AU SUJET DU RÔLE DES ANIMAUX EN THÉRAPIE.

Levinson devint l’instigateur de la Pet Therapy dans les années 60.

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À Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), un EPHAD a accueilli à la plus grande joie de ses pensionnaires, un chien d’assistance. Même genre d’initiative à Pézillac-la-Rivière  (Pyrénées Orientales) un chiot il y a deux ans. Le rôle des animaux incitent les résidents à créer du lien, à s’ouvrir au monde extérieur, et à reprendre confiance en eux. octobre 2014, lle droit français reconnaît que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Jusqu’à présent, ils étaient considérés comme des biens ou des meubles (comme une chaise). Les nombreux amoureux et possesseurs d’animaux n’ont pas attendu l’évolution du droit français pour s’en rendre compte.

La France compterait une population de 63 millions d’animaux familiers. Avoir un animal pour combattre la solitude arrive en tête  des raisons invoquées sur de nombreux sites. Cela paraît généraliste et sous-entend que l’animal est un substitut de l’humain,  et dénigre l’amour des animaux. C’est presque un reproche visant à culpabiliser le ou les propriétaires d’animaux de compagnie qui seraient défaillants dans la relation à l’Autre, et n’ont d’autre choix que de faire un transfert sur ces «boules de poils à quatre pattes ».L’animal est bien présent dans les sciences humaines. La psychologie se sert de l’éthologie animale. L’étude du comportement animal  est comparé avec celui des hommes, notamment sur le langage, certaines taches cognitives, empathie et émotions diverses, etc.

Parfois, il y a eu un surinvestissement sur certaines capacités cognitives attribuées aux animaux supposées se calquer à celles de l’homme. Ce fut le cas sur l’acquisition du langage chez les grands singes. Il y a eu trois grandes décennies d’expériences scientifiques sur le langage chez les primates, se contredisant parfois les unes avec les autres. Les études sur les singes montrent qu’ils disposent de capacités cognitives sous-jacentes au langage. Comme l’affirme le linguiste Noam Chomsky, (peu fan des études sur les singes parlants) : «le langage n’est pas une spécificité génétique de l’homme mais une compétence dont on retrouve les racines chez les grands singes.»

En 2014, un selfie fût attribué à un macaque. L’éthologue Frans de Waal de l’université d’Emory (Atlanta) met les choses au point: «Les macaques de Sulawesi ne reconnaissent pas leur reflet»… « Mais ils sont intéressés, ils grimacent». Seuls quelques grands mammifères ont passé avec succès le test du miroir imaginé par le psychanalyste Jacques Lacan qu’il destinait à l’enfant. Les orques et les dauphins s’examinent en utilisant le test du miroir. Les félins ont été recalés au test. La reconnaissance de soi existerait également chez la pie.

On sait aujourd’hui que les rats peuvent apprendre les règles abstraites qu’ils pourront appliquer à de nouvelles situations.  Et parfois la mémoire de l’animal est comparée à celle de l’homme, et certains résultats peuvent s’avérer surprenants. Lors d’une étude menée par des chercheurs de l’université de Kyoto, Ayumu un singe s’est révélée à la fois plus rapide et plus efficace que les étudiants humains recrutés pour l’occasion.

Ces expériences scientifiques et comportementalistes apportent la preuve que l’animal est un être sensible, et qu’il faut penser le rapport homme/animal en thérapie. L’effet bénéfique de l’animal sur l’homme était déjà reconnu au XVIIe siècle. Au 18e et XIXe siècle, diverses espèces d’animaux étaient intégrées au sein de plusieurs institutions de soins en Angleterre et ailleurs. On introduisait des Lapins et des volailles dans les asiles pour que les patients prennent soin d’eux et se responsabilisent. La Yord Retreat, un asile anglais ouvert en 1796, servit de modèle pour les autres asiles dans le monde et fut la pionnière dans l’utilisation intensive d’animaux pour faciliter les thérapies. Pour la première fois, les patients atteints de troubles mentaux pouvaient circuler librement dans les enceintes d’un bâtiment, où des animaux domestiques avaient été introduits.

La Thérapie Assistée par l’Animal (TAA) est une méthode d’intervention utilisée comme auxiliaire aux thérapies conventionnelles ou l’animal joue un rôle de médiateur entre le thérapeute et la personne dans le besoin. La TAA est à distinguer de l’Activité Assistée par l’Animal (AAA), qui est, de manière générale, une méthode préventive utilisant l’animal dans le but d’améliorer la qualité de vie de la personne ciblée en la motivant À participer à des activités récréatives  où l’animales est le centre d’intérêt. Ce qui est différent dans la TAA ou l’animal est  un médiateur. Difficile de faire la différence mais il y a une subtilité supplémentaire avec la TAA. C’est avant tout une façon de travailler, et non une profession. En France, on parle plutôt de zoothérapie.

Dans les années 70, deux psychiatres américains, Samuel et Elisabeth Corson, en mettant en présence des chiens et des adolescents perturbés ne réagissant ni aux neuroleptiques, ni aux électrochocs (c’était le protocole thérapeutique de l’époque) obtiennent des résultats prometteurs.

Le docteur vétérinaire Ange Condorcet, étudiant dans les écoles, des hôpitaux psychiatriques et les cabinets vétérinaires la relation particulière entre l’enfant et son animal familier, découvre le chien comme déclencheur de communication.

C’est  Boris Levinson, psyschologue à l’université de Yeshiva aux USA, le principal pionnier de la TFA (thérapie facilitée par l’animal) qui démontra, en 1950, le rôle thérapeutique complémentaire de l’animal durant des séances de thérapie. Une interaction s’établit par hasard au cours d’une consultation  entre le chien du psychologue et un jeune autiste avec lequel il joua. Cette interaction privilégiée permit à l’enfant de parler pour la première fois. L’enfant demanda à revoir le docteur Jingles (le chien) qui était pour lui « un drôle de médecin». Levinson devint l’instigateur de la Pet Therapy dans les années 60.

L’animal, par sa simple présence, renforce le lien de confiance entre le thérapeute et le patient. Le thérapeute accompagné de son animal se voit attribuer les mêmes qualités que celui-ci : amical, tranquille, rassurant, etc. Comme il ne parle pas, la projection sur l’animal est facilité. Il peut aider à exprimer et à partager des sentiments et des émotions.

C’est à partir de 1980, que la TAA a pris son essor aux Etats-Unis. Au Canada, en Suisse des associations de TAA sont déclarées d’utilité publique. C’est une méthode clinique qui cherche à favoriser les liens naturels qui existent entre les humains et les animaux à des fins préventives et curatives.

En 1988, l’institut de zoothérapie du Québec en donne la définition suivante: « activité qui s’exerce, sous forme individuelle ou de groupe, à l’aide d’un animal familier, soigneusement sélectionné et entraîné, introduit par un intervenant qualifié dans l’environnement immédiat d’une personne chez qui l’on cherche à susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer son potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif.»

Pour Caroline Bouchard, responsable de l’association internationale pour la Zoothérapie, «la TAA réunit des praticiens des sciences médicales et des sciences humaines dans une action concertée visant à améliorer le cadre de vie, créer un cadre favorable aux traitements des maladies mentales  ou physiques, et a contribuer en général au mieux-être de la communauté.»

Une psychologue clinicienne canadienne décrit avec passion sa pratique de TAA :  « Je travaille avec des animaux dans ma pratique privée auprès de mes patients. Surtout chez les enfants et les adolescents mais aussi chez les adultes parfois. Les gens apprécient beaucoup la présence des chats. Nous en avons quatre (Philomène, Félix, Wilson et Zorro). Nous avons aussi quelques chiens occasionnellement, et dans notre salle des animaux, un furet, des lapins, deux cochons d’Inde, deux tourterelles rieuses et…. Léo le hérisson !»

« Dans un premier temps, ça a un effet apaisant chez le patient. L’animal peut aussi être utilisé pour évoquer les symptômes d’un enfant ou encore de ses pensées ou ses émotions, ce qui est moins confrontant pour lui. C’est aussi agréable pour le thérapeute puisqu’il aime la présence des animaux lui aussi. »

La TAA est bénéfique aux personnes âgées placées en institution.

Mc Quillen ajoute que des activités régulières de TFA offertes dans une unité de soins de longue durée en Saskatchewan ont permis d’alléger l’isolement et la privation sensorielle des participants. Il attire l’attention sur l’importance du toucher affectif que procure l’animal pour les personnes en institution ayant des privations sensorielles et ayant une diminution de relations significatives.  (Fick KM. The influence of an animal on social interactions of nursing home residents in a groupe setting. The American Journal of Occupational Therapy. 47, 529-534 ; 1992.)

Si aujourd’hui, des chiens sont accueillis dans des EPHAD, c’est bien la mise en pratique (bien tardive au passage) des résultats d’une enquête nationale AFIRAC & ADHEPA qui date de 1994. Elle avait démontré  les bénéfices suivants, dus à la présence d’un chien : une augmentation du sentiment d’utilité, des contacts sociaux, de la vigilance, de la mobilité et de l’autonomie .

Dans un excellent mémoire de thèse déniché sur le net, avec une méthodologie pointue digne de l’Evidence Based Medecine, Monique Hacklinger décrit les bénéfices du contact visuel entre le chien et les personnes âgées :

« Au cours de plusieurs séances de TFA j’ai pu remarquer que cette interaction « œil  à œil  » était recherchée, provoquée très souvent par les résidentes. Elles appellent le chien, prennent sa tête dans leurs mains, tiennent sa patte, posent la main sur sa tête, l’embrassent. Elles ont besoin de ce regard qui ne juge pas, ne renvoie pas d’image négative, dévalorisante. Image qui leur est si souvent renvoyée par le miroir ou le regard de l’Autre.» et elle poursuit: « L’animal installe, par sa présence, un système de relations triangulaires et joue le rôle de médiateur social. Il ne s’agit plus d’une relation entre deux êtres humains mais d’une relation entre deux individus, la personne âgée démente et le thérapeute, qui passe par un intermédiaire : le chien.»

Après un long travail méthodologique et d’observation avec son propre chien Grower, et conforme à l’obtention d’un diplôme de troisième cycle de psychologie et de psychopathologie du vieillissement, Monique Hacklinger conclut que la présence d’un chien améliore la communication et la socialisation des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer (ou démentes).

En France, il n’existe pas de profession de TAA réglementée par la législation. On préconise au moins une formation de base paramédicale ou médico-sociale pour après se spécialiser dans la TTA  de l’animal de son choix : TAA par le cheval, par le chien, les cétacés.

Malgré le flou qui entoure la TAA, certaines études universitaires montrent qu’il faut la prendre au sérieux, et qu’en France, elle devrait intéresser plus de professionnels de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie.

Mes remerciements à Sylvie Corneau, psychologue clinicienne au Canada, pour m’avoir inspirée pour ce post, il y a deux ans. Une première version de ce post a été publié sur le précédent blog :

https://autreregardsurlapsychologie.blogspot.com/2016/12/penser-la-therapie-avec-les-animaux.html

Sources:
http://www.sciencesetavenir.fr/insolite/20140917.OBS9423/ceci-n-est-pas-un-selfie-de-macaque.html

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Pourquoi-changer-le-statut-juridique-de-l-animal-2014-10-30-1256871

http://www.psychoweb.fr/news/27-intelligence-animale/

http://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/20120112.OBS8650/si-les-singes-savaient-parler.html

http://www.scienceshumaines.com/burrhus-frederic-skinner-1904-1990-l-apprentissage-au-coeur-de-l-humain_fr_22622.html

http://www.relation-aide.com/dos_description.php?id=132

http://en.wikipedia.org/wiki/The_Retreat

http://www.ohmymag.com/best-friends/zootherapie-des-chiens-adoptes-par-des-maisons-de-retraite_art117212.html

FAUT-IL OUBLIER LA PYRAMIDE DE MASLOW?

Abraham Maslow est d’abord connu pour sa pyramide des besoins à 5 niveaux qu’il créa en 1942. Cette pyramide constitue l’une des théories de la motivation.

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Au XX siècle, la psychologie s’est en priorité centrée sur le trouble mental, et ce au détriment  d’une vision globale de l’être humain.  Et pourtant, le courant humaniste a su replacer la personne humaine au centre de la recherche en psychologie. Il a été élaboré en réponse au mécanisme béhavioriste refusant d’inclure la conscience parce que non mesurable et le déterminisme réductionniste de la psychanalyse classique.
Alors commençons par le début !

 

Abraham  Maslow (1908/1970) est considéré comme le père de la psychologie humaniste . Il a d’abord enseigné la psychologie à l’université du Wisconsin. Puis, il a fait un bref séjour dans l’industrie de 1947 à 1949 pour redevenir enseignant à l’université du Massassuchets.

A.Maslow définit l’esprit de la psychologie humaniste comme suit: « Lorsque nous demanderons un homme de nous parler de la vie, de sa vie nous traitons avec son essence même. » Conception très proche de ce que Jung nommait le Soi, le centre de la personnalité tout entière. Le Soi rassemble le conscient et l’inconscient. Le Soi étant une entitée sur-ordonnée au Moi, il constitue une personnalité plus ample. D’ailleurs, dans sa théorisation, il s’est efforcé d’intégrer la pensée de Jung mais aussi celles d’Adler, de Jung, Levy, Fromm, Horney ou Goldstein. Le courant humaniste est étroitement lié au mouvement du potentiel humain. Dans cette conception, les problèmes individuels sont liés à l’environnement ou la société, et les qualités intrinsèques à chaque personnes ne sont pas mises en lumière, causant ainsi une névrose. C’est une vision différente de Freud et de Jung, qui pensent que le Mal a son siège dans la nature elle-même.

Concernant la nature humaine, Maslow est bienveillant : « Cette structure intérieure (de chacun) n’est pas d’abord simplement et nécessairement mauvaise. Les besoins  fondamentaux concernant la vie, la sécurité, la propriété, l’affectivité, l’estime des autres de soi, la réalisation personnelle, les émotions humaines fondamentales et les capacités humaines essentielles sont neutres, pré-moraux  ou même positivement bons. L’agressivité, le sadisme, la cruauté et la malice ne semblent pas être des éléments primaires mais constituer plutôt de violentes réactions à la frustration et aux besoins des émotions.»

Abraham Maslow est d’abord connu pour sa pyramide des besoins à 5 niveaux qu’il créa en 1942. Cette pyramide constitue l’une des théories de la motivation. On entend par motivation des forces qui agissent sur la personne (ou à l’intérieur de sa psyché) pour la pousser à se conduire d’une certaine manière, orientée vers un objectif. Et par besoins, pour A.Maslow, ce sont les manques ressentis d’ordre physiologique, psychologique ou sociologique. Cette représentation s’est imposée dans le domaine de la psychologie du travail et la théorie des organisations. Même si elle est critiquable sur de nombreux points.

 

Il existe sur le web de nombreux articles qui expliquent, de long en large, chaque étape de la pyramide, et le lecteur curieux peut s’il le souhaite faire des recherches plus approfondies. Succinctement, au bas de la pyramide, il y a d’abord les besoins qui poussent l’être humain à agir, à parler et à se socialiser. Besoin de nourriture, de sécurité, l’appartenance et d’amour.

Pour Maslow,  lorsqu’un besoin est satisfait, l’homme peut passer a besoin supérieur (ce qu’il ne fait pas toujours),  et au sommet de la pyramide, se trouve le besoin de réalisation personnelle du potentiel humain. « La plénitude de son humanité » (1968).En 1970, en plus des 5 besoins, il rajoute celui du  besoin cognitif  (cognitive need), le besoin de savoir et de comprendre. Également, le besoin esthétique (Aesthetic need) et le besoin de transcendance, de dépassement de soi. Au sujet de la réalisation personnelle, A.Maslow évoque les expériences paroxystiques (Peark Experiences), c’est à dire les moments de bonheur, d’extase et de vécu intense. Ces expériences permettent une intégration profonde des différentes facettes de soi, « au service d’une plus grande maturité ». Cette dernière étape, celle du potentiel humain a ouvert la boite de Pandore du développement personnel et de la pensée positive. Il suffirait simplement de changer en soi pour créer l’abondance, la richesse et le bonheur. Pensez juste et tout arrive par enchantement, et si vous n’y arrivez pas, c’est de votre faute! Combien de personnes ayant foi dans les gourous du développement personnel ont été dévastées psychologiquement! Et le tout s’appuyant sur des théories pseudo-scientifiques.

La pyramide des besoins de Malow est ultra connue (même si elle est réfutée aujourd’hui) en psychologie du travail et délaissée sur le plan clinique. Pourtant l’expérience de Kevin Healy, consultable sur le site Pubmed, intègre la pensée de Maslow dans la clinique. Kevin Healy a une expérience de 30 ans comme consultant psychiatrique dans le domaine de la psychothérapie. Il rejoint Maslow sur les motivations et la satisfaction des besoins physiologiques ,supports de l’homéostasie. Le besoin de sécurité est d’abord celui de l’enfant. Vient ensuite le besoin d’amour qui inclut de donner de recevoir de l’amour, et qui ne rime pas forcément avec le sexe. Quand les besoins primaires sont satisfaits viennent ensuite les autres jusqu’à l’auto réalisation qu’on doit accomplir pour être heureux.

 

Selon lui, Maslow, avait déjà anticipé 20 ans plus tôt les conséquences psychologiques de l’abus de l’enfant,  de l’inceste,  de la séparation et du divorce des parents signant la mort de la famille. Les enfants peuvent s’accrocher à leurs parents par le besoin de sécurité, que par l’espoir de se faire aimer d’eux. A.Maslow anticipa le travail de John Bowlby (1907/1990) sur l’attachement. Il observe que les personnes fortes sont celles qui ont eu leurs besoins de base satisfaits plus, particulièrement dans la petite enfance. Ils ont ainsi pu développer une force intérieure pour appréhender le présent et le futur. Ils peuvent établir des relations profondes avec les autres,  supporter la haine le rejet et la persécution. Il semble probable selon Maslow que la plupart des gratifications viennent des deux premières années de l’enfance. Son travail a permis  d’ouvrir la voie aux idées sur le développement de l’enfant. Et sur ce plan là, A.Maslow n’est pas cité.
De nombreuses critiques sont à formuler sur la pyramide des besoins, notamment sa place dans la théorie des Organisations. Cette simplicité est un faux ami du fonctionnement de la motivation. Et finalement, malgré les apparences, les besoins ne sont pas définis. Mais rien n’empêche d’élargir le concept des besoins avec d’autres apports. Tout modèle est par définition figé, et il est toujours possible de s’en servir comme base de réflexion pour aller plus loin.

 

Dans son article « réseaux sociaux », Pamela Rutlodge souligne que Maslow élude le rôle du lien social. Il organise les groupes de besoins humains en niveau dans une structure hiérarchique.  C’est comparable à la logique des jeux vidéo : « Vous devez remplir les exigences un ensemble de besoin avant de pouvoir passer au niveau supérieur. » le problème, il est la. Aucun de ses besoins n’est possible sans interaction à l’autre, sans lien social et collaboration. Notre dépendance à l’égard de l’autre grandit à mesure que les sociétés sont devenues plus complexes. La connexion à l’autre est une condition préalable à la survie physique et émotionnelle.

Une fois un niveau franchi sur la pyramide, il n’est pas acquis pour toujours. Toute personne est capable de remonter en fluctuant dans la hiérarchie vers le niveau de réalisation personnelle. Malheureusement,  il y a des grains de sable. Les progrès sont souvent perturbés (par défaut) pour répondre au besoin de niveau inférieur. Une expérience de vie (divorce, perte d’emploi, accident, guerre) peut amener la personne à fluctuer sur les niveaux de la hiérarchie. Et ce, tout au long de sa vie. À un moment donné, les besoins peuvent être simultanés ou contradictoires.

Sur le plan philosophique, il y manquerait la notion de liberté, et pourquoi pas, celle si chère à Épicure? L’on ne peut atteindre la liberté que si l’on est relativement indépendant de la pression des contraintes de notre environnement. Et pour y accéder, nous devrions nous demander lesquels de nos besoins et désirs sont essentiels et lesquels ne le sont pas.

On peut aussi critiquer Maslow sur sa méthodologie. L’aspect scientifique de ses recherches n’est pas très rigoureux. C’est vrai! Sa démarche est principalement empirique! Maslow n’a jamais présenté des données pour prouver la pertinence de sa pyramide c’est de l’empirisme pur. Et cela ne veut pas dire non plus qu’il ait forcément tort. La hiérarchie des besoins de Maslow est enseignée comme une façon de comprendre la motivation. La pyramide ne fait pas le distinguo entre les besoins et les désirs.

Il lui est également reproché  de ne proposer aucune piste pour expliquer et traiter les situations de démotivation. Sa théorie est avant tout faite d’hypothèses. De données brutes qui ne sont pas applicables à tout le monde. Et selon certains, ses idées sont très spécifiques à la culture individualiste de l’Amérique. La vieille Europe n’échappe pas non plus cette critique !

Certains ont souligné les définitions culturelles des besoins suivant les pays et aussi la difficulté  de mesurer leur bien fondé, et de les généraliser à des  populations Et en dehors et ses différences culturelles, la pyramide des besoins peine à tenir compte des besoins individuels suivant la personnalité de chacun.

La pyramide des besoins est pour beaucoup un modèle obsolète, et il y a d’autres angles de vue pour appréhender la motivation et les besoins. Ce qu’il faut retenir de la pensée d’A.Maslow, c’est qu’il a ouvert la voie à des idées pionnières qui tiennent compte de la psychologie globale de l’être. Et ça, c’est primordial. Et nous y reviendrons dans ce blog.

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