L’importance de la nature est fondamentale sur le bien être physique et moral des séniors! Comme l’admet Jessica Finlay, cette étude est « empirique », bien que répertoriée dans Pubmed.
Les seniors qui se connectent quotidiennement à la nature en tirent de vrais bénéfices, affirme une étude parue récemment.
Avoir accès à la nature (parcs, points d’eau…) permettrait de rester en bonne santé et de mieux vieillir. C’est ce que révèle la chercheuse Jessica Finlay dans une étude parue récemment.
Quels sont les bienfaits pour le corps et pour l’esprit ?
Passer chaque jour un moment dans la nature améliorerait la qualité de vie, la santé morale et physique des personnes âgées. Telle est la conclusion d’une étude anglo-saxonne menée par Jessica Finlay et son équipe de l’Université du Minnesota, publiée en juillet 2015, dans « Health and Nature », une revue spécialisée en psychologie de l’environnement.
Les résultats de cette étude sur les bienfaits de la nature chez les séniors peuvent sembler pour les jeunes ou les moins jeunes une évidence en cette période estivale! C’est l’occasion pour beaucoup d’entre nous d’aller se ressourcer au bord de la mer, dans la campagne ou à la montagne. Quand on est en pleine possession de ses capacités physiques et mentales, il semble facile de bouger à sa convenance, prendre sa voiture ou le train pour aller se promener dans les bois, aller sur la plage. Ors, ce n’est pas toujours le cas pour les personnes âgées. Notamment pour celles qui souffrent de pathologies diverses, invalidantes et qui sont dépendantes, isolées ou encore en maison de retraite médicalisée jusqu’à la fin de leurs jours. Alors interrogeons nous sur la qualité de vie de nos aînés quand ils sont coupés de la nature, avec parfois la sensation d’être claquemurés dans une institution ou une maison de retraite.
Car une maison de retraite reste un cadre de vie contraint, qui réduit les libertés individuelles de la personne qui s’est résignée à finir ses vieux jours là-bas pour diverses raisons. Qu’en est-il de leur psyché, en sachant que selon les résultats des dernières enquêtes réalisées en France, 33% des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), souffriraient de dépression? Outre cela, le risque de suicide est plus élevé chez les seniors de plus de 85 ans, deux fois plus que pour les jeunes de 25 à 44 ans. Or, le fait d’être triste ou pessimiste ne doit pas être considéré comme normal pour une personne âgée, et il n’est peut-être pas besoin de leur administrer des doses massives de psychotropes, dont on sait aujourd’hui que l’excès est délétère.
C’est un autre paradigme que proposent dans leurs conclusions Jessica Finlay et son équipe de l’université du Minnesota sur les effets bénéfiques de la nature chez les séniors en maison de retraite sont novatrices, même si ce que s’y raconte semble des lieux communs pour les plus jeunes. L’importance de la nature est fondamentale sur le bien être physique et moral des séniors! Comme le reconnaît Jessica Finlay, cette étude est « empirique », bien que répertoriée dans la base de données scientifiques de Medline qui cite les études sérieuses. C’est d’abord une réflexion pour les politiques de prise en charge des personnes âgées, en construisant des espaces qui accueillent les personnes sur l’ensemble de leur vie.
Les pouvoirs publics pensent d’abord à la construction d’aire de jeux pour les enfants mais rarement à des bancs pour que les grands-parents puissent les regarder s’amuser. Cette importance de la nature sur le bien-être physique et moral de nos aînés s’inscrit dans un courant humaniste qui est celui de la psychologie de l’environnement. Il étudie comment l’environnement physique immédiat d’une personne affecte sa psyché, son bien-être physique et mental, ainsi que son comportement.
Et également dans le courant de la psychologie positive, qui est l’étude scientifique des forces du fonctionnement optimal et des déterminants du bien-être. La notion de paysage thérapeutique, avec l’importance des espaces verts et aquatiques, met l’accent sur la dimension hédonique, liée à l’augmentation des émotions agréables et comportant également une dimension endémonique, avec le sentiment que la vie a du sens jusqu’au dernier souffle.
Cette étude anglo-saxonne s’oppose à la notion de pathologisation, de médicalisation forcenée de la personne âgée au détriment de la qualité de vie, l’épanouissement de soi.
Avoir accès à la nature influence la qualité de vie, alors pensons y pour nous aînés et dans les propositions politiques de la prise en charge de la dépendance des séniors. Alors, quel est l’impact positif de la nature observé par Jessica Finlay sur le bien-être de nos aînés ?
Avoir accès chaque jour à la nature influence leur qualité de vie. Un environnement boisé, un parc, ainsi que des étendues d’eaux avec des bassins, des lacs, des fontaines, une rivière, augmentent leur bien-être physique, moral et la connectivité spirituelle.
Un étang, un banc avec vue sur des massifs fleuris est quelque chose de positif. Le simple bourdonnement d’une abeille sur les fleurs, ou même le fait d’avoir vue sur des pots de fleurs sur un rebord de fenêtre est important pour une personne en maison de retraite.
Jessica Finlay parle de mettre en place des espaces de socialisation pour faciliter les interactions sociales et les rencontres intergénérationnelles en proposant des activités avec les amis, les familles et les voisins dehors. Comme le souligne Jessica Finlay, « avoir accès à des espaces verts et aquatiques encourage les aînés à avoir envie de sortir. C’est un facteur de motivation pour rester actif physiquement, garder le moral et avoir envie de nouer des relations sociales ».
– Faire de la natation, marcher dans l’eau ou avoir un contact avec la nature permettent d’accroître l’immunité et d’avoir une meilleure résistance physique. Le simple fait d’avoir des points d’eau comme des piscines et des pataugeoires favorisent les activités physiques.
-Être motivé pour sortir et ainsi éviter la dépression
Ces milieux naturels permettent, en maison de retraite, de trouver des raisons de sortir, de franchir une simple porte pour aller dehors, de quitter ce cadre de vie contraint. Certains seniors ont perdu l’habitude d’un acte aussi simple. C’est important pour la qualité de vie d’éviter la sensation d’ennui, l’isolement, la solitude subie et le sentiment d’inutilité, qui sont facteurs de dépression.
Avec cette étude, la chercheuse Jessica Finlay applique aux aînés les mêmes principes de psychologie positive qui favorisent le bonheur comme pour les plus jeunes. Elle propose trois conseils pour bien vieillir :
1.Focus sur le bien-être global. La santé mentale et sociale est tout aussi importante que la santé physique.
2.Laisser aux aînés en maison de retraite la liberté de sortir. En clair, ne pas les confiner à l’intérieur de quatre murs.
3.Priorité au contact quotidien avec la nature. Avoir la possibilité et s’asseoir dans un parc, regardez l’eau couler d’une fontaine ou même de simples plantes.
Alors il est grand temps que les préceptes de cette étude soient suivis d’effets. Tout comme la nature, soyons bienveillants envers les personnes âgées.
Cet article a paru sur le site du Nouvel Obs Plus, le 19 juillet 2015
Un détenu sur sept souffre d’une maladie mentale. Pour tous les observateurs, la détention est la forme ultime de l’exclusion sociale et le miroir de notre société.
Van Gogh, The Prison Courtyard
Une prison est un lieu de détention qui prive l’individu de sa liberté pour un certain laps de temps. Une peine d’emprisonnement est la conséquence directe d’une décision de justice. Aux yeux de l’opinion publique, elle est perçue comme la plus sévère par à rapport aux autres types de peine comme le port du bracelet électronique ou les travaux d’intérêt général. Paul Dhaeyer, juge au Tribunal de première instance de Charleroi, rappelle les origines de la peine de prison ainsi: « Mais cette reine des peines » est relativement récente. En réalité, elle a vu le jour avec la révolution française. La peine de prison fut introduite à l’époque comme peine de référence pour remplacer les supplices qui avaient cours sous l’ancien régime et dont la cruauté était souvent sans rapport avec le crime réprimé. Le législateur de l’époque a sciemment voulu que ces peines soient plus « douces » que le crime ou le délit commis par le condamné. Dans l’esprit qui régnait à ce moment, la peine privative de liberté devait servir avant tout à l’amendement du condamné. La « douceur » de la peine devait en outre donné une leçon d’humanité et de civilisation à celui qui avait plus ou moins enfreint les règles de la société civilisée.»
Pour le sociologue américain Erving Goffman, la prison est une institution totale, concept qu’il a développé après avoir observé l’hôpital psychiatrique. L’institution totale est un lieu de chamboulement où l’individu se voit déposséder de sa liberté, de ses allées et venues; son périmètre de vie se rétrécit, et la notion de temps est soumise aux contraintes de l’institution buraucratique. Goffman s’est placé du point de vue de ceux qui sont soumis aux contraintes de l’institution totale, et il les a appelés les « reclus ». Les détenus sont des reclus au sens stricto sensu, tel que défini par Goffman. Stendhal a résumé le statut du détenu par à rapport à l’homme libre: «le pire des malheurs en prison, c’est de ne pouvoir fermer sa porte». Dans l’exercice de leur profession, les soignants subissent de plein fouet les contraintes bureaucratiques de l’institution totale.
L’institution totale crée un espace temps où se confondent lieu de travail, lieu de vie et lieu de loisir. Une vie sociale existe entre les reclus, mais l’une des caractéristiques de l’institution totale est de chambouler la psyché des détenus.
L’accès aux soins pour les détenus est une épopée, et il n’est absolument pas comparable à celui du système de santé dehors. C’est un système invisible, et où la référence à la prison est soulignée comme une marque au fer rouge. Ainsi, peut-on voir au CHRU de Lille, un pôle intitulé « Psychiatrie, médecine légale et médecine en milieu pénitentiaire ». Car l’exercice médical en milieu carcéral est différent de l’exercice en milieu libéral ou hospitalier. Dans leur livre Psychiatrie en milieu carcéral, les psychiatres Pierre Thomas et Catherine Adins-Avinée font remarquer qu’il y a en prison plus de comorbidité, plus de précarité, plus d’actes médico-légaux dont la pénalisation peut parfois paraître démesurée par rapport à l’acte et le contexte dans lequel il a été commis. La prison, devient un lieu de vie pour des patients psychiatriques marginalisés. Un article du Quotidien du Médecin, publié le 23 mars, fait cet amer constat factuel : « les actions de réduction des risques et des dommages (RdRD), en particulier liés à l’usage de substances psychoactives, peinent à franchir les portes des prisons. En janvier 2016 pourtant, la loi de modernisation de notre système de santé reconnaît que la politique de réduction des risques s’applique également aux personnes détenues « selon des modalités adaptées au milieu carcéral ».
L’état de santé des patients incarcérés est bien plus altéré que des personnes dehors du même âge et de même condition. Un détenu sur sept souffre d’une maladie mentale. Pour tous les observateurs, la détention est la forme ultime de l’exclusion sociale et le miroir de notre société. La prison reste toujours « une institution totale » comme l’a décrite Goffman. Les conditions de détention sont tributaires des politiques carcérales, et il est difficile de faire évoluer le regard de la société sur les conditions de détention, ainsi que sur le détenu après « la levée des écrous ». Les médias en parlent lorsqu’il y a des flambées de violence de la part des détenus envers le personnel pénitentiaire, et après, silence radio. Faut-il pour cela se laver les mains des prisons en considérant que le détenu l’a bien cherché, et qu’il n’avait pas à transgresser les lois de la société civilisée? Morale et société, tout un programme! L’accès aux soins est un droit pour tous, et c’est à se demander si les politiques carcérales prennent en compte les difficultés d’accès aux soins en prison.
Les conditions d’accès aux soins seraient-elles facilitées si la France s’inspirait des prisons ouvertes comme au Danemark où la surpopulation carcérale est inexistante? Ou si on généralisait d’autres type de peines comme le bracelet électronique ou les travaux d’intérêt général? En fonction de la nature des délits, cela s’entend! C’est un débat de société.
La difficulté d’acccès aux soins des détenus ne date pas d’hier. Sur l’exercice de la médecine carcérale, voici le témoignage du Dr Philippe Deharvengt, ex médecin des prisons. Ce témoignage date de 1995, et il est (hélas) toujours d’actualité sur de nombreux points malgré la énième politique carcérale. Il a joué en vain le rôle de lanceur d’alerte. Le changement dans la continuité.
Trélissac , Août 1995
Docteur Philippe DEHARVENGT
Médecin Chef de la Maison d’Arrêt de Périgueux
Médecin au Centre de Détention de Neuvic
C.S.M.F. 24Dr Philippe Deharvengt
L’exercice médical en milieu carcéral est-il différent de l’exercice libéral ou hospitalier ?
Sans aucun doute la réponse est » OUI « . Et cela pour de multiples raisons!
« Non qu’il existat plusieurs façons d’exercer ; encore moins que la population pénale fut médicalement une » sous-population « , indigne de la qualité des soins due à la population libre . Mais la Médecine Pénitentiaire est confrontée à de lourdes contraintes, et la population pénale comporte sa spécificité propre dans les domaines épidémiologique, psychiatrique, culturel, social, médico-légal , etc.
La première particularité, et non la moindre, de la Médecine en milieu carcéral, est l’absence de libre choix du Médecin par le Patient. L’incarcération entraîne la perte d’un grand nombre de libertés, tout en garantissant certains droits, dont le droit à la santé. Mais les détenus n’ont pas le choix du Médecin; celui-ci apparaît ainsi comme « commis d’office »; ce qui n’enlève rien à sa responsabilité professionnelle, bien au contraire!
Mais cela change bien des choses dans la relation Médecin-Malade. N’ayant pas choisi son Médecin, le détenu a naturellement tendance à considérer celui qui lui est imposé comme un représentant de l’Administration Pénitentiaire, celle-ci étant elle-même au service de l’Appareil Judiciaire (mais, n’en va-t-il pas de même pour les grandes administrations: Mines , S.N.C.F, Poste, Armée etc..dans lesquelles les Médecins sont à la fois juges et parties, toutes fonctions confondues: aptitude au travail, responsabilité de l’employeur, éducation pour la santé, campagnes de prévention, soins aux assujettis et à leurs ayant-droits?
Il s’en suit une inévitable réaction de défiance, souvent majorée par des revendications sinistrosiques et des tentatives de manipulations opportunistes.
Autre spécificité , la pathologie carcérale. C’est un lieu commun de dire que la population pénale est un concentré de l’exclusion , de la marginalité, du mal des banlieues.
Lieu commun d’évoquer la drogue . . . Elle est omniprésente. Dehors, bien sûr; mais aussi intra muros . . . Elle s’infiltre . . . Comment? Comme toutes les poudres! . . . Elle alimente toutes les pressions, tous les rackets, toutes les violences. Chaque consultation peut masquer une demande toxicomaniaque, une déviation thérapeutique, soit pour l’usage de l’intéressé lui-même, soit, et c’est fréquent, pour un co-détenu exerçant un racket.
Chacune de nos prescriptions doit être pensée dans ce sens.
D’autre part, la vie carcérale est par elle-même fortement pathogène, agissant comme un miroir grossissant, quand ce n’est comme un révélateur, de la pathologie en milieu libre.
Il y a d’abord le traumatisme de l’incarcération, qui fait suite à l’épreuve de la garde-à-vue. La plupart des tentatives de suicide ont lieu dans les dix premiers jours de la détention.
Il y a surtout les relations entre détenus: la violence omniprésente, le racket déjà mentionné, et aussi la ségrégation. Les authentiques truands -les caïds- mènent la vie dure aux « pointeurs », c’est ainsi qu’en jargon carcéral on désigne les violeurs et pédophiles de tous poils!
C’est, dans bien des cas, l’analphabétisation, l’absence d’accès antérieur aux soins médicaux, psychiatriques, dentaires, l’absence de notions d’hygiène élémentaire. C’est évidemment, la séro-prévalance du V.I.H, des Hépatites, des M.S.T mais c’est aussi la pathologie psychiatrique, les tentatives de suicide, les auto-mutilations, également le retour en force de la tuberculose ( qu’elle soit ou non une infection opportuniste du V.I.H. Et d’une façon générale, toutes les pathologies liées à l’exclusion, difficultés auxquelles, il faut bien souvent ajouter l’obstacle de la langue. 1/4 voire 1/3 des détenus ne comprennent pas ou comprennent mal le Français .
Il faudrait également parler du Secret Médical, qui, malheureusement, dans ce milieu clos qu’est la Prison, prend trop souvent des allures de secret de Polichinelle.
Docteur Philippe DEHARVENGT
Le Dr Philippe DEHARVENGT, aujourd’hui à la retraite continue à dénoncer les conditions d’accès aux soins des détenus. Pour lui, « la prévention en milieu carcéral relève de l’utopie… Cela tient à la particularité de la population pénale, mais aussi au manque de moyens humains et matériels…»
En guise de conclusion, si ce témoignage vous a intéressé, vous pouvez consulter la suite des propos du Dr Philippe Deharvengt.