un Super-Adolescent! Une dénomination d’une gentillesse rare loin des coups de butoir sur les « vieux » lus sur les réseaux sociaux, et qui me font lever les yeux au ciel.

Rod Rodriguez répertorie des zones bleues géographiques où il y a une forte concentration de SuperAgers. Comme Ikaria en Grèce, Okinawa au Japon. Je fais l’impasse volontairement sur le mode de vie de ces SuperAgers et leur alimentation qui participeraient à leur longévité exceptionnelle. Une mention spéciale pour la région d’Ograliastra (Sardaigne) où des centenaires sont toujours actifs, autonomes et capables de vivre seuls chez eux.

Les SuperAgers incitent à une réflexion plus globale sur l’âge et l’activité. Ce qui va suivre pourra être perçu par certains lecteurs comme orienté idéologiquement, et ils auront probablement raison; certains éléments factuels scientifiques sont sujets à réflexion et doivent inciter à abattre le mur de la honte qu’est l’âgisme. Le sujet ne doit pas être esquivé car les publications mêlant économie et neurosciences existent.

Dans le Journal du Comportement Économique (Elsevier) via Science Direct, une publication titre la question suivante: « La retraite accélère-t-elle le déclin cognitif? Preuves de la Chine rurale ». Il y aurait un lien entre l’âge de la retraite et les performances cognitives. Je passe directement à la conclusion de la publication, et je pressens que certaines personnes figées sur la notion d’âge chronologique et dans l’âgisme invoqueront le biais de confirmation: oui, sans conteste le National Rura Pension Scheme chinois affecte la performance cognitive. En terme de mécanismes, la détérioration cognitive est liée à la réduction subtantielle de l’engagement social, du bénévolat et des activités favorisant l’acuité mentale, etc..

Le principe qui sous-tend le programme de retraite chinois lié au déclin cognitif est le suivant: la littérature économique s’est principalement concentrée sur la formation du « capital humain » (dixit). À titre personnel, je n’apprécie pas cette dénomination de « capital humain » qui est glaçante et déshumanisante. Quoi qu’il en soit, hormis la sémantique, il y a des pistes de réflexion. Les capacités cognitives représentent une dimension du capital humain tout comme l’éducation, la santé et les compétences non cognitives. La littérature économique s’est beaucoup moins concentrée sur les causes et conséquences de dépréciation du capital humain y compris le déclin cognitif. Et notamment celui lié à la retraite anticipée.

Les recherches neuropsychologiques citées dans l’article sur la Chine ont retenu toute mon attention, et elles pourraient bousculer les préjugés sur l’âgisme. L’une d’elles serait la malléabilité du cerveau adulte capable de s’améliorer même à la fin de l’âge adulte, étudié par Howard-Jones (et al) spécialiste de la recherche neuroéducative. Encourageant! Est si c’était l’une des dispositions des SuperAgers?

Et une autre étude à méditer sur la « retraite mentale » élaborée par Susan Rohwedder, et Robert J Willis .« ..deux mécanismes pour lesquels la retraite peut conduire à un déclin cognitif. Pour de nombreuses personnes, la retraite conduit à un environnement quotidien moins stimulant. En outre, la perspective de retraite réduit l’incitation à s’engager dans des activités mentalement stimulantes au travail. »

Ces études sur les SuperAgers sont revigorantes pour les générations les précédant. Elles devraient inspirer les programmes sur le vieillissement qui infantilisent les personnes âgées. Et si on partait de l’idée toute simple que toutes les personnes du grand âge sont des SuperAgers? Utopique?

Vraiment? Dans ma salle de fitness, je côtoie Jean-Pierre, ancien militaire de carrière qui manie les appareils de musculation deux heures par jour, participe avec enthousiasme à de nombreux cours collectifs, et à côté de cela est engagé dans le milieu associatif et culturel de sa bourgade normande. La mascotte de notre centre sportif! Une autre SuperAger âgée de 88 ans se rend régulièrement à des cours de Pilates, souple comme un roseau. À côté d’elle, j’ai l’impression d’être une petite joueuse…

Compte-tenu de l’allongement de l’espérance de vie, le regard doit changer sur le vieillissement. Dans un article publié dans la revue CAIRN en 2003, le gériatre Bernard Mouralis (1999) a ainsi défini le grand âge: «la vieillesse ne se laisse définir ni par un mécanisme spécifique unique, ni par le seul effet du temps, ni par un mode de décès. Il n’en existe aucune mesure biologique. Toutes les constantes biologiques gardent la même constance chez le vieillard sain». Les phénomènes de sénescence par exemple, et les incapacités qu’ils entraînent, varient d’une personne à l’autre: certaines personnes âgées sont en meilleure santé que pas mal de jeunes.

Et plus poétique en guise de conclusion celle de l’anthropologue béninois Dona Maurice Zannou: La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie.

https://www.jneurosci.org/content/early/2022/09/26/JNEUROSCI.0679-22.2022

https://news.northwestern.edu/stories/2022/09/superager-brains-contain-super-neurons/

https://denverphysicaltherapyathome.com/super-agers-around-the-world/

https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/memoire-memoire-episodique-16094/

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167268122004358?fbclid=IwAR1wO8vjav6nQARZQPEPkERquuILYLSvoe4JSUYcyVZvzHlAP5HZTg8WO7c

https://www.lindependant.fr/2023/01/16/torreilles-a-82-ans-le-docteur-christian-riviere-part-a-la-retraite-10930231.php

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QUAND L’EMDR INDUIT DES FAUX SOUVENIRS.

Les faux souvenirs d’abus sexuels induits par une mauvaise prise en charge psychothérapeutique sont un sujet sérieux qui concerne les professionnels de la santé mentale mais aussi le grand public.

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Dans ce blog, certains de mes posts traitent d’un sujet sulfureux qui est celui des faux souvenirs d’abus sexuel induits par une mauvaise thérapie. La mémoire corrompue et falsifiée par une psychothérapie à base de suggestibilité, et est susceptible d’amener un patient à porter des accusations graves d’abus sexuels sur un proche alors que ces violences ne se sont jamais produites.

Les faux souvenirs d’abus sexuels induits par une mauvaise prise en charge psychothérapeutique sont un sujet sérieux qui concerne les professionnels de la santé mentale mais aussi le grand public.

Pour les lecteurs intéressés par les conséquences des faux souvenirs sur la santé mentale des victimes et les conséquences sur leur entourage (certaines personnes accusées à tort de viol derrière les barreaux,) voici quelques uns de ces cas cliniques que vous pouvez lire (ou relire) sur mon blog : Psychothérapie d’une princesse satanique, L’affaire Ramona, Au sujet du film Régression et des adorateurs de Satan, Se souvenir de sa naissance avec le Cri Primal.

Le sujet de ce post est encore celui des faux souvenirs induits par une thérapie à base de suggestibilité. La technique sur la sellette est celle de l’EMDR, et cette dérive de la psychothérapie se passe en Italie. Un psychothérapeute italien a été condamné à de la prison pour avoir induit de faux souvenirs d’abus sexuels chez Sara, une adolescente de quinze ans. La justice a bien identifié le coupable à l’origine des faux souvenirs induits.

C’est une première en Italie. Les dessous de cette affaire sont décrits dans l’article « Un psychothérapeute italien condamné à de la prison pour avoir induit de faux souvenirs » et à lire sur le blog Réalités Biomédicales du journaliste Marc Gozlan, médecin de formation.

Marc Gozlan explique dans son article le déroulement du process des faux souvenirs induits. La technique de l’EMDR n’est pas sans risque car mal appliquée, elle peut falsifier la mémoire. C’est « un procédé oculaire qui réduit la vivacité et la charge émotionnelle liée à la mémoire autobiographique, et permet au cerveau de digérer l’évènement traumatisant...Cela souligne avec force « la nécessité d’une formation appropriée et de programmes éducatifs pour les thérapeutes sur la science de la mémoire », estiment Henry Otgaar et ses collègues criminologues et psychologues.»(sic)

Le psychothérapeute italien est condamné à quatre ans de prison avec interdiction de pratiquer la psychologie et la psychothérapie pendant deux ans. « Le tribunal a motivé son verdict en déclarant que de faux souvenirs ont été implantés par des « méthodes hautement suggestives et inductrices » afin que Sara soit convaincue d’avoir été sexuellement abusée par son père.» (sic)

L’un des points forts de cet article, c’est celui des dialogues entre Sara et son psychothérapeute. Ils mettent en lumière les erreurs à éviter pour conduire un entretien en psychothérapie. Et on voit bien la suggestion du thérapeute qui aiguille les propos de Sara qui aurait été abusée par un ami de son père et par son père.

L’histoire de Sara pose la question de la formation des thérapeutes sur la science de la mémoire et de celle de l’utilisation éthique des techniques suggestives en thérapie.

Faut-il ou non les utiliser? Sont-elles adaptées à tout le monde? Quelle est la balance bénéfice/risque? Depuis les années 80, les dérives des techniques à base de suggestion ont bien été cernées avec les risques de générer des faux souvenirs, mais et il semblerait qu’elles soient toujours prolixes. Derrière certaines de ces techniques, on retrouve souvent cette vieille croyance sur l’existence de traumatismes refoulés dans la mémoire depuis X temps. Comment ne pas se référer à cette étude américaine publiée en 2019 dans Clinical Psychological Science qui indiquait que 9 % des 2 326 patients en  thérapie s’étaient vus interrogés sur l’existence de souvenirs refoulés. »(Sic)

Scott O.Lilienfield (1960-2020) défenseur des traitements et méthodes fondées sur les preuves dans le domaine et coauteur de l’ouvrage « Science et pseudo science en psychologie clinique »a dans son livre « 50 mythes de la psychologie populaire » consacré un chapitre sur les croyances infondées concernant le fonctionnement de la mémoire telles que la mémoire fonctionne comme une vidéo en appuyant sur la touche replay, la mémoire réprimée lors de traumas, etc. Données hélas toujours d’actualité!

Pour lire l’intégralité de cette histoire passionnante, rendez vous sur l’excellent blog Realités Biomédicales du journaliste Marc Gozlan, et ne manquez pas de vous référer à la biographie sur les faux souvenirs qui se trouvent à la fin de son article.

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PSYCHOTHÉRAPIE D’UNE PRINCESSE SATANIQUE

Le cas clinique de de la Princesse Satanique est la plus célèbre affaire de supposé rite sexuel sataniste. En réparation du préjudice causé par cette dérive de la psychothérapie, Patricia obtint 10,6 millions de dollars de dommages et intérêts.

Nous sommes en 1995. documentaire. Frontline, chaîne de TV diffuse l’émission « A la recherche de Satan » où l’une des séquences montre Patricia Burgus en thérapie avec le psychiatre Bennet Braun. Son histoire estracontée e dans « Science and Pseudoscience in clinical psychology », ouvrage qui répertorie les dérives des psychothérapies et leurs fondements pseudo-scientifiques.

Patricia est mère au foyer. Elle a vingt neuf ans. Après la naissance de son fils en 1982, elle souffre de dépression post-partum. Pour en venir à bout, elle va suivre une thérapie avec une travailleuse sociale. Rien d’extraordinaire en cela car beaucoup de femmes soufrent de dépression post-partum et une prise en charge médicale adéquate permet de la traiter.

Cette thérapeute utilise la méthode du jeu de rôle et incite Patricia à parler avec une voix d’enfant, en attribuant des surnoms à chacune de ses humeurs comme Super slow et Religious One (Patricia était très croyante). Elle lui met entre les mains une brochure sur le trouble des personnalité multiples (TPM), ce qui convainc Patricia qu’elle en en souffre. La psychothérapeute la recommande au docteur Braun, psychiatre et spécialiste du TPM, exerçant au prestigieux hôpital presbytérien de Chicago.

Pendant plus de deux ans, Patricia va être internée. Lors de ce séjour, elle suivra quotidiennement des séances d’hypnose, prendra des psychotropes puissants, et sera attachée régulièrement avec des sangles de cuir. Patricia ne souffre pas que de dépression post-partum mais surtout du « Trouble des Multiples Personnalités », l’une des conséquences du Rite sataniques d’Abus Sexuels (ASRS). Une notion née en 1980 et employée par Lawrence Pazder, un psychiatre canadien.

Pour comprendre l’aberration du rituel satanique, il faut évoquer en quelques mots l’Amérique des années 90 obsédée par la violence des cultes sataniques, réels ou imaginaires. Durant cette période, les rumeurs sur les adorateurs du Diable vont aller bon train et faire tâche d’huile jusqu’à l’hystérie collective. Les médias font circuler des vidéos supposées tournées par les adorateurs de Satan. Enregistrement de messes noires où des adolescentes seraient violées ainsi que des sacrifices rituels des bébés. De quoi faire froid dans le dos! Après enquête, le FBI a affirmera qu’il n’y avait absolument aucune preuve de l’existence d’un seul cas d’abus rituel satanique dans toute l’Amérique.

Cette vague d’allégations mensongères est connue sous le nom de Satanic Panic ou panique satanique. Une dénomination culturelle anglo-saxonne de l’hystérie collective liée au satanisme.

Le contexte dans lequel s’est développé cette hystérie collective est particulier. Outre Atlantique, les adorateurs de Satan ont pignon sur rue à l’instar de ceux de l’Église sataniste d’Anton Sanzdor LaVay. Surnommé « le pape noir », il fonde son église en 1966. Dès les années 80, des télévangélistes, des Pentecôtistes, fondamentalistes et encore plus surprenant des thérapeutes dénoncent sur de simples rumeurs les activités criminelles des satanistes.

L’abus sexuel ritualisé sataniste « étiquetait » des personnes violées au cours de messes noires et totalement amnésiques de ces violences. Il se manifestait par un Trouble des Personnalités Multiples suivant les critères du DSM de l’époque. Ce trouble se caractérise par la présence de deux ou plusieurs personnalités distinctes, les alters qui prennent le contrôle de la personnalité principale, l’hôte. Ce dernier ignore l’existence de ses autres personnalités et n’en garde aucun souvenir.

Aujourd’hui, le trouble des personnalités multiples ne figure plus comme tel et a été remplacé par le trouble dissociatif de l’identité ( TDI). À l’époque où existait le TPM, et c’est important pour comprendre l’affaire Patricia Burgus, il a été démontré que c’était les thérapeutes qui induisaient les faux souvenirs et le Trouble des Personnalités Multiples des techniques de récupération des souvenirs à base de suggestion provoquant des États Modifiés de conscience (EMC). Sous la conduite du thérapeute zélé qui le met en EMC, le sujet va avoir des flashs, des images ou des bribes de scènes du trauma originel qui sont automatiquement interprétés comme les souvenirs du trauma.

Pour être diagnostiqué comme souffrant de suites de rites sataniques d’abus sexuels, le patient devait répondre à plusieurs critères dont celui d’avoir été violenté par ses parents membre d’une secte sataniste, avoir participé à des rites cannibales et à des sacrifices de bébés. Tous ces critères seront remplis pour Patricia par le Dr Braun. Sous son influence et conditionnée à bloc, Patricia en arrivera à dire, de bonne foi, qu’elle avait été violée par des panthères, des tigres et des gorilles.

Le bon Docteur fit non seulement hospitaliser Patricia mais également ses deux fils, âgés respectivement de quatre et cinq ans car eux aussi supposés souffrir du Trouble des Multiples Personnalités car étant un signe de famille dysfonctionnelle. Ils alléguèrent que leur mère pratiquait bien un culte satanique, qu’ils avaient eux aussi participé à des rites cannibales où l’on dévorait des bébés encore vivants. Ce fut pris comme argent comptant par l’équipe médicale. Au fil de la thérapie, l’équipe médicale les amena à intégrer le fait qu’ils étaient des « tueurs nés ». La thérapie des enfants de Patricia comprenait des menottes et l’utilisation d’armes à feu pour voir si leur maniement leur était familier. Mieux que le film de Roman Polansky, Rosemary’s Baby, non?

Selon l’équipe médicale, Patricia était une mère incestueuse envers ses fils, était l’hôte de trois cent personnalités, une « princesse satanique » en charge de neuf états américains, et s’était livrée au cannibalisme sur plus de deux mille cadavres.

Le délirant Dr Braun soutint mordicus à la « Princesse Satanique que la viande du hamburger apporté par son mari était d’origine humaine. Au bout de trois ans d’internement, comme l’assurance-santé de Patricia ne couvrait plus ses frais, Patricia sortit de l’hôpital. L’assurance maladie avait déboursé pour elle et ses trois fils la coquette somme de 3 millions de dollars.

Mais comment a-t-on pu laisser le Dr Braun, pourtant psychiatre et exerçant dans un prestigieux hôpital détruire la vie de sa patiente et de ses enfants, abuser de sa confiance?

Le Dr Braun était l’un des leaders du mouvement des souvenirs récupérés. Au milieu des années 1980, il avait publié une vingtaine d’articles sur le trouble des personnalités multiples. Il avait à hôpital de Chicago une unité dédiée à son traitement; son cheval de bataille était le satanisme.

Le cas clinique de la « Princesse Satanique »est la plus célèbre affaire de supposé rite sexuel sataniste. En réparation du préjudice causé par cette dérive de la psychothérapie, Patricia obtint 10,6 millions de dollars de dommages et intérêts. L’ordre professionnel de l’Illinois raya le Dr Braun du conseil de l’ordre pendant deux ans suivi d’une période de probation de cinq ans.

Le docteur Braun contesta le paiement de cette indemnité. Il resta droit dans ses bottes en soutenant que son diagnostic et son traitement étaient adaptés. « il ne croit pas avoir fait quoi que ce soit mal » déclara son avocat en affirmant qu’il ne pouvait pas donner de détails supplémentaires au risque de violer la confidentialité patient/médecin.

L’histoire de Patricia Burgus n’est pas isolée. Il y a eu d’autres affaires judiciaires d’abus rituels satanistes, démontrant qu’il était possible de falsifier la mémoire des patients et de leur faire croire qu’ils avaient fait des actes innommables en pratiquant avec eux « une thérapie fondée sur la régression et des souvenirs récupérés». Les techniques de la mémoire récupérée les plus fréquentes sont l’imagerie guidée, l’hypnose (non médicale) induisaient ces faux souvenirs de messes noires.

Ces thérapies basées sur les « expériences émotionnelles du passé » prises pour des vérités ont pu se propager grâce à la lame de fond du New Age. L’un de ses chantres  est la journaliste américaine Marilyn Ferguson, qui avec son best-seller « La Révolution du Verseau » diffusa les principes de base de cette révolution spirituelle. Une nouvelle approche des psychothérapies fut proposée par l’institut d’Esalen en Californie, et les scientifiques du New Age fondèrent le mouvement de la « Gnose de Princeton ». Bien loin des règles de « l’Evidence Based Medecine», et en créant d’innombrables dégâts dans la psyché de clients qui leur firent confiance, et en propageant des théories pseudo-scientifiques qui perdurent encore dans le développement personnel.

Notes: Le mode opératoire lors d’un diagnostic de ASRS était le suivant : Dans la plupart des cas répertoriés, les clients suivaient une thérapie (soit individuelle ou de groupe) avec un thérapeute adepte du New Age, et en rupture avec la pratique traditionnelle de la psychiatrie. Le thérapeute adhérait aux croyances spirituelles et  pseudo-scientifiques du New Age. La plupart du temps, ces thérapeutes du New Age n’obtenaient pas l’aval des ordres des professionnels car les méthodes étaient considérées comme expérimentales, et peu fiables.

Certains praticiens étaient diplômés en médecine, et appartenaient à des ordres professionnels qui encadraient tant bien que mal leurs pratiques lorsqu’elles dérapaient. Ainsi pour le Dr Fredrickson, qui pratiquait l’hypnose sur les personnes supposées souffrir de d’abus sexuel ritualisé sataniste, l’Ordre n’avait pas réussi à faire comprendre aux patients que «l’hypnose peut donner l’impression d’avoir des souvenirs vivaces, qui en fait sont faux mais contribue à renforcer des convictions (d’avoir été abusé) ». (Walter-Singleton, 1999).

https://culteducation.com/group/1255-false-memories/6529-controversial-doctor-faces-loss-of-license.html

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EXPÉRIENCE DE MORT IMMINENTE: QUE DIT LA SCIENCE (PARTIE II)?

Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer?

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Cité dans la première partie du post « Expérience de mort imminente: que dit la science? revenons à Sam Parnia. Son étude multicentrique et transdisciplinaire Aware a débuté en 2008 et a continué avec Aware II (AWAreness during REsuscitation) avec un recrutement ciblé de 1500 patients adultes hospitalisés en arrêt cardiaque.

L’étude comprend une surveillance explicite des niveaux du cerveau et de l’oxygène des patients en arrêt cardiaque via l’oxymétrie cérébrale et l’EEG portable respectivement. Parallèlement, la capacité à détecter des sensations audiovisuelles pendant l’arrêt cardiaque (téléavertisseur, iPad qui émet des stimuli audiovisuels indépendants transmis au patient voa un casque sans fil) . Ainsi grâce à ce matériel high tech, les survivants sont interrogés pour savoir s’ils se souviennent de l’un de ces stimuli.

« Nous essayons d’obtenir un marqueur de la façon dont la relation de la réanimation cérébrale interagira avec la conscience ainsi que la survie et les résultats neurologiques » Parnia. Quand on lit les propos de Sam Parnia, il y a incontestablement une éthique et une honnêteté intellectuelle. Après, est-ce vraiment de la science de chercher à savoir si la conscience survit à la mort physique et à un arrêt du coeur. Tout de même, les lieux d’étude sont des hôpitaux anglais et étasuniens et après tout pourquoi pas? Sam Parnia constate que le retour à la vie n’est pas toujours joyeux: « Alors que certaines personnes reviennent sans problème après une longue période de temps, d’autres reviennent avec des lésions cérébrales».L’étude de Sam Parnia est médicale et la plus précise possible. Une cible photographique avait été mise en place, et elle n’était visible que par quelqu’un flottant près du plafond.

Sam Parnia est rigoureux dans ses propos, et il insiste sur la notion d’arrêt cardiaque: « Seulement, le revers de la médaille est que, que cela nous plaise ou non, nous étudions essentiellement ce qui arrive à l’esprit et à la conscience humains lorsque les gens ont dépassé le seuil de la mort. – c’est-à-dire «l’expérience de la mort imminente»…«c’est un terme que je n’aime pas utiliser, mais je le ferai parce que les gens en ont peut-être entendu parler. Il est inexact parce que les patients que nous étudions sont techniquement allés au – delà du seuil de la mort ». Il relève que les caractéristiques de base des E.M.I sont similaires indépendamment de l’âge et de la culture.

Publié en 2014 dans la revue Rescuscitation, l’étude Aware et par la suite Aware II montre que la conscience externe et l’activité cognitive peuvent se produire durant un arrêt cardiaque; sans que cela ne décrive l’intégralité du processus cognitif au cours de l’arrêt cardiaque ou si des souvenirs peuvent se former chez certains survivants. Ces souvenirs donnent un plus grand sens à la vie (conforteraient-ils les croyances des survivants et aussi ceux des expérimentateurs?), contrastant ainsi avec les S.S.P.T (stress post-traumatique), dépression ou anxiété de certains. Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer? Rien n’est moins sur!

Selon des chercheurs du Michigan, les sensations et visions, comme celle d’une lumière intense correspondent à un regain d’activité cérébrale quand la circulation sanguine cesse dans le cerveau. Cette recherche effectuée sur des rats et à partir d’enregistrements E.E.G est la première à analyser « les effets neurophysiologistes d’un cerveau mourant », précise Jimo Borjigin, professeur de neurologie à l’Université du Michigan , principal auteur de ces travaux: « Nous sommes partis de l’idée que si cette expérience résulte d’une activité cérébrale, elle devrait pouvoir être détectée chez les hommes comme chez les animaux, même après l’arrêt de la circulation  du sang dans le cerveau », explique la neurologue. Le cerveau serait ainsi capable d’une activité électrique bien organisée aux premiers stades de la mort clinique, caractéristique d’un état de conscience. »

L’étude du Michigan est contestée par chercheurs comme Chris Chambler, professeur de neurosciences cognitives à l’université de Cardiff. Cette recherche n’ayant été menée que sur des rats, on ne sait pas s’ils ont un état de conscience, et on ne peut pas comparer l’encéphalogramme d’un humain à celui d’un rat. Logique, non? « ..il est tentant d’établir une relation entre le regain d’activité des neurones et l’état de conscience mais on se heurte à deux problèmes: le premier est qu’on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c’était le cas, conclure que ce regain d’activité cérébrale est la signature d’un tel état est simplement fallacieux», telle est sa conclusion. Pas d’antispécisme non plus pour Sam Parnia: Pour Sam Parnia, ce n’est pas non plus acceptable: « l’idée qu’à l’instar des rats de l’expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque « est extrêmement hypothétique et ne s’appuie sur aucune indication tangible»

Les explications scientifiques des E.M.I et l’étude de ses mécanismes psychologiques sont rares. Si elles rendent compte des aspects cognitifs des croyances religieuses, impliquant des aspects affectifs et motivationnels, elles sont difficilement évaluables et compatibles avec la rigueur scientifique.

Une étude publiée en octobre 2018 dans un hôpital multiconfessionnel au Shri Lanka montre que les personnes croyantes sont plus susceptibles de faire des E.M.I que les non croyantes. On s’en serait un peu douté mais l’étude a le mérite d’exister et de donner un cadre scientifique aux E.M.I. Étude réalisée sur 92 patients gravement brûlés, une étude publiée en mars 2017, relie la croissance post-traumatique aux E.M.I . La croissance post-traumatique est un concept de psychologie positive et c’est le processus par lequel une personne ayant vécu un traumatisme connaît des changements positifs dans sa vie. La croissance post-traumatique concerne une minorité de personnes. On peut le concevoir sous l’aspect de la résilience. Les éléments de l’EMI les plus fréquemment rapportés sont une altération du sens du temps, la décorporation, un sentiment de paix, des sensations vives et le sentiment d’être dans un «autre monde. Cette étude est surtout incitative pour les soignants qui ainsi pourraient aider les survivants de brûlures, à  les amener à parler sans tabou des EMI,  à parler de leur spiritualité et de leurs croyances religieuses au fur et à mesure qu’ils se rétablissent.

Alors, l’une des questions qui se pose au sujet des E.M.I est celle de la véracité des souvenirs des expérienceurs. Vrais ou faux souvenirs?

Vanessa Charland-Verville, neuropsychologue à l’Université de Liège, a étudié ce phénomène pour sa thèse avec 319 personnes. Elle constate que l’expérience est plus réelle que la réalité. Avec une méthodologie rigoureuse comprenant, entre autres, le Memory characteristic questionnaire, Vanessa Charland-Verville a comparé d’abord des souvenirs réels avec des souvenirs imaginés. Ces derniers  sont beaucoup moins intenses que des souvenirs réels.

Pour les faux souvenirs, il est encore hasardeux de les comparer à des souvenirs imaginés ou des E.M.I. Concernant ces derniers, ils ne sont pas comparables à des souvenirs imaginés ou des faux souvenirs. Et Il est difficile des les apparenter à des hallucinations ou à des rêves. Il se passe manifestement quelque chose dans le cerveau que la science n’a pas encore élucidé.

Au sujet des E.M.I, il y a incontestablement des manifestations d’état non ordinaire de conscience, et elles sont influencées par la culture. Le tunnel de lumière serait plus occidental. Pour les Indiens, ce serait plutôt un fleuve. Ainsi rapporté par les journalistes Camille Gaubert et Anne-Sophie Tassart, les Indiens et les Thaïlandais relatent souvent des rencontres avec Yama, le dieu de la mort du Bouddhisme et de l’Hindouïsme.

Le sujet des E.M.I/N.D.E reste encore un sujet sulfureux pour les acteurs de la santé. Sur le net, la plupart des explications relèvent  de l’irrationnel, voisinent avec le spiritisme, la parapsychologie, la réincarnation, les OVNI, les voyages astraux et autres phénomènes surnaturels. D’aucuns affirment que la France négligerait l’étude scientifique de ce phénomène, laissant le champ libre aux dérives sectaires. Les chemins de l’au-delà seraient-ils eux aussi semés d’embûches? Les E.M.I gardent encore beaucoup de leurs mystères scientifiques.

Vidéo de Vanessa Charland-Verville sur les E.MI.

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L’EXPÉRIENCE DE MORT IMMINENTE: QUE DIT LA SCIENCE? (PARTIE I)

Curieusement, tous les témoignages de N.D.E sont positifs.Les expérienceurs gardent une certaine nostalgie de cette Terra Incognita entrevue. Cette expérience va bouleverser la vie de certains.

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Qui n’a pas lu sur le net ces étranges acronymes de « E.M.I » et de « N.D.E »? Ils signifient respectivement « Expérience de Mort Imminente » avec sa traduction anglaise de « Near Death Expérience. Ce sont des expériences subjectives d’états non ordinaire de conscience que peuvent vivre certaines personnes dans certaines circonstances de l’ordre du trauma si l’on veut un point de comparaison: accident, arrêt cardiaque, noyade, suicide raté, effets secondaires de psychotropes etc. Des « survivants », déclarés cliniquement morts, après un arrêt cardiaque, réanimés, à leur réveil déconcertent leur entourage médical et familial par un étrange récit digne de la série culte « X FILes » qui défie la raison.

L’EMI concernerait les premiers stades de la mort, et leur étude couvre le champ de la psychologie, de la psychiatrie et du monde médical en général; c’est intéressant de les considérer avec pragmatisme, et de voir comment la science traite ce sujet de l’ordre de l’irrationnel car malheureusement les charlatans et marchands du New Age s’en sont emparés, et les N.D.E voisinent avec l’astrologie et autres facéties qui agacent le corps médical.

Les expérienceurs (ceux qui ont vécu une E.M.I) décrivent tous plusieurs impressions: l’impression de quitter leur corps et de l’observer de l’extérieur. C’est la décorporation. D’autres vont voir un tunnel ou se trouver sur  le seuil d’une porte virtuelle, aveuglés et attirés par une lumière blanche, brillante et chaude. Et encore d’autres affirment avoir parlé dans l’Au-delà avec des êtres de lumière ou des disparus. La sensation qui leur  reste de leur voyage « aux portes de la mort » est une sensation de paix, de légèreté, de sérénité qui  perdure et abolit la peur de la mort. Curieusement, tous les  témoignages de N.D.E sont positifs.Les « expérienceurs » gardent une certaine nostalgie pour la Terra Incognita entrevue;  la vie de certains va être chamboulée.

Le chantre des travaux sur les N.D.E est le Dr Raymond Moody, philosophe et psychiatre et auteur du best-seller (publié en 1975) La vie après la vie s’est toujours montré prudent pour aborder ce sujet sulfureux. Selon lui, le phénomène des N.D.E n’est pas rare du tout. Les N.D.E seraient reproductibles à volonté.

Effectivement, il est possible, en l’état  des  connaissances scientifiques « d’injecter » toutes les expériences virtuelles dans le système nerveux central. Dans les années 50, un programme de manipulation mentale de la C.I.A a été consacré à ce genre de recherches avec le L.S.D et autres produits psychoactifs. Et l’implantation de croyances irrationnelles sous forme de « visions » ou de « faux souvenirs » a été amplement démontré. Pour les neuroscientifiques, l’E.M.I résulterait d’un mode de fonctionnement particulier d’une zone du cerveau située dans le lobe temporal droit, le gyrus angulaire, lui même proche de zones impliquées dans la vision, l’ouïe, l’équilibre et le toucher.

En 2001, une étude hollandaise sur les N.D.E, chez les rescapés d’arrêt cardiaque, a été publiée dans la prestigieuse revue anglaise “The Lancet”. Menée par le Dr P.Van Lommel, elle porte sur 344 patients, qui après un arrêt cardiaque, ont été ranimés dans 10 hôpitaux hollandais. Les résultats de cette étude montrent que l’E.M.I n’est pas une  constante. Seuls 18% des patients interrogés disent avoir vécu une N.D.E,  parmi lesquels 12% relatent une « expérience profonde ». Si l’on s’en tenait à une explication purement physiologique, telle qu’une anoxie cérébrale, la plupart des patients déclarés cliniquement morts devraient avoir vécu une N.D.E. Ce n’est pas le cas!

L’étude de Van Lommel apporte du poids à l’hypothèse survivaliste, c’est à dire que la conscience survit à la mort du corps. Cette conception a été critiquée par Jason J.Braitwaite, non pas sur les données récoltées mais sur ces conclusions survivalistes. J.Braitwaite est un neuropsychologue spécialisé dans l’étude des facteurs neurocognitifs sous-jacents aux troubles de la conscience (hallucinations, perceptions aberrantes et distorsions perceptives). L’étude de Lommel ne fournit pas la preuve que l’esprit et le cerveau sont séparés du cerveau. Ses conclusions relèvent du domaines des croyances et de la foi. Toutefois, il faut retenir que la méthodologie de la collecte des données est acceptable.

Encore des expériences connues sur les E.M.I. Celles du neuroscientifique Michael Persinger en 1995. Il a stimulé artificiellement plusieurs aires du lobe temporal pour déclencher des phénomènes comparables aux EMI. Il n’a pas réussi à réaliser une EMI complète décrite par les « expérienceurs », mais il a réussi au moins à déclencher chez les sujets des visions mystiques et des sensations de décorporation. Même s’il semble que ce qui suit s’éloigne des des E.M.I, il faut évoquer l’approche rock’an roll de M.Persinger avec ses études sur l’expérience religieuse et la sensation d’une présence invisible dans la pièce.

Des chercheurs suédois ont voulu réitérer l’expérience de Michael Persinger sur les visions mystiques, mais échec et mat. Leur conclusion fut que l’expérience était corrélée à la personnalité et à la suggestibilité des sujets. Ce en quoi, Michael Persinger, dans le International Journal of neuroscience, argue que les chercheurs suédois s’étaient plantés dans leur programme informatique et avaient négligé la configuration magnétique qui induisait la présence éthérée dans la pièce; il réfute ainsi la notion de suggestibilité. On peut également s’étonner qu’un neuroscientifique comme Michael Persinger ait publié un rapport sur la communication télépathique avec le médium Sean Harribance. Ce dernier prône sur son site la thérapie par champ biologique traitant le cancer par des moyens non invasifs. Alors, s’il semble que les propos de Michael Persinger soient séduisants sur les états non ordinaires de conscience, le scepticisme reste de rigueur.

Avec l’étude Aware, Le Dr Sam Parnia, directeur de recherche sur la réanimation en soins intensifs à l’université de médecine de New-York a voulu aller plus loin que la collecte de témoignages de N.D.E; terme qu’il semble réfuter. Avec son équipe composée de 17 chercheurs venus de tous les États-Unis et du Royaume-Uni, Sam Parnia a voulu comprendre, tout d’abord, ce qu’était « l’expérience mentale et cognitive de la mort », étudier ce qui se passait dans la tête de quelqu’un qui a eu  à un arrêt cardiaque, et dont le coeur est reparti.

39 pour cent des interrogés pour cette étude affirmaient se souvenir de quelque chose alors qu’ils étaient cliniquement morts. Au final, si cette étude, la plus vaste à ce jour sur le sujet, « ne permet pas de conclure à la réalité ou à la signification des expériences d’E.M.I rapportées par certains patients, en raison de la trop faible incidence du phénomène de souvenirs visuels (2%), elle ne permet pas non plus de les désavouer  et requiert de poursuivre les études dans ce domaine » indique Sam Parnia [

Selon les auteurs de l’étude, sept grands thèmes reviennent le plus fréquemment dans les témoignages:
-Sentiment de peur-
-Visions d’animaux ou de plantes-
-Une lumière vive-
-Violence et persécution-
-Impression de déjà-vu-
-Vision d’un proche –
-Souvenir des évènements qui ont suivi l’arrêt cardiaque-

Les gens vivent une véritable expérience cognitive au moment de la mort, parler de souvenirs proprement dits seraient hasardeux.  Ils étaient, pour la plupart, sous sédatifs et Sam Parnia pose l’hypothèse que leur inconscient a enregistré une expérience particulière. Sam Parnia note que l’on peut trouver chez certaines personnes des symptômes faisant penser à un Stress-Post-Traumatique.

La suite à venir des rapports entre les E.M.I et la science dans une deuxième partie.

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ÉCOPSYCHOLOGIE, UNE NOUVELLE DISCIPLINE POUR REMÉDIER À L’ÉCO ANXIÉTÉ? VRAIMENT?

Ce si sympathique néologisme d’écopsychologie est un piège abscons, et avant-tout un concept marketing.

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L’écologie évoque  la science du climat mais aussi s’intéresse à la santé mentale! Et bien oui, les souffrances de la psyché pourraient aussi se mettre au vert avec l’écopsychologie. Soigner la terre, guérir l’esprit, serait l’un de ses fondements!

Le synonyme d’écopsychologie serait (selon certains sites web) la psychologie environnementale, une discipline à part entière qui  est « l’étude des interrelations entre l’individu et son environnement physique et social, dans ses dimensions spatiales et temporelles ». L’excellent livre de Gabriel Moser, Psychologie Environnementale qui est représentatif du sérieux de la discipline de psychologie environnementale sans connotation idéologique. Cet «ouvrage vise à la compréhension des rapports entre l’individu, la société et l’environnement, d’une part, et la mise à disposition de savoir-faire et d’outils d’intervention au niveau de l’habitat, du lieu de travail, de la ville, de l’environnement global dans le cadre du développement durable, d’autre part. » Même si l’approche ne répond pas aux critères de « l’Evidence Based Science », la psychologie environnementale peut s’avérer une source de réflexion pertinente.

Aujourd’hui, en dehors des programmes politiques qui ne sont pas l’objet de ce blog, il y a une recrudescence du préfixe « éco » accolé à des mots basiques aux fins de donner une connotation écologique ou environnementale. Certains ont un véritable sens et peuvent être acceptables. L’un d’eux est celui de l’éco-anxiété dont les conséquences sont répertoriées dans des articles répertoriés dans Pubmed.

Qu’est ce que l’éco-anxiété? Ce terme a été créeé en 1997 par la Belgo Canadienne Véronique Lapaige, médecin chercheuse en santé publique et santé mentale. Elle a pris soin de préciser qu’il ne s’agissait pas d’une nouvelle pathologie mentale, mais selon elle cette forme d’anxiété repose sur l’adhésion à la thèse du réchauffement climatique à laquelle elle est sensible.

L’éco-anxiété est une anxiété chronique face aux bouleversements environnementaux. Selon le dictionnaire Oxford, c’est une inquiétude extrême face aux dommages actuels et futurs causés à l’environnement par l’activité humaine et le changement climatique. Ce mal toucherait les jeunes générations. Des jeunes adultes de 18 à 34 ans. Le portrait-robot (non validé scientifiquement) serait celui d’une femme habitant en ville, diplômée et de moins de 45 ans.

Il n’y a pas de consensus notamment médical sur cette supposée nouvelle forme d’anxiété qui ne figure pas dans le DSM V. Ce n’est ni un syndrome ni un diagnostic psychiatrique. Notons que l’American Pyschological Association a bien défini l’éco-anxiété comme la peur chronique d’une catastrophe environnementale (a chronic fear of environnemental doom).

On trouve dans la base de données Pubmed des articles sur l’éco-anxiété qui peut amener quelqu’un en psychothérapie car elle est source de détresse et altère la vie quotidienne. Il s’en trouve un sur le changement climatique (que personne ne nie) et qui induirait différents types de « syndromes psychoterratiques » émergents tels que l’éco-anxiété mais aussi l’éco-culpabilité et l’éco-chagrin, outre la détresse qu’ils peuvent causer facilitent un comportement respectueux envers l’environnement. J’ai du mal à croire à une méthodologie rigoureuse concernant ces syndromes terratiques.

Si l’éco-anxiété n’est pas un trouble mental, il n’en reste pas moins qu’elle se manifeste par un certain nombre de symptômes. Selon les psychiatre Antoine Pelissolo et Célie Massini, « les personnes qui déclarent souffrir d’éco-anxiété rapportent des symptômes du champ des troubles anxieux : attaques de panique, angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires (anorexie, hyperphagie), émotions négatives (peur, tristesse, impuissance, désespoir, frustration, colère, paralysie). Ces symptômes sont à l’origine d’une perturbation notable de la vie quotidienne chez certains individus et les consultations pour ce motif seraient de plus en plus nombreuses, notamment aux États-Unis16 ».

Mais revenons au terme d’écopsychologie, qui à mon sens est sujet à des interprétations et à des dérives. L’écopyschologie est manifestement une discipline inédite  qui s’est développé outre Atlantique depuis les années 1990. Elle a séduit des psychologues de la région de San Francisco où une formation est dispensée à l’université de Santa Barbara! Durant cette décennie, la presse française a encensé pendant plusieurs semaines cette nouvelle discipline du développement durable à la rubrique Santé ou Bien-Être. On est en droit de se demander si l’écopsychologie est un nouvel OPNI (Objet Psychique Non Identifié en relation avec la santé),  l’écopsychologie ne figure pas dans Medline/Pubmed qui référence les études scientifiques. Face à cette lacune des cautions scientifiques, le scepticisme s’impose. Tout en reconnaissant que sur Pubmed, il se trouve parfois des articles surprenants dans leur méthodologie scientifique.

L’écopsychologie n’est pas une nouvelle discipline. C’est Theodor Roszak, sociologue et auteur de science-fiction, qui popularisa en 1995 le terme d’écopsychologie. Il se serait inspiré des travaux de Gregory Bateson, l’instigateur du courant systémique et l’un des piliers de l’école de Palo Alto. Gregory Bateson avait évoqué, en son temps, l’écologie de l’esprit où « les progrès en sciences proviennent toujours d’une combinaison de pensées décousues et de pensées rigoureuses. » Cette alliance permettant de faire progresser la science en fonction des besoins des sociétés.

En écologie, le pragmatisme de la science est nécessaire. Depuis les années soixante, on assiste à une crise de la science au profit de l’inflation du pseudo-scientisme. L’écologie en découd souvent (sauf exception) avec l’esprit scientifique en général, et c’est souvent l’auberge espagnole. Lorsque l’écologie parle de santé publique, la prudence est de rigueur pour ne pas jeter les gens entre les mains de charlatans sous le prétexte que la terre perd la boule, et que par effet domino, les terriens aussi.

Théodor Roszak est perçu comme un visionnaire critique de la science, mais ce n’est pas l’avis de tous. Pour le philosophe australien John Passmore, sa notoriété aurait provoqué une méconnaissance de la nature de la science, en la diabolisant car le sociologue n’a parlé que de ses dégâts, de la déshumanisation qui a créé un monde aseptisé. Afin de sauver l’humanité des désastres de la science, Théodor Roszack pense qu’il est urgent de réinstaurer l’imaginaire et la créativité. En 1969, le sociologue avait vulgarisé le néologisme de contreculture, et sa vision du monde est holistique. Terme dévoyé par le New Age avec le mythe de Gaia qui draine beaucoup d’émules de l’écologie fâchés avec la science.

L’écopsychologie étudie l’action de l’environnement sur la psychologie, et l’effet de la nature sur l’équilibre des êtres humains. C’est un sophisme de dire qu’il y a des interactions entre la santé et l’environnement. La dégradation des écosystèmes, la mutation des biotopes, et les pollutions diverses ont ou auront si on n’y prend garde une action néfaste sur la santé de milliard d’individus.
Ainsi, les pesticides seraient incriminés dans de nombreuses maladies et on les soupçonne avec diverses pollutions d’être à l’origine de nombreuses maladies et de cancers. Du côté de la santé mentale, on étudie l’influence de l’environnement architectural sur l’équilibre psychologique. Des projets architecturaux sont élaborés pour favoriser les performances, renouer avec la convivialité. On construit des résidences adaptées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Des études anglo-saxonnes montrent les bienfaits de promenades dans des espaces verts pour les enfants hyperactifs et les personnes souffrant de dépression, permettant ainsi d’alléger la prescription de psychotropes. D’après l’étude de Jessica Finlay, « passer chaque jour un moment dans la nature améliorerait la qualité de vie, la santé morale et physique des personnes âgées». Ces interactions entre la santé mentale et l’environnement correspondent à l’esprit écologique mis en exergue par Gregory Bateson, sans être légitimées en tant qu’actes relevant de l’écopsychologie. Un peu de bon sens!

La lecture de sites autoproclamés, de cette nouvelle chapelle du développement durable a de quoi laisser rêveur. On apprend ainsi qu’on peut-être éco-anxieux (l’éco-anxiété étant liée aux comportements des autres), et que pour se soigner, on peut consulter un écothérapeute qui pratique une écothérapie individuelle ou de groupe. Probablement, rémunéré avec des éco-honoraires à l’éco-acte!

C’est déjà tout un poème d’être consensuel autour d’un diagnostic en psychopathologie, s’il faut encore faire rentrer dans la danse de nouvelles maladies mentales écologiques, on n’est pas sorti de l’auberge! Avec de l’imagination, on peut décliner toute la nosographie des troubles psychiques du DSM V ou du CIM 10. Le jeu consiste simplement à accoler devant le préfixe éco. On peut imaginer l’éco-névrose, l’éco-dépression, l’éco-schizophrénie, l’éco-addiction à des éco-drogues et la liste des nouvelles maladies mentales n’est pas exhaustive. Certains chantres de l’écopsychologie sont manifestement les héritiers directs du New Age. Ces éco-gourous définissent l’écopsychologie comme de la psychologie spirituelle qui vous éveille à la spiritualité en triturant vos chakras, votre kundalini et le reste de votre anatomie occulte, pour vous faire accéder aux paradis verts de l’ère du Verseau.

Ce si sympathique néologisme d’écopsychologie est un piège abscons, et avant-tout un concept marketing. L’un des dangers est que cette discipline pseudoscientifique soit confondue avec l’éco-santé validée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), où les interactions entre la santé et l’environnement font l’objet d’une véritable démarche scientifique. Je préfère nettement le concept de psychologie environnementale. L’absence de rigueur scientifique risque de nuire gravement à la bonne santé de l’écologie en confortant les propos du très sceptique Freeman Dyson (1) qui y voit « une nouvelle religion séculière mondiale.» Judith Curry, climatologue au CV scientifique prestigieux fait aussi partie de ces sceptiques.

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« JIKKA » ET AUTRES INNOVATIONS EN PSYCHOLOGIE ENVIRONNEMENTALE POUR SÉNIORS DÉPENDANTS.

La psychologie environnementale est une branche de la psychologie, très peu connue et méconnue, qui pourrait être associée à la gérontologie, améliorant ainsi le bien-être psychologique des séniors.

https://www.elledecor.com/design-decorate/house-interiors/a9085/japanese-forest-home/

La psychologie environnementale étudie les interellations entre l’homme et son environnement physique et social dans ses dimensions spatio-temporelles. Les comportements, les cognitions, émotions de l’individu sont affectés par la manière dont il perçoit et agit sur son environnement. La psychologie environnementale est une branche de la psychologie, très peu connue et méconnue, qui pourrait être associée à la gérontologie, et aiderait à améliorer et à restaurer le bien-être psychologique des séniors occulté par une vision purement technocratique et médicale voire gériatrique constatée dans les Ehpad avec le Covid-19 (et ses variants).

Alors comment créer, selon les principes de la psychologie environnementale, des conditions environnementales et sociales favorisant la qualité de vie des séniors dépendants, et induisant leur bien-être psychologique? Sans maltraitance systémique ou systématique portant atteinte à leurs droits et à leur dignité?

Déjà, avant la pandémie et le lockdown des résidents d’Ehpad, j’avais évoqué sur ce blog l’étude de Jessica Finley publiée en 2015, véritable plaidoyer sur l’influence de la nature améliorant le bien-être physique et moral des séniors. Il y a des paysages manifestement thérapeutiques. C’est comme l’art, contempler un massif de fleurs ou un étang apaise les tensions psychologiques. Encore plus d’actualité aujourd’hui avec la pandémie! De plus de plus de voix s’élèvent contre le modèle des maisons de retraite à l’instar du gérontologue Peter Janssen. Ce sont souvent des lieux totalitaires comme le furent autrefois les hôpitaux psychiatriques étudiés par le sociologue Irvin Goffman.

La psychologie environnementale étudie avec l’architecture l’impact de l’environnement bâti sur la psyché. À tout âge! On sait que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer s’adaptent mieux aux installations à petite échelle et à domicile (quand c’est possible). Une lumière du jour insuffisante est associée à une augmentation des symptômes dépressifs. Indirectement, l’environnement impacte la santé mentale. Alors, imaginez chez les personnes âgées!

En matière d’innovation architecturale favorisant la qualité de vie des séniors et d’un ancrage dans la verdure, j’ai flashé sur Jikko, une maison japonaise érigée en bois composée de cinq petites structures ressemblant à des cabanes, et nichée en pleine verdure, à deux pas du Mont Fuji. Il y aurait plus 70000 centenaires au Japon, un pays qui compte 1,5 millions d’habitants et avec une espérance de vie moyenne de 83,9 ans (la plus élevée de la planète).

Jikko, est décrit comme une maison forestière sorti tout droit d’un conte de fées. Une maison de Hobbit.  « Les structures ressemblant à des cabanes ont été construites à différentes hauteurs pour rappeler les montagnes environnantes.» L’architecte japonais Issei Suma a conçu Jikka pour être « quelque chose d’aussi simple qu’une hutte primitive et quelque chose d’aussi saint qu’une chapelle ».

Jikka signifie littéralement en japonais « La maison des parents ». L’idée a été imaginée par deux sexagénaires (dont l’une est la mère de l’architecte Issei Suma) qui préparaient et livraient à Tokyo des repas à domicile aux personnes âgées. Elles ont constaté que la plupart de leurs aînés étaient isolées dans des petits appartements. Leur idée était de libérer les proches du poids d’être aidant pour une personne âgée. En plus du bâtiment d’habitation Jikka dispose d’un restaurant, d’un potager partagé et d’une piscine accessible aux fauteuils roulants car en spirale. Même s’il y a une vie collective, Les résidents ont leur propre logement; ils sont soignés et accompagnés sur place, et les bénévoles sont les bienvenus pour aider au bon fonctionnement de cette maison de retraite innovante. Le restaurant de Jikka est ouvert aux visiteurs à midi et pour le thé.

Le Japon est un peu loin pour déjeuner ou prendre une tasse de thé et admirer les lieux, mais Jikka pourrait inspirer des architectes français pour repenser l’environnement actuel de la prise en charge des séniors dépendants. Il y a en France et dans des pays occidentaux des initiatives environnementales de qualité qui pourraient être développées à grande échelle, et autres plutôt que que repenser le modèle de la maison de retraite ou l’Ehpad à l’infini. Car il est évident que ce modèle est obsolète ainsi que le souligne le gérontologue Peter Janssen dans un récent article du Courrier International ainsi qu’Adeline Herrera-Comas spécialiste des politiques du vieillissement.

Car les initiatives qui rentrent dans le cadre de la psychologie environnementale existent dans notre pays. L’une des alternatives à l’Ehpad est la « colocation entre personnes âgées dépendantes ». Comme à Grandfontaine dans le Doubs en Franche-Comté. Comment ça se passe?C’est une maison double avec quatorze locataires avec Patricia la maîtresse de maison qui gère six auxilaires de vie. Il y a une pièce centrale où les locataires prennent leur repas ensemble. Il y a un espace extérieur, et il arrive que les locataires déjeunent dehors quand il fait beau. Chaque locataire a sa chambre d’environ trente mètres carrés avec salle de bains qu’il peut meubler à sa guise. La seule contrainte est de déjeuner ensemble. L’esprit de cette colocation sous l’égide d’Âges et vie ressemble fortement aux pensions de famille du XIX siècle étaient courantes pour les jeunes travaillant dans les grandes villes et loins de leur famille.

La différence avec un Ehpad est que cette structure n’est pas médicalisée. Ni infirmier ni aide-soignant à demeure. Mais à la demande, les médecins et soignants se déplacent. Chaque résident a son bip d’appel. La maîtresse de maison et son adjointe habitent sur place et sont d’astreinte à tour de rôle jour et nuit.

L’une des meilleures approches de psychologie environnementale reste tout de même le maintien à domicile. C’est ce que fait la Suède depuis les années 50. Les chiffres sont éloquents. En 2015, 95% des personnes âgées vivaient à domicile et 4,2 % en établissement. « Le personal assistant » correspond à une aide à domicile qui peut accompagner une personne âgée chez le médecin et lui tenir compagnie. Une profession innovante. c’est une autre approche que la France. Selon Dominique Acker,« l’autonomie est considérée comme un tout et la personne est au centre.»

Une initiative originale de psychologie architecturale est celui des tiny-houses, très en vogue aux États-Unis avec ses villages de séniors . « De plus, les mini-maisons peuvent être facilement adaptées pour répondre aux besoins physiques et psychologiques des personnes âgées : perte d’autonomie, accès en fauteuil roulant, assistance visuelle ou vocale, etc.» est-il rapporté par le journaliste Laurent Tournelle.

Ces exemples d’initiatives en psychologie environnementale démontrent qu’il est possible d’innover dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes en leur proposant une qualité de vie humaniste.

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LES MAISONS DE RETRAITE, UN NON SENS GÉRONTOLOGIQUE!

Avec les maisons de retraite, la gérontologie est détournée de sa vocation première qui est de favoriser l’autonomie et l’activité. Un non-sens gérontologique qui a l’effet inverse.

Photo de Edu Carvalho sur Pexels.com

En novembre dernier, la journaliste Maria Sosa Troya du journal El País avait interviewé Adeline Comas-Herrera, spécialiste des politiques du vieillissement, sur les conséquences des mesures de restrictions sanitaires chez les résidants des maisons de retraite. Elle a constaté que les restrictions sanitaires avaient eu en Espagne des effets délétères observées également en France. Les grands séniors ont été profondément affectés dans leur psyché par les privations diverses que n’aurait pas renié le sociologue et linguiste canadien Irving Goffman, célèbre par l’écriture d’Asiles, qui a étudié les interactions et contraintes dans les hôpitaux psychiatriques de l’époque aux États-Unis dans les années 60. Dans ses dérives ou/et délires (c’est selon), certains Ehpads sont des institutions totalitaires dans l’âme! Si l’analyse de Goffman est dépassée pour la prise en charge des personne souffrant de troubles psychiatriques, je la trouve toujours d’actualité pour les maisons de retraite privées et publiques. Avec la pandémie, on a a retiré tout bien-être psychologique indispensable à une vie quotidienne agréable pour ces séniors. Même si la population générale a été assignée à résidence, aucune commune mesure avec ce qu’ont vécu les résidents d’Ehpad selon le mantra « on sauve des vies »! Un couperet!

Adeline Comas-Herrera trouve obsolète le modèle actuel des maisons de retraite qui ne permet pas une prise en charge humaniste des personnes du grand âge. Elle n’est pas la seule à le penser haut et fort! Le gériatre belge Peter Janssen a publié un plaidoyer pertinent publié dans Le Courrier International contre cette forme d’établissement peu propice au bien-être des résidents.

Huit bonnes raisons pour Peter Janssen de décrier les maisons de retraite, mais il propose également des piste de réflexion pour offrir aux séniors d’autres alternatives de vie plus agréables que l’amélioration des Ehpad. Le lecteur intéressé peut les consulter car l’article est en libre accès.

L’un des points fort parmi ces huit raisons est qu’ils y vont souvent contre leur gré, et souhaiteraient rester chez eux dans leur environnement familier. Or malheureusement, les familles n’ont souvent que cette option, et il ne s’agit nullement de jeter l’opprobre sur elles si elles ne peuvent pas prendre leurs parents chez eux. L’aide à domicile pour les aidants est à repenser entièrement!

Autre point fort que j’ai retenu dans cet article est que la prise en charge dans ces lieux ne correspond plus à la réalité médicale d’aujourd’hui. « Le vieillissement de la population bouleverse le monde médical. « La plupart des maladies ne sont plus aiguës, mais chroniques…Les maladies chroniques sont des maladies lentes, qui exigent une approche préventive contraignante, similaire à celle adoptée contre le Covid-19.» écrit dans cet article Peter Janssen. Or, selon lui, il faut agir sur l’environnement et le comportement. Et il serait possible d’éviter 80% des maladies chroniques en prônant l’arrêt du tabac, une alimentation équilibrée et l’exercice physique. La médecine préventive alliée à la gérontologie est à repenser en dehors des consultations avec le médecin généraliste et les spécialistes quand les maladies deviennent chroniques.

Avec les maisons de retraite, la gérontologie est détournée de sa vocation première qui est de favoriser l’autonomie et l’activité. Un non-sens gérontologique car c’est tout le contraire qui se passe dans les Ehpad, et ainsi sont favorisés la dépendance, la maladie et l’abandon. La désocialisation au bout du chemin avec parfois le syndrome de glissement.

Une excellent raison invoquée par Peter Janssen est que les maisons de retraite favorisent la ségrégation générationnelle. Force est de constater que l’âgisme est un fléau qui réflète l’absence d’indulgence envers les personnes du grand âge qui sont accusées de freiner la marche de la société. Et nul besoin d’être en Ehpad pour l’âgisme!

L’article du Courrier International, propice à la réflexion, m’a incitée à aller voir du côté de la spécialité de gérontologie et de gériatrie. La différence entre ces deux facettes du vieillissement est subtile et s’interpénètre: En théorie, la gérontologie est complémentaire de la gériatrie qui est la médecine de la vieillesse. Mais en pratique, la case gérontologie, spécialité du vieillissement et de ses pathologies physiques et psychologiques est occultée dans l’esprit du public au profit de la gériatrie, la médecine de la vieillesse qui regroupe les soins préventifs, curatifs et palliatifs qui s’adresse au grand âge.

Selon certaines sources, en 2020, sur un total de 226 619 médecins il y a 2232 gériatres avec des inégalités de densité par région. 3 médecins gériatres pour 100 000 adultes de 75 ans et plus. Une spécialité féminisée à 60%.

Les psychologues, profession complémentaire au corps médical, ont leur mot à dire. L’approche psychologique tient une place déterminante dans le domaine du vieillissement?Les psychologues sont en mesure de proposer un soutien psychothérapeutique, des ateliers de langage ou de mémoire. Ils peuvent détecter toute situation susceptible de perturber une personne âgée et son entourage. Leur rôle auprès des personnes âgées est sous-estimée et pourtant l’Ehpad est le premier employeur des psychologues, et des universités proposent une formation en gérontologie. Cette spécialité a le vent en poupe parmi les psychologues.

La pandémie actuelle a révélé la fragilité du modèle en ruines depuis de nombreuses années des maisons de retraite. Il faut repenser le vieillissement selon une approche humaniste. Celle-ci est pour le Dr Eric Maeker, l’essence même de la gériatrie et de la psychogériatrie. Les valeurs qui sous-tendent l’approche envers les personnes âgées sont: l’éthique des pratiques de soin le respect de la dignité humaine, de la personne, de son autonomie ainsi que l’empathie et le souci de son bien-être!

En guise de conclusion, j’ai trouvé un dessin (certes un peu exagéré) des multitâches demandées à un psychologue spécialisé en gérontologie.

Dessin illustrant « exagérément » la fonction multitâche du diplômé en psychogérontologie. Source: https://www.psychogeronto.eu/IMG/pdf/resultats-enquete-psychologues-gerontologie-2014.pdf
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PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ CHEZ LES SÉNIORS.

Les auteurs vont à contre courant de la recherche actuelle sur les séniors qui se concentre principalement sur l’atténuation des facteurs de risque pour la santé sans s’attacher aux facteurs de protection qui contribuent à la longévité.

L’American Psychological Association (APA) a récemment publié sur son site le résumé d’un article sur le bien-être psychologique des séniors en relation avec la mortalité. Il ne sera accessible qu’en février 2023. Alors pourquoi déjà l’évoquer?

La démarche de cet article m’a apparue pertinente car elle relève de la psychologie positiviste (au bon sens du terme). Les auteurs vont à contre courant de la recherche actuelle sur les séniors qu’ils dénoncent car elle se concentre principalement sur l’atténuation des risques pour la santé sans s’attacher aux facteurs de protection qui contribuent à une vie plus longue et en meilleure santé. Certes, il n’y a pas de bien-être psychologique sans un (relatif) bien-être physique, et ce à tous les âges; la pandémie actuelle le montre bien avec le Covid long qui ne frappe pas que les séniors!

Qu’est ce que l’approche de la psychologie positiviste? Ce courant proche du mouvement du Potentiel Humain date de 1998. Elle se construit par des recherches évaluées par des pairs. La psychologie positiviste se centre sur l’équilibre mental, les forces, le développement optimal et l’épanouissement humain. Elle s’appuie sur l’épistémologie en recourant aux méthodes  qualitatives et à la psychologie clinique. Il faut aussi évoquer brièvement les dérives de la psychologie positiviste qui verse dans l’idéologie New age. Ce n’est pas le cas de cet article.

Les auteurs ont étudié des associations entre le bien-être psychologique et la mortalité parmi un échantillon d’adultes de plus de 50 ans avec 14 ans de suivi sur la mortalité. Le bien-être psychologique se compose de plusieurs items comme l’affect positif, l’envie de vivre (peut-on oser aller jusqu’à la joie de vivre mais n’est ce pas exagéré comme terme? ), des projets de vie favorisant l’accomplissement, les interactions avec autrui (sociales et familiales) et un tempérament optimiste. Un besoin d’accomplissement plus élevé dans la vie, l’affect positif, l’optimisme, le soutien social et la soif de vivre prédisent une mortalité plus faible. Plus ces items sont optimum, plus ils sont associés à une augmentation de la durée de vie de deux à quatre ans à partir de 50 ans.

Cette étude fournit des preuves solides entre le bien-être psychologique qui prédit un risque de mortalité plus faible et qui modifie l’association entre l’éducation et la mortalité. L’association inverse entre l’éducation et la mortalité devient plus forte à des niveaux plus élevés quand il y a des projets de vie et d’affect positif. Par conséquent, les efforts visant à promouvoir la satisfaction de vivre, le soutien social et l’optimisme peuvent favoriser une vie plus longue où finalement les disparités en matière d’éducation jouent un moindre rôle .

La trame de cet article est excessivement intéressante pour aider les personnes du grand âge à qui les politiques de santé proposent principalement des solutions techniques et de prise en charge médicale, en occultant leur psyché presque devenue invisible et infantilisés. Durant la pandémie, de nombreux résidents d’Ehpad se sont vus confisquer d’un seul coup lors des confinements tout ce qui fait un projet de vie, les interactions sociales et familiales, l’abolition des besoins de l’affect au profit de décisions technocratiques destinées à uniquement protéger leur vie physique. Et comme dégât collatéral, il a été constaté chez certains leur mort psychique engendrée par des syndromes de glissement et une mort prématurée (hors Covid).

Ce qui est appréciable dans cet article est cette approche psychologique bienveillante envers les séniors qui détonne par à rapport à l’avalanche de recommandations médicales auquels ils sont sujets jusqu’à la tombe (en excluant les maladies chroniques impactant la qualité de vie).

Le Dr Jean Doubovtezky fait remarquer dans un article sur son blog « Le Surdiagnostic: une notion essentielle » qui s’applique parfaitement aux séniors (en relatif bonne santé) sur les facteur de risque:« En réalité, très souvent, ce qu’on dépiste chez une personne en bonne santé, qui ne se plaint de rien, n’est pas une maladie, mais seulement un « facteur de risque » de maladie : une situation dans laquelle le risque d’être un jour malade est augmenté. Ainsi l’hypertension, la diminution de la densité des os (en l’absence de fracture anormale), l’hypercholestérolémie ne sont pas des maladies.»Alors pourquoi médicaliser à tout prix l’avancée en âge et la vieillesse quand elle n’impacte pas la qualité de vie?

Ne serait pas aussi revenir aux fondamentaux comme la pyramide de Maslow? Elle tient compte de la psychologie globale de l’être. Pour les séniors, il serait salvateur de dépasser la base de la pyramide concernant les besoins physiologiques et les besoins de sécurité en prenant en compte le besoin d’accomplissement qui en est le sommet. L’aboutissement de toute une vie.

Il serait temps d’appliquer une approche bienveillante envers les séniors pour favoriser leur bien-être psychologique et leur santé mentale.

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UNE PLANÈTE MAL DANS SA TÊTE, POURQUOI?

La santé mentale n’est pas comme on pourrait le supposer liée au bonheur ou à être satisfait de sa vie mais est plutôt un état dans lequel un individu réalise ses talents, arrive à faire face au stress normal de toute vie, travaille de manière acceptable et est intégré à sa communauté.

Photo de Pixabay sur Pexels.com

Publié récemment dans la rubrique santé du journal Le Point un ensemble de graphiques hétéroclites qui concernent la santé mentale de la population mondiale (ou leur moral) intitulé « Une planète mal dans sa tête »a attiré mon attention .

La méthodologie de ces graphiques mérite d’être exposée. Elle a été mise au point par une équipe américaine de Sapien Labs, une organisation à but non lucratif ayant pour vocation de comprendre l’impact et les conséquences cognitives de l’évolution de notre environnement et de la technologie à l’échelle mondiale. Leur recherche s’appuie sur des données scientifiques solides qui figurent sur leur site; la « physiologie du cerveau » est étudiée à partir d’outils aux fins de compréhension du signal cérébral lié aux résultats de santé cognitive et mentale: EEG, technologie de neuroimagerie non invasive permettant ainsi l’analyse de la santé mentale à partir de modèles bayesiens.

Effectif depuis trois ans, l’équipe interdisciplinaire de Sapien Lab a mis au point une échelle d’évaluation de la santé mentale, le MHQ pour établir ce rapport sur la santé mondiale en 21. 223 000 personnes réparties dans 33 pays ont participé à cette enquête. Le MHQ est un nouvel outil d’évaaluation en ligne que l’on trouve sur le site de Sapien Labs conçu pour la population générale. Le MHQ couvre l’ensemble des symptômes cliniques de santé mentale mais aussi les points pour un fonctionnement mental optimum. Des éléments de résilience en quelque sorte.

L’esprit de cet outil a été conçu pour ne pas se focaliser uniquement sur les troubles et dysfonctionnements de la psyché; ce qui est reproché aux outils d’évaluation de santé mentale qui ne voit que l’aspect clinique des troubles de la psyché sans perspective d’évolution dans le temps possible s’il y a eu prise en charge efficace.

L’activité cérébrale est diversifiée et que contrairement à d’autres organes, le cerveau se recâble tout au long de la vie en réponse à des expériences sensorielles-le parcours de vie-générant ainsi des comportements différents suivant les âges.

Pour Labo Labs, la recherche actuelle ne représente pas la majorité des populations mondiales notamment les ethnies car les recherches sur le cerveau sont menées essentiellement aux États-Unis et en Europe. Les déterminants sociaux et environnementaux ne sont pas pris en compte.

Le MHQ a été développé sur la base du codage informatique de symptômes évalués dans 126 outils d’évaluation psychiatrique actuels basés sur le DSM ainsi que des sur des critères neuroscientifiques des dernières avancées scientifiques. Les données ont été recueillies auprès de 1665 adultes ayant testé cet outil.

Le MHQ fournit un moyen rapide, simple et complet d’évaluer la santé mentale et le bien-être de la population ; identifier les individus et les sous-groupes à risque ; et fournir des informations pertinentes pour le diagnostic sur 10 troubles.

Pour en savoir plus sur la mise au point du MHQ, un article pointu a été publié sur le site Pubmed de Jennifer Jane Newson et Tara C Thiagarajan, chercheurs à Sapien Labs.

Le MHQ prend en compte ces critères que l’on trouve sur le site de Sapien Labs:

L’échelle MHQ se présente sous ce graphique que l’on trouve traduit de l’anglais par le journal Le Point

(MHQ, Le Point)

Dans les pays anglo-saxons, le moral baisse depuis 2020 de 3%. Ce sont les pays européens notamment les pays francophones avec l’Amérique latine qui s’en sortent le mieux. Le rapport constate que le moral des jeunes est en baisse depuis 2019 par à rapport aux personnes de plus de 65 ans, et présenteraitun fort risque de suicide. Pas de grande surprise quand le MHQ accent est mis sur la qualité du sommeil: 82 points de différence entre ceux qui dorment bien et ceux qui dorment mal, la qualité des relations familiales et également l’exercice physque pratiqué au moins vingt minutes par jour. Il y a manifestement un impact sur le moral avec les trois facteurs que sont le sommeil, les relations familiales et sociales et l’exercice physique.

Ce n’est guère une surprise, la pandémie a eu un impact sur le moral pour 57 % des gens en impactant leur santé mentale avec les confinements et l’isolement social avec aussi des conséquences financières.

La santé mentale n’est pas comme on pourrait le supposer liée au bonheur ou à être satisfait de sa vie mais est plutôt un état dans lequel un individu réalise ses talents, arrive à faire face au stress normal de toute vie, travaille de manière acceptable et est intégré à sa communauté.

Un graphique sur la santé mentale suivant les pays est intéressant même si l’on peut reprocher que la santé mentale soit réduite à quelques critéres qui peuvent sembler figés. Mais ramené ainsi c’est plus détaillé que des généralités subjectives.

Et ce graphique est à corréler avec les risques des troubles de la psyché sont évalués également en fonction des pays et nécéssitant une prise en charge médico-psychologique et psychiatrique.

Graphique extrait du site Sapien Labs

Ce rapport est très détaillé et je n’en ai extrait que quelques éléments que j’ai estimé pertinents. En dehors du rapport, pour qui le souhaite, il est possible d’auto évaluer son MHQ. Je suis toujours très sceptique avec ce type de questionnaire qui ne remplace en rien une consultation avec un psy en chair et en os. Je m’y suis prêtée et force est de constater qu’il note des points positifs de la personnalité. Et après tout, s’il permet de dédramatiser des problèmes handicapants de la psyché en donnant envie d’aller consulter un professionnel, pourquoi pas? L’une des qualités de ce site, il est assez élaboré sur le plan scientifique et ne rentre pas déjà dans la catégorie du charlatanisme. Un bon point!

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GAGATORIUM, QUATRE ANS DANS UN MOUROIR DORÉ, UN LIVRE EN PLEIN DANS LE MILLE!

Déjà, le néologisme de gagatorium fait mouche en illustrant à lui l’infantilisation des personnes âgées et préfigure la maltraitance sous toutes ses formes.

Couverture du livre de Christie de Ravenne, auteur du livre « Gagatorium, quatre ans dans un mouroir doré ».

En novembre dernier, j’ai écrit un billet sur les conséquences délétères des restrictions sanitaires dans les résidences pour séniors en France et en Europe. Une tragédie pour les résidents et leurs proches qui n’ont pu être présents auprès d’eux! En France, avec la flambée des contaminations due au variant omicron, un certain nombre d’Ehpad ont refermé leurs portes pour confiner de nouveau les résidents pourtant dûment vaccinés avec les trois doses. Les visites sont de nouveau restreintes aux familles et de nombreuses activités sociales suspendues même en dehors des Ehpad. Tous les Ehpad ne sont pas concernés par ces mesures liberticides certes et les contradicteurs rétorquent que statisquement, il s’agit d’une minorité d’Ehpad! L’humain et la compassion ne se quantifient pas! X C’est encore trop et le bien-être des résidents? Leur moral?

Des gériatres sont vent debout contre ces mesures de confinement. La Société française de gériatrie et de gérontologie veut éviter « d’entraver les libertés des résidents »Dans un communiqué, elle demande de revoir les protocoles sanitaires dans les Ehpad car « nous ne sommes plus face au même virus » avec la circulation du variant Omicron. « Nous ne pouvons donc plus apporter les mêmes réponses médicales sur le terrain que celles que nous apportions face au variant Delta », assure la Société de gériatrie. 

Adeline Comas-Herrera, économiste de la politique du vieillissement, a constaté que de nombreux pays européens avaient été trop loin dans les restrictions sanitaires envers les résidents de maisons de retraite. Elle appelle de ses voeux « que lorsqu’une personne se rend dans une résidence, elle continue d’avoir le droit à une vie de famille et de décider de son quotidien.» C’est manifestement raté quand les témoignages des familles s’accumulent. Sans se faire d’illusions, on se dit que si actuellement si ce n’est pas « joyeux », avec le temps, les conditions de vie des séniors dans les résidences (ou dans d’autres structures plus accueillantes) s’amélioreront après une remise à plat de ce modèle institutionnel en faisant pression sur les instances gouvernementales. L’approche envers la prise en charge des grands séniors dans les Ehpad est obsolète, c’est ce qu’a montré la pandémie.

Si la pandémie l’a mise au grand jour, la maltraitance physique et psychologique des personnes âgées dans le milieu institutionnel ne date pas d’hier. L’actualité l’illustre encore avec la sortie du livre Les Fossoyeurs, Révélations sur le système qui maltraite nos aînés (publié chez Fayard) du journaliste et réalisateur Victor Castanet. Il y dénonce les conditions épouvantables dans lesquelles vivent les séniors dépendants des maisons de retraite du système Orpea! Il ne prétend pas que dans tous les Ehpad privés, les résidents sont maltraités mais il veut montrer que pour certains décideurs la vieillesse est devenue, selon lui, un filon lucratif au détriment du bien-être des résidents. Quelques extraits de ce brûlot qui fait le buzz sont partagés sur twitter. Je n’ai pas lu ce livre mais les extraits publiés dans le presse sont éloquents. Ce que vivent les résidents est innommable.

Et pourtant d’autres livres sur la maltraitance du grand âge ont déjà lancé l’alerte. Il y a celui de François Nénin et de Sophie Lapart, sorti en 2011, L’Or Gris. « Un gisement d’or gris qui marge à 25%« peut-on lire sur la quatrième de couverture. « Ce secteur du grand âge est un archaïsme en France. On traite nos aînés de façon totalement archaïque et selon des standards très éloignés de ce que l’on pourrait attendre parce que vous n’avez pas le choix.»

Des solutions existent. C’est ce à quoi s’emploie Le gériatre Thierry Le Brun qui a rédigé le guide Améliorer la qualité et le bien-être en Ehpad. Approche humaniste et holistique dans les Ehpad. Évidemment, moins médiatisé que le livre de Victor Castanet, mais il y a une mine de propositions à mettre entre les mains des acteurs de la santé. Pour l’auteur, il est important de valoriser l’accompagnement aux résidents. Dans une interview qui figure sur le site de la maison d’édition Le Coudrier, il cite le cas d’une résidente qui regarde la télévision tard dans la nuit. Pour Thierry Le Brun, tout doit être mis en oeuvre jusque dans les moindres détails dans l’Ehpad pour que cette résidente puisse la regarder à sa guise.

Je n’ai pas attendu l’actualité pour me sensibiliser à la maltraitance institutionnelle des séniors dépendants. L’un des livres sur la maltraitance des séniors qui m’a marqué est celui de Christine de Ravenne, publié en 2013, Gagatorium, quatre ans dans un mouroir doré. Déjà, le néologisme de gagatorium fait mouche en illustrant à lui l’infantilisation des personnes âgées et préfigure la maltraitance sous toutes ses formes. J’avais déjà fait une recension de ce livre sur mon blog et je la partage de nouveau car s’il est sorti en 2013, il reste malheureusement d’actualité.

Avec verve, cette ancienne journaliste et conseillère en formation auprès d’entreprises, surnomme l’EPHAD où elle a séjourné « gagatorium ». Cette pétulante sénior de quatre vingt ans, à l’époque, avait décidé de prendre la plume pour dénoncer les conditions de vie dans certains EPHAD.

Quelques extraits forts de ses propos donnent le ton de la vie dans cette maison de retraite bretonne: « J’ai 80 ans et je ne supporte pas d’être enfermée, même dans un mouroir doré sur tranche. Si je sors vivante de mon gagatorium, me suis-je promis, je témoignerai pour tous les vieux qui n’ont pas la parole. Après quatre ans de cauchemar, j’ai enfin pu m’évader de la résidence privée et très bling-bling de Ker-Eden. Mais j’y ai laissé ma santé et mon modeste patrimoine. Aujourd’hui, j’accuse ! J’accuse la mafia de “l’or gris” de commettre bien des abus, en toute impunité, et d’exercer une maltraitance physique, morale et financière sur les vieux. J’accuse les pouvoirs publics, responsables du vide juridique abyssal qui permet tous ces abus. J’accuse les familles, trop souvent indifférentes, qui ferment les yeux. Malmenés, plumés, bâillonnés, ce sont vos parents qui vivent dans des gagatoriums. Demain, si vous n’y prenez garde, ce sera vous. »( sur Babelio)»

J’ai trouvé cette recension de lailasambiru sur le site Babelio: Ce livre pose toute la question des conditions réelles de vie en maison de repos, plus précisément ici en « résidences de luxe », et essaie de nous décrypter quelques-unes des arnaques qui y règnent en maitres. Le texte est vindicatif, agressif, mais oh combien réaliste et nous montre que le souhait d’une vie paisible avant la mort, en profitant de ses efforts durant la vie active, n’est pas toujours d’actualité dans ce type d’endroit. J’ai particulièrement apprécié le style vivant, sans retenue de l’auteur, qui nous décrit très bien sa lutte mentale et physique pour ne pas devenir un objet, à la merci du mépris, du manque de considération et d’humanité des responsables de ces établissements. Une excellente réflexion et une lecture à recommander.

Pour Christine de Ravenne, cette mauvaise expérience n’est plus. Elle a retrouvé sa liberté et a pu déménager de Ker-Eden. D’autres séniors n’ont pas cette chance, contraints au silence! En 2013, année de la parution du livre de Christie Ravenne, un scandale de maltraitance avait éclaté à l’hôpital de Gisors. Deux aides soignantes de l’Ehpad avaient maltraité des patients âgés et très vulnérables. Cinq photos retrouvées sur place montrent les victimes dans des positions et  tenues dégradantes (dénudées, couches culottes). Tous des séniors gravement handicapés et placés sous tutelle.

Aujourd’hui c’est au tour des maisons de retraite Orpea: « …les commandes sont faites, au plus juste, et uniquement le 25 du mois. Autrement dit, explique Saïda Boulahyane, une auxiliaire de vie témoignant dans le livre de Victor Castanet, elle doit « se battre pour obtenir des protections » pour les résidents, avec un rationnement sévère : « c’était trois couches par jour maximum. (…) Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie »

Et pourtant, certains Ehpad ont un fonctionnement humaniste. Comme à la résidence de Kersalic près de Guingamp (Côtes d’Armor). Les habitants y vivent comme dans un village. Les résidents font un jeu de rôles en endossant un métier qui fait vivre un village. On y trouve un café, une épicerie, une brasserie, une place du centre et un bureau de poste.

Vidéo sur les freins au bien-être dans les Ehpad par Thierry Le Brun

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L’IMPACT DE LA PANDÉMIE SUR LE CERVEAU DES ENFANTS.

En portant un masque, les enfants « compensent les déficits d’information plus facilement que nous ne le pensons » explique Leher Singh, psychologue à l’Université nationale de Singapour.

Photo de Sharon McCutcheon sur Pexels.comUn ar

Un récent article dans la revue Nature, écrit par la rédactrice scientifique Melinda Wenner Moyer, évoque l’impact psychologique de la pandémie chez les enfants. Les lecteurs sont libres de ne pas être d’accord sur son contenu mais cet éclairage est intéressant. Voici les points forts de cet article avec quelques libertés d’écriture personnelles.

La pédiatre Dani Dumitrieu (que vous pouvez suivre sur Twitter) et son équipe du New-York Presbyterian Morgan Stanley Children’s Hopital (NYC) appréhendaient les effets délétères du Covid-19 chez les nouveaux-nés de son hôpital comme cela avait pu se produire avec le virus du Zika. Comme les autres médecins, elle recherchait les éventuelles malformations dues au virus. Avant la pandémie, le Dr D.Dumitrieu analysait la communication et les capacités motrices des bébés jusqu’à l’âge de 6 mois. Avec l’aide de sa collègue Morgan Firestein, elle a comparé ces données pour les bébés nés avant et après la pandémie pour savoir s’il existait des différences de développement neurologique entre les deux groupes.

M.Firestein a vite constaté que l’effet de la pandémie était important. Les bébés nés après la pandémie avaient des scores inférieurs aux test de motricité globale et de communication à ceux nés avant. Les parents avaient évalué leur enfant à l’aide d’un questionnaire pré-établi. Il se passait manifestement un effet délétère indépendant du fait que les parents aient été infectés ou non par le virus.

Les deux chercheuses étaient aux quatre cent coups car il s’agissait de millions de bébés qui pouvaient être éventuellement concernés. Si les bébés infectés par le virus se portent généralement bien, des recherches suggéraient que le stress lié à la pandémie pendant la pandémie pouvait impacter le développement du cerveau foetal chez certains enfants. De plus les adultes épuisés et stressés en charge des enfants pouvaient moins interagir avec ces nourrissons affectant ainsi leurs capacités physiques et cognitives décisives dès le plus jeune âge.

Les contraintes sanitaires ont isolé de nombreux jeunes parents, limitant les interactions sociales avec leurs bébés, et du fait qu’ils jouaient moins avec eux. De même, les soignants stressés et surchargés de travail n’ont pas pu consacrer le temps qu’ils auraient voulu à chaque nourrisson et tout-petit, pourtant indispensable à son équilibre psychologique.

Certaines équipes commencent à publier leurs conclusions, souvent sans réponses ferme. Certains bébés nés ces deux dernières années pourraient avoir des retards de développement tandis que d’autres, non. Tout dépend des occasions plus ou moins grandes d’interactions sociales, et les disparités sociales et économiques ont joué un rôle. Les premières données suggèrent déjà que que l’utilisation du masque n’a pas affecté le développement émotionnel de l’enfant. Par contre, on sait que le stress pré-natal peut contribuer à modifier la connectivité cérébrale. Mais il n’y a aucune certitude car il reste de nombreuses études à évaluer par les pairs, et la pandémie est loin d’être terminée malgré la vaccination des adultes et des enfants disparate suivant les pays.

Selon certains chercheurs, ce retard de développement constaté serait transitoire. Comme le déclare Moriah Thomason, psychologue pour enfants et adolescents à la Grossman School of Medicine de l’Université de New York, « je ne m’attends pas à ce que nous découvrions qu’il y ait une génération d’enfants affectée par cette pandémie.»

Le laboratoire d’imagerie avancée pour bébés de l’Université de Brown à Providence (Rhone Island) s’est penché sur les facteurs environnementaux pouvant façonner le développement du cerveau chez les nourrissons. Durant la pandémie, San Deoni, biophysicien et ses collègues ont eu la chance de continuer à suivre les compétences motrices, visuelles et linguistiques de bébés dans le cadre de leur recherche prévue sur sept ans sur le développement de la petite enfance et ses effets sur la santé ultérieure. Elle et ses collègues constatent qu’il fallait plus de temps aux enfants pour passer ces évaluations. Ils étaient manifestement plus lents.

San Deoni a demandé à ses chercheurs de comparer les moyennes annuelles des scores de développement neurologique des bébés à l’aide d’une batterie de tests similaire au QI. Les enfants nés lors de la la pandémie ont obtenu deux écarts-types inférieurs par à rapport à ceux nés avant. Dans des familles à faible revenu, plus chez les garçons que les filles, et touchait principalement la motricité.

Face à ces résultats, des chercheurs affirmèrent que ces scores n’étaient pas nécessairement prédictifs au long cours. Marion van den Hevel, neuropsychologue de l’Université de Tilbourg (Pays Bas) déclara que le « QI d’un bébé ne prédisait pas grand chose». Elle s’appuie sur une étude concernant les filles élevées dans un orphelinat roumain, et qui ensuite adoptées avant l’âge de deux ans et demie étaient moins susceptibles à l’âge de quatre ans et demie de présenter des troubles psychiatrique que celles restées dans l’orphelinat. Suggérant ainsi que lors de la levée des restrictions sanitaires, il en sera de même pour les enfants nés lors de la pandémie.

Dan Deoni continue sur sa lancée en affirmant que plus la pandémie se poursuit, plus les déficits cognitifs s’accumulent. Les recherches de D.Deoni ont eu une forte couverture médiatique suscitant des critiques de la part de ses confrères. D.Deoni pense que ces déficits cognitifs proviennent d’un manque d’interactions humaines. Les échanges verbaux entre les parents et leur enfant et vice-versa au cours des deux dernières années ont été moindre par rapport aux années précédentes. Les enfants pratiquent moins la motricité globale car ils ne jouent pas régulièrement avec d’autres enfants et ne fréquentent plus les jardins d’enfant.

Dans cette veine, des chercheurs anglais ont constaté que les compétences des enfants étaient plus fortes s’ils avaient fréquenté régulièrement une garderie ou une école maternelle. Les enfants à risque sont ceux de familles défavorisées et issus de minorités ethniques. Un nombre croissant de chercheurs ont suggéré que chez les enfants scolarisés, l’enseignement en distanciel pouvait creuser un écart entre des enfants nés dans foyer aisés et les autres nés dans des foyers défavorisés. Au Pays-Bas, il semblerait que les enfants obtiennent de moins bons résultats aux évaluations nationales en 2020 par rapport aux trois années pécédentes, et que les déficits d’apprentissage étaient de l’ordre de 60% pour les enfants de milieux moins favorisés.

En Éthiopie, au Kenya, au Liberia, en Tanzanie et en Ouganda, les enfants auraient perdu une année de scolarisation. Aux USA, après le premier confinement, les enfants de minorités ethniques auraient trois à cinq mois retard d’apprentissage par rapport aux autres.

Où en est-on avec le port du masque chez l’enfant qui fait débat en France dans les médias mainstream et sur les plateaux TV? Ce qui est écrit dans l’article de Nature est sujet à réflexion!

Le masque qui occulte une partie du visage pour exprimer les émotions et la parole, est-il susceptible d’affecter l’apprentissage émotionnel et linguistique des enfants?

Ô surprise, les enfants en contact avec d’autres enfants ont pu interagir avec un masque!

Edward Tronick, célèbre pour son expérience en 1975 du paradigme du visage impassible (Still face experiment) s’y est collé et a voulu savoir si les résultats de son expérimentation s’appliquaient au port du masque. Avec sa collègue, Nancy Snidman, il a demandé à des parents de filmer avec un smartphone leurs interactions avec leurs enfants avant, pendant et après avoir mis un masque. Les enfants remarquaient bien que leurs parents portaient un masque, et même s’ils changaient d’expression faciale, ils continuaient néanmoins à interagir avec leurs parents comme si de rien n’était. Selon E.Tronick, le masque ne bloquerait qu’un seul vecteur de communication.

Il semblerait que les masques n’interfèrent pas avec la perception linguistique et émotionnelle des enfants. Ils sont capables de comprendre les mots prononcés à travers les masques. Les enfants « compensent les déficits d’information plus facilement que nous ne le pensons » explique Leher Singh, psychologue à l’Université nationale de Singapour. Confirmé en cela par des chercheurs américains, qui reconnaissant que le masque complique la communication avec les adultes, les enfants assimilent les inférences adéquates. Également, même son de cloche pour Ashley Ruba que vous pouvez également suivre sur Twitter « Il y a beaucoup d’autres indices que les enfants peuvent utiliser pour analyser ce que ressentent les autres, comme les expressions vocales, les expressions corporelles, le contexte »

D’autres chercheurs ont voulu savoir si la pandémie pouvait affecter le développement des enfants avant la naissance. Plus de 8000 femmes enceintes ont été interrogées par l’équipe de Catherine Lebel , psychologue à l’université de Calgary (Canada). Près de la moitié présentaient des symptômes d’anxiété tandis qu’un tiers présentait un tableau de dépression. Ce pourcentage était plus élevé qu’avant la pandémie.

L’équipe canadienne a constaté à l’exament IRM que les bébés de 3 mois nés au cours de la pandémie de mères souffrant d’anxiété et de dépression, montraient des différences de connexion structurelle entre leur amygdale (zone impliquée dans le traitement émotionnel) et leur cortex préfrontal (zone impliquée pour les compétences de fonctionnement exécutif). Ors, lors d’une précédente étude, C.Lebel avait fait le lien entre la dépression pré-natale et son impact sur la connectivité cérébrale chez les enfants.

D’autres recherches ont fait le lien entre le stress pandémique prénatal et le développement de l’enfant. Ainsi Livio Provenzi, psychologue à la fondation IRCSS Mondino à Pavie (Italie) a observé que les bébés nés de mères stressées au cours de la pandémie régulaient plus difficilement leurs émotions, il était plus difficile à capter leur attention et plus difficiles à calmer que les bébés nés de mères plus sereines.

Thomason est plus réservée sur ces observations. Selon elle, cela ne signifie pas que les enfants présentant des problèmes de développement vont perdurer toute leur vie « Les enfants sont tellement adaptatifs et résilients. Et nous nous attendons à ce que les choses s’améliorent et qu’ils soient en mesure de résister à une grande partie de ce qui s’est passé », dit-elle. Si l’on en croit les recherches sur les catastrophes historiques, bien que le stress dans l’utérus soit nocif, il n’est pas forcément durable. L’exemple des enfants nés à la suite des inondations de Queensland en Australie de parents stressés est à citer. Certes, il y avait des déficits en résolution de problèmes et en compétences sociales quand ils avaient 6 mois, mais à deux ans et demi, les résultats n’étaient plus corrélés au stress car les parents avaient pris le dessus en étant réceptifs aux besoins de leur tout-petit.

Quelles conclusions en tirer concernant l’impact psychologique de la pandémie chez les enfants? Si leur cerveau est affecté?

Selon M.Thomason, « Les scientifiques s’empressent d’aller chercher une différence néfaste. C’est ce qui va attirer l’attention des médias; c’est ce qui va être publié dans une revue à fort impact », dit-elle.

« Le cerveau des enfants de six mois est très plastique, et nous pouvons agir dessus, et ainsi changer leur devenir.» dit Dumitriu, psychologue canadienne.

Et terminons sur ces popos prometteurs de Dan Deoni rappelant l’importance des 1000 premiers jours que j’ai déjà évoqué sur ce blog: « Les enfants sont certainement très résilients »…Mais en même temps, nous reconnaissons également l’importance des 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant comme étant les premiers fondements cruciaux. Les premiers bébés pandémiques, nés en mars 2020, ont à ce stade plus de 650 jours.»…Les enfants « sont modelés par leur environnement …Plus nous pouvons les stimuler, jouer avec eux, leur faire la lecture et montrer qu’on les aime, c’est ce qu’il faudra.»

Vidéo sur l’expérience « du visage impassible » d’Edward Tronick citée dans ce billet

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LE TOUCHER THÉRAPEUTIQUE, UNE MÉTHODE QUI A REMPORTÉ UN NOBEL IGN!

Le Toucher Thérapeutique est une version de l’antique imposition des mains, un geste rituel et sacramentel signifiant un transfert d’énergie ou de puissance, sans connotation religieuse. La médiumnité.

Dans leur livre Crazy Therapies, la psychologue Margaret Singer et la sociologue Janja Lich ont dénoncé en leur temps et sans concession les thérapies du New Age fondées sur la pseudo-science et la pensée irrationnelle bien loin de critères méthodologiques et scientifiques requis sur lesquelles reposent la psychiatrie et la psychologie.

La liste de ces thérapies alternatives est longue, et est un puits sans fond. En lisant un article publié sur l’excellent site The Skeptic, j’en ai trouvé une forte éloquente! Il s’agit du Toucher Thérapeutique, méthode créée en 1972 en pleine période du New Age. « Une nouvelle arnaque venue des États-Unis ». Il touche le domaine infirmier et s’inclut dans les pratiques alternatives.

Le Toucher thérapeutique (TT) est approuvé par de nombreuses associations d’infirmières au Canada, et cette technique est « appliquée dans de nombreux hôpitaux, enseignée, selon le site de Passeport Santé, dans plus de 100 universités et collèges, dans 75 pays à travers le monde. Diable! Quel succès! C’est le monde infirmier concerné en premier lieu, il y a une explication fort simple à sa diffusion dans ce milieu paramédical. Elle est probablement le résultat de l’entregent d’une infirmière qui a mis au point le Toucher Thérapeutique…et qui a établi un partenariat avec…une guérisseuse adepte des sciences occultes devant l’éternité.

Il s’agit respectivement de Dolorès Krieger, professeure de sciences infirmières à l’université de New York et de Dora Van Gelder Kunz occultiste, guérisseuse intuitive et présidente de la Société de Théosophie de 1975 à 1989. Dora dialoguait couramment avec les fées dans Central Park, et forte de son expérience, elle en fit un livre « Le vrai monde des fées » publié en 1977. En plein boum du New Age !

Dora Kunz va devenir le guide spirituel de l’infirmière Dolorès Krieger. Cette dernière devait également être théosophe si l’on en croit le financement qu’elle reçut de la société de thésophie plus tard pour développer la méthode du Toucher Thérapeutique. Les deux femmes ont collaboré avec des allergologues, des immunologies et semblerait-il avec des neuropsychiatres. Il faut noter la participation active de Bernard Grad, un biologiste canadien qui a expérimenté le domaine de la guérison paranormale, et qui s’est intéressé un temps à la théorie pseudo-scientifique de l’énergie de l’orgone postulée par le disciple dissident freudien Wilhem Reich. Bernard Grad avait l’habitude depuis la mort de sa fille de s’entourer de guérisseurs. Devenu professeur agrégé à l’Université du Québec, il a acquis sa notoriété pour ses recherches sur le cancer.

Le TT fondé par Dolorès Krieger et Dora Van Gelder Kunz a remporté un prix! Celui du prix Ig-Nobel! L’ignobel (jeu de mots en prix Nobel et adjectif en anglais ignobel) honore des scientifiques, des institutions, des personnalités publiques ou même d’illustres inconnus pour des recherches qui ne peuvent pas ou ne devraient pas être reproduites!

Dans cette méthode aux incontestables relents ésotériques, l’un des fondements théoriques repose sur l’existence d’un champ énergétique comme le Chi des Orientaux, le prana sanskrit en relation avec le souffle et les chakras, des roues énergétiques. Le TT est une méthode qui débloquerait les énergies du champ énergétique. Souligné par le site The Skeptic, ces références orientalistes seraient moins évoquées actuellement pour ne pas provoquer l’ire du milieu académique des soignants. À moins qu’il ne s’agissse d’un effet « cheval de Troie, fort courant dans les pratiques de thérapie du New Age.

Comment se présente la technique du TT? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a pas de contact direct avec le client: -L’intervenant se centre intérieurement, et après cette phase de recueillement, il évalue l’état du champ énergétique de son client grâce à l’énergie de ses mains, et aux fins d’élimination des scories, il effectue un balayage du champ énergétique. Pour rééquilbrer le champ énergétique, l’intervenant va projeter des pensées, des sons et des couleurs apaisantes.

Ne tergiversons pas, le TT est une version moderne de l’antique imposition des mains, un geste rituel et sacramentel signifiant un transfert d’énergie ou de puissance, sans connotation religieuse. La médiumnité.

Pire encore, le TT a une similitude trompeuse ou encore ce qu’on appelle un faux ami avec d’autres méthodes de massage pratiquées par des kinésithérapeutes par exemple, qui sans être prouvées suivant les règles de l’Evidence Based Medecine sont « acceptables », ô combien même si on est un sceptique acharné envers les thérapies alternatives et complémentaires.

Il y a notamment celle du toucher-massage, développée dans les années 80. Le toucher-massage (TM) est une marque déposée et développée en 1986 par Joël Savatofski, masseur-kinésithérapeute et psychologue de formation. Il a fondé l’École Européenne de Toucher-Massage, un institut d’enseignement et de recherche pédagogique sur l’art de masser. Il forme les soignants aux attitudes bienveillantes et aux gestes favorisant le bien-être par le massage pour accompagner les patients dans les meilleures conditions. Le TM est un soin d’accompagnement, non médicamenteux, centré sur la personnes plutôt que sur sa maladie. Elle s’apparente au courant humaniste et proche du potentiel humain qui a toute sa place dans l’arsenal des psychothérapies quand ce n’est pas dévoyé (ce qui est une autre histoire).

Ainsi, à l’initiative d’Armelle Simon, infirmière sophrologue au service d’hématologie du CHU de Nantes, le Toucher-Massage est introduit comme soin de support pour les personnes atteintes de cancer. Le TM s’avère bénéfique chez les personnes atteintes de leucémie et confinées parfois six semaines dans une chambre stérile avec des contacts physiques réduits pour éviter les infections. En 2015, Armelle Simo, a évalué sur 62 volontaires la baisse de l’anxiété après une séance de TM sur l’échelle de Spielberger. L’anxiété baissait de 11,5 sur la dite échelle qui va de 20 à 80 contre 0,9 points pour un groupe. Une pratique acceptable, donc! Et évoquons en un mot les unités de soins palliatifs où ce type de massage a toute sa place car la fin de vie est un moment particulier.

Incontestablement, le vocable toucher-massage englobe en général toutes les formes de massothérapie, signifiant étymologiquement le massage qui soigne et pratiqué par des kinés. Après, si le mot de massothérapie gêne, retenez celui de massage qui est générique. D’où la nécessité de démarquer la massothérapie de la technique new age du Toucher thérapeutique et de ses dérivés. Les bienfaits de la massothérapie sont innombrables. Notamment sur l’anxiété, pour soulager des douleurs lombaires et musculaires et améliorer la qualité de vie des cancéreux.

Dès les années 1980, les travaux sur les prématurés de la psychologue Tiffany Field de l’université de Miami ont montré les bénéfices du massage. Les bébés massés après leur naissance pendant 5 à 15 jours prenaient plus de poids que les autres et étaient hospitalisés en moyenne 3 à 6 fois de moins. Ce mode opératoire élaboré par Tiffany Field serait appliqué dans 38% des services de néonatalité américains. En 2009, l’équipe du neurologue Andrea Guzetta de l’université de Pise a montré que les effets des massages sont tout aussi efficaces quand ils sont pratiqués par la mère que par les soignants. Le psychanalyste John Bowlby, connu pour sa théorie de l’attachement du nourrisson avait mis en évidence les besoins fondamentaux des nouveaux-nés au niveau des contacts physiques, nécessaires pour développer une relation d’attachement bénéfique à un développement social et émotionnel optimum.

Sur Pubmed, on trouve des articles consacrés aux thérapies complémentaires et tactiles en pratique infirmière, et ô surprise, elles portent le label « holistique ». Par là, incluant l’individu dans sa globalité incluant dimension de la psyché autre que le corps et la maladie, et ce terme est propre à la pensée new age. Il existe d’ailleurs un journal officiel de l’American Holistic Nurses Association et l’on trouve dans cette association des propositions de formations en aromathérapie, le TT/guérisseur (le Nobel Ign), la médiation, la visualisation, le yoga et le Taï Chi. Le ton est donné!

Si manifestement, il existe des études sur le TT et ses effets sur l’anxiété, il est constaté qu’aucun essai contrôle randomisé ou quasi-randomisé n’a été identifié. Donc circulez, il n’y a rien à voir! Tous ces articles répertoriés dans Pubmed montrent que malgré l’absence de colonne vertébrale scientifique, ces thérapies complémentaires et alternatives sont de plus en plus pratiquées introduites dans le milieu hospitalier, et font partie de l’arsenal infirmier. Sont-elle les bienvenues ou décriées? Sont-elles l’occasion de nouer une alliance thérapeutique avec les patients, d’entrer dans cette dimension subjective de la relation soignant/soigné? Question d’éthique! Faut-il être tolérant envers ce type de pratique comme le TT même si ça fait du bien au patient? Insister sur leur inocuité?

Alors, revenons à l’article de Mahlon Wagner du site Skeptic, et même si ça ne concerne pas la France, ce qui est écrit est factuel. Il cite un certain Dr Imre Kerner qui veut réguler la formation en TT en exigeant des praticiens de TT une formation initiale en soins infirmiers ou en médecine. C’est une pratique souvent utilisée dans des formations non académiques de demander à des praticiens ou des psychothérapeutes de rentrer dans un cadre formel avec des diplômes officiels. Un cheval de Troie idéal. I.Kerner a des liens avec une église spiritualiste fondée par une guérisseuse et voyante autoproclamée et aussi avec un chaman. Sans compter ses diatribes antiscience et il accepte bien que le TT repose sur la médecine énergétique. Tout un programme pseudo-scientifique.

Le Toucher Thérapeutique mérite bien son prix Nobel IGN.

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LES DÉRIVES DU CHAMANISME AMAZONIEN, UN AVATAR DU NEW AGE

Le vocabulaire employé par les charlatans du chamanisme est un métalangage observé dans les dérives sectaires.

Photo d’un jaguar, félin de la forêt amazonienne, ©Gerry Ellis

La spiritualité du New Age est un bric-à-brac composé de psychologie de comptoir. C’est un nouveau prêt-à-penser religieux qui donne l’illusion d’une spiritualité faite sur mesure pour faire évoluer votre psyché en vous promettant le bonheur. Depuis ses origines en effet, le New Age est très lié au développement personnel. La société New Age, décrite en 1985, par Marilyn Ferguson dans son livre Les Enfants du Verseau est celle de l’âge du Verseau résumée en une seule expression: « l’ère de l’interconnexion. » Des esprits entre eux avec les mondes invisibles et l’Au-delà. La conquête du Bonheur par la psycho-spiritualité passe par la case « connaissance de soi », intrinsèquement liée à la «construction d’un soi spirituel». Un marché du temple Transpersonnel où l’ésotérisme prime sur la pensée rationnelle et où l’on promet la quatrième dimension.

Pour épouser cette nouvelle norme psycho-spirituelle, on doit emprunter l’autoroute brumeuse du surnaturel et de l’irrationnel promises par des séminaires d’évolution psycho-spirituelle. Les techniques pratiquées dans les stages de développement personnel sont une véritable épopée de la manipulation mentale. Ils font la bonne fortune des thérapeutes de l’ère du Verseau dévoyant nombre de courants de la psychologie. Le vocabulaire est édifiant, et est souvent emprunté à la spiritualité orientale mise à la sauce occidentale. La thérapie de couple se métamorphose en espace ouvert où les hommes et les femmes dépassent leurs peurs transmises depuis la nuit des temps. Les stages où l’on réapprend à respirer (sic) sont rebaptisés “respiration et rythme ancestraux”. Le décodage biologique -rien à voir avec l’A.D.N-et la conscience quantique – rien à voir avec la science des quanta-permettent de trouver le sens caché des «maux et des mots»du stagiaire. L’accompagnement en relation d’aide se fait psychocorporel multi-référentiel.  

Dans cet état d’esprit de l’ère de l’interconnexion new age, des personnes en recherche spirituelle vont se tourner vers le chamanisme amazonien. Il est d’ailleurs plus judicieux de parler de néo-chamanisme, terme employé dans le dernier rapport de la MIVILUDES!

Il existe une myriade de propagateurs de la foi chamanique, aussi occidentaux que vous et moi, qui ont été soi-disant qui instaurent des circuits touristiques au Pérou. Ils mettent sous emprise mentale avec l’ayahusca, une drogue puissante et hallucinogène aux effets comparables au LSD et interdite en France depuis 2005. Sur le plan anthropologique, c’est une boisson sacrée utilisée depuis des millénaires par les Indiens amazoniens. Elle est encore appelée Yagé ou liane de la mort. Ce breuvage se compose de deux lianes issues du biotope amazonien: le banisteriopsis et la chacruna, du DMT, substance interdite sur le plan international.

Ce n’est pas le goût de l’interdit ou la consommation d’une drogue qui incite à absorber l’ayahuasca durant des stages new age, mais le cadre d’un chamanisme magnifié par un étrange paradoxe: « la plus ancienne religion de l’humanité », de plus en plus délaissée par les poulations locales, séduit les Occidentaux convertis à la pensée bobo ou écolo et en quête illusoire de retour à la nature qui se serait perdue en Occident! Un syncrétisme new Age type. Le chamanisme amazonien dévoyé est un bidouillage pseudo-mystique éloigné des racines authentiques des ayahuasqueros! Sur le plan anthropologique, celui de Claude Levi-Strauss, il faut remettre les pendules à l’heure pour démarquer des pratiques dévoyées et sectaires du chamanisme amazonien.

Chez les authentiques Indiens, la cérémonie d’ayahuasca présente la particularité d’être une performance chamanique s’inscrivant dans un culte religieux. Et il en était déjà ainsi bien avant l’arrivée des missionnaires. Mais le New Age est un courant puissant qui capte et illusionne des personnes en quête de développement personnel! Il y a pléthore de livres de développement personnel, presque des bréviaires, qui se transmettent de bouche à oreille qui séduisent. J’ai noté quelques titres de livre de développement personnel sur le chamanisme qui en disent long sur le dévoiement anthropologique du chamanisme: « Le manuel du chaman », « Réveille le chaman en toi », « 50 exercices de chamanisme » etc…

La tradition amazonienne est respectable contrairement aux dérives sectaires du chamanisme amazonien. Je l’apparente au folklore populaire de de nos pays en Occident où les légendes, les croyances envers des êtres invisibles et la sorcellerie faisaient partie intégrante des mentalités collectives. S’appuyant sur les superstitions et la pensée magique, à l’opposé de la pensée rationnelle qui devrait caractériser toute démarche psychothérapeutique.

En anthropologie, le chamanisme amazonien est une religion de la nature animée par des entités invisibles qui communiquent avec l’ayahuasquero. La plante née du corps du défunt “Aya” fait la lumière sur le rôle joué par les innombrables divinités du panthéon inca. Ces dernières dirigeaient pratiquement chaque acte de la vie quotidienne. La maladie était la conséquence d’une offense commise à leur égard. Pour guérir leurs patients, les médecins entraient en contact avec les esprits pour s’attirer à nouveau leur faveur. Leur action sur les forces surnaturelles en faisait des prêtres-sorciers, des intermédiaires entre le Ciel et les hommes. Le pouvoir temporel ne faisait qu’un avec le pouvoir spirituel. Non seulement les prêtres incas soignaient le mal mais ils offraient également aux dieux des sacrifices, faisaient des incantations magiques et pratiquaient l’art de la divination.  

La pratique reposait sur la superstition. Cet état d’esprit s’est transmis à l’insolite relation qui lie l’ayahusquero ou curandero à celui qui vient le consulter. Dans l’esprit populaire des Amazoniens, l’origine des maladies est liée à des maléfices. Les maladies magiques font partie des croyances et des superstitions entourant la prise de l’ayahuasca. Pour ces populations aussi superstitieuses que déshéritées, qu’elles résident dans les bidonvilles ou dans une région isolée du bassin amazonien, il existe différentes sortes de maladies. Pour celles qui relèvent du fatum, la médecine populaire à base de plantes médicinales s’en charge tout comme par le passé chez nous l’herboriste. Et pour celles qui ont des causes surnaturelles, magie blanche et magie noire s’affrontent. 

En Amérique du sud, les chamans et les peuples amérindiens croient dur comme fer aux maladies magiques. Si une fièvre, une douleur ordinaire, un mal résiste à un soin approprié, il ne peut que s’agir de la malveillance d’une personne qui a eu recours aux services d’un sorcier, un brujero, pour nuire sur les plans invisibles à son ennemi.  On raconte que le brujero est capable de lancer virtuellement sur autrui une épine ou une flèche véhiculant des substances nocives. Un autre cas de figure est celui d’un esprit de la nature outragé par la violation d’un tabou. Il se venge en rendant malade l’auteur de l’affront. L’âme de l’imprudent est alors capturé par l’esprit des bois ou de l’eau. C’est de cette façon que les indigènes expliquent le mal del agua (le choc de l’eau) ou du mal del aire (le choc de l’air).

En Amazonie, les maladies magiques les plus fréquemment rencontrées sont: – le sustro qui se traduit par la perte de l’âme du patient. – le pulsario, plus spécifique aux femmes, qui se manifeste par une sensation de boule dans l’estomac et une angoisse paroxystique ; – le daño, pur acte de magie noire, provoqué par une puissante potion versée à l’insu de la victime dans sa boisson ou lancée tard la nuit sur sa porte ; – le mal de ojo (le mauvais œil ), B-A-BA de la magie universelle, est dû au mauvais sort jeté par un ennemi ; – le mal de la tierra ( le mal de la terre) est provoqué en marchant sur les scories psychiques laissées sur le sol par un autre malade. Le descriptif de ces maladies est fort éloigné de la nosographie médicale occidentale et s’apparente à la sorcellerie des anciennes campagnes

Ne croyez pas, cher lecteur, que le Pérou n’a pas le monopole des maladies provoquées par envoûtement. L’histoire de la sorcellerie française en est truffée. Dans l’Auvergne des siècles derniers, le cauchemar nocturne était attribué à une suffocation exercée sur la poitrine du dormeur par une sorcière déguisée en chat noir appelée Cauquemare.

Ce parallèle entre les ayahuasqueros et la sorcellerie française est destinée à montrer l’épicentre de la conception superstitieuse du monde dans le New Age! Dans les maladies dites psychosomatiques, le corps exprime indibutablement un mal-être psychique. Les traitements classiques déçoivent parfois malgré les compétences des médecins, mais qu’à cela ne tiennent nos bons chamans du New Age ont l’art du baratin en prétendant les guérir avec l’ayahuasca dans tout désordre de la psyché et du corps.

Pour ces charlatans, l’union du psychique et du corporel est insuffisante pour appréhender le mécanisme de ces maladies. Alors ils rajoutent l’Âme au psyché et à la Soma. Pour séduire les adeptes, le « supplément d’âme » fait toute la différence. Dans les dérives du chamanisme amazonien, l’ayahusca traiterait superbement les maux physiques et les maux psychiques en contribuant au rééquilibrage des « désordres énergétiques du noyau spirituel ». Le vocabulaire employé par les charlatans du chamanisme est un métalangage observé dans les dérives sectaires. Il a une double connotation: rassurer mais également éveiller chez celui qui l’entend une adhésion incondition-nelle. Un nouveau sens étant donné aux maladies magiques, la médecine hallucinante à base d’ayahuasca s’adresse à tout le monde. Un nouvel axiome est posé: médecine millénaire, l’ayahuasca ne peut que restaurer le bien-être du corps, de l’esprit et de l’âme.

Est-ce étonnant que dans ces conditions sectaires, après la prise du yagué, la presse ait rapporté des décès, et sans compter les décompensations psychiatriques qu’il est difficile de chiffrer. Au Rainforest Healing Center, près d’Iquitos en pleine forêt amazonienne, organisant des retraites spirituelles avec l’hallucinogène amazonien, Nelson Deschênes âgé de 33 ans s’est suicidé après avoir ingéré du yagué. Kevin Rodriguez, journaliste au quotidien péruvien Pro & Contra écrit dans sohn article: « il s’est mis à avoir des hallucinations. C’est à ce moment qu’il a pris un couteau et qu’il s’est infligé plusieurs coups. Il a ensuite été transporté à l’hôpital et est mort neuf jours plus tard.»

En 2012, il y a eu d’autres morts après avoir bu du yagué. « Dernièrement, au Pérou, un soit disant guérisseur s’est trompé dans les doses d’ Ayahuasca administrées pour une action de purification ce qui a entraîné la mort de Kyle Nolan, 18 ans, venu chercher  » un nouveau départ». Le supposé chaman a enterré le corps de la victime dans un champ! Un vrai thriller!

En consultant la base de données Pubmed, on peut s’étonner qu’on puisse trouver des articles scientifiques. L’un d’eux étudie l’ayahuasca dans la thérapie enthogénique, un OPNI (Objet Psychologique Non Identifié) dans l’approche humaniste et transpersonnelle, parfaite illustration de la vague New Age!

L’ayahuasca est aussi étudié par essai randomisé versus placebo dans la dépression résistante aux traitements classiques. Mais il s’agit le plus souvent d’études localisées en Amérique latine, et elles sont rares, et elles relatent des épisodes psychotiques accentués si les personnes sont déjà atteintes des troubles psychiatriques. En fait, on s’aperçoit rapidement que ces articles favorables à l’ayahuasca s’inscrivent dans la recherche psychédélique qui étudie le potentiel thérapeutique des psychédéliques comme le LSD, le peyolt, l’ibogaïne contre la toxicomanie. C’est une autre approche à prendre avec des pincettes que je n’encourage pas à suivre, sauf à en parler avec son médecin traitant. Il y a suffisamment de psychothérapies sans prise d’hallucinogène qui sont efficaces.

L’anthropologie est une discipline passionnante, et le chamanisme est fascinant mais est-il fait pour les Occidentaux? Ce qu’il faut retenir, c’est qu’au sujet du yagué, le fossé est grand entre cette authentique tradition amazonienne et celle des charlatans du chamanisme. Lorsqu’une victime tombe sur un faux chaman, elle est droguée à plusieurs titres: à un stupéfiant, l’ayahuasca et à un système de pensée sectaire centré sur l’occultisme et le néo-chamanisme. La suggestibilité opère sur de supposées aptitudes paranormales des uns ou des autres, comparées aux facultés magiques des chamans. Méthode ancestrale, le chamanisme est malheureusement en train de devenir une pseudo médecine alternative à part entière, qui prospère sur la crédulité, le narcissisme et la volonté de puissance d’Occidentaux en mal d’identité.  

Sources:
Chamanes au fil du temps, Francis Huxley Jeremy Narby, (Albin Michel),

Claude Levi-Strauss, Le Cru et le Cuit, (Plon, 1964),

Hallucinogènes et Chamanisme, Michaël Harner,  (Terra Magna, 1992

Les Jivaros,: les cascades sacrées, Michael Harner, Poche

Notes personnelles  

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COVID 19: LES CONSÉQUENCES DÉLÉTÈRES DES RESTRICTIONS SANITAIRES DANS LES RÉSIDENCES POUR SÉNIORS EN FRANCE ET EN EUROPE

« J’espère que l’une des choses que nous apprendrons de cela est que lorsqu’une personne se rend dans une résidence, elle continue d’avoir le droit à une vie de famille et de décider de son quotidien.»(Adeline Comas-Herrera)

©Lisette Model (1901-1983), https://loeildelaphotographie.com/fr/

La pandémie Covid-19 est une crise sanitaire sans précédent que nous vivons depuis deux ans et nous sommes nombreux à avoir le sentiment de vivre la situation du film « Un jour sans fin « où un journaliste grincheux interprété par Bill Murray est condamné à revivre la célébration du jour de la Marmotte le 2 février au Canada! La crise sanitaire mondiale a commencé le premier trimestre 2020 voire selon certaines sources, au dernier trimestre 2019. La vaccination et les nouveaux traitements (à venir) sont des avancées majeures et prometteuses pour voir le bout de ce tunnel viral et infernal qui impacte la vie quotidienne, la santé physique et psychologique des populations. Si l’on n’est pas convaincu par la virulence de la Covid-19 et de ses redoutables variants, le site John Hopkins, la référence mondiale du suivi à base d’algorithmes et de Big Data, met en temps réel les données de la propagation du virus par pays. Les chiffres par le total des décès, des contaminations en cours sont vertigineux, et chaque jour le compteur Big Data s’affole. Le total des doses de vaccin administrées montre que le nombre de contamination baisse ainsi que la mortalité dans les pays qui ont un fort taux de vaccination. Dans la même approche Big Data, sur la France, il y a le site Covidtracker fondé par le jeune et talentueux ingénieur en informatique Guillaume Rozier.

22% de la population mondiale soit 1,7 milliards de personnes seraient atteints de troubles de la santé susceptibles de causer des complications en cas de contamination par le virus (se réferer au Center For Diseasse Control and Prevention, USA). L’âge et les comorbidités sont les principaux facteurs de risque. En 2020, avant la campagne de vaccination, dans note pays, 73% des décédés du virus étaient âgés de plus de 75 ans. La littérature scientifique rapporte que Les plus de 85 ans ont un taux d’hospitalisation 8 fois plus élevé que les 40/44 ans. C’est factuel sur le plan scientifique mais en faire des arguments de nature idéologique et politique restreignant les droits et la liberté des plus âgés est inacceptable. Et pourtant, c’est ce qui va être exposé maintenant à partir d’éléments de sociologie médicale et de psychologie médicale.

La sociologie médicale qui s’occupe des interactions entre la santé et la société ( le groupe et les institutions via les politiques de santé) permet un éclairage sur le vécu des résidents de maison de retraite. En se basant sur cette vulnérabilité factuelle des personnes âgées au virus, les pays ont développé à leur égard des stratégies « supposées de protection » qui ont été délétères pour eux et leurs proches.Dans les institutions que sont les maisons de retraite, en France les Ehpad, la mesure de protection généralisée fut et serait encore dans certains endroits le confinement absolu. L’interdiction des visites purement et simplement et la suppression des activités sociales permettant aux résidents de partager des moments conviviaux. La vie sociale à l’intérieur de l’institution qui permet les petits plaisirs de la vie et qui rassure leurs familles. Les résidents ont été séquestrés (ce mot est adéquat), et ce au prix de leur vie pour certains par syndrome de glissement et pour les autres au détriment de leur bien-être général.

Dans la littérature scientifique, il est répertorié trois effets délétères du confinement total chez les personnes âgées la sarcopénie, la dépression et le retard de la prise en charge des maladies chroniques. La souffrance psychique a été catalysée lors de la pandémie par la solitude, l’ennui, le sentiment d’inutilité ainsi que la peur d’être contaminé par le virus renvoyant à la peur de la mort. Et le syndrome de glissement évoqué précedemment.

En France, lors des confinements, nombre de résidents sont morts sans leurs proches à leur chevet. Le livre bouleversant de la psychologue Marie de Hennezel, l’Adieu Interdit » évoque ce lourd tribut des résidents d’Ehpad: « Je remets en cause la folie hygiéniste qui, sous prétexte de protéger les personnes âgées arrivées dans la dernière trajectoire de leur vie, impose des situations proprement inhumaines. », écrit-elle.

Une tribune collective intitulée « Libérons les Ehpad d’un principe de précaution poussé à l’extrême!» donne également le tempo et en voici de larges extraits: « Pour qui sonne le glas en Ehpad? Il sonne pour nos mères, nos pères, nos conjoints….Isolés car vingt minutes de «parloir» tous les quinze jours derrière un Plexiglas dans un espace commun surveillé, ce ne sont pas des conditions dignes ni une fréquence acceptable de visites, surtout pour des personnes souvent malentendantes, malvoyantes ou présentant des troubles cognitifs assez largement précipités par défaut de stimulation affective et intellectuelle depuis un an maintenant. Et ils ne sont pas pour autant protégés car le virus continue à entrer, et s’y ajoute le virus – non moins mortel — de l’enfermement et du sentiment d’abandon: le glissement…Dans ce huis clos, l’enfer, ce n’est pas les autres, c’est l’absence des siens. Et cet enfer est pavé de bonnes intentions, en l’occurrence le principe de précaution, illusoire tant il est vrai que n’existe pas de risque zéro. Il y aura toujours un variant, un intervenant imprudent…»

Outre la dangerosité du virus qui n’est plus à démontrer et qui nécessitait des mesures exceptionnelles, différentes d’un pays à un autre, pour protéger les populations, il y a le modèle institutionnel des maisons de retraite qui s’est révélé inadapté lors de cette pandémie et qu’il faut changer. Quand on lit la presse internationale et qu’on voit ce qui s’est passé dans d’autres pays, on s’aperçoit qu’il est obsolète et qu’il y a un manque criant de financement privé et public. Il n’y a pas que la France concernée par ces interdictions de visite et leurs conséquences tragiques. Des similitudes avec d’autres pays sont à noter. Ce n’est peut-être pas consolant pour les familles et les résidents de tout pays qui vivent au gré des restrictions (et/ou interdictions) mais qui sait si à l’avenir le droit à vieillir dans des conditions acceptables ne pourrait pas être saisi à l’échelon européen?

À ce sujet, un article traduit de l’espagnol par Patrick Moulin sur son site directeur des soins montre le sort peu enviable subi par les résidents pour personnes âgées dans les maisons de retraite en Espagne. La journaliste Maria Sosa Troya du journal El Paìs a interviewé Adeline Comas-Herrera qui a suivi en continu avec son équipe la mortalité dans les résidences pour personnes âgées dans 20 pays. Le titre de l’article « On est allé trop loin avec les restrictions d’accès aux proches dans les résidences pour personnes âgées » est éloquent en lui-même. Pendant la pandémie, quatre décès sur dix concernaient des résidents de maisons de retraite. Corroboré par un autre article poignant publié dans le journal La Croix qui fait état de 86 enquêtes préliminaires ouvertes en Espagne dès avril 2020 pour négligence après la mort de milliers de personnes âgées mortes dans leurs maisons de retraite. À méditer. D’autres pays pourraient-ils suivre l’exemple de l’Espagne?

Adeline Comas-Herrera analyse les dysfonctionnements qu’elle a observé dans ces 20 pays et ils s’appliquent en copié/collé à la France: « Le plus gros problème, ce sont les conditions dans lesquelles travaille le personnel. La seconde, l’infrastructure des centres. Et le troisième serait le manque de mécanismes non seulement de suivi, mais aussi de communication. Quant au personnel, vous êtes moins payé si vous êtes infirmier dans une résidence que dans un hôpital, avec le même niveau de qualification, et c’est la même chose pour les personnels auxiliaires [aides-soignants et autres personnels]. Dans presque tous les pays, il y a des pénuries et des difficultés pour recruter et pour retenir le personnel. Dans les pays nordiques c’est différent, mais dans presque tous les autres, le niveau de formation et de progression professionnelle est très bas. Cela fait que c’est très peu attrayant. En Angleterre, les maisons de retraite préviennent qu’elles ne peuvent pas garantir la qualité des soins parce qu’elles sont à un niveau trop bas de personnel.»

Et Adeline Comas-Herrera conforte l’effet délétère du confinement sur la psyché des plus fragiles résidents et les effets pervers de ce modèle institutionnel inadapté pour un suivi bienveillant des personnes âgées dans les maisons de retraite: « Il existe de plus en plus de preuves qu’un déclin cognitif s’est produit, en particulier chez les personnes atteintes de démence. Les sentiments de solitude, d’abandon et y compris les effets sur la santé ont augmenté en raison du confinement dans de petits espaces. Ils ont payé un prix très élevé. Les restrictions d’accès aux membres de la famille sont allées trop loin, surtout lorsque beaucoup ont été les premiers à se faire vacciner et ont tenu un rôle très important dans la santé émotionnelle des résidents. On ne leur faisait pas assez confiance, c’était un échec de ne pas leur donner un rôle au quotidien. J’espère que l’une des choses que nous apprendrons de cela est que lorsqu’une personne se rend dans une résidence, elle continue d’avoir le droit à une vie de famille et de décider de son quotidien. Dans la plupart des pays, il n’y a pas de mécanisme pour s’assurer que cela est respecté.»

Après ces larges extraits, s’il en a le temps, je suggère au lecteur de lire cette interview fort pertinente dans sa totalité sur le site: https://dsirmtcom.wordpress.com/2021/11/11/on-est-alle-trop-loin-avec-les-restrictions-dacces-aux-proches-dans-les-residences-pour-personnes-agees-el-pais/

Où en sommes nous aujourd’hui en France? la situation n’est encore guère brillante pour les résidents d’Ehpad. Le taux de contaminations au virus repart de plus belle, et nous sommes dans la cinquième vague. Et sur la décision de directeurs, certains établissements ont déjà fermé leurs portes et interdit les visites des proches! Combien sont-ils? C’est souvent rapporté dans la presse locale et il est impossible de connaitre les chiffres! Certainement du au fait que notre pays est fâché avec les Big Data et qu’il est un mille-feuilles administratif qui bloque toute information à faire remonter au plus haut sommet de l’état, empêchant toute action sensée.

Une troisième dose de vaccin est actuellement administrée aux personnes prioritaires dont les résidents d’Ehpad, les plus de 65 ans et les personnes fragiles. Désormais, la vaccinationa été élargie à toutes les tranches d’âge!

En attendant, comme le souligne sur Twitter l’une des cofondatrices du Cercle des proches aidant en Ehpad (CPAE), et fille d’un résident octogénaire mort des conséquences d’un syndrome de glissement : « Malgré les trois doses, la vie n’a jamais repris son cours normal dans de nombreux Ehpad qui restent des zones de non-droit, des lieux de privation de liberté où les familles sont tenues à l’écart.»

Sabrina Delery, l’une des fondatrices du Cercle des proches aidant en Ehpad, (CPAE) répond au journal Atlantico au sujet d’une lettre ouverte pour alerter sur l’état de la situation dans les EHPAD: « Ce que l’on redoute c’est que ces personnes qui ont survécu aux vagues de Covid soient victimes de glissement, c’est-à-dire des conséquences de l’isolement et du manque d’interaction. Il nous semble inacceptable de reconfiner les résidents, d’autant qu’on nous avait promis que cela ne serait pas le cas. Cela se fait sans débat et sans prévenir les familles. Tous nos combats de ces derniers mois passent à la trappe. Nous craignons une généralisation de cette tendance au reconfinement. Ce qui est le plus scandaleux, c’est l’inégalité de traitement. On entend beaucoup parler de thés dansants qui deviennent des clusters. Et on a simplement demandé aux cas positifs de faire attention, sans les reconfiner. En EHPAD, malade ou pas, on enferme tout le monde. Les EHPAD sont devenus des prisons à 3000 € par mois. Les glissements tuent plus que la Covid en EHPAD. Nous sommes cinq cofondatrices dans le CPAE, trois d’entre nous ont perdu un parent de glissement pendant la crise sanitaire.»

La pandémie a révélé dans de nombreux pays européens la maltraitance déjà latente envers les personnes âgées dans le cadre institutionnel de la maison de retraite. Elle ne date pas d’hier. J’avais déja écrit sur ce blog, bien avant la pandémie une recension d’un livre écrit par la pétulante octogénaire Christie Ravenne « Gagatorium, quatre ans dans un mouroir doré ».

Et si le problème de fond sociétal était celui de l’âgisme qui explique en partie ce désintérêt envers les personnes âgées dans les résidences pour séniors? Et expliquerait ainsi en partie leur sort qui laisse indifférent l’opinion publique et ainsi contribue à fermer les yeux sur leur maltraitance. Et l’enfermement est une maltraitance. Il ne fait pas bon d’avancer en âge, de vieillir en France et en Europe en général. Changeons notre regard sur le vieillissement et déconstruisons l’âgisme.

De la gaité et du dynamisme chez ce couple de séniors qui montre qu’avancer en âge n’est pas une maladie.

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FREUD, LA NÉVROSE DE GUERRE ET LE TRAITEMENT BARBARE DE LA FARADISATION

La palme de la barbarie revient à la méthode de torpillage préconisée par le Dr Clovis Vincent.

La guerre de 14/18 bouleversa la psychiatrie. Devant l’afflux de blessés psychiatriques, le service de santé des armées dut se réorganiser. La durée et l’ampleur de la Grande Guerre engendrèrent des troubles de la psyché inconnus jusqu’à alors du corps médical. Les médecin ignoraient comment les prendre en charge.Ces troubles étaient les manifestations du Stress-Post-Traumatique, répertorié aujourd’hui dans le DSM et le CIM.  Les médecins de l’époque de la Grande Guerre parlaient de l’hypnose des batailles, de la fatigue de guerre et de cafard.

Le principal trouble psychiatrique auquel devait faire les médecins était celui de l’Obusite. Comment se manifestait-il?  On trouve des témoignages sur les Poilus souffrant d’obusite rapportés dans La Gazette de Souain:  « Des soldats étaient trouvés accroupis ou pliés en deux, ne se relevaient pas, les yeux écarquillés. certains sont devenus muets, sourds et même aveugles sans blessure apparente organique.»

Lorsque les soldats présentaient des symptômes de paralysie, des tremblements, une surdité, des convulsions ou de mutisme, c’était pour la médecine la manifestation d’un désir de fuite. Et c’était aussi une forme d’hystérie, différente de l’hystérie féminine et propre à la guerre. On était vraiment loin du concept de Stress post-traumatique moderne.

Les psychonévroses de guerre bouleversèrent le milieu des aliénistes. Pour les uns, c’était un syndrome post-commotionnel, pour les autres « émotion-choc » ou rôle de la prédisposition des constitutions. Le neuropsychiatre toulousain Voivenel parla des troubles de l’émotivité  (on dirait aujourd’hui états anxieux) qui sera finalisée dans son concept de « peur morbide acquise ». La peur morbide acquise par hémorragie de sensibilité. Cet état intervient soit immédiatement après une bataille, soit plus progressivement au fil des mois. Les observations du Dr Voivenel préfigurent déjà certaines caractéristiques de stress post-traumatique figurant dans le DSM et le CIM 10 (bientôt le CIM 11 en janvier 2022).

Comme les médecins pensaient que ces psychonévrose étaient une forme d’hystérie, ils ne prenaient pas de gant pour les traiter. Le malheureux poilu souffrant d’un État de Stress post-traumatique pouvait être soigné par la flagellation pour briser sa personnalité. On frappait le soldat de plus en plus fort avec des paroles aimables et en lui faisant ingurgiter de l’eau de vie! De la gnôle, quoi!

Le traitement de choc le plus coton pour traiter la névrose de guerre était celui de la faradisation ou de la galvanisation à grande échelle. Les médecins de l’époque partaient de l’idée que les soldats étaient des simulateurs, et qu’il fallait trouver une solution pour les mettre en face de leur propre couardise avant de les renvoyer au front. Les soldats ne pouvaient pas refuser le traitement, et la coercition physique était employée. On n’hésitait pas à enfermer les patients dans des carcans redresseurs.

Toutefois, il faut préciser que la galvanisation est la version noire de l’électrothérapie. Son mésusage. Le traitement électrique dévoyé des multiples symptômes psychiques du combat ne sont qu’un des aspects de l’électrothérapie développée durant la première guerre mondiale. Ces usages concernaient le corps entier. Ainsi, en 1917, le Guide du médecin praticien en électricité médicale rédigé par le Docteur Castets en parle dans le traitement de l’obésité, de la goutte, des cardiopathies et la liste des indications n’est pas exhaustive. Il y a eu aussi son utilisation en physiothérapie et comme technique de localisation des projectiles chez les blessés.

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Alors comment se pratiquait une séance de faradisation? Un courant galvanique de 35 milliampères sous 75 volts, et en secousses brèves (de 10 à 20 secondes) est administré à l’aide de conducteurs sur les zones sensibles du soldat.

Cette méthode psycho électrique comme celle de Roussy et de Lhermitte comportait plusieurs phases. D’abord la préparation suggestive du patient, et puis le « choc psychique » provoqué par l’application douloureuse du courant  faradique; le tout dans une atmosphère de discipline militaire. La toute puissance du médecin-le pouvoir de la blouse blanche et du savoir-, la suggestion et le choc électrique constituaient les trois fondamentaux de ce traitement barbare. Car c’était de la torture. Des infirmiers ont confirmé qu’un certain Dr Kolowsky faradisait les parties génitales ainsi que les bouts des seins. Les séances se faisaient en présence d’autres patients afin que leurs hurlements de douleur effrayent les autres victimes. Cela renforçait l’efficacité de la cure, soi-disant…Rassurez vous, chers lecteurs, la psychiatrie a évolué et est devenue humaniste en aidant bien des patients atteints de troubles mentaux.

Il y avait des différences subtiles entre les méthodes électriques des psychonévroses de guerre. La palme de la barbarie revient à la méthode de torpillage mise au point par le Dr Clovis Vincent, et . Elle repose sur le principe de la galvanisation, un courant plus intense que le faradique envoyé avec des tampons sur les zones sensibles de la surface cutanée. La fin de la guerre sonna le glas du traitement électrique des psychonévroses.

Tous les médecins n’étaient pas d’accord sur la faradisation ou la galvanisation. Dont Sigmund Freud. L’œuvre de Freud n’est plus à présenter. Le fondateur de la psychanalyse s’est trouvé confronté lors du conflit de 14/18 à ses confrères qui pratiquaient la psychiatrie classique pour traiter la névrose de guerre. Il va être amené à faire des expertises sur la névrose de guerre suivant l’approche psychanalytique. Il va proposer une autre approche de la névrose de guerre. C’est même une attitude politique qui bouscule les mentalités de la médecine militaire. La nature psychique de ces névrosés de guerre est la même comme pour toute névrose. Les névroses de guerre et de paix sont des troubles de la vie  affective où l’inconscient est omniprésent.

Dans Introduction à La Psychanalyse des névroses de guerre, Freud développera les mêmes arguments que dans ses expertises : « Les névroses de guerres […] sont à concevoir comme des névroses traumatiques qui ont été rendues possibles ou ont été favorisées par un conflit du moi. […] [Celui-ci] se joue entre l’ancien moi pacifique et le nouveau moi guerrier du soldat, et devient aigu dès que le moi de paix découvre à quel point il court le risque que la vie lui soit retirée à cause des entreprises aventureuses de son double parasite nouvellement formé. On peut tout aussi bien dire que l’ancien moi se protège par la fuite dans la névrose traumatique du danger menaçant sa vie, ou qu’il se défend du nouveau moi reconnu comme mettant sa vie en péril »

Le mécanisme de la névrose de guerre analysé par Freud était radicalement différent de ce que proposait la médecine de l’époque, et a amené une bouffée d’humanité avec sa méthode. Il préfigurait déjà le mécanisme du stress post-traumatique du à un conflit où la victime revit le trauma en boucle.« Dans les névroses de guerre, ce qui fait peur, c’est bel et bien un ennemi intérieur».

Sources:
http://www.bibliomonde.com/livre/guerre-censuree-une-histoire-des-combattants-europeens-18–6493.htmlhttp://agora.qc.ca/thematiques/mort/documents/nevroses_de_guerre_freudhttps://sites.google.com/site/olivierdouvilleofficiel/articles/de-quelques-psychanalystes-sous-la-premiere-guerre-mondialehttps://sites.google.com/site/olivierdouvilleofficiel/articles/de-quelques-psychanalystes-sous-la-premiere-guerre-mondialehttp://blogs.aphp.fr/wp-content/blogs.dir/113/files/2014/08/4_troubles-psy_Poirier.pdf

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AUTOUR DU FILM HOLY SMOKE: UNE HISTOIRE D’EMPRISE MENTALE

La déprogrammation fait usage de la force en enlevant et en séquestrant l’adepte pour le forcer à abjurer ses nouvelles croyances jugées erronées ou dangereuses.

Sorti en 1999, le film Holy Smoke de la réalisatrice Jane Campion est un film troublant pour ceux qui s’intéressent aux sectes. Il évoque la difficulté de déconditionner une personne sous l’emprise d’une religion marginale (ou secte) ou de croyances religieuses. Évaluer le degré d’emprise ou l’adhésion nocive à des croyances spirituelles (ou autres), avec perte du libre arbitre, notion très subjective admettons-le, est difficile à évaluer. Ajoutons y la notion d’emprise mentales, et le tpur est joué. Comment définir les critères d’un groupe totalitaire comme une secte?

Holy Smoke met en présence deux protagonistes: Ruth (incarnée par Kate Winslet),  une Américaine convertie à un syncrétisme religieux new age et hindouiste, et un déprogrammeur, P.J Waters (joué par Harvey Keitel). Au cours d’un voyage en Inde, Ruth, tombe sous l’emprise d’un gourou prénommé Baba. Inquiète par son changement d’attitude et ses nouvelles croyances opposées à l’éducation religieuse qui lui avait été inculquée, sa famille demande à un déprogrammeur P.J Waters, de faire revenir la jeune femme à la raison, de la déconditionner.   On assiste dans ce film à des scènes de deprogramming où P.J Waters séquestre Ruth, emploie des méthodes coercitives ( physiques et morales ) pour l’inciter à quitter la secte de Baba et soigner sa psyché endoctrinée. Tombant amoureux de la jeune femme, il échoue dans sa mission,  et ses certitudes seront bouleversées. Ruth restera en Inde chez Baba.  

Le film est étrange et déstabilisant en dehors de l’histoire d’amour entre un homme et une femme, et des scènes torrides qui y sont liées. On peut se demander si Ruth est vraiment aliénée à ce groupe religieux marginal, si elle joue de ses charmes pour éviter la coercition mentale et physique employée par Waters pour faire retomber la pression. Holy Smoke est d’abord une fiction mais Jane Campion s’est inspirée de faits réels fort courants dans les années 1990.   L’identité du gourou Baba est à peine déguisée. Il a réellement existé et est mort en 2011. C’était un gourou de Puttaparthi (nord de l’Inde), faiseur de miracles. Il comptait cent millions d’adeptes dont beaucoup d’Occidentaux en quête de recherche spirituelle. Les enseignements de Baba étaient un syncrétisme d’Hindouisme et de Christianisme. Du New Age pur jus. Baba s’était autoproclamé à 14 ans la réincarnation de Saï Baba de Shirdi, un saint de l’Hindouisme mort en 1918. Notre bon Baba de Puttaparthi avait soi-disant la capacité de matérialiser des objets symboliques, de l’or, des bijoux et de la cendre sacrée devant ses adeptes. Ses devises étaient des plus louables: « aimer tout le monde, servir tour le monde, aider toujours, ne jamais blesser.». C’est ça la force de l’appel des sirènes des religions marginales: le développement de la spiritualité supposée irréalisable dans les religions traditionnelles. La séduction à partir de bons sentiments et la promesse d’une vie dans l’Au-Delà paradisiaque, ou bien encore celle d’une meilleure réincarnation.

En 1999, coup de théâtre! L’Unesco annonce qu’elle retire tout partenariat avec l’association de Satya Saï Baba, en raison d’actes de pédophilie perpétrés par le gourou. Ces actes n’ont jamais été prouvés par voie de justice mais on trouve sur le net de nombreux témoignages d’Occidentaux, relayés notamment par le GEMPPI.

Baba a été accusé de charlatanisme. Il réalisait des tours de magie en les faisant passer pour des miracles. Réalisant la supercherie, certains adeptes se sont détournés de lui. De reconnaitre que pour les gens de son village, il s’est montré un bon samaritain. Il a créé un véritable trust, et la fortune de « Babaji » (saint homme) a été estimée à 170 millions de dollars.

Cette fortune provenait essentiellement des dons des adeptes occidentaux en quête de spiritualité. Avec cette fortune, il a fait construire une ville moderne et un hôpital où il est mort. Ses centres d’enseignement pour Occidentaux étaient décrits comme des villages comparables à ceux du Club Med. Distributions gratuites et à foison de glaces, et buffet luxuriant à l’Occidentale.

La face obscure de Baba à l’instar des deux visages de Janus montre qu’il était un gourou, terminologie culturelle en Inde, mais en Occident, elle renvoie à une personnalité totalitaire (et charismatique) comme on peut l’observer dans les groupes sectaires. Il a été rapporté que certains de ses adeptes avaient subi un conditionnement mental à partir d’E.M.C (état modifié de conscience). C’est une pratique de manipulation bien connue, et dans les grands rassemblements, les individus sont particulièrement suggestibles. Les états d’auto-hypnose durables peuvent favoriser des hallucinations individuelles et collectives.

L’autre versant du film est celui d’une spécialité qui est celle du « déprogrammeur de sectes ». Cette pratique controversée est apparue aux États-Unis à la fin des années 70, en plein boum du New Age, foisonnant de nouveaux mouvements religieux (NMR). La déprogrammation fait usage de la force en enlevant et en séquestrant l’adepte pour le forcer à abjurer ses nouvelles croyances jugées erronées ou dangereuses. La coercition physique, ni plus ni moins.

Comment a-t-on pu concevoir une telle une méthode, ayant pignon sur rue, à base de coercition mentale et physique pour sortir les gens des groupes sectaires?

Les parents qui se tournaient vers les déprogrammeurs ont été séduits par ces méthodes d’exfiltration et de déconditionnement suivies de re-conditionnement. Comme si le cerveau d’une personne était programmable à l’instar d’un ordinateur. La technique était présentée sous le masque d’une méthode scientifique agréée officiellement.

Le deprogramming s’est développé sans contrôle jusqu’en 1980. Pour Anton Shupe et Susan E.Darnel, la théorie du deprogramming est pseudo-scientifique. À leur début, ces spécialistes des sectes, intervenaient en évoquant leurs actions comme de la déprogrammation. L’idée reposait sur le postulat de l’endoctrinement, du lavage de cerveau subis par les adeptes. Cela supposait que « les jeunes convertis étaient incapables de gérer leur propre vie et de prendre des décisions » (Shupe et Bromley 1980). Les premiers exfiltreurs de sectes pensaient que l’opinion publique plébiscitait leurs méthodes. Ils cherchaient à restaurer la personnalité antérieure de l’adepte, et leurs méthodes reposaient sur la coercition mentale et physique. Elles étaient justifiées comme «un mal nécessaire ou une réponse appropriée à une crise sociale et mentale» (Delgado, 1977, 1984). Finalement, pour les chercheurs en sciences sociales, la déprogrammation fût perçue comme de la répression spirituelle.

La plupart des chercheurs en sciences sociales se sont opposés au développement du rôle interprétatif et pseudo-scientifique de la déprogrammation en santé mentale. Depuis 1990, il n’y a quasiment plus d’enlèvements par les déprogrammeurs. Ils ont été remplacés par des consultations et des programmes de départ volontaire des adeptes de ces sectes: l’exit counseling, plus efficace et moins controversé que la déprogrammation.

Les réussites des Exit Counseling (conseillers de sortie) reposent sur les processus de changement d’attitude connu en psychologie sociale, la théorie de l’engagement et la modification comportementale. Mais « ces conseillers en sortie » continuent de décrire leurs succès en termes de contrôle mental et de personnalité réorganisée. Si leurs méthodes sont critiquées par les sociologues de la religion, elles auraient plus la faveur des professionnels de la santé mentale. Sans qu’on en sache plus. Probablement par des béhavioristes et comportementalistes.

Un grand nombre des techniques pour faire sortir quelqu’un d’une secte proviennent d’un certain Joe Szimhart. Il a été impliqué dans 300 cas dont 10% d’exfiltrations forcées. En 1991, il a arrêté ces deprogrammings forcés en raison d’accusations criminelles portées contre lui lors de l’échec d’une déprogrammation dans l’Idaho.  Une profession lucrative lorsqu’on sait que les honoraires de Szimhart en 1991 se situaient entre 300 et 400 dollars par jour. Un quart seulement de ses consultations par téléphone étaient gratuites.

 Le sociologue Kent a interrogé des centaines d’adeptes, d’ex adeptes, des membres de leur famille qui  avaient été concernés par la déprogrammation. À cette époque, les déprogrammations forcées étaient fréquentes. Les parents qui faisaient appel aux déprogrammeurs croyaient sincèrement que leurs enfants étaient victimes d’un lavage de cerveau du à certaines techniques totalitaires attribuées aux religions marginales.

Il faut remettre la notion de lavage de cerveau dans le contexte des années 70. Cette notion a marqué l’esprit de l’opinion publique par des faits divers médiatisés comme l’affaire Charles Manson et l’assassinat de Sharon Tate, la compagne de Polansky et celle de Patricia Hearst, fille d’un magnat de la presse, kidnappée qui va tomber amoureuse de son ravisseur. Et en 1978, il y a eu l’assassinat suicide de Jim Jones et de ses disciples à Jonestown (Guyana, colonie britannique). Jim Jones était le pasteur d’un groupe religieux d’inspiration protestante qui avait fondé le « Temple du  peuple », une colonie agraire. Il mena des centaines d’adeptes dont 300 enfants dans un suicide collectif au cyanure. La thèse de l’assassinat est mêlée à celle du suicide collectif dans cette tragédie.

Toutes ces affaires médiatisées ont contribué à ancrer dans l’esprit du public la notion de groupe religieux dangereux et liberticide, et permis aux déprogrammeurs de première génération de proposer leurs services pour aider les parents, victimes indirectes de ces religions marginales. Le remède fût parfois pire que le mal. De nombreuses personnes furent brisées par les techniques de déprogrammation. Une approche pseudo-scientifique à la violence égale aux techniques d’endoctrinement des groupes totalitaires. Les personnes étaient privées de sommeil et surveillées en permanence par les déprogrammeurs. Le harcèlement était incessant à la manière des interrogatoires policiers. Les victimes étaient poussées à bout dans leurs retranchements psychologiques, et à un certain moment craquaient en faisant repentance.

L’un des indices de succès du déprogramming, interprété comme un signe de la libération de la personne (comme s’il s’agissait d’un exorcisme) était le « soulagement émotionnel » de la victime. Elle a enfin retrouvé la raison!

Quelques témoignages, relatés de-ci de-là, montrent la brutalité des méthodes censées rééduquer la personne qui était supposée avoir subi un « lavage de cerveau ». Entre autres, celui de David Moore, adepte de Hare Krishna à Los Angelès, qui fut enlevé et séquestré dans une chambre de motel à Chula Vista (Californie). Il fût malmené par un déprogrammeur commandité par ses propres parents, qui selon lui, l’a battu et harcelé mentalement, torturé avec de la glace sur le corps jour et nuit afin de lui faire renier ses croyances religieuses.

Une adepte de Moon, Sherri, 26 ans fût séquestrée chez elle pendant 75 jours avant de pouvoir s’échapper. Les fenêtres avaient été scellées et les serrures changées et fût soumise à l’Inquisition par les déprogrammeurs. Sans résultat.

Brian Sabourin, un adepte de Moon, vécut la même épreuve qui se solda par une dépression.

Dans les années 80, Le psychiatre Robert Jay Lifton recommande de bannir la terminologie de lavage de cerveau. Ce terme a engendré beaucoup de confusion. Robert Jay Lifton, dans son ouvrage « Psychologie du totalitarisme » a dégagé huit critères permettant d’évaluer le totalitarisme idéologique et sa mise en oeuvre dans des groupes, institutions, etc.

Robert Jay Lifton s’est illustré dans l’étude des méfaits de la guerre sur la psyché humaine. En 1961, il s’est penché sur la manipulation mentale pratiquées par les sectes ou la Chine maoïste. Il a créé le terme de « Though-Terminating cliché ». Il s’agit de phrases, d’aphorismes ou de notions aptes à empêcher une réflexion d’aboutir. C’est un procédé rhétorique de manipulation utilisé régulièrement pour souder une société, une communauté religieuse. C’est un raisonnement fallacieux.

Le psychologue Edgard.H.Schein a posé le problème de l’endoctrinement généralement accepté dans notre culture et celui des prisonniers de guerre américains en Corée poussés par leurs geôliers à devenir communistes. Il s’est interrogé pour savoir si la méthode tient au contenu de l’endoctrinement ou bien à la persuasion coercitive. « Dans sa structure fondamentale, la persuasion coercitive chinoise n’est pas tellement différente de la persuasion coercitive dans les institutions de notre société dont le but est de modifier les croyances et les valeurs fondamentales.»  Pour Shein, les techniques de « lavage de cerveau » dans les camps de prisonniers ont généralement été inefficaces. Elles n’obtiennent que la modification du comportement sur le court terme. Son point de vue a été critiqué par ceux qui allèguent une modification profonde de la psyché dans le cas des techniques prosélytes utilisées dans les religions marginales ou groupes totalitaires. Edgar Shein reconnaît la difficulté de discerner la coercition acceptée et la coercition subie. L’information reste encore le meilleur moyen de prévention sur les techniques de prosélytisme des groupes totalitaires.

Après, le degré d’emprise mentale avec celle de la perte du libre arbitre reste à définir, et  c’est subjectif. Si l’on aide un adepte à sortir d’une secte, comment l’aider à se reconstruire en sachant qu’il est impossible de retrouver sa personnalité antérieure?  L’ex-adepte doit pouvoir s’insérer dans la société et vivre comme tout le monde.

Le métier de déprogrammeur a changé depuis ses débuts. En 1988, un ancien adepte de Moon,  Steven Hassan a créé le concept d’exit-counseling, exfiltreur de secte. Il avait lui-même subi un deprogramming qui l’avait laissé sur le carreau. Il a quitté la secte mais l’esprit en miettes: « Je comprends que mes parents m’aient fait subir ce qu’on appelle « un deprogramming »mais je n’en suis pas sorti indemne d’une certaine façon, ils ont utilisé les mêmes armes que la secte. » Pendant des années, il mettra au point une méthode basée non sur la contrainte mais sur le dialogue avec la famille et l’adepte. Un exit counseling réussi « est le fruit d’un long travail en amont et d’une collaboration étroite avec les proches de la victime. » Steven Hassan est à la tête d’une véritable entreprise, le Freedom Of Mind Resource Center (Massassuchets). Il a exfiltré des centaines de personnes.

Et l’exit counseling en Europe?

Il existe en Italie et a été introduit en France depuis quelque années par un avocat. Il a été utilisé, notamment, avec une partie des « reclus de Monflanquin ». L’affaire se termina par la condamnation à dix ans de prison du gourou Thierry Tilly. L’exit counseling est très peu connu en France. Il est coûteux (parfois plus de 20 000 euros), et il serait mis en oeuvre des techniques de psychologie comportementale.

L’équipe, selon le Nouvel Obs, se compose de cinq personnes: un détective, deux psychologues, un psychanalyste et un avocat. Sous la supervision d’un avocat chargé du respect du cadre légal. « L’intervention se monte comme une interpellation dans le milieu judiciaire », raconte un gendarme en contact avec le groupe. Cette technique étant confidentielle en France, il est de bon aloi d’être dans la suspension du jugement tout en s’interrogeant de savoir s’il n’y a pas d’autres méthodes prônées par les professionnels de la santé mentale pour aider les victimes à sortir du piège de l’emprise mentale. Voilà l’état des lieux de l’exit counseling d’aujourd’hui, et on ne dispose pas suffisamment de données pour évaluer l’efficacité et le bien fondé de cette méthode sur le plan de la psyché. « Le totalitarisme veut atteindre la racine même de la pensée et de la sensibilité, tuer la source de l’indépendance intellectuelle et morale en chaque individu…il veut se substituer à nous en chacun de nous, régner en maître à l’intérieur des consciences.» (Jean-François Revel).

Holy Smoke de Jane Campion reste un film sur les incertitudes de la spiritualité, le choix des croyances religieuses et le libre arbitre, et sur la manipulation mentale. Nous sommes tous manipulés et tous manipulateurs.

Sources:
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140716.OBS3843/l-exit-counseling-ou-comment-exfiltrer-les-adeptes-des-sectes.html http://www.cicns.net/Deprogramming.htm
http://fr.metrotime.be/2015/03/03/must-read/le-gourou-dune-secte-a-convaincu-400-hommes-de-se-castrer/ http://ns4005993.ip-192-99-13.net/saibaba1.htm

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=1061 http://derive-sectaire.fr/aider-quelquun-a-sortir-dune-secte/2243-2/          

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L’AFFAIRE CARLSON, UNE SOMBRE AFFAIRE DE DÉRIVE EN PSYCHOTHÉRAPIE

À partir des années des années 70, le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire. Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alters qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte.

©Aykkut Aydogdu, https://www.aykworks.com/

C’est un cas d’école illustrant une dérive de la psychothérapie, et bien qu’il date de 1989 et se déroule aux États-Unis, il reste (hélas) intemporel sur les conséquences dues à une mauvaise psychothérapie. La patiente qui en fut victime paya un lourd tribut, durant trois ans, concernant son état psychologique.

La victime de cette prise en charge ratée s’appelle Élisabeth Carlson. Elle a trente cinq ans, mariée et mère de deux enfants. Elle vit dans une coquette banlieue de Minneapolis, mais elle doit être hospitalisée à l’hôpital United de St Paul pour une dépression chronique familiale. La psychiatre Diane Hulmenansky, exerçant dans cet hôpital, va devenir son médecin référent et continuera à la suivre après sa sortie. Élisabeth Carlson fait confiance immédiatement à ce médecin qui lui parait compétente et un ange de douceur.

Lors de l’anamnèse, Diane H demande à Élisabeth si elle avait déjà entendu des voix dans sa tête. Compliante, Élisabeth lui demande s’il s’agit du dialogue intérieur, les pensées intimes que nous avons tous, quand on se dit mentalement « je n’aurais pas du faire ça ». Diane H lui confirme qu’il s’agit bien de ça et lui demande s’il lui est arrivé de louper la sortie de l’autoroute car elle pensait à autre chose. Sa patiente confirme qu’effectivement ça s’est déjà produit.

C’est alors que la psychiatre remet en cause le diagnostic initial de dépression, et lui annonce qu’elle souffre du Syndrome des Personnalités Multiples (MPD), très difficile à diagnostiquer chez les femmes. Diane H promet à sa patiente qu’elle va pouvoir l’aider à s’en sortir.

Quelques mots succincts sur ce fameux MPD! À partir des années des années 70, le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire. Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alter ego qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte. Les alter ego se conduisent à l’opposé de la personnalité, et émergent curieusement avec une thérapie à base d’états modifiés de conscience censées faire remonter des souvenirs. La personne ainsi diagnostiquée est complètement amnésique de ce qu’elle a pu faire ou dire de longues heures quand elle est sous l’emprise des alters. Pensez à la célèbre histoire du Dr Jeykill and Mr Hyde de l’écrivain Louis Stevenson.

La nature des alters en dit long sur la joyeuseté de ce diagnostic. Dans le livre Science and Pseudoscience, il a été rapporté comme alters Mr SPock, le personnage de fiction aux longues oreilles de la série télévisée Star Strek, des licornes (en plein mouvement du New Age), la fiancée de Satan, des gorilles, des tigres. Aujourd’hui, dans le DSM V, le Trouble de la Personnalité Multiple est remplacé par celui du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI) mais le concept de multiples personnalités continuent à inspirer les auteurs et scénaristes .

Après ces digressions nécessaires, revenons au cas d’Élisabeth Carlson. Quelle est la méthode du Dr Humanansky pour sortir Élisabeth de son enfer psychologique?

La psychiatre remet à sa patiente une liste de best-sellers populaires à lire pour la conforter dans son diagnostic de MPD. Un ersatz de bibliothérapie ! La liste vaut le détour. D’abord « le Courage de guérir », la bible des thérapeutes de la mémoire retrouvée. « Michelle se souvient »( sur les rituels sataniques). Les trois visages d’Eve. Quand le lapin hurle (autobiographie de Truddi Chase sur ses multiples identités.

Avec Diane H, Élisabeth va suivre des séances « d’imagerie guidée » pseudo thérapie inspirée du New Age et d’hypnose (il ne s’agit pas de l’hypnose médicale qui elle a toutes ses lettres de noblesse ), méthodes controversées à base de suggestion manipulant la mémoire censées faire remonter ses souvenirs, et débusquer ainsi les personnalités multiples qui seraient à l’origine du MPD.

Tout changement de comportement et d’humeur d’Élisabeth est interprété comme la manifestation d’un alter. Outre des doses massives de psychotropes, Élisabeth reçoit des injections d’Amythal, le fameux sérum de vérité, prescrit larga manu à cette époque. Lors d’une de ces séances, elle se serait crue dans une scène du film culte « L’Exorciste ». Un alter démoniaque se manifesta, crachant et éructant comme dans le film l’exorciste. De fil en aiguille, Élisabeth fut persuadée qu’elle avait été abusée sexuellement dans un secte sataniste, enrôlée de force par ses parents. Tout comme le MPD, à l’époque le diagnostic de Rituel satanique d’abus sexuels (SRA) complétait souvent celui de MPD.

En plus de ce traitement de choc, Élisabeth suivait également une thérapie de groupe des personnes souffrant comme elle de MPD.

Deux ans passèrent, et l’état d’Elisabeth empira et elle dut être hospitalisée cinq fois. Entre deux internements, elle vivait recluse dans sa chambre, incapable de s’occuper d’elle et c’est sa fille qui la prenait en charge.

C’est alors que son groupe de thérapie des MPD décida de quitter le Dr Humenansky pour prendre son indépendance. En discutant entre eux, les membres s’aperçurent qu’ils partageaient les mêmes souvenirs tirés des mêmes livres et des mêmes films. Forte de cela, Élisabeth reprit du poil de la bête, réussit à se sevrer des médicaments et put enfin s’occuper de sa maison et de sa famille. À leur grande joie!

En 1992, Élisabeth devant sa télévision tombe sur un talk show consacré au syndrome des faux souvenirs! Elle appela la numéro de téléphone inscrit sur la bande annonce. Elle fut alors mise en contact avec d’autres victimes de faux souvenirs.

Elle engagea l’avocat Christopher Barden qui gagna son procès contre Diane Humanansky. Barden qui était également titulaire d’un doctorat de psychologie réussit à convaincre la cour de l’impact de la suggestion et la manipulation de la mémoire qui avaient induit des faux souvenirs. Grâce à lui, Élisabeth Carlson, gagna son procès avec une coquette somme de dommages et intérêts, et elle a fondé depuis une association contre la fraude en thérapie et les dérives pseudo-scientifiques.

Quant à Diane Humanansky, elle fut suspendue par l’ordre des médecins (l’équivalent américain). Une vingtaine de patientes ont porté plainte contre elle. Dix ont allégué qu’ils avaient été induits en erreur par son diagnostic d’un trouble de la personnalité multiple et de faux souvenirs d’abus sexuels.

L’engouement pour le diagnostic de MPD et ces thérapies de la mémoire retrouvée ont culminé de 1993 à 1994. 40 000 cas de MPD ont été diagnostiqués par des professionnels de la santé. Le MPD se comprenait à l’époque comme une sous catégorie d’hystérie concernant les femmes.

J’ai trouvé une analyse intéressante dans un article datant de 1998 publié dans le New Yorker dont voici les grandes lignes
Le MPD avec son cortège de thérapies de la mémoire retrouvée prend sa source dans les années 70 avec le mouvement de protection de l’enfance et fut rejoint par la suite par les féministes. Ceux qui remettaient en cause les allégations du MPD étaient accusés de protéger les crimes sexuels. En fait, le MPD répond en tout point à une épidémie psychologique comme d’autres à cette époque.

La critique littéraire Elaine Showalter attribue la propagation de ces nouvelles épidémies psychologiques à  la troisième vague des féministes, celle que l’on appelle le féminisme victimaire. Le néo-féminisme.

La fin à ce dévoiement fut le SRA (rituel d’abus satanique), épidémie lancée en 1980 par le livre « Michelle se souvient », où Michelle Smith décrit les abus sexuels dont elle fut victime, après s’en être souvenue en thérapie avec son thérapeute et mari (semble-t-il) Lawrence Pazder. En 1983, devant l’explosion de cas de SRA, le FBI enquêta sur plus de 300 allégations, et on s’en doute ont fait chou blanc. Au fil du temps, les victimes poursuivirent les thérapeutes pour mauvaises pratiques, et la jurisprudence américaine est prolixe sur ce sujet.

L’histoire d’Élisabeth Carlson révèle la difficulté d’une prise en charge en psychothérapie, de poser un diagnostic et dans certains cas, le remède peut s’avérer néfaste pour les patients quand la pseudo-science s’en mêle. La, il s’agissait de la méconnaissance de malléabilité de la mémoire et de la suggestibilité des personnes méconnues par ces thérapeutes.

https://www.newyorker.com/magazine/1998/04/06/the-politics-of-hysteria

à la Une

AU SUJET DU LIVRE « SCIENCE ET PSEUDO SCIENCE EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE ».

C’est un livre fondamental pour toute personne soucieuse de s’informer judicieusement sur les psychothérapies pseudo scientifiques à partir de la littérature scientifique.

9781462517893

La pseudo science avance masquée. Nous ne sommes pas toujours critiques face à la multiplication des études qualifiées de scientifiques sur des thèmes à forte connotation idéologique, et publiées dans la presse grand public. Nous les prenons comme des vérités. Ors, beaucoup de ces publications sont de la « Junk Science ».

Depuis plus de trente ans, certaines théories et techniques de psychothérapie prétendent traiter les troubles de la psyché, et ce sans avoir fait la preuve de leur efficacité, de la rigueur scientifique voire de l’éthique. Certaines d’entre-elles ont même aggravé ou déstabilisé psychologiquement des patients qui ont fait confiance à des thérapeutes incompétents. Ces derniers mal formés, parfois malhonnêtes, bref douteux.

Les chapelles ou les courant de psychothérapie, diagnostics basés sur des grilles de lecture ou des théories pseudo scientifiques sont légion. Et comment s’y retrouver dans cette jungle?

L’image mise en avant dans  ce post est celle de la couverture du livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology de Scott O. Lilienfeld, Steven Jay Lynn et Jeffrey M.Lohr. Uniquement disponible en langue anglaise. Fort dommage qu’il ne soit pas traduit en français mais le seul titre est éloquent sur son contenu: la science versus pseudo science en psychologie clinique. C’est un livre fondamental pour les étudiants en médecine,  les étudiants en psychologie, des juristes, des chercheurs et toute personne soucieuse de s’informer judicieusement sur les dérives des psychothérapies à partir de la littérature scientifique.

L’une des particularités de cet ouvrage est d’avoir été répertorié un temps dans la base de données Pubmed/Medline.

Dans cet ouvrage, les rédacteurs et les auteurs-contributeurs représentent divers milieux cliniques et universitaires. Le texte et divisé en 5 sections. Il fait état des controverses dans l’évaluation et le diagnostic les controverses générales en psychothérapie. Aussi dans le traitement des troubles spécifiques chez l’adulte et chez l’enfant également. De nombreux sujets sont abordés, tel que l’autisme, le stress post-traumatique, celui de l’identité dissociative et les antidépresseurs (y compris ceux à base de plantes). Chaque sujet cite la littérature scientifique qui soit confirme, soit réfute chaque méthode de traitement proposé à partir de la littérature scientifique.

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Il y a eu deux versions de ce livre. La première date de 2003 (celle répertoriée sur Pubmed). Et la seconde de 2013. Je suggère de disposer des deux éditions car certains chapitres de La première version sont différents de la seconde version même si l’esprit est le même. La direction collégiale comme Scott O. Lilienfeld, Steven Jay Lynn et Jeffrey M.Lohr n’a pas changé, mais certains auteurs ne figurent plus dans la deuxième version. Dont l’excellente psychiatre Margaret Thaler Singer, Phd, department of psychologie, state University of New York at Binghammon (NY).

Margaret est l’auteure du livre « Crazy Therapies » qui dénonce les thérapies du New Age qui participent joyeusement à diffuser la pseudo science en psychiatrie et en psychologie. Livre non plus traduit en français. Elle a voulu introduire dans le DSM (le manuel si honni en France des troubles psychiatriques), le False Memory Syndrome, traduisible en français par les « faux souvenirs induits » causés par des thérapies pseudo scientifiques à base de suggestion et de manipulation de la mémoire. Fausses accusation d’inceste, notamment qui ont amené des pères devant les tribunaux et en prison, tout ceci à cause d’experts-thérapeutes qui avaient falsifié la mémoire de leurs filles.  Dans la première version du livre Science and Pseudoscience, Margaret Thaler Singer a contribué au chapitre 7 intitulé « New Age thérapie ». Malheureusement, malgré sa pugnacité, sa proposition d’inclure le syndrome des faux souvenirs dans le DSM fut rejetée. Elle est décédée en 2003, mais son regard acéré sur les dérives des psychothérapies est toujours d’actualité.

Dans la deuxième version, il y a de nouveaux auteurs qui évoquent également les faux souvenirs est la malléabilité de la mémoire. Dont la psychologue cognitiviste  Élisabeth Loftus, auteure du livre incontournable « Le Syndrome des faux souvenirs, ces psys qui manipulent la mémoire ». Dans cette deuxième version du livre Science and Pseudo science, elle a participé à la co-écriture du chapitre 8 intitulé « Constructing The Past , problematic memory Recovery Techniques in psychothérapy ». Tout un programme!

L’ouvrage « Science and Peudoscience » a reçu l’aval de nombreux professionnels de la santé mentale.

« Il représente une tentative très bienvenue de séparer le blé de l’ivraie dans les pratiques de santé mentale. Cette livre incisif et éclairant doit être amplement lu par les professionnels de la santé mentale, les stagiaires et les médecins qui ont besoin de savoir de quoi il retourne sur les pratiques de santé mentale pour orienter leurs patients.» (Journal de l’Association médicale américaine (la première édition), l’une des revues scientifiques majeures.)

Ou encore « Un livre important. L’accent est mis de plus en plus sur l’évaluation et la thérapie « fondées sur des preuves », mais la science peut être utilisée de manière substantielle ou rhétorique. Ce livre fait un excellent travail en distinguant les deux d’une manière cliniquement pertinente. Ceux qui vendent des thérapies pseudo scientifiques illégitimes à des personnes en détresse violent l’impératif moral de « ne pas faire de mal ». La deuxième édition mise à jour met à jour les principales controverses actuelles et sa liste d’auteurs est impressionnante. Une lecture obligatoire pour les professionnels de la santé comportementale. » (William O’Donohue, Ph.D., Département de psychologie et directeur, Centre de traitement des victimes d’actes criminels, Université du Nevada, Reno)

« Face à des mythes et à des interprétations erronées des pratiques de psychologie clinique, cette deuxième édition transmet des connaissances importantes dans un format accessible. En plus des mises à jour d’experts sur les chapitres existants, il y a plusieurs nouveaux chapitres que je trouve particulièrement précieux. Le chapitre sur la thérapie d’attachement apporte des corrections indispensables aux incompréhensions dangereuses et le chapitre sur la science de la psychothérapie a été largement réécrit, apportant de nouveaux points puissants ( Sherryl H. Goodman, Ph.D., Samuel Candler Dobbs Professeur de psychologie, Université Emory; Éditeur, Journal of Abnormal Psychology )

Ce livre constitue une base de données sérieuses pour toute personne voulant s’informer suivant les règles de « l’Evidence Based Science ».

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC353046/

Vidéo sur les Faux souvenirs:

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COVID-19: LA MÉTAPHORE DU LOUP, DU BERGER ET DU MOUTON

Il s’agit d’une expérience à faire en famille ou entre amis à l’aide d’un jeu de rôles s’appuyant sur une métaphore digne d’une fable de Jean de La fontaine.

On entend souvent parler d’intelligence collective pour évoquer les comportements de groupe! Que désigne-t-elle? Elle sert à désigner l’émergence des nouveaux modes de communication, l’accès au savoir et les relations entre individus dans le cyberspace. Pierre Levy pense qu’il faut développer une véritable anthropologie dédiée au milieu virtuel. « Les nouveaux moyens de communication permettent aux groupes humains de mettre en commun leurs imaginations et leurs savoirs»; l’intelligence collective en est le vecteur.

Joseph Henrich, professeur de biologie évolutive humaine, également dans une perspective anthropologique développe dans son livre « L’Intelligence collective, comment expliquer la réussite de l’espèce humaine », la manière dont l’intelligence collective influence notre développement génétique à travers la culture. L’intelligence collective, c’est la culture. Sans elle, l’accès à cette source de savoir accumulée au fil du temps et au fil des générations, nous serions incapables de survivre. Dans son livre, écrit-il: « Ce sont nos cerveaux collectifs à l’oeuvre sur des générations, et non la puissance d’inventions innées ou les facultés créatrices, qui expliquent les technologies sophistiquées de notre espèce et son incroyable succès écologique.» Cela n’exclut pas l’innovation par les cerveaux les plus doués, mais la mise en pratique passe par le groupe qui a mis en commun ses compétences complémentaires. Cela inclut également une interconnexion entre membres ayant chacun un savoir faire. Je vais étayer mes propos en revenant à l’Intelligence Artificielle (IA) et à ses applications dans le domaine médical. Un exemple parmi d’autres. Ainsi « Une approche basée sur le machine-learning (une technologie d’IA explicitement liée au Big Data) assiste les médecins pour diagnostiquer les tumeurs cérébrales. Derrière tous ces programmes qui semblent ne faire qu’un, il y a d’abord l’intelligence humaine (en général). Celle des ingénieurs, des informaticiens et des médecins. C’est un ensemble de compétences scientifiques qui les ont créés. Illustration d’intelligence collective au sens cité précédemment.

Que l’on ne s’y méprenne pas, parler d’intelligence collective ne signifie pas le collectivisme qui renie l’individualité et rogne la liberté par la coercition. La liberté et les respect de l’individualité, celle de la psyché ( le domaine de la psychologie) sont des conditions sine qua none pour que s’exerce l’intelligence collective. Ni la solidarité, mot usité aujourd’hui encore à tort et à travers. L’intelligence collective passe d’abord par le respect de l’intégrité de l’individu humain, le respect de son autonomie au niveau des activités sociales et des ses relations interpersonnelles.

Comment l’intelligence collective pourrait-elle nous aider dans la pandémie actuelle? Le docteur en psychologie cognitive Émile Servan-Schreiber l’évoque dans un récent article du Point. J’ai relevé un passage lumineux où l’intelligence collective pourrait s’avérer judicieuse lors du déconfinement, et Émile Servan-Schreiber propose une une expérience à faire en famille, entre amis ou au bureau! C’est un jeu de rôles s’appuyant sur une métaphore digne d’une fable de Jean de La Fontaine. Elle aurait pu s’intituler le Loup, le berger et ses moutons.

« Chacun reçoit les instructions suivantes : « Vous êtes un berger. Choisissez secrètement autour de vous une personne qui sera votre loup et une autre qui sera votre mouton. Au signal, déplacez-vous afin d’être toujours interposé entre votre loup et votre mouton. » Si chacun s’occupe ainsi de protéger autrui, le groupe deviendra de plus en plus dense jusqu’à faire bloc. Métaphoriquement, c’est la cohésion sociale parfaite. Mais d’autres instructions produisent l’effet inverse : « Vous êtes un mouton. Choisissez secrètement autour de vous une personne qui sera votre loup et une autre qui sera votre berger. Au signal, déplacez-vous afin que votre berger soit toujours interposé entre le loup et vous. » Quand chacun ne cherche ainsi qu’à se protéger, le groupe se disperse en un mouvement chaotique infini. À nous de choisir entre l’intelligence collective d’une société de bergers ou l’aliénation d’un peuple de moutons. »

Alors comment vous définissez vous chers lecteurs? Berger ou mouton? Le loup symbolise le virus, vous vous en doutiez, le berger représente celui qui respecte les gestes barrières, la distance sociale pour préserver les plus vulnérables; celui qui prend soin des autres! Et le mouton…à vous de vous définir…

Un chouette exercice à faire qui aiguise notre sens de la responsabilité envers les autres concernant la contagion virale de la Covid-19. Mieux que la litanie des interdictions diverses délétères pour la psyché qui à force d’être martelées vous enfonce dans la résignation acquise et vous met au trente sixième dessous en annihilant tout espoir ! L’esprit de la métaphore du berger et du mouton est celle du courant humaniste dont le précurseur fut Abraham Maslow, ainsi que du courant positiviste. C’est un exercice ludique de thérapie cognitivo – comportementale.

Alors, osez faire expérience et n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

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LA ROBOT-THÉRAPIE, UN AVENIR PROMETTEUR!

Grâce au bot Tree Hole, l’équipe de psychologues a évité plus de 1000 suicides de jeunes Chinois. Selon l’OMS, le suicide est la deuxième cause de décès parmi les 15-29 ans.

L’Intelligence Artificielle a fait son entrée dans le domaine de la santé! L’une des questions qui se pose est de savoir si l’IA remplacera à temps plein les soignants ou en sera un simple auxiliaire? L’avenir nous le dira! Ne rejetons pas l’IA en pensant aux films cauchemardesques de SF hollywoodiens, ce serait vraiment dommage!

Certains programmes de deep-learning surpassent incontestablement les capacités humaines; les plus connus du grand public sont la reconnaissance d’image, la voiture autonome, le diagnostic médical et les robots intelligents. Concernant le diagnostic médical, une approche basée sur le machine-learning (une technologie d’IA explicitement liée au Big Data) assiste les médecins pour diagnostiquer les tumeurs cérébrales. Un exemple parmi d’autres. Derrière tous ces programmes qui peuvent faire douter de nos capacités cognitives, il y a d’abord l’intelligence humaine et les compétences scientifiques qui les ont créés.

Incontestablement, l’IA dépasse certaines capacités cognitives. Mais ce n’est pas le QI! Kai-Fu-Lee dans son livre « IA, La plus grande mutation de l’histoire » raconte qu’il a mis au point, en 1986, le logiciel qui a gagné contre un Américain le championnat du monde d’Othello (version simplifiée du jeu de go). En 1997, l’ordinateur Deep Blue d’IBM a vaincu le fameux champion du monde d’échecs Garry Kasparov lors d’une partie appelée « Le baroud d’honneur du cerveau ». De quoi inquiéter l’opinion publique qui pense que dans un avenir proche les robots vont prendre le contrôle de l’humanité et l’asservir! Nous en sommes loin! Il y a derrière le succès de Deep Blue la main et l’intelligence de l’homme. Le matériel informatique avait été programmé pour générer et évaluer rapidement les positions de chaque coup, et la conception du logiciel avait requis la contribution de champions d’échecs en chair et en os! L’histoire du Chinois Ke Jie, superstar professionnelle du jeu de go, est éloquente. Il se vantait à qui voulait l’entendre de gagner contre Alphago, un programme de Deepmind. Il fut battu à plates coutures dans des conditions psychologiques éprouvantes durant les deux premiers matchs; épuisé, il déclara forfait pour le troisième. Qu’à cela ne tienne, il fut applaudi et soutenu par le public chinois, montrant ainsi que c’est la psyché humaine qui compte avant la machine, et que le discernement humain face aux performances de l’IA l’emporte!

Parmi les branches de l’IA, il y a la robotique! La robotique humanoïde conçu comme le plus ressemblant à l’homme semble être son alter ego, et il a fortement inspiré la SF! La robotique humanoïde est un ensemble de machines destinées à aider l’être humain ou le remplacer dans des tâches complexes ou dangereuses. La robotique s’appuie sur d’autres disciplines (la résolution de problèmes, la compréhension du langage, la vision, l’ouïe, l’apprentissage, etc.) et aussi sur l’ingénierie mécanique, électrique, hydraulique. La conception des robots humanoïdes se base également sur l’informatique affective (Affective computing) et sur la robotique cognitive (Cognitive Robotics). En quelques points, la robotique affective est capable de reconnaitre les émotions humaines, c’est à dire l’interaction entre la technologie numérique et les sentiments. Les principales capacités de la robotique cognitive sont de percevoir, représenter, apprendre l’espace, les situations le plus possible proches d’un fonctionnement cognitif induisant des réactions comportementales basiques!

Dans la catégorie des robots humanoïdes et de la robotique cognitive, il y a la robot-thérapie! La robot-thérapie en est à ses prémices mais déjà appliquée en thérapie relationnelle individuelle. D’ailleurs, pour être rigoureux, plus que le terme de robot-thérapie, les articles scientifiques sur le sujet emploient le terme de « robots sociaux ». Ces robots sociaux ont souvent une apparence enfantine, de type jouet ou animaloïde, ce qui va mettre en confiance la personne et en les rendant inoffensifs aux yeux des personnes avec qui ils doivent interagir. Darwin Op, L’un de ces robots sociaux, mis au point en 2014, rend ainsi d’immenses services en psychothérapie.

Darwin-Op aide à socialiser les enfants atteints de troubles psychiques comme l’autisme. Des chercheurs de l’industrie de Georgia Tech ont mis au point ce programme. Cette interface Enfant/Robot est originale car elle place l’enfant dans une dynamique active et non passive; le principe repose sur l’utilisation d’une tablette Android par l’enfant, qui lui va agir en enseignant au robot humanoïde les règles du jeu Angry Birds! Le robot va apprendre les règles du jeu en mimant le comportement des enfants. « Selon la programmation de Darwin-Op, il est possible d’agir sur plusieurs troubles en rééduquant par exemple la coordination entre l’oeil et la main ou la préhension.

Encore une application positive des robots sociaux! Une étude pilote, publiée en juillet 2018, du département de gériatrie de l’hôpital Broca à Paris, a montré une amélioration du bien-être émotionnel et subjectif de patients atteints de troubles neuro-dégénératifs grâce à l’interaction même brève (15 minutes) avec le robot social ©Paro, appelé aussi Blanchon. Paro est une peluche robotisée à la forme d’un bébé phoque à destination des personnes âgées souffrant de a maladie d’Alzheimer. Le petit phoque est capable de communiquer des émotions comme la joie, la surprise ou le mécontentement suivant le contexte. Une étude scientifique, a été réalisée dans onze EPHAD, et elle a montré que la présence de Paro améliorait la prise en charge de la douleur, le comportement, le bien-être et le lien social des résidents.

Les sympathiques robots sociaux ne remplacent évidemment pas le lien social et humain, mais aident les équipes soignantes! Il faut les concevoir comme des co-thérapeutes! Je reconnais que la prudence s’impose au regard de leurs capacités relevant du registre des émotions humaines! L’un des risques majeurs n’est-il pas de s’interroger sur la banalisation de « l’empathie artificielle » au détriment de l’ empathie naturelle? L’homme ne risque-t-il pas de devenir petit à petit asocial, formaté sur un réflexe pavlovien, se contentant de mimer le programme émotionnel d’un robot anthropomorphique, la psyché n’étant plus confrontée à un alter humain? Court-on vers le risque d’un émoussement affectif et émotionnel si les robots sont détournés de leur vocation première de co-thérapeute? Points d’éthique qu’il faut approfondir!

Pour compléter ma galerie de portraits des robots sociaux, citons Matilda qui a été conçue pour tenir compagnie aux personnes âgées et handicapées dans des centres hospitaliers. Matilda mémorise les visages, rappelle les horaires de prise de médicaments et capable d’animer des séance de bingo. Il y a aussi Pepper, qui analyse lui aussi comme ses « congénères » les sentiments comme mais aussi capable de danser, de plaisanter et de mener une conversation. Avec lui, on a presque envie de mener une vie de bâton de chaise!

Avec les robots sociaux, il y a manifestement un fort potentiel thérapeutique comme chez les personnes atteintes de la Maladie d’Alzheimer et dans certaines formes d’autisme. Le robot social joue le rôle d’un objet d’attachement voire d’objet transitionnel à l’instar de celui évoqué par Donal Winnicot pour les jeunes enfants, et transposable aux adultes. Manifestement, objet aussi de projections des émotions et sentiments.

La chercheuse en psychologie libanaise Ritta Baddoura dans son excellent article « Le potentiel thérapeutique de l’interaction homme-robot »reconnait que l’usage thérapeutique des robots sociaux n’en est qu’aux prémices. Elle souligne, avec éthique, les failles méthodologiques des études dont la brièveté de leur durée, les populations hétérogènes et l’absence de groupes contrôle en vigueur dans toute recherche scientifique académique. Si l’usage des robots sociaux est prometteur, il faut rechercher l’impact, à moyen et long terme, les éventuels effets indésirables comme d’éventuels le risque de générer des troubles psychiatriques qui leur sont liés (ou d’aggraver certains états) qui restent à ce jour inconnus, et qui devront pourtant être étudiés.

« L’écrasante majorité des ces études se concentre sur le développement robotique plutôt que que sur la mesure et l’analyse de son impact psychologique et mental. »

Personnellement, j’envisage l’avenir des robots sociaux dans une triade patient/thérapeute/robot où le robot est un co-thérapeute! Il semblerait que sur le plan de la recherche, cette interaction soit plus fréquente que celle de la dyade où le thérapeute contrôle à distance le robot.


La technologie moderne, l’IA et les robots sociaux peuvent soulever d’immenses interrogations au sujet de la liberté individuelle et du libre-arbitre. Même si ça ne colle pas stricto sensu à l’IA, je l’illustre par un fait relaté dans le Wall Street Journal: en Chine, dans certaines classes, les élèves sont équipés d’une camera et de capteurs oculaires pour analyser leur cerveau quand ils lisent et écrivent. Les professeurs et les parents y voient des gadgets « boostant » la réussite scolaire d’enfants ainsi « épiés « constamment »! Ne serait-ce pas, ni plus ni moins, que de la persuasion coercitive aux fins de modification du comportement, de la surveillance violant l’intimité psychique d’autrui? Un dévoiement de la technologie moderne, risque majeur applicable à l’IA en général mais aussi de cette discipline passionnante que sont les neurosciences. On freine et on contraint par la force toute forme de spontanéité de l’élève. Pour ces enfants, c’est un cauchemar. Chers lecteurs, êtes vous étonnés?

Malgré un fort risque de mésusage de l’IA en général, encore un apport positif des robots avec Tree Hole! C’est un bot, logiciel automatique ou semi-automatique qui interagit avec des serveurs informatiques. Ce bot est capable de détecter des messages suicidaires sur Weibo ( web chinois )! Il permet ainsi d’aider des psychologues à sauver des vies. Par ses algorithmes conçus pour détecter des messages contenant des idées suicidaires, le bot Tree Hole alerte un groupe de près de 600 spécialistes de la santé mentale, consultants et bénévoles qui vont alors contacter ces personnes à fort risque suicidaire en évitant leur passage à l’acte. Grâce à ce bot, l’équipe a évité plus de 1000 suicides de jeunes Chinois. Selon l’OMS, le suicide est la deuxième cause de décès parmi les 15-29 ans. Alors bravo à l’équipe qui a conçu Tree Hole pour assister les psychologues à être plus efficaces dans leur profession!

Comment fonctionne ce bot anti-suicide? Tree Hole analyse automatiquement Weibo toutes les quatre heures, sélectionnant vers le haut les messages contenant des mots et des phrases inquiétantes comme « mort », « libération de la vie » ou « fin du monde ». Le bot s’appuie sur un graphe de connaissances des notions et concepts de suicide, en appliquant une programmation d’analyse sémantique afin qu’il comprenne que « ne pas vouloir» et « vivre » dans une phrase sont des indices indiquant une tendance suicidaire.

L’IA est manifestement un défi à l’épreuve du feu. Ne nous leurrons pas, il y aura des dérives. Rien ne remplacera la chaleur humaine, mais l’IA offre de vastes possibilités dont il serait dommage de se priver dans le champ de la santé! Apprivoisons la avant de la rejeter, sans nous y soumettre.

Allons nous perdre notre libre arbitre avec la généralisation de l’IA? Les avis sont partagés! On peut appliquer à l’IA cette citation empruntée à Étienne de la Boétie: Pour que les hommes, tant qu’ils sont des hommes, se laissent assujettir, il faut de deux choses l’une: ou qu’ils y soient contraints, ou qu’ils soient trompés.

Je reste résolument positive sur l’apport positif de l’IA! C’est une merveilleuse avancée scientifique et technologique. Le philosophe Luc Ferry reste confiant sur notre capacité à garder notre libre arbitre face à la généralisation de l’IA:

Du reste, que je décide de faire confiance à un humain ou à un logiciel ne change rien à l’affaire, c’est toujours in fine moi qui décide de m’en remettre à un avis que je juge meilleur que le mien. Il est clair que le monde de l’IA nous impose de la vigilance, parler pour autant de «fin de l’individu» est en complet décalage avec la réalité d’un monde où la sacralisation narcissique du moi véhiculée par les théories du développement personnel venues des États-Unis est à l’évidence en progression géométrique.

Vidéo sur Paro, le sympathique robot-phoque.

https://www.google.com/search?rlz=1C5CHFA_enFR800FR800&sxsrf=ACYBGNRrz6cCFFpRB2pZdouaRKYzxbo8QQ%3A1574273349501&ei=RYHVXZufHsmBjLsP6ZCq8AE&q=les+enjeux+de+l%27IA+dans+la+sant%C3%A9+mentale&oq=les+enjeux+de+l%27IA+dans+la+sant%C3%A9+mentale&gs_l=psy-ab.3..33i22i29i30.8561.18225..18815…3.2..0.354.2997.8j15j1j1……0….1..gws-wiz…….0i71j0i22i30j0i22i10i30j33i160j33i21.wtoB14Lw7ZQ&ved=0ahUKEwjb1ZqesfnlAhXJAGMBHWmICh4Q4dUDCAs&uact=5

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AU SUJET DU LIVRE « LA NUIT, J’ÉCRIRAI DES SOLEILS »

«En écrivant, j’ai racommodé mon moi déchiré; dans la nuit, j’ai écrit des soleils.»

La publication d’un livre de Boris Cyrulnik est toujours pour moi l’occasion d’un agréable moment de lecture. Faut-il encore présenter ce neuropsychiatre, aux propos consensuels et qui respirent l’humanisme? Boris Cyrulnik a l’art de réconcilier tous les courants de la médecine, de la psychiatrie, de la psychanalyse et des neurosciences! Je viens de terminer la lecture son dernier ouvrage « La nuit, j’écrirais des soleils », et je m’empresse de vous livrer quelques notes qui vous donneront peut-être envie de le lire! C’est parfois décousu tant est immense la richesse intellectuelle de ce livre qui rebondit de page en page au fur et à mesure de son avancée.

Comme tous ses livres, La nuit, j’écrirais des soleils, s’adresse aussi bien aux professionnels de la santé mentale qu’au grand public! J’ose écrire que c’est aussi un ouvrage de philosophie générale où l’écriture fluide reflète la maturité et l’expérience de la psyché non seulement celle du professionnel mais aussi celle du « Soi » ( imparfaitement résumé au « Moi Intime »), concept jungien! Les professionnels de la santé peuvent approfondir les aspects les plus pointus sur le plan scientifique et des neurosciences de son ouvrage en se référant aux notes de bas de page ou à des des sites spécialisés au fur et à mesure de la lecture du livre si l’envie leur en prend. Boris Cyrulnik donne de nombreuses conférences et participent à différents séminaires et propose des formations continues sur la petite enfance dans le cadre de l’IPE (Institut de la petite enfance). Il a été choisi par l’Élysée avec une vingtaine d’experts pour diriger un comité sur la petite enfance correspondant à un concept médical développé par l’OMS en 2011, celui le « parcours 1000 jours ». Ce concept désigne la période entre le quatrième mois de la grossesse et les deux ans de l’enfant. Cette décision gouvernementale a été considérée par beaucoup de personnes comme une ingérence dans la vie privée des parents dans l’éducation des enfants. À tort ou à raison, mais le choix de Boris Cyrlnik est un gage d’éthique!

Le thème de son dernier ouvrage est celui de l’orphelinage et de la créativité littéraire qui participe à la résilience, mais peut-être pas pour tous les écrivains quand leur enfance fut chaotique. Et à travers l’exemple de nombreux auteurs majeurs et lui-même, Boris Cyrulnik parle de leur petite enfance qui a façonné ces auteurs et il n’hésite pas à parler de lui pour explique son irrépressible besoin d’écrire. Je suggère aux lecteur de consulter son impressionnante bibliographie.

Boris Cyrulnik accorde une grande importance aux mots, certainement comme nous tous, mais il insiste sur la dimension de leur halo affectif qui noue le lien verbal. « Quand un mot parlé est une interaction réelle, un mot écrit modifie l’imaginaire. »

Tout dessin d’un enfant reflète sa créativité pour activer l’attachement à sa mère. La création d’un mot permet d’échapper à l’horreur du réel. Le corps de la mère est une première niche sensorielle qui tutorise les développements de l’enfant. Les développements biologiques et affectifs des tout-petits sont soumis à l’organisation sociale qui va disposer autour de lui des tuteurs comportementaux. Cette niche sensorielle peut-être altérée par des facteurs dont les violences conjugales, la maladie de la mère. Quand cette niche sensorielle est altérée, l’enfant prend un mauvais départ.

Si l’enfant est placé en privation sensorielle pendant les trois premiers mois de sa vie, s’il n’y a aucune stimulation sensorielle, cette carence va induire le vide au fond de lui, comme on le constate chez les nouveaux-nés isolés. Le psychiatre et psychologue René Spitz avait ainsi fait le diagnostic d’hospitalisme en observant les enfants dans un orphelinat. Boris Cyrulnik parle de l’écrivain Jean Genêt, orphelin et élevé dans une famille d’accueil qui lui prodiguera de l’amour mais en vain! Jean ne voyait en elle que le facteur rémunérateur de cette famille d’accueil qui était payée pour s’occuper de lui. À cette époque, les orphelins étaient considérés comme des délinquants en herbe par le fait qu’ils n’avaient pas de famille. Ces enfants étaient soit craintifs ou alors violents. Si en plus, ils versaient dans la délinquance, les préjugés sur leur avenir se renforçaient. Outre René Spitz, Boris Cyrulnik se réfère à la théorie de l’attachement de John Bowlby. Ce qu’il faut retenir de cette théorie de l’attachement de J. Bowlby « est certainement que le lien n’implique pas un état de dépendance, mais au contraire qu’il peut constituer un facteur d’ouverture, de socialisation [1]

L’isolement précoce de l’enfant, la privation de la niche sensorielle altère d’abord le fonctionnement des neurones préfrontaux qui ne sont pas stimulés et s’atrophient en quelque sorte. Le socle neurologique des émotions insupportables via l’amygdale rhinencéphalique n’est plus opérationnel. Ainsi, l’enfant va acquérir une vulnérabilité émotionnelle. Ce qui protège le petit enfant (en référant à J.Bolwby), « c’est un système familial à multiples attachements ».

Ce que note Boris Cyrulnik, c’est l’engouement du public pour les voyous littéraires. Qui se souvient que Rimbaud était un trafiquant d’armes? « Curieux destin que celui des poètes voués à la misère et aux grandes souffrances?» Si Sade a pu écrire sur certains sujets sulfureux, il faut se pencher sur son enfance. Son père avait chassé sa mère pour vivre avec des prostituées, et il fut confié à son oncle, un prêtre à la sexualité libertine. Dans cet exemple, « peut-on parler de relations sexuelles quand il s’agit plutôt d’interactions de génitoires?» Là, on peut affirmer que la femme devient un objet, et sans levée de bouclier néoféministe ou victimaire.

Le développement de l’empathie, cette aptitude à se décentrer de soi pour se représenter le monde des autres dépend des pressions du milieu. L’empreinte du passé, titre de l’un des chapitres, donne un goût et il s’imprègne au cours du développement de l’organisme en empreinte mnésique qui va agir comme un sentiment de familiarité qui le sécurise. À partir de là, une fois le sentiment de sécurité installé, il est possible d’établir de nouvelles relations avec des inconnus. Si la niche sensorielle de l’enfant est altérée, l’organisme n’acquiert pas d’empreinte sécurisante, il s’imprimera dans la mémoire une trace insécurisante. Comme chez les enfants maltraités qui évitent tout contact car ils évitent le stress de la rencontre; leur style relationnel est non socialisant.

L’imagerie cérébrale est capable de voir un cerveau qui a été traumatisé. Les couleurs de l’agonie psychique sont bleues, vertes ou grises. Mais ce n’est pas irréversible, il faut le savoir, et lorsque la vie psychique revient, l’IRM montre que les couleurs deviennent incandescentes, rouges, oranges et jaunes. Magnifique, quand la vie psychique revient, non?

Plus que la force physique, la force mentale organise la résistance à l’épreuve et permet la reprise d’un développement résiliant. Chaque catastrophe sociale et culturelle est une occasion d’évolution. Les épidémies psychiques sont faciles à déclencher. Après un deuil, pour ne pas souffrir de l’angoisse du néant et de l’immobilité du temps, c’est-à-dire de mélancolie, nous sommes contraints à la créativité. Quand l’un des parents meurt, lors des premiers mois de la vie de son enfant, le petit ne peut pas comprendre que son parent est mort, et c’est toute sa niche sensorielle qui s’en trouve altérée. Les endorphines opioïdes euphorisants sécrétés par l’intestin et le cerveau ne sont plus stimulés par les rencontres. Le monde devient hostile à l’enfant, et il invente des réactions pour décrire le Monde ou plutôt une impression, interprétée par son dysfonctionnement neurone émotionnel. Après 6-8 ans, l’enfant souffre intensément de la perte, mais il peut faire son deuil, c’est différent de la privation de la niche sensorielle durant les premiers mois de la vie.

Il y tout un passage sur Alice Miller, ultra connue pour ses travaux sur la maltraitance. Personnellement, je n’ai jamais été enthousiaste envers ses théories que je trouve manichéennes. Son ton m’a toujours dérangée tout en reconnaissant que la maltraitance de l’enfant est insupportable. Et je saisis l’occasion de citer Boris Cyrulnik à son sujet. Alice Miller avait été négligée affectivement dans sa famille. Quand son fils Martin naît, bien que suivant une formation psychanalytique, elle est absolument incapable de voir que son petit garçon est en plein appauvrissement affectif. Martin va d’aillers toujours garder en mémoire la trace de cet isolement affectif.

Alice Miller s’était rendue un congrès sur la résilience organisé par Boris Cyrulnik, et elle n’avait de cesse de dénoncer ce concept! Elle pensait que si les traumatisé s’en sortaient, cela risquait de relativiser le crime de l’agresseur. Tout son travail s’est inspiré de sa propre enfance et des patients qui venaient la consulter pour des histoires de maltraitance. Elle a exacerbé sa mémoire traumatique et a toujours été prisonnière de son passé. C’est allé si loin qu’elle croyait que toutes les causes des souffrances individuelles et sociales étaient dues à la maltraitance des enfants. Il a fallu attendre les années 70 pour que la maltraitance éducative cesse d’être une fonction paternelle.

Un enfant ne débarque pas dans le monde des mots, il est d’abord soumis aux stimulations du contexte. Boris Cyrulnik écrit quelque chose de très intéressant sur la fiction et le slogan que je vous livre: …« l’antonyme de fiction serai le slogan, c’est à dire quand une formule pétrifie la pensée sous forme de certitude. La récitation de slogans nous unit pour mieux nous soumettre. Alors que la fiction, en nous décentrant de nous-mêmes, nous invite à visiter d’autres mondes mentaux. Le travail de la fiction est une sorte de manipulation expérimentale du réel.»

Derrière de nombreuses digressions littéraires avec l’enfance des auteurs majeurs, de Jean-Paul Sartre, Jean Genêt et d’autres, Boris Cyrulnik, revient souvent aux fondamentaux des neurosciences et de la génétique. Page 168, il dénonce cette fâcheuse habitude de dire que l’on ne peut pas faire autrement car c’est dans son ADN. C’est totalement faux. Il n’y a pas de soumission un destin biologique puisque les travaux en épigénétique démontrent que les modifications de l’information héréditaire sont réversibles quand on modifie le milieu. Il s’appuie sur l’exemple du gène de la criminalité qui a fait croire à des millions de gens que la délinquance était génétiquement déterminée, donc inexorable. Il est fréquent de lire ou d’entendre qu’un gène définit un comportement, qu’un programme génétique se déroule inexorablement sans tenir compte du milieu. C’est un raisonnement linéaire!

Au chapitre 24, intitulé « Implicite idéologique des mots scientifiques », il y a une excellente envolée sur Trophim Lyssenko, proche de Staline. Les communistes pensaient que leur bonne organisation sociale suffisait à supprimer les troubles psychiques et s’opposaient ainsi à ceux qui acceptaient l’idée d’une soumission à destin biologique. Il peut y avoir un implicite idéologique dans des mots scientifiques. Le langage totalitaire est fait de complicité entre l’écriture de quelques affirmations martelées une lecture de slogans récités avec conviction. La violence est une valeur adaptative à une société désorganisée. Toute découverte scientifique modifie l’imaginaire collectif.

Boris Cyrulnik évoque brièvement le concept de parité, et se demande s’il ne serait pas obtenu à travers le droit à la violence quand on regarde les héroïnes de films aux profils de guerrière! Quand le pouvoir social devient totalitaire, tous les esprits doivent être conformes.

Tout processus scientifique entraîne une hypothèse imaginaire. La science participe la culture sous forme de récit et crée des croyances collectives. La pensée de la fiction romanesque ne s’oppose pas à la pensée scientifique. La puissance du mot écrit est telle qu’elle explique pourquoi on croit plus facilement à ce qui est écrit qu’à ce qui est dit. La mémoire fait surgir non la réalité elle-même, qui est définitivement passée; les mots qui l’exprime ne sont que la représentation de la réalité.

« Notre société serait-elle en train de se cliver, entre ceux qui découvrent le monde en lisant et ceux, qui ne lisant pas, se rendent prisonniers de l’immédiat? Lire ou ne pas lire témoigne de deux styles existentiels différents: la littérature ouvre sur l’exploration, le rêve, les utopies heureuses et parfois dangereuses. Alors que les non lecteurs se contentent du bien-être immédiat dans la jouissance brève empêche de donner sens à la vie. ».

Au sujet du trauma, penser le trauma est radicalement différent de penser au trauma. Un souvenir conscient résulte de la convergence de diverses sources de mémoire. Par l’écriture, il y a un effet créatifs. Ce n’est pas l’acte d’écrire qui a un effet créatif, c’est l’élaboration permise à l’occasion de l’écriture. Pour déclencher un processus de résilience, l’écriture ne dois pas être un rapport de police, mais doit faire appel à la créativité et à l’imagination.

Boris Cyrulnik revient fréquemment dans son livre sur les grands écrivains qui étaient orphelins. Encore l’occasion de parler de la niche sensorielle appauvrie lors de la perte d’un parent qui stimule mal le développement de l’enfant. S’il n’y a pas de substitut affectif, la fragilité des tuteurs de développement induit une croissance altérée.

Voilà quelques points forts du livre, et en guise de conclusion la dernière phrase de livre sur la résilience que je trouve magnifique: « En écrivant, j’ai racommodé mon moi déchiré; dans la nuit, j’ai écrit des soleils. »

Vidéo « Mémoires et traumatismes  »

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ÉLECTROCHOCS ET SOUMISSION À L’AUTORITÉ!

Sous l’influence d’une figure d’autorité, des personnes soumises à un stress intense sont capables d’administrer des chocs électriques, potentiellement mortels à autrui.

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La fameuse expérience sur la soumission à l’autorité réalisée par  le psychosociologue Stanley Milgram dans les années 60 est-elle toujours d’actualité et reproductible ?
 
L’idée de Stanley Milgram était d’étudier la réflexion d’Hannah Arendt sur la banalité du mal qui avait mené à l’horreur de l’Holocauste. Fils d’immigrés juifs, il cherchait à comprendre comment l’holocauste avait pu avoir lieu. L’arrestation d’Heichmann le 11mai 1960, puis son transfert vers Israël avait projeté sur le devant de la scène l’horreur de l’holocauste. Stanley Milgram pensait qu’il fallait laisser tomber l’analyse de la personnalité pour se centrer sur les stratégies d’adaptation face à une figure d’autorité, lorsqu’elle peut les inciter autrui à commettre des actes contraire à son éthique.
 

Pour sa recherche, Milgram et son équipe de chercheurs vont recruter une quarantaine de volontaires par voie d’annonce dans le journal local de New Haven. Pour jouer le rôle du scientifique, Milgram fait appel à un professeur de biologie et lui fait porter une blouse grise pour que ce soit encore plus crédible. Vêtement non anodin car la blouse grise est un symbole d’autorité pouvant faciliter l’obéissance des volontaires. Les cobayes humains ignorent le véritable motif de cette expérience car l’équipe ment délibérément pour que leurs directives soient suivies à la lettre.

Les scientifiques les mettent aux commandes d’un générateur électrique supposé envoyer une décharge électrique aux personnes branchées sur lui par des électrodes. Les volontaires ignorent qu’il s’agit d’une fausse machine, et que la personne reliée à elle est un comparse de l’équipe scientifique. Notamment un expert-comptable avec une bonne tête de victime. On leur ment en leur disant que l’intensité du courant est proportionnel au nombre d’erreurs. Et on leur dit d’appuyer à chaque faute au questionnaire sur le bouton « on » pour électrocuter. Plus elle se trompe, plus la décharge électrique s’intensifie !

Donc, à  chaque erreur du comparse de Milgram, les volontaires exécutent à la lettre la consigne en appuyant sur le bouton « On ». À chaque décharge, allant en crescendo, le comparse simule la souffrance par des mimiques.

Le 7 août 1961, les résultats de l’expérience tombent et ils sont terrifiants!

65 % des sujets  acceptent sur ordre de l’expérimentateur d’infliger des chocs électriques allant jusqu’à 450 volts au comparse pour le punir.  En clair, des personnes soumises à un stress intense sont capables d’administrer des chocs électriques potentiellement mortels à quelqu’un lorsqu’ils sont sous l’influence d’une figure d’autorité. Et ce, malgré des supplications et des cris de douleur à fendre l’âme. L’empathie est annihilée.

Ces résultats dépriment Milgram! Dans une lettre adressée au directeur de la NSF (National Science Foundation), il écrit les mots suivants: « Les résultats sont terrifiants et déprimants…jadis, je m’étais naïvement demandée si, dans toute l’étendue des États-Unis, un gouvernement malfaisant arriverait à trouver  suffisamment d’infirmes moraux pour pourvoir en gardiens un réseau de camp de la mort. Je commence à penser qu’on pourrait  recruter la totalité à New Haven »

Outre le statut de figure d’autorité du scientifique, il y a selon Milgram un transfert de responsabilité: « la disparition du sentiment de responsabilité est la conséquence la plus importante de la soumission à l’autorité.» C’est ce qui fait  que ce n’est plus n’est la personnalité du sujet qui domine mais son contexte. D’autres chercheurs ont complété le point de vue de Milgram. Selon A.Haslam, ce n’est pas par obéissance aveugle que les volontaires vont jusqu’au bout, mais parce qu’ils sont « des adeptes engagés ». Laurence Kohlberg, en reproduisant l’expérience, a montré que les personnes qui avaient une éthique élevée, et un grand sentiment de responsabilité s’arrêtaient plus tôt de pousser le bouton. Cette tendance à administrer des chocs électriques à son prochain qui fait des erreurs serait aussi due au « souci du travail bien fait » (mais si, mais si!) et à l’amabilité (mais oui, mais oui! ).
 

Alors aujourd’hui, l’expérience des années 60 est-elle encore reproductible? Qui a suivi en mars 2012 sur France 2 l’émission Le Jeu de la mort ou Zone Xtrême? 

Cinquante après l’expérience de Yale, France 2 voulait démontrer l’impact de l’emprise autoritaire de la télévision sur les téléspectateurs. Laproduction va s’inspirer du protocole scientifique de Stanley Milgram. La chaîne est conseillée par une équipe de psychosociologues pour mieux coller à l’expérience de Yale. Il y a des changements non sur le fond mais sur les formes. L’autorité n’est plus incarnée par un scientifique mais par une animatrice de télévision. Le décor et l’ambiance du plateau sont celles d’un jeu télévisé pour leurrer les candidats choisis pour cette expérience.

Le candidat recruté par la production ne sait pas que celui qui est interrogé est un comédien. Il a pour consigne d’appuyer sur le bouton « choc électrique » lorsque celui-ci se trompe dans les réponses du questionnaire. Dans l’émission les candidats vont  se comporter comme les volontaires de Milgram. Ils appuieront sur la manette à  chaque erreur, malgré le visage du comédien tordu de douleur, et les spasmes de son corps simulant l’électrocution.

Quelle éthique pour une telle émission? Ce questionnement fût déjà soulevé au temps de Milgram. Les spécialistes de l’époque s’étaient penchés dessus pour savoir si l’expérience était conforme au code de déontologie des psychologues américains, l’APA (American Association Psychologist).

La psychologue Diane Baumrind, en 1964, avait souligné que malgré le consentement éclairé des sujets participants à l’expérience, ils s’étaient sentis piégés et en avaient gardé un souvenir amer. Mais S.Milgram  répondra à ces critiques, en précisant les précautions dont il s’était entouré pour ne pas nuire aux volontaires.  Il affirmera que cette expérience est « une opportunité pour en savoir plus sur eux, et plus généralement sur le moteur de l’action humaine».

A la même époque, Léon Festinger parlait de la dissonance cognitive, cette tension interne, ce malaise psychique éprouvé lorsqu’on est confronté à des situations contraires à ses valeurs…

Dans le jeu de la mort, on l’entrevoit dans cette étrange dynamique interactive entre les participants. Leurs réactions ressemblent fort à une stratégie de rationalisation collective destinée à réduire la dissonance cognitive. D’ailleurs à eux aussi, on leur a menti en leur disant que c’était un jeu télévisé. Sur quels critères ont-ils été recrutés? 
 
Toutes les objections, soulevées à l’époque de Milgram, se posent pour le jeu de la mort. Peut-on parler de manipulation subliminale?
Le téléspectateur l’est manifestement, mais c’est quasiment indécelable! Contrairement aux candidats du « Jeu de la mort », il sait par les bandes annonces et les échos de la presse que c’est un faux jeu et un programme enregistré à l’avance, en non de la télé-réalité. Il sait que les candidats à l’émission ont été piégés façon « caméra cachée ». 
Le nom de Milgram est évoqué en long et en large, et son expérience est manifestement présentée d’une façon rigoureuse par les psychosociologues interviewés. Mais qui, hormis les spécialistes des sciences humaines, connaît Milgram? Inconnu au bataillon pour le grand public!
 

Ors, cette manipulation est de l’ordre du subliminal. Elle apparaît en filigrane dans le montage de l’émission. Des extraits filmés montrent « comme des flashs » la révolution étudiante de Tien Anmem et des camps nazis entre deux séances de plateau télévisé. La télévision démontre l’un de ses aspects pervers où le subliminal est susceptible d’induire en infra-liminal la banalisation de la violence. Point régulièrement soulevé dans les jeux vidéo (entre autres) !

Cette face cachée du jeu de la mort dévoie l’expérience de Milgram et ce, malgré la bonne volonté des psychosociologues recrutés par France 2. La belle illusion a consisté à faire croire que l’on pense que c’est l’équipe scientifique qui mène le jeu. Or, il n’en est rien. C’est la chaîne et le réalisateur qui sont les véritables décideurs. Cette bien curieuse émission a  d’ailleurs irrité des politiciens.

La recherche sur l’obéissance de Milgram est toujours d’actualité pour qui veut regarder sous l’angle des sciences humaines les rapports humains, et décrypter certains faits de l’actualité. Mais quelle est la limite à ne pas dépasser pour faire respecter l’autorité? Et pouvons nous passer de l’autorité, nous en affranchir? 

Sources

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LE BONHEUR, SI JE VEUX!

il faut accepter que le bonheur n’aille pas en crescendo. Penser le contraire est une pure chimère!

Le bonheur, c’est vraiment le Graal de la psyché. Si vous voulez être heureux, allez vivre au Bhoutan réputé comme le « pays du bonheur immédiat »avec son indicateur de richesse: le bonheur national brut.

Comment définir le bonheur? Pour Le Petit Robert, le bonheur est un état de la conscience pleinement satisfait avec comme synonymes le bien-être, le plaisir, le contentement, l’euphorie et l’extase.

Les sciences humaines listent certains facteurs qui déterminent cette sensation de bien-être, et elle n’est pas exhaustive:
-La santé car il n’y a pas de bien-être psychologique sans bien-être physique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décrit la santé comme un état complet de bien-être physique et social, et  qui n’est pas seulement une absence de maladie ou d’infirmité.

-La qualité des relations nouées avec les autres est essentielle. Nous sommes des animaux sociaux, et nous avons  besoin de nourritures affectives.
-L’activité professionnelle est aussi un gage d’épanouissement  personnel, et ce malgré tout ce qui se dit sur la souffrance au travail. On constate qu’à l’heure actuelle où le taux de chômage est très élevé, le nombre de dépressions et de suicides est en nette augmentation. Le travail est un facteur de lien social.
-L’argent est une condition propice au bien-être. Il y a de nombreuses études sur les relations entre le niveau de revenus (la richesse) et le bien-être. Elles démontrent que la la précarité (se référer au chômage et sa perte de revenus) ne prédispose pas au bonheur. Par contre, le bonheur n’augmente pas en fonction d’un certain niveau de revenus.
– L’âge entrerait en ligne de compte sans qu’on puisse l’expliquer. On est heureux en général à 20 ans, moins à 40 ans pour finalement se sentir heureux à partir de 60 ans. Alors, n’ayons pas peur de vieillir avec sérénité!
La revue Sciences Humaines dans son article « Les leçons de la science du bonheur, » cite la  religion comme une source de bonheur. Le sujet de la religion est délicat car mal compris, on serait tenté de penser que les non croyants et les non pratiquants ne seront pas heureux. Vraiment? Peut-être est-il plus judicieux d’évoquer certaines valeurs morales encouragées dans la spiritualité (au sens large) comme l’altruisme, la gratitude et la compassion à l’instar  des émotions positives qui renforcent cet état de bonheur. Sous réserve que l’environnement et les relations aux autres soit propices au développement des ces qualités sans moraline.
 

Le  bonheur ou l’état de bien-être ( ou ses équivalents) est étudié dans certains courants de la psychologie. Comme dans l’approche humaniste fondée sur une vision positive de l’être humain. Elle propose aux patients de relancer sa tendance auto-innée à s’auto-actualiser (résilience), rechercher une croissance psychologique et à développer son potentiel. Elle est appelée la troisième force comparée à la psychanalyse et au comportementalisme. Elle est apparue, à partir des années 40, avec Abraham Maslow rendu célèbre par sa pyramide des besoins, devenue un grand classique des sciences humaines. Sa pensée mérite d’être étudiée même si certains des ses héritiers ont dévoyé sa pensée.

Le courant humaniste est lié au mouvement du potentiel humain. Ce mouvement part du principe que les problèmes individuels sont liés à la société  ou à l’environnement; une société qui fait des individus des victimes. Et les maladies étant causées par la société.
Cette démarche est intéressante. Malheureusement, ce courant est souvent dévoyé. Car pour remédier à cette victimisation sociétale, il incombe à l’individu de développer le potentiel qui est en lui, comme par magie, en développant tout simplement la pensée magique au détriment de la pensée rationnelle. Sur un ton caustique, deux psychologues sceptiques, Margaret Singer et Lalich  dans la première version de l’ouvrage Science and ¨Pseudo Science en psychologie clinique ont résumé l’esprit des aberrations de ce courant: « aussi longtemps que nous pouvons trouver quelqu’un à blâmer, nous pouvons changer ».
 
Un autre courant, très voisin du courant humaniste, est la psychologie positiviste lancée en 1998. Elle se construit par des recherches  scientifiques évaluées par des pairs. C’est dans ce courant que l’on trouve la science du bonheur. La psychologie positiviste a comme point commun avec le courant humaniste de centrer son intérêt sur l’équilibre mental, les forces, le développement optimal et l’épanouissement humain. La psychologie positiviste a tenté de se démarquer en ignorant les travaux humanistes, en s’appuyant sur l’épistémologie et en recourant aux méthodes  qualitatives.
 
Malgré ces différences très difficiles à cerner, la psychologie positiviste et le courant humaniste ont souvent une connotation New Age dans leurs dérives. Il y a notamment cette volonté avec certains charlatans de changer la personnalité de base, d’inculquer chez leurs patients de nouvelles croyances psycho-spirituelles; axées sur le développement de l’âme, afin de faire accéder au bien être. Elles zappent les troubles de la psyché de l’ordre de la psychopathologie (ou de la névrose). Modification radicale de la personnalité d’origine, sans anamnèse, avec promesse illusoire d’accéder au bonheur, en s’appuyant uniquement sur la pensée positive et l’emprise mentale.
 
Loin du charlatanisme, la psychologie positiviste et le courant humaniste sont des approches intéressantes. Elles intègrent la psychologie clinique. Comme leader du courant humaniste, on trouve Carl Rogers (1902/1987). Concernant la psychologie positiviste, on trouve Christophe André. Il est psychiatre à l’hôpital Saint-Anne et dirige une unité spécialisée dans le traitement de l’anxiété et des phobies. Sa pratique de la psychologie positiviste inclut les TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales). Même s’il est connu du grand public comme le « spécialiste du bonheur » ( entre guillemets), sa pratique se centre principalement autour de la prévention de l’anxiété et de la dépression. Troubles de la psyché qui n’engendrent pas la sérénité et le bonheur; les causes en sont multifactorielles.

La psychologie humaniste et positiviste sont souvent confondues dans l’esprit du grand public avec la pensée positive. Celle-ci repose sur des ouvrages populaires qui ne sont pas écrits par des spécialistes de la santé mentale-psychologues, psychiatres ou médecin- qui s’ils ne sont pas des gourous deviennent des maîtres à penser qui influencent leurs lecteurs en leur faisant croire, que le bonheur le bien-être, le succès et toutes les bonnes choses de la vie arrivent d’un coup de baguette magique. La pensée irrationnelle dans toute sa splendeur! L’un des best-sellers de la pensée positive est le livre d’un pasteur protestant, Norman Vincent Peale, La Puissance de la pensée positive (1952). La pensée positive, c’est aussi la méthode Coué, une prophétie auto réalisatrice fondée sur la suggestion et l’auto-hypnose.

L’état de bonheur permanent n’existe pas. Il faut avant tout arrêter de se gâcher la vie, et ne pas « laisser trop d’espace au malheur, faire face aux soucis quotidiens…Le bonheur c’est le bien-être + la conscience.» (Christophe André).
La tyrannie de l’attitude positive est destructrice. Si l’optimisme est à encourager, il faut aussi une pincée de pessimisme modéré. C’est nécessaire car le pessimisme, est « un facteur potentiel de préparation à l’action qui participe également au bien-être psychologique lorsque les personnes ont mis en œuvre les moyens d’action utiles pour éviter l’apparition d’un événement négatif.» (Jacques Lecomte).
 
L’état de bien-être recherché dans la « science du bonheur » n’est pas le sentiment océanique.  Expression utilisée par Romain Rolland et repris par Freud, dans Malaise dans la civilisation. Freud le  décrit comme une sensation d’éternité ou un sentiment de quelque chose d’illimité et d’infini. Il s’interrogeait sur l’émotion religieuse, et contrairement àRomain Rolland, il l’a décrite comme une vue intellectuelle associée un élément affectif. Le sentiment océanique est un vague souvenir de la fusion symbiotique avec la mère. On trouve un aspect négatif du sentiment océanique dans un contexte sectaire. Le sujet a l’impression d’être englobé dans un grand tout cosmique, après avoir perdu tout esprit critique et son libre arbitre, s’identifiant massivement au gourou  et au groupe et régressant vers des vécus archaïques.
 
Mais comment le bonheur se manifeste-t-il ? La théorie du flow de Mihalyi Csikszentmihaly postule que l’on est le plus heureux lorsqu’on est absorbé dans une activité, qui procure à la fois maîtrise et plaisir.

il faut accepter que le bonheur n’aille pas en crescendo,  et le penser serait une pure illusion! Une pure chimère et un déni de la réalité rattrapé par les soucis de la vie quotidienne!

 

L’idéaliser sous forme de croyance serait une pure illusion et un déni de la réalité.

Peut-on imaginer son bonheur futur à partir de ce qui nous fait plaisir aujourd’hui? Ce ne serait pas le cas selon Daniel Todd Gilbert (Université de Harvard)! Le cerveau ferait de graves erreurs de perception lorsqu’il tente d’imaginer son futur bonheur. L’une des illusions d’optique dans l’approche du bonheur est que rien ne garantit que ce qui nous fait plaisir aujourd’hui nous rendra heureux demain. Alors, il faut accepter l’imprévu et le changement, et vivre l’instant présent du bonheur.

Certains neuro-scientifiques affirment que le bonheur est dans les gènes. On naîtrait avec « un niveau de bonheur de base » vers lequel on revient toujours, comme après un échec et comme après un succès.

Même si l’on a hérité d’un faible niveau d’aptitude au bonheur, il est toujours possible d’élaborer des stratégies pour l’augmenter. Il convient d’être circonspect vis  à vis de cette forme de déterminisme génétique appliquée aux neurosciences. Une étude américano-britannique publiée en avril 2013 par Nature Reviews Neuroscience émet des doutes sur les protocoles et études neuro-scientifiques. Elle observe des négligences méthodologiques sur la taille des échantillons. La tentation du cherry picking, cette pratique qui consiste à sélectionner les résultats pour les arranger est grande. Alors pour le bonheur, il faut être circonspect même si on sait qu’il y quatre neuromédiateurs du bonheur qui interagissent dans notre cerveau: la sérotonine (un antidépresseur), les endorphines (hormones du bonheur),  les endomorphines (les sensations agréables) et la dopamine (neuromédiateur du plaisir).

Le bonheur est finalement une philosophie et une alchimie personnelle. C’est trouver les clés en soi. Selon Sénèque, « la vie heureuse est, celle qui est en accord avec sa propre nature. » C’est tout simplement  apprécier les moments agréables, les partager avec autrui pour renforcer cet état de bien-être.

Et accepter que « nous sommes des intermittents du bonheur, et ce dernier ne fera tout au long de notre vie, qu’apparaître et disparaître. « (Christophe André)

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LES PERSONNALITÉS MULTIPLES FONT LEUR CINÉMA

Les trois visages d’Eve évoque le sulfureux trouble mental de la Personnalités Multiple qui va défrayer la chronique et favoriser des pratiques douteuses de psychothérapie.

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En 1957, le film les Trois visages d’Eve remporte plusieurs oscars, et l’héroïne du film Eve est interprétée par Jane Woodward. Ce film évoque par anticipation le sulfureux trouble mental de la Personnalité Multiple répertorié qui sera répertorié dans le DSM III en 1980. Le DSM I et II de 1952 et 1968 n’en faisaient pas mention.

Le synopsis du film les Trois visages d’Eve s’inspire de la véritable histoire de Chris Costner-Sizemore, une femme souffrant du trouble de la Personnalité multiples. Son cas est relaté dans le livre Les Trois Visages d’Eve écrit par son psychiatre H.Thigpen qui vendit ses droits à Hollywood. Alors revenons à ce film inspiré d’une histoire vraie. Mère et épouse attentive, Eve, femme est une timide et effacée, et elle souffre de maux de tête et de trous de mémoire gênants. Elle est totalement amnésique de ses faits et gestes pendant plusieurs heures voire plusieurs jours. Elle consulte un psychiatre renommé, le Dr Luther, qui pratique l’hypnose. Lors d’une séance, le Dr Luther découvre en elle une autre personnalité, avec laquelle il dialogue. C’est Eve l’obscure qui ne songe qu’à s’amuser. Elle sait tout des faits et gestes d’Eve la discrète alors que cette dernière ignore tout de ce  peut faire son double obscur. Le Dr Luther veut comprendre les deux facettes de sa patiente et il  les prend en thérapie alternativement toutes les deux.

Excédé par les multiples facettes de la personnalité d’Eve, son  mari la quitte en leur laissant leur fille Bonnie. Le Dr Luther fait interner Eve à la suite d’une tentative de meurtre par son double obscur sur sa fille Bonnie. Le médecin est convaincu que la double personnalité de sa patiente n’est pas son véritable Soi et que son trouble remonte à l’enfance après un trauma dont elle serait amnésique. Elle doit absolument s’en souvenir pour guérir. Sous hypnose, elle se souvient qu’on l’avait obligée à embrasser dans son cercueil sa grand-mère morte lorsqu’elle avait six ans. Le chagrin aidant ajouté à la terreur d’être confrontée physiquement à la mort, avait amené Eve à se fractionner en deux personnalités distinctes.

Ô surprise, lors des séances d’hypnose, va émerger Jane, une nouvelle personnalité nettement plus posée et équilibrée. Jane ne comprend rien à la situation mais peu à peu elle arrive  à réunifier sa mémoire en se souvenant des faits et gestes des deux visages d’Eve incluant cette nouvelle facette d’elle. Le Dr Luther continue de dialoguer avec les trois visages de sa patiente et il s’aperçoit, au cours d’une séance, qu’Eve la discrète et Eve la rebelle ont cessé d’exister. Les trois personnalités sont enfin unifiées en Jane. Guérie, Jane va se remarier avec Earl, un homme qu’elle a rencontré lorsqu’elle était Jane et retrouve sa fille Bonnie.

Les trois visages d’Eve évoque le sulfureux trouble mental de la Personnalités Multiple qui va défrayer la chronique et favoriser des pratiques douteuses de psychothérapie. Mais quelles sont les différences entre l’héroïne du film Eve et Chris Costner-Sizemore?

Chris avait développé des personnalités multiples après avoir été témoin de deux accidents en l’espace de trois mois, lorsqu’elle était enfant. D’abord sa mère gravement blessé et un homme scié dans une entreprise de bois. Selon les psychiatres qui l’ont suivie, Chris n’aurait pas seulement eu trois identités mais une bonne vingtaine. Ses personnalités se présentaient par groupe de trois lorsque la personnalité consciente de Chris s’effaçait. Le livre les Trois visages d’Eve a été écrit son psychiatre H.Thigpen, avec peu de contribution de Chris., et n’a concerné que deux de ses personnalités.

Par la suite, Chris a écrit deux livres non traduits en Français  respectivement I’m Eve et Mind of My Own, The Woman Who Was Known As Eve Tells the Story  of Her Triumph Over Multiple Personality Disorder qui fourmillent de détails que n’ont pas donné ses md15783318666psychiatres. Pour elle, elle ne s’est pas sentie dissociée par ses personnalités contrairement à ce qu’ils pensaient mais a toujours affirmé que ces personnalités existaient à l’intérieur d’elle. Après avoir eu ses personnalités réunifiées avec ses différents psychiatres, elle a affirmé qu’à chaque étape de sa vie a correspondu un alter ego. Selon elle, c’était Eve White qui s’était marié avec son premier mari et qui était la mère de la fille née de leur union, et pas celle qui avait réunifié sa personnalité. À la sortie du livre Les Trois Visages d’Eve et ensuite le livre, Chris Costner-Sizemore a très mal vécu cet engouement médiatique autour de son cas, et elle a réussi après une procédure judiciaire à faire annuler le contrat qu’avait passé le psychiatre Thigpen avec la 20th Century Fox.

À partir des années des années 70,  le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire, et pour de nombreux thérapeutes un créneau de thérapie par hypnose ou sérum de vérité (Amytal). Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alter ego qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte. Les alter ego se conduisent à l’opposé de la personnalité et ils émergent curieusement toujours sous hypnose ou sous sérum de vérité (Amytal). C’est à dire lorsque la personne est en état modifié de conscience. L’identité des alter ego était parfois surprenante: changement de sexe, tortues Ninja, vies antérieures, cochons, tigres, singes, etc. Ce syndrome s’était tellement banalisé que lors des procès d’assises, les avocats et les jurés débattaient de savoir si l’accusé n’avait pas tué sous l’emprise d’un alter. Ce qui permettait de le déclarer irresponsable pénalement et de l’interner.

L’origine du trouble de la Personnalités Multiple va être au fil du temps imputée à un trauma subi dans l’enfance, et corrélé à l’abus sexuel (inceste, pédophilie). Il sera  intégré au modèle post-traumatique de l’abus sexuel chez l’enfant, générant des mauvaises pratiques thérapeutiques et des procès pour abus sexuels entraînant en cascade des erreurs judiciaires.

La popularité des multiples personnalités véhiculée par les livres, le cinéma et les médias va faire exploser le nombre de cas chez les femmes.  Les chiffres qui suivent sont extraits du livre Science and Pseudo Science in Clinical Pyschology: avant 1960, on en recensait deux cas par décennie. 14 cas de 1944 à 1965, en 1986, 6000 et en 1998 40000 jusqu’à ce que la communauté scientifique remplace l’appellation du trouble de la Personnalité Multiples par celle du Trouble Dissociatif de l’Identité. Freud était plus que sceptique sur l’existence des personnalités multiples, et il pensait que c’était induit par les suggestions du thérapeute, et n’oublions pas qu’il avait été formé à l’école de Charcot où l’on soignait l’hystérie.

Le psychologue Nicholas Spanos, en 1994, décrypte le Trouble de la Personnalité Multiples comme étant le produit de constructions sociales établies par le corpus médical, légitimées et entretenues par l’interaction sociale entre les patients conditionnés à faire surgir des alter ego, le grand public et les médias. Cet élément socio-culturel est de la même nature que les rites de possession ou la sorcellerie au Moyen-Age. N. Spanos dénonce cette usine à gaz à fabriquer des faux souvenirs, des entités à gogo et la thèse des souvenirs refoulés sous le concept pseudo-scientifique de l’amnésie dissociative (battue en brèche aujourd’hui par les dernières découvertes des neurosciences).

La sociologue et critique féministe américaine Elaine Showwalter place les personnalités multiples dans le groupe des syndromes ayant un fondement hystérique à l’instar du syndrome de la guerre du golf, des rites sataniques et du syndrome des faux souvenirs. Elle a créé, à cet effet, le néologisme d’hystoire qui est la contraction du mot histoire et de celui  d’hystérie. Ces mini-épidémies sont une forme contemporaine de l’hystérie de conversion décrite par Charcot et Freud à la fin du XIX siècle.

Chris Costner-Sizemore est l’une des patientes les plus célèbres diagnostiquées du Trouble dissociatif de l’identité, et son cas figure parmi  les dix les plus fascinants de l’histoire de la psychologie dont ceux de Phineas Gage et le garçon sauvage de l’Aveyron.

 Notes: Après bien des controverses et des dérives de la psychothérapie, le Trouble de la Personnalité Multiple va être remplacé par celui du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI) dans le DSM IV. L’une des particularités du DID est l’amnésie dissociative qui se décrit par des trous de mémoire portant sur des tranches de vie allant de quelques heures à plusieurs jours.Cette amnésie concerne uniquement les faits et gestes des alter ego. Elle est définie comme asymétrique parce que l’hôte n’a pas conscience des faits et gestes de ses alter ego et pas le contraire.  Il y a toute une controverse scientifique sur ce sujet qui égare le grand public sur les conséquences d’un trauma psychologique qui altère la mémoire.

Le film les Trois Visages d’Eve

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AUTISME: LA COMMUNICATION FACILITÉE, UNE PSEUDO-SCIENCE!

La Communication Facilitée est une thérapie pseudo-scientifique qui vient rejoindre la cohorte des thérapies alternatives.

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Simple Clavier en bois, juste esthétique

En France, depuis 2005, les plans sur l’autisme se succèdent sans grand résultat. Notre pays aurait toujours 20 ou 30 ans de retard par à rapport à d’autres pays modèles. Il y aurait un fossé entre l’Amérique du Nord et l’Europe sur l’utilisation de méthodes qui donnent des résultats satisfaisants. La désaffection des pouvoirs publics pour la prise en charge des autistes peut inciter leurs parents à se tourner vers des méthodes pseudo-scientifiques.

L’une d’elles est la Communication Facilitée (CF) ou Psychophanie. Elle a été conçue en 1992 par l’Australienne Rosemary Crossley, enseignante. Elle s’adressait d’abord au départ aux enfants souffrant de paralysie cérébrale, puis a été étendue aux personnes atteintes d’autisme. La théorie de base de la CF est que la sociabilité et la communication sont gravement altérées dans l’autisme. Le dysfonctionnement moteur des autistes est indépendant de leur psyché. Malgré son pseudo scientisme, la CF va devenir populaire grâce à des shows télévisés, et se diffuser par l’intermédiaire de cliniciens renommés outre-Atlantique. Dans les années 90, rapidement, la  Communication Facilitée va devenir la méthode de référence pour la prise en charge de l’autisme et d’autres troubles envahissants du développement (TED). Un département spécial dévolue à la CF va être créé par l’université de Syracuse (état de New York)  pour former  en pagaille des thérapeutes. Ainsi que le souligne Brian J. Gorman: « La communication facilitée étonne parce qu’elle est allée plus loin que toute autre science bidon à la mode, et que son effet a été ressenti au sein de la famille, de l’école, des universités, du droit et même des arts.»

Comment se pratique la Communication Facilitée?
La CF a sa novlangue. Le thérapeute est appelé « Facilitant », et aucun apprentissage et prérequis  n’est exigé.  Le patient, lui, est le « Facilité ». Le Facilitant doit juste faire preuve de sensibilité, et solliciter la pensée irrationnelle, pour ne pas dire magique et ésotérique. Le facilitant s’adresse à l’âme du facilité qui, elle n’est pas handicapée. C’est le principe de la télépathie et de la parapsychologie.

Il n’y a pas de support agréé pour la CS. Il faut simplement qu’il y ait un clavier avec des lettres et un pictogramme. Pour que le contact passe d’âme à âme, le facilitant saisit fermement la main du Facilité, sans dépasser son index et la pose sur le clavier. Alors, le Facilité va pouvoir délivrer des messages sous la guidance du Facilitant qui va les lire à haute voix. D_Q_NP_958905-MLM25086219355_102016-QOn pense au Oui Ja, cette planche composée de lettres et de chiffres utilisée dans les séances de spiritisme pour communiquer avec  les esprits! Certains autistes, en communiquant grâce à la CF, auraient révélé des dons littéraires prodigieux, constituant ainsi des preuves pour démontrer que c’est une méthode miraculeuse.

La Communication Facilitée a fait l’objet de plusieurs études scientifiques rigoureuses (autour de 70), et les conclusions sont sans ambages sur les messages supposés être ceux des autistes. Leur origine est attribuée aux facilitants sans qu’ils en soient conscients.

« L’intellectual Disability Review Panel », une commission d’étude des handicapés intellectuels qui s’est penchée sur la CF souligne que les personnes atteintes de handicap mental sont « extrêmement influençables et facilement sous l’emprise de personnes ne mesurant pas à quel point, elles les influencent.» Le pouvoir de la suggestion en a égaré plus d’un! Maryanne Gary et Robert Michael, deux psychologues de l’université Victoria de Wellington ont exploré les relations entre la suggestion, la cognition et le comportement.

En 1994, l’APA (American Psychological) prend position contre la CF: «la communication facilitée est une procédure de communication controverse non prouvée, aucune démonstration scientifique ne vient soutenir son efficacité. »

En 2004, en France le Conseil National de l’Ordre des Médecins émet un avis défavorable sur la CF. Deux ans après, en 2006, la CF est dénoncée à son tour dans le rapport d’enquête de la commission parlementaire sur les sectes comme une pratique portant atteinte à la dignité des enfants handicapés: «…la communication facilitée ne peut être réduite à n’être qu’une version modernisée du spiritisme, et somme toute, un procédé charlatanesque comme un autre. Cette supercherie ne fait que tirer profit du désarroi es parents des handicapés; elle porte atteinte aux droits fondamentaux des enfants•»

L’ambiguité de cette méthode réside dans le fait qu’on peut la confondre avec Communication Augmentée et Alternée (CAA), elle aussi appliquée aux autistes, et pratiquée par des orthophonistes. Certains de leurs éléments se ressemblent furieusement. La communication augmentée et empirique, et elle utilise le même type de matériel que la CF.  Et vice versa. Pour le néophyte, difficile de se repérer dans les deux méthodes à partir du moment où un clavier d’ordinateur ressemble à un autre, et il n’y a pas de matériel labellisé pour l’une ou l’autre méthode.

La CAA a commencé dans les années 50 pour aider ceux qui avaient perdu la capacité de parler avec une opération et s’est diffusé ensuite à toutes sortes de handicaps. L’évaluation des capacités d’un utilisateur en CAA nécessite un bilan visuel et cognitif ainsi que l’évaluation de ses forces et faiblesses en matière de langage et de communication. Même empirique, la CAA n’est pas du paranormal mais une aide efficace sous condition qu’elle ne soit pas amalgamée à la CF, comme on peut le voir sur certains sites d’orthophonistes.

Ce qui différencie la Communication Alternative et Augmentée de la CF et que le dispositif fait appel a la volonté l’utilisateur, y compris le plus petit mouvement musculaire. Mais parfois sur certains sites consacrés aux méthodes conseillées pour les autistes, on parle de la CAA au même titre que de la CF.  Alors vigilance! Surtout en France!

En 2004, un article de Nouvelles Clés fait état d’un millier de facilitants formés dont plus de 200 thérapeutes professionnels, médecins ou paramédicaux. Lors d’un entretien accordé à Nouvelles Clés, Anne-Marguerite Vexiau prétend mettre en contact grâce à la CF la conscience des foetus et des embryons, et propose un registre spirituel ou transpersonnel: « L’action des morts tient toujours une place dans les propos des Facilités, et tout spécialement celle des enfants perdus à la naissance. »(Notes d’Anne-Marguerite Vexiau confiées à Nouvelles Clés). On est en pleine parapsychologie et spiritualité new-âge!

Depuis 2010, la pratique de la CF n’est pas recommandée par la HAS (Haute Autorité de Santé): « Les techniques de Communication Facilitée où un adulte guide le bras de l’enfant, n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, et sont jugées inappropriées pour les enfants/adolescents avec TED. Il est recommandé de ne plus les utiliser. La Communication Facilitée ne doit pas être confondue avec la mise à dispositions d’aides  techniques ou supports à la communication (images, pictogrammes).»

Miguel Maneira, directeur fondateur « d’Autismes et Potentiels », étrille l’Association d’Anne-Marguerite Vexiau « Ta Main Pour Parler (TMPP) », le site dévolu à la CF. Il insiste sur son site web sur les sérieux préjudices de la CF constatés aux USA, en Espagne, l’Écosse et la Nouvelle Zélande. Parmi les dérives nuisibles de la CF, les sceptiques ont remarqué une similitude entre la CF et les thérapies de la régression, visant à faire  resurgir des souvenirs refoulés. Des parents lors de messages délivrés par leur enfant (sous la guidance  de facilitants) ont été accusés d’inceste, et se sont retrouvés devant les tribunaux.

Mary Morton, l’une des principales responsables de la CF avait noté que: «La Communication facilitée n’est jamais aussi rapide, ni aussi aisée qu’une conversation normale…le message peut-être incomplet. Les lettres ou les mots choisis peuvent ne pas correspondre à ce que veut exprimer le sujet.» Cette affirmation de Mary Morton sur les (fausses) limites de la CF donne le ton sur l’absence de sérieux scientifique de la Communication Facilitée.

Dans le cas des accusations d’inceste, sans faire preuve de mauvais esprit, on est en droit d’affirmer que c’est l’imprécision et la compréhension des messages des facilités qui ont précipité les parents devant les tribunaux! À l’instar du Oui Ja, dont les druides se servaient comme une planche maléfique pour communiquer avec les forces démoniaques, la  CF se transforme en méthode diabolique. Lors de procès outre-Atlantique, les tribunaux avaient mis au point des parades pour confondre les Facilitants, et montrer l’absence de fiabilité de la CF. L’une d’elles consistait à envoyer le facilitateur dans une pièce voisine, afin qu’il ne puisse ni voir, ni entendre pour ne pas influencer l’enfant. Pendant l’absence du facilitant, des objets étaient donnés à l’enfant qu’il devait nommer, et on faisait revenir le facilitant pour l’aider à donner les réponses sur les principes de la CF! Inutile de dire que dans ce cadre là, les résultats de la CF furent loin d’être miraculeux !

Et l’état des lieux aujourd’hui sur la Communication Facilitée? La formation est prospère, et un site officiel lui est consacré malgré les mises en garde des sceptiques. On constate souvent que les Facilitants se targuent d’être bénévoles, et ont à leur actif d’autres méthodes de thérapies critiquées par les sceptiques comme la psychogénéalogie, les constellations familiales,le décodage émotionnel, etc.

La Communication Facilitée est une thérapie pseudo-scientifique qui vient rejoindre la cohorte des thérapies alternatives.

Notes: Les causes de l’autisme sont toujours incertaines. Pendant longtemps, les mères furent longtemps tenues responsables de l’autisme de leur enfant. Le psychiatre australien Léo Kanner, dans les années 50 avec Bruno Bettleheim et son fameux livre sur les autistes « La Forteresse Vide » contribuèrent à diffuser ce message anti-parents. Aujourd’hui, avec le développement des neurosciences, les revues de vulgarisation scientifique parlent des dernières pistes. Cela va du faux pli dans le cerveau (anomalies détecté dans l’aire de Brocca) identifié par des chercheurs du CNRS. La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse augmenterait le risque de développer un TSA. Les différences d’âge des parents : augmentation de risque pour le fœtus de TSA pour les plus 40 ans, et en flèche pour les petits 50 ans. Et encore un lien avec les vaccins, et le diabète de grossesse. Voilà quelques unes de ces (supposées causes) non exhaustives.

Sources:
à la Une

FAUT-IL OUBLIER LA PYRAMIDE DE MASLOW?

Abraham Maslow est d’abord connu pour sa pyramide des besoins à 5 niveaux qu’il créa en 1942. Cette pyramide constitue l’une des théories de la motivation.

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Au XX siècle, la psychologie s’est en priorité centrée sur le trouble mental, et ce au détriment  d’une vision globale de l’être humain.  Et pourtant, le courant humaniste a su replacer la personne humaine au centre de la recherche en psychologie. Il a été élaboré en réponse au mécanisme béhavioriste refusant d’inclure la conscience parce que non mesurable et le déterminisme réductionniste de la psychanalyse classique.
Alors commençons par le début !

 

Abraham  Maslow (1908/1970) est considéré comme le père de la psychologie humaniste . Il a d’abord enseigné la psychologie à l’université du Wisconsin. Puis, il a fait un bref séjour dans l’industrie de 1947 à 1949 pour redevenir enseignant à l’université du Massassuchets.

A.Maslow définit l’esprit de la psychologie humaniste comme suit: « Lorsque nous demanderons un homme de nous parler de la vie, de sa vie nous traitons avec son essence même. » Conception très proche de ce que Jung nommait le Soi, le centre de la personnalité tout entière. Le Soi rassemble le conscient et l’inconscient. Le Soi étant une entitée sur-ordonnée au Moi, il constitue une personnalité plus ample. D’ailleurs, dans sa théorisation, il s’est efforcé d’intégrer la pensée de Jung mais aussi celles d’Adler, de Jung, Levy, Fromm, Horney ou Goldstein. Le courant humaniste est étroitement lié au mouvement du potentiel humain. Dans cette conception, les problèmes individuels sont liés à l’environnement ou la société, et les qualités intrinsèques à chaque personnes ne sont pas mises en lumière, causant ainsi une névrose. C’est une vision différente de Freud et de Jung, qui pensent que le Mal a son siège dans la nature elle-même.

Concernant la nature humaine, Maslow est bienveillant : « Cette structure intérieure (de chacun) n’est pas d’abord simplement et nécessairement mauvaise. Les besoins  fondamentaux concernant la vie, la sécurité, la propriété, l’affectivité, l’estime des autres de soi, la réalisation personnelle, les émotions humaines fondamentales et les capacités humaines essentielles sont neutres, pré-moraux  ou même positivement bons. L’agressivité, le sadisme, la cruauté et la malice ne semblent pas être des éléments primaires mais constituer plutôt de violentes réactions à la frustration et aux besoins des émotions.»

Abraham Maslow est d’abord connu pour sa pyramide des besoins à 5 niveaux qu’il créa en 1942. Cette pyramide constitue l’une des théories de la motivation. On entend par motivation des forces qui agissent sur la personne (ou à l’intérieur de sa psyché) pour la pousser à se conduire d’une certaine manière, orientée vers un objectif. Et par besoins, pour A.Maslow, ce sont les manques ressentis d’ordre physiologique, psychologique ou sociologique. Cette représentation s’est imposée dans le domaine de la psychologie du travail et la théorie des organisations. Même si elle est critiquable sur de nombreux points.

 

Il existe sur le web de nombreux articles qui expliquent, de long en large, chaque étape de la pyramide, et le lecteur curieux peut s’il le souhaite faire des recherches plus approfondies. Succinctement, au bas de la pyramide, il y a d’abord les besoins qui poussent l’être humain à agir, à parler et à se socialiser. Besoin de nourriture, de sécurité, l’appartenance et d’amour.

Pour Maslow,  lorsqu’un besoin est satisfait, l’homme peut passer a besoin supérieur (ce qu’il ne fait pas toujours),  et au sommet de la pyramide, se trouve le besoin de réalisation personnelle du potentiel humain. « La plénitude de son humanité » (1968).En 1970, en plus des 5 besoins, il rajoute celui du  besoin cognitif  (cognitive need), le besoin de savoir et de comprendre. Également, le besoin esthétique (Aesthetic need) et le besoin de transcendance, de dépassement de soi. Au sujet de la réalisation personnelle, A.Maslow évoque les expériences paroxystiques (Peark Experiences), c’est à dire les moments de bonheur, d’extase et de vécu intense. Ces expériences permettent une intégration profonde des différentes facettes de soi, « au service d’une plus grande maturité ». Cette dernière étape, celle du potentiel humain a ouvert la boite de Pandore du développement personnel et de la pensée positive. Il suffirait simplement de changer en soi pour créer l’abondance, la richesse et le bonheur. Pensez juste et tout arrive par enchantement, et si vous n’y arrivez pas, c’est de votre faute! Combien de personnes ayant foi dans les gourous du développement personnel ont été dévastées psychologiquement! Et le tout s’appuyant sur des théories pseudo-scientifiques.

La pyramide des besoins de Malow est ultra connue (même si elle est réfutée aujourd’hui) en psychologie du travail et délaissée sur le plan clinique. Pourtant l’expérience de Kevin Healy, consultable sur le site Pubmed, intègre la pensée de Maslow dans la clinique. Kevin Healy a une expérience de 30 ans comme consultant psychiatrique dans le domaine de la psychothérapie. Il rejoint Maslow sur les motivations et la satisfaction des besoins physiologiques ,supports de l’homéostasie. Le besoin de sécurité est d’abord celui de l’enfant. Vient ensuite le besoin d’amour qui inclut de donner de recevoir de l’amour, et qui ne rime pas forcément avec le sexe. Quand les besoins primaires sont satisfaits viennent ensuite les autres jusqu’à l’auto réalisation qu’on doit accomplir pour être heureux.

 

Selon lui, Maslow, avait déjà anticipé 20 ans plus tôt les conséquences psychologiques de l’abus de l’enfant,  de l’inceste,  de la séparation et du divorce des parents signant la mort de la famille. Les enfants peuvent s’accrocher à leurs parents par le besoin de sécurité, que par l’espoir de se faire aimer d’eux. A.Maslow anticipa le travail de John Bowlby (1907/1990) sur l’attachement. Il observe que les personnes fortes sont celles qui ont eu leurs besoins de base satisfaits plus, particulièrement dans la petite enfance. Ils ont ainsi pu développer une force intérieure pour appréhender le présent et le futur. Ils peuvent établir des relations profondes avec les autres,  supporter la haine le rejet et la persécution. Il semble probable selon Maslow que la plupart des gratifications viennent des deux premières années de l’enfance. Son travail a permis  d’ouvrir la voie aux idées sur le développement de l’enfant. Et sur ce plan là, A.Maslow n’est pas cité.
De nombreuses critiques sont à formuler sur la pyramide des besoins, notamment sa place dans la théorie des Organisations. Cette simplicité est un faux ami du fonctionnement de la motivation. Et finalement, malgré les apparences, les besoins ne sont pas définis. Mais rien n’empêche d’élargir le concept des besoins avec d’autres apports. Tout modèle est par définition figé, et il est toujours possible de s’en servir comme base de réflexion pour aller plus loin.

 

Dans son article « réseaux sociaux », Pamela Rutlodge souligne que Maslow élude le rôle du lien social. Il organise les groupes de besoins humains en niveau dans une structure hiérarchique.  C’est comparable à la logique des jeux vidéo : « Vous devez remplir les exigences un ensemble de besoin avant de pouvoir passer au niveau supérieur. » le problème, il est la. Aucun de ses besoins n’est possible sans interaction à l’autre, sans lien social et collaboration. Notre dépendance à l’égard de l’autre grandit à mesure que les sociétés sont devenues plus complexes. La connexion à l’autre est une condition préalable à la survie physique et émotionnelle.

Une fois un niveau franchi sur la pyramide, il n’est pas acquis pour toujours. Toute personne est capable de remonter en fluctuant dans la hiérarchie vers le niveau de réalisation personnelle. Malheureusement,  il y a des grains de sable. Les progrès sont souvent perturbés (par défaut) pour répondre au besoin de niveau inférieur. Une expérience de vie (divorce, perte d’emploi, accident, guerre) peut amener la personne à fluctuer sur les niveaux de la hiérarchie. Et ce, tout au long de sa vie. À un moment donné, les besoins peuvent être simultanés ou contradictoires.

Sur le plan philosophique, il y manquerait la notion de liberté, et pourquoi pas, celle si chère à Épicure? L’on ne peut atteindre la liberté que si l’on est relativement indépendant de la pression des contraintes de notre environnement. Et pour y accéder, nous devrions nous demander lesquels de nos besoins et désirs sont essentiels et lesquels ne le sont pas.

On peut aussi critiquer Maslow sur sa méthodologie. L’aspect scientifique de ses recherches n’est pas très rigoureux. C’est vrai! Sa démarche est principalement empirique! Maslow n’a jamais présenté des données pour prouver la pertinence de sa pyramide c’est de l’empirisme pur. Et cela ne veut pas dire non plus qu’il ait forcément tort. La hiérarchie des besoins de Maslow est enseignée comme une façon de comprendre la motivation. La pyramide ne fait pas le distinguo entre les besoins et les désirs.

Il lui est également reproché  de ne proposer aucune piste pour expliquer et traiter les situations de démotivation. Sa théorie est avant tout faite d’hypothèses. De données brutes qui ne sont pas applicables à tout le monde. Et selon certains, ses idées sont très spécifiques à la culture individualiste de l’Amérique. La vieille Europe n’échappe pas non plus cette critique !

Certains ont souligné les définitions culturelles des besoins suivant les pays et aussi la difficulté  de mesurer leur bien fondé, et de les généraliser à des  populations Et en dehors et ses différences culturelles, la pyramide des besoins peine à tenir compte des besoins individuels suivant la personnalité de chacun.

La pyramide des besoins est pour beaucoup un modèle obsolète, et il y a d’autres angles de vue pour appréhender la motivation et les besoins. Ce qu’il faut retenir de la pensée d’A.Maslow, c’est qu’il a ouvert la voie à des idées pionnières qui tiennent compte de la psychologie globale de l’être. Et ça, c’est primordial. Et nous y reviendrons dans ce blog.

à la Une

AVEZ VOUS DÉJÀ ÉTÉ ENLEVÉ PAR DES ALIENS? MOI NON!

La thérapie pour traiter le trauma des personnes kidnappées par des extraterrestres connut son heure de gloire dans les années 60/70 outre Atlantique.

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Le titre de ce post « Avez vous déjà été enlevé par des Aliens? Moi non!  » est volontairement provocateur!

Et n’omettez pas le A majuscule pour Aliens, après tout, ils sont des citoyens de la galaxie comme nous! Mais l’esprit de ce blog n’a pas changé, et il pourfend les dérives des psychothérapies. Alors revenons à nos moutons…

l’histoire de ce cas est relaté dans l’excellent livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology (non traduit en français) des auteurs Scott O. Lilenfield, et de Steven Jay Lynn.

Myra souffre de son dos, et la douleur devenant intolérable, elle se décide à consulter son généraliste. Pour la soulager, il préconise des séances de relaxation, et l’adresse à un psychologue spécialisé dans le traitement de la douleur par hypnose. Les premiers rendez-vous se passent sans histoire. Myra noue avec son thérapeute une alliance thérapeutique classique. Mais les rendez-vous vont rapidement prendre une tournure du troisième type. Au fil des séances, le thérapeute attribue ses douleurs dorsales à un abus sexuel qu’elle aurait subi enfant. Il aurait été perpétré par son père. C’est du moins ce qu’elle lui aurait affirmé sous transe hypnotique. Et de fil en aiguille, les abus sexuels ne s’arrêtent pas qu’à l’inceste. Son oncle aurait eu également des gestes déplacés à son égard.

Seulement voilà, lorsqu’elle n’est plus sous transe hypnotique, elle est amnésique de ces abus intrafamiliaux, et malgré cela, le thérapeute lui soutient mordicus que c’est réellement arrivé. Lors d’une séance, elle lui aurait raconté (toujours sous hypnose) avoir été enlevée par des extraterrestres (E.T). L’OVNI, de forme ovoïde, s’est posé dans la cour derrière la maison de son oncle pour la kidnapper. À bord du vaisseau spatial, les E.T vont pratiquer sur Myra des examens gynécologiques invasifs. Et son mal de dos en est l’une des séquelles.

L’ineffable hypnotiseur et ufologue de son état vante à Myra le bien-fondé des séances d’hypnose; cette méthode est parfaitement adaptée aux victimes d’enlèvement extraterrestre. Car elle permet de raviver les souvenirs enfouis dans l’inconscient, dus à la violence du trauma que représente un enlèvement extraterrestre. Pourquoi?
Parce que les E.T hypnotisent leurs victimes pour effacer de leur mémoire le souvenir de cet enlèvement!  Logique ! Non ? Tenez vous bien, durant trois ans, le thérapeute lui fera suivre une « Thérapie de la Mémoire Retrouvée »  pour qu’elle se souvienne coûte que coûte de ce kidnapping extraterrestre! Au fond d’elle même, Myra sentait bien qu’il ne s’intéressait à elle que lorsqu’elle parlait de ce qu’elle avait vécu à bord du vaisseau spatial, mais elle était sous son emprise.

Au fil des séances d’hypnose, Myra se plaint « d’avoir de moins en moins les idées claires,  elle est ensuquée, perpétuellement épuisée et coupée de ses émotions». Qu’à cela ne tienne, le thérapeute augmentera la durée des séances. Pas moins de 3 heures et pouvant aller jusqu’à 4 heures,  et ce trois fois par semaine. Par ailleurs, il lui interdit de prendre les médicaments prescrits par son médecin généraliste; ceux-ci risquent d’interférer avec sa thérapie pour raviver ses souvenirs.

Le coût de ces séances n’était pas donné, et les économies de Myra fondent comme neige au soleil. Elle arrête sa thérapie faute de pouvoir régler les honoraires de son thérapeute. Après s’être informée sur les dérives de la thérapie de l’enlèvement extraterrestre, elle consulte un avocat et  porte plainte contre le thérapeute. Et les deux parties trouvent un accord pour dédommager Myra du préjudice subi.

 

L’histoire de Myra n’est pas isolée. La thérapie pour traiter le trauma des personnes  kidnappées par  extraterrestre connut son heure de gloire dans les années 60/70 outre Atlantique. On se doute qu’elle est pseudo-scientifique. Elle repose sur un ensemble de doctrines issues de plusieurs ouvrages qui ont comme point commun de postuler que les extraterrestres ont créé artificiellement l’humanité. C’est la théorie des anciens astronautes. Ainsi les mystérieux dessins de Nazca (au Pérou) seraient des pistes d’atterrissage de ces êtres venus d’une autre planète. Les pharaons égyptiens seraient en fait des anciens astronautes venus délivrer des enseignements à l’humanité. En France, toute une littérature ésotérique s’en est emparée, popularisée par les livres de Robert Charroux. De nombreux mouvements sectaires ont fait des E.T leur fond de commerce. Comme la scientologie et la secte de Rael. Claude Vorilhon dit Rael a créé autour des Ufaunotes une secte. Les puys dans le Massif Central sont devenus des pistes d’atterrissage à l’instar de celles de Nazca. Dans les années 70, il a persuadé  ses disciples de la venue des soucoupes volantes. Nombre de People de l’époque ont attendu en vain ces fameux vaisseaux au sommet d’un puy auvergnat!

Le mythe moderne de l’affaire Roswell, maintenu par des mécanismes psychosociologiques, a marqué le début de cet engouement. En juillet 1947,  un OVNI se serait écrasé au sol près de Roswell, au Nouveau Mexique (Etats-Unis). En fait, il s’agirait de la chute d’un ballon-sonde ultra secret mis au point par les Américains, et  destiné à espionner la Russie. L’ufologie s’est particulièrement développée lors du mouvement New Age, et l’avènement de ses thérapies farfelues qui provoquèrent des dommages dans la psyché. L’un de  ces  préjudices qui a encombré les tribunaux américains dans les décennies 70/80 est le False Memory Syndrome (Syndrome des faux souvenirs) induit par une thérapie à base d’EMC (État Modifié de Conscience) comme l’hypnose.  C’est le cas de Myra!

Des thérapeutes se sont spécialisés dans la victimologie de l’enlèvement ET. « Les patients zéro » de la vague de la thérapie de la « Rencontre du troisième type » remontent à 1961. Les époux Betty et Barney Hill  furent enlevés par les Petits Gris ( une espèce d’E.T) en pleine cambrousse, alors qu’ils revenaient du Canada. En proie à de terrifiants cauchemars dus à cette expérience du troisième type traumatisante, ils vont consulter le Dr Benjamin Simon un spécialiste de l’hypnose. Miraculeusement, leurs souvenirs bloqués vont être ravivés, et la thérapie va être un franc succès! Parait-il! Et le top départ de la vague de la thérapie d’enlèvement E.T est donné.

À l’époque, les connaissances scientifiques sur le fonctionnement de la mémoire n’étaient pas celles d’aujourd’hui, validées par les neurosciences et l’IRM qui permet de visualiser les aires du cerveau. On pensait que la mémoire fonctionnait comme un disque dur, et qu’il suffisait de revenir en arrière pour trouver le souvenir traumatisant grâce à l’hypnose. Comment agit l’hypnose sur la mémoire? Si l’hypnose (bien pratiquée) favorise l’émergence de souvenirs, elle n’augmente pas la qualité de la mémoire. Et là, c’est crucial. Le journaliste scientifique Michael Shermer, en 2002, a  inventorié la littérature scientifique et  confirme qu’il est impossible de récupérer des souvenirs malgré ce que les hypnothérapeutes prétendent. La mémoire est un phénomène complexe impliquant des distorsions, des suppressions et des ajouts, et est un processus de fabrication complète.»

L’histoire de Myra n’est pas isolée. Certaines femmes racontèrent (toujours sous hypnose) avoir été engrossées par FIV et utilisées comme mères porteuses pour donner le jour à des enfants mutants (génétique humaine et extraterrestre). Des polices d’assurance proposèrent à leurs clientes une assurance spécifique contre les grossesses non désirées provoquées par les Petits Gris, ou encore une assurance-vie en cas de décès imputable aux Aliens. L’histoire de Myra peut prêter à sourire pour les sceptiques, et on peut se demander comment elle a pu tomber dans le piège d’une thérapie pseudo-scientifique. Mais des spécialistes se sont penchées sur la victimologie E.T.

Le professeur Mc Nally de Harvard a passé 10 ans à étudier les témoignages de victimes supposées victimes des E.T.

Il a dégagé 5 constantes chez ces témoins :

1) Ce sont des personnes souffrant de paralysie post sommeil (paralysie hypnopompique). Parmi ses manifestations, l’activité physique du corps est bloquée. La personne se croit réveillée mais ne peut plus bouger. Cet état s’accompagne d’hallucinations visuelles (comme des lumières clignotantes qui font penser à celles d’un OVNI), ou auditives accompagnées d’un sentiment de panique. C’est une sorte de semi éveil.  Dans cet état, elle peut avoir l’impression d’une présence (souvent maléfique) dans la pièce et se sentir en danger.
2) On pense que 25% des gens éprouveront au moins une fois dans leur vie une paralysie du sommeil. Alors rien d’extraordinaire, sauf pour les ufologues qui, visiblement sont fâchés avec la science.
3) Pour le syndrome des faux souvenirs, MacNally a constaté que les témoins d’enlèvement extraterrestre échouaient aux tests de mémoire classique comparés à d’autres groupes de personnes non enlevées par des extraterrestres. Deux fois plus sur des souvenirs autobiographiques.
4)   Ces personnes ont la particularité d’avoir une imagination débordante, des images vivaces et un fort indice de suggestibilité.
5)  Leurs croyances sont à l’opposé de la science. Elles sont de type New Age et ces personnes sont friandes de médecines alternatives, de guérison holistique, d’astrologie et de divination. Ils adhèrent aux thèses de l’ufologie et de la Science Fantasy.
Toutefois, McNally note que ces personnes ne sont ni stressées, ni déprimées, ni psychotiques et ne semblent pas avoir de problème de santé mentale évident. Alors, on peut toujours blaguer en disant que finalement, les 5 constantes dégagées par McNally ont été implantées par les E.T dans la psyché de  ceux qu’ils ont enlevés! Qui sait ? La vérité est ailleurs…Trêve de plaisanterie!

 

Faut-il nécessairement nier toute forme de vie extraterrestre? Non, il faut simplement voir ce que la science dit à son sujet. Très sérieusement,  elle s’occupe de chercher des traces de vie extraterrestre sur des exoplanètes. Le programme américain SETI (Search Extra Terrestrial Intelligence) a lancé le projet d’observer 2000 naines rouges (espèces d’étoiles) dans l’espoir d’y détecter un signal extraterrestre. En 2015, Stephen Hawking lançait la fondation « Break Through Listen » pour dénicher un signe d’intelligence extraterrestre. L’exobiologiste André Brack pense que la vie peut-être présente sous forme de bactéries.  Et pour le paléontologue Sébastien Steyer « une intelligence extraterrestre est envisageable mais peu probable».

Ces scientifiques renommés acceptent l’hypothèse que d’autres planètes sont habitables, et peuvent contenir une forme de vie, mais jamais, oh non jamais ils n’ont adhéré aux thèses science-fantasy des ufologues, aux soucoupes volantes ou aux Petits Gris. Ni conforté la victimologie d’enlèvement extraterrestre. La tête dans les étoiles mais les pieds sur terre!
L’astrophysicien Roland Lehoucq pense que s’il s’est développé des formes de vie, elles le seraient à partir d’une chimie différente de la nôtre. Les représentations d’Aliens par les auteurs de SF se sont calquées sur notre chimie. Et ces formes de vie n‘ont pas pu emprunter les mêmes chemins que la terre.  « La physique, cependant est universelle, et les mêmes contraintes doivent s’appliquer partout.»

 

Alors, dommage pour ceux qui croient aux Petits Gris, et  s’il y a eu une  rencontre du troisième type, il ne s’agit que de faux souvenirs dus à la manipulation de leur  mémoire.

à la Une

UNE THÉRAPIE MORTELLE!

Lors d’une séance brutale de contention, Candace a suffoqué sous le poids des couvertures, de celui de sa mère et des thérapeutes.

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©Norman Rockwell, Affcetion

 

Certaines thérapies pseudo-scientifiques peuvent s’avérer dangereuses jusqu’à être mortelles, et au nom de croyances psychologiques irrationnelles. Le législateur est alors  d’intervenir pour éviter de nouvelles victimes. C’est ce qui s’est passé en septembre 2002 avec le Parlement américain met hors la loi la Thérapie de l’Attachement (AT) incluant une forme de  Rebirth. Cette loi a  du être votée après la mort, dans des conditions atroces, de la petite Candace Newmaker, âgée de 10 ans. Cette enfant n’est pas la seule victime. Cette thérapie dangereuse, a tué d’autres enfants outre Atlantique. En juin 2002, l’American Psychiatric Association avait officiellement pris position contre les dérives de la Thérapie de l’Attachement et cette forme de Rebirth en  dénonçant ses formes coercitives telles que la torture et la violation des droits de l’enfant.

 

Ce Rebirth meurtrier fait partie du kit de la thérapie de l’attachement. Il a été développé par un groupe underground de thérapeutes dont les concepteurs sont Robert Zaslow, Foster Cline, sans omettre Jacqui Schiff, l’une des théoriciennes clefs de l’analyse transactionnelle. Cette vision est aux antipodes de l’approche des professionnels de la pédopsychiatrie et de l’enfance et s’apparente au « dressage pavlovien ». Il faut distinguer ce rebirth meurtrier  de  la méthode de la Respiration Consciente, mise au point par Léonard Orr dans les années 60. Les deux ont en commun d’être des thérapies pseudo-scientifiques du style New Age, mais ceci est une autre histoire.

Comment des thérapeutes censés être bienveillants ont pu concocter une méthode violant les droits de l’enfant? Ces fous, car ce sont des fous sans états d’âme, se proposaient de traiter le RAD, syndrome de l’attachement.

Le RAD (Reactive attachment Disorder) est consigné dans le DSM. C’est un syndrome initialement observé, dans les années 80, chez les orphelins roumains adoptés dans des pays occidentaux. Ces enfants avaient des difficultés à s’attacher à ceux qui les entouraient dans les premières étapes de la vie. Il concerne une toute petite frange d’enfants adoptés.Ces thérapeutes criminels ont élargi et banalisé ce diagnostic rare sur les enfants supposés ne pas manifester une affection débordante envers leur parent adoptif; leur spectre de diagnostic  allait de l’autisme, à l’hyperactivité, à la dépression, etc…ayant jeté aux orties les critères du DSM pour appliquer les leurs. Il faut aussi préciser que leur philosophie est à l’opposé de la théorie de l’attachement de Johnn Bolwby, figure centrale dans le développement de la pédopsychiatrie. Pour ces thérapeutes criminels, l’enfant doit rendre ses parents heureux en se soumettant entièrement à leur autorité.

Une fois le diagnostic posé, on proposait aux parents adoptifs des méthodes de reparentage pour obtenir de l’enfant l’attachement désiré et son obéissance totale. Le Rebirthing propose d’éradiquer par la manière forte  le désordre de l’attachement de l’enfant adopté pour éviter que l’enfant ne devienne un grand criminel, à l’instar de celle de l’Américain Ted Boundy, enfant adopté et devenu à l’âge adulte,  dans les  années 1980, un célèbre Serial Killer.Ces méthodes  incluent un contact visuel de l’enfant avec le parent lorsqu’il l’ordonne, de contention physique, de coups et  d’injonctions destinés à le terroriser, incluant une phase d’une régression censée faire retrouver les souvenirs de la naissance et de la vie intra utérine.

Ce rebirth mortel ferait revivre à l’enfant sa naissance ou la vie intra-utérine – occultée de sa mémoire – avec sa mère biologique; et cette amnésie l’empêcherait de développer des liens affectifs avec ses parents adoptifs. Or, concernant la mémoire d’une supposée reviviscence de sa naissance (ou de sa vie intra-utérine), c’est scientifiquement  impossible. Les premiers souvenirs remontent à l’âge de trois ans après la période d’amnésie infantile évoquée en premier par Freud. Les enfants sont incapables de traduire des souvenirs en images verbales jusqu’à l’âge de six, sept ou huit ans. Des études récentes montrent que le cerveau des enfants n’est pas suffisamment développé pour former et conserver des souvenirs complexes de souvenirs sur le mode de l’encodage des souvenirs d’un cerveau adulte.

Aux fins de diagnostic du désordre affectif d’un enfant, ce courant criminel du rebirthing utilisait une grille, connue pour ses limites, qu’ils avaient pompeusement nommé RAD (Randolph Attachment Disorder questionnaire) .
Les items sont au nombre de 18, et pour s’en faire un petit aperçu, en voici quelques uns:
-superficiellement engageant ou charmant (item 1)-
-vols (item 2)-
-Manque de conscience (12)
-Relations appauvries avec ses proches. (item 13)
-fascination par le feu (14)
-construction anormale du discours (item 18)
Avec cette méthode de « rebirthing », les thérapeutes Connel Watkins et Julie Ponders ont  torturé jusqu’à ce que mort s’ensuive, durant deux semaines, la petite Candace. Ils s’étaient inspirés des pratiques d’un certain Douglas Gosney qui recommandait de faire revivre à l’enfant  chaque étape de sa naissance en plusieurs séances. D.Gosney avait adapté la technique du rebirth à la thérapie de l’attachement. Ces techniques de reparentage furent synthétisées à partir de son travail avec Arthur Janov, l’inventeur du cri primal et de cinq années passées au côté de William Emerson.

 

La boîte à outils de ces  thérapeutes fous comprend plusieurs méthodes coercitives:-La thérapie par compression ou contention consiste par exemple à étouffer l’enfant    sous une couverture pour renaître. C’est ce qui se passa avec Candace.

-Une autre est une Séance de câlin où l’on force l’enfant à manifester de la tendresse à l’égard de ses parents adoptifs pour les rendre heureux.

-Et la troisième est la phase dite de consolidation, un process thérapeutique criminel où est évalué l’attachement de l’enfant à sa mère adoptive.
Lors d’une séance brutale de contention, Candace a suffoqué sous le poids des couvertures, de celui de sa mère et des thérapeutes. Le martyre de la fillette a a duré près de 70 minutes, comme en témoigne l’enregistrement vidéo. Ce qui est délirant, c’est que la mère adoptive de Candace était infirmière en psychiatrie; elle est restée de marbre aux appels de détresse de sa fille. Candace fût mise en position foetale et emballée fermement dans une couverture jusqu’à la tête (sécurisée par un noeud), symbolisant ainsi le ventre maternel.

Quatre grands coussins et neuf oreillers furent placés autour d’elle, pendant que deux thérapeutes et deux assistantes se mettaient à califourchon sur  elle. Un poids de 300 kilos pour une enfant pesant 31 kilos. Candace devait pour renaître sortir la tête première  de ses draps. Se appels à l’aide furent perçus comme un caprice et une crise de colère (faisant partie de la thérapie). Il lui fût répondu: « Marche ou crève ». Candace répliqua: « crever pour aller au paradis? »… oui, lui répondirent alors ces monstres…Elle mourut ainsi étouffée; Le drap déchiré près de ses pieds témoigne de sa lutte pour sortir de l’enfer de cette coercition physique monstrueuse.

Lors du procès, les deux thérapeutes Connell Watkins et Julie Ponders ne manifestèrent aucun remord. Elles furent toutes les deux condamnées à 16 ans de réclusion, le minimum pour maltraitance ayant entraîné la mort d’un enfant. La mère adoptive ne fût pas poursuivie mais sa réaction a de quoi  laisser pantois. On lui avait proposé d’appeler en mémoire de sa fille morte « la loi Candace » interdisant le rebirthing , et elle déclina cette invitation par ces mots: « non, ce serait lui faire trop d’honneur.»

Candace ne fût pas la seule enfant à mourir avec cette thérapie barbare. En 1996, David Polreisbeys, un enfant russe adopté et diagnostiqué comme souffrant de RAD, et soigné comme tel par les méthodes du reparentage. Il fut battu à mort par sa mère adoptive avec une cuillère en bois sur les conseils des thérapeutes.

En 1995, Krystal Tibbeys âgée de trois ans fût tuée par son père adoptif. Les thérapeutes lui avait enseigné comment faire une thérapie de l’attachement à la maison pour dresser l’enfant. Il devait s’allonger sur la tête de l’enfant, et devait appuyer fortement  sur son estomac pour induire une respiration abdominale dans l’espoir de déclencher la colère refoulée de Krystal. Les côtes brisées, l’enfant mourut étouffée.

Deux ans après la mort de Candace, une enfant de quatre ans, Cassandra mourut dans des conditions atroces au cours  d’une séance « d’intervention paradoxale » conseillée par les thérapeutes du reparentage. Comme elle avait volé le soda de sa soeur, les parents l’ont ligoté et lui ont versé environ deux litres d’eau dans le gosier. L’enfant mourut noyée pour avoir bu trop d’eau. La  thérapeute était celle qui avaitt tué  Krystal.

Aujourd’hui, grâce à la loi Candace, ce rebirthing fait l’objet d’une interdiction dans de nombreux états aux Etats Unis.

 

La rédaction de ce post n’aurait pas pu avoir lieu si certains de mes amis médecins et moi-même n’avions pas correspondu avec la regrettée Patricia Crossman, une psychologue qui n’a pas hésité a rendre un « Awards » qu’elle avait obtenu en tant que praticienne confirmée de l’analyse Transactionnelle. Lorsqu’elle s’est aperçue des dérives de cette méthode, elle n’a eu de cesse de dénoncer les dérives de cette thérapie. Et c’est au cours de l’un de ses articles sur le net, jeté comme une bouteille à la mer, que sommes rentrés en contact avec elle. 

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« DERNIER JOUR SUR TERRE »: PSYCHOLOGIE D’UN TUEUR DE MASSE.

« Dernier Jour sur terre »n’est pas un polar inspiré de faits réels, c’est un essai clinique magistral qui a sa place dans une bibliographie de sciences humaines.

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Le 14 février dernier fut une journée sanglante en Floride! Une fusillade dans un lycée a fait 19 morts. C’est l’une des pires tueries dans un lycée américain, et ce depuis celle du village de Sandy Hook dans le Connecticut où 20 enfants de primaire et six adultes avaient péri en 2012. Nicolas Cruz, l’auteur du massacre de Floride, âgé de 19 ans, avait été renvoyé du lycée Marjory Stoneman pour comportement erratique; il a choisi le jour de la Saint Valentin pour perpétrer ce massacre. Il se produirait, aux Etats-Unis, en moyenne, plus d’une fusillade par jour. Et il existe une liste, celle de la fusillade de masse (shootingtracker) qui recense les fusillades de masse. Cette appellation s’applique aux carnages durant lesquelles au moins quatre personnes ont été touchées lors d’attaques perpétrées en public, et dont les victimes n’ont pas de lien direct avec les auteurs. Depuis janvier 2013, l’état fédéral américain définit la tuerie de masse lorsqu’il y a au moins trois victimes (tueur non inclus).

Les fusillades en milieu scolaire et universitaire sont recensées dans les tueries de masse. Au cours de ces vingt dernières années, ces tueries sont devenues un phénomène à part entière. Il restera cantonné aux États Unis jusque dans les années 1990, et  à partir des années 2000,  cette notion fut élargie sur le plan international après plusieurs cas de fusillade en milieu scolaire au Canada et en Europe. Face à cette situation, un domaine d’études international a vu le jour. Il est à la croisée des disciplines de la psychologie, de la sociologie et des études de communication.

Les États Unis détiennent le triste record des fusillades en milieu scolaire. La première du genre eût lieu en août 1966. Le premier jour du mois, Charles Whitman abat à la carabine 16 personnes et en blesse trente et une autres du haut de l’une des tours de l’Université du Texas (Austin).

Le mode opératoire du jeune décidé à passer à l’attaque est rôdé. Il prémédite son acte et se rend dans un établissement scolaire -école primaire, collège, lycée-université- pour tirer sur le plus grand nombre de personnes (élèves ou personnel de l’établissement). La singularité de ce phénomène réside dans les fait que les tueurs n’ont pas de cibles clairement établies.

Le livre de David Vann, « Dernier Jour sur terre » autopsie une fusillade scolaire particulière. Celle de 2008 dans l’Illinois. Le 14 février, encore un jour de la Saint Valentin comme celle de Floride, Steven Philips Karzmierczak, étudiant en sociologie, ouvre le feu dans une salle de cours de l’université de Deklab (Illinois). Il tue six étudiants et en blesse quinze autres avant de se suicider en retournant l’arme contre lui.

« Dernier jour sur terre » est une enquête exhaustive sur la psychologie d’un tueur de masse en milieu universitaire, celui de l’université de l’Illinois. Dernier jour sur Terre est également le titre d’une chanson de Marilyn Manson, celle qu’écoute Steve Kazmierczak avant de tirer à bout portant sur ses camarades. « Dernier Jour sur terre » n’est pas un polar inspiré de faits réels, c’est un essai clinique magistral qui a sa place dans une bibliographie de sciences humaines. L’auteur plonge dans la psyché d’un tueur de masse en se comparant à lui par introspection et à partir de son passé d’adolescent.

Car ils ont, tous les deux, d’étranges similitudes. David Vann était à peine âgé de treize ans lorsqu’il hérite des armes de son père qui a mis fin à ses jours d’un coup de revolver. Le livre commence par ce souvenir glaçant: « Après le suicide de mon père, j’ai hérité de toutes ses armes à feu. J’avais treize ans. Tard le soir, je tendis le bras derrière les manteaux de ma mère dans le placard de l’entrée pour tâter le canon de la carabine paternelle, un Magnum 300. Elle était lourde et froide, elle sentait la graisse à fusil. »

Adolescent, David Vann observe par la lorgnette de sa carabine ses voisins tard dans la nuit; l’envie de tirer sur eux ou les élèves de sa classe lui trotte parfois dans la tête.  Il échafaude des scénarios et imagine sensations qu’il éprouverait en tirant sur des cibles humaines. C’est son père qui l’a initié au maniement des armes. Il lui a appris à observer les braconniers à travers la lunette de sa carabine. Avec le consentement de sa mère, David commande par correspondance les cartouches. Cette culture des armes est inconcevable dans notre pays, et est sujette à débat outre Atlantique, mais pour la comprendre, il faut se référer au deuxième amendement de la constitution qui garantit pour tout citoyen le droit de porter des armes. Chaque état a une législation particulière.

David Vann va enquêter sur la personnalité de Steve Karzmierczak pour le magazine Esquire;  ce qui lui facilite l’accès aux archives de l’affaire. C’est un pavé de mille cinq cent pages dont la consultation avait été refusée à tous les médias prestigieux en passant du New York Times, au Chicago Tribune, au Washington Post, à CNN. Pour David c’était l’opportunité rêvée pour réfléchir à son parcours d’adolescent fasciné par les armes à l’instar de Steve  Karzmierczak.
« J’y ai découvert l’histoire d’un garçon qui avait failli éviter de se changer en tueur de masse, un garçon qui essayait de devenir quelqu’un à l’issue d’une enfance malheureuse, d’un passé émaillé de maladies mentales, un garçon cherchant à atteindre le Rêve américain, qui ne se résume pas à l’argent, mais qui consiste à se reconstruire.»

Le projet initial de David Vann était d’écrire un livre sur la personnalité de Steve, comme   une victime qui se suicide et non comme un tueur de masse. Il consulte les articles de presse  avant de rencontrer les professeurs et l’entourage de Steve K. Tout au long du livre, David Vann a le courage de mettre en parallèle sa vie avec celle de Steve K. Tout comme lui, il a accès à la drogue facilement.  Mais les ressemblances entre eux deux vont vite s’arrêter. Steve K s’entiche du mouvement gothique, écoute Marilyn Manson, le chanteur gothique, souffrir de dépression et côtoyer des gens atteints de troubles mentaux. L’un des moments les plus marquants de la vie de Steve est son séjour au foyer Mary Hill, un foyer situé dans un quartier difficile afro-américain où règne la violence. Sur son évaluation psychiatrique, il est noté que Steve K fait preuve d’un comportement étrange, son cheminement de pensée est normal, et ses émotions qualifiées de neutres.

On ne peut-être  qu’impressionné par la lecture du traitement suivi par Steve K consigné dans le livre. Lisez plutôt: Prozac (20mg le matin), un antidépresseur. Zprexa (10mg, au coucher), neuroleptique atypique. Depakote, 500 mg le matin puis 100mh d’un régulateur de l’humeur. Ses traitements précédents incluaient du Paxil (antidépresseur), du Cogentin, (anticholinergique), Risperdal (neuroleptique atypique), du lithium et du Cylert pour les troubles de l’attention (ADHA). Une camisole chimique.

Avant de passer à l’acte meurtrier, Steve K avait arrêté son traitement! S’il avait suivi cette prescription, aurait-il ouvert le feu dans cette salle de cours? Qui sait?

Après son enquête, David Vann conclut n’avoir aucun point commun avec Steve K. Il ne partage pas son racisme. Steve K était membre du KKK. Ni son libertarisme, son goût pour les films d’horreur, sa fascination pour les tueurs en série, le service militaire, sa sexualité ambivalente, les rencontres obsessionnelles sur le Net, les prostituées, les médicaments, le passé psychiatrique de ses amis dealers, les tatouages, la mère déséquilibrée.

Le seul point commun qu’ont les deux jeunes gens est la fascination pour les armes. Selon David Vann, ce n’est pas parce qu’on possède une arme que la destinée fait de vous un meurtrier. Au fil de son enquête, David Vann est convaincu que le destin de Steve était déjà tracé avant qu’il ne quitte le lycée, et que l’escalade de  violence qui l’a mené à ce massacre était inéluctable.

Après le carnage de Deklab, l’Illinois a tenté légiférer pour limiter l’achat des armes. Un pistolet par mois, soit tout de même la bagatelle de douze armes par an! Peine perdue, le lobby des armes y a mis son veto.

Steve K a abattu cinq étudiants, et il y a les rescapés. Brian, témoigne de l’horreur vécue par les victimes: « J’ai essayé de jeter un coup d’œil derrière l’estrade pour l’apercevoir, mais, à l’instant où je l’ai vu, il s’est tourné et m’a repéré. Il a fait volte-face et il a tiré, et il a appuyé à de multiples reprises sur la détente de son Glock. Il m’a mitraillé. J’ai été touché à la tête. C’était comme de recevoir un coup de barre. Je suis tombé face contre terre, et tout ce qui m’est venu à l’esprit, c’est : je viens d’être abattu, je suis mort. J’ai heurté le sol, les yeux fermés, un sifflement dans mes oreilles et j’ai cru que c’était le bruit de la mort, quand on pénètre dans l’obscurité.»

« Dernier Jour sur terre » est l’un des livres les plus exhaustifs sur la psychologie du tueur de masse. Sa lecture est éprouvante car il ne s’agit pas d’une fiction mais d’une réalité sanglante.

 

Sources:
http://www.gunviolencearchive.org/methodology
http://www.shootingtracker.com
http://www.huffingtonpost.fr/2016/12/03/cette-video-de-prevention-contre-les-tueries-de-masse-dans-les-e/
http://www.telerama.fr/monde/fusillades-aux-etats-unis-les-chiffres-qui-tuent,132224.php
https://sejed.revues.org/8265?lang=en

http://newsoftomorrow.org/histoire/modernite/chronologie-des-fusillades-et-agressions-dans-des-etablissements-scolaires-et-ailleurs