LES FLASHBACKS D’UN VÉTÉRAN DU VIETNAM

L’une des croyances est de penser que les flashbacks sont des souvenirs à part entière. Ce n’est pas toujours le cas. Les personnes souffrant de Stress Post Traumatique peuvent très bien avoir des flashbacks d’évènements qu’ils n’ont pas vécu.

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 Les attentats récurrents qui frappent depuis plusieurs années les pays occidentaux n’ont pas que des conséquences matérielles. Les témoins directs ou indirects de ces scènes peuvent développer des séquelles psychologiques très lourdes, dont l’état de Stress Post Traumatique (ESPT). L’étude I.M.P.A.C.T.S publiée en février 2017 montre que six mois après les attentats qui ont endeuillé la France en janvier 2015, 20 pour cent des personnes touchées par les événements souffraient d’un État de Stress Post-traumatique.

Quelle est l’origine de ce trouble?
En 1889, le neurologue allemand Hermann Oppenheim emploie  le terme de « névrose traumatique » pour décrire les troubles psychiques des accidentés de la construction du chemin de fer. Par la suite, le terme a été élargi aux symptômes psychologiques des soldats sur la ligne de feu durant la première guerre mondiale souffrant du choc des tranchées appelé le choc de l’obus ou syndrome de l’obusite ( shell shock ). Dans ses écrits de guerre et d’après-guerre, Freud va parler de névrose de guerre; plusieurs de ses disciples observent ce trouble comme médecins militaires.

C’est avec la guerre du Vietnam et ses vétérans que la psychiatrie militaire américaine va cerner, dans les années 70, le stress post-traumatique. Il désigne un trouble anxieux sévère qui se manifeste à la suite d’une expérience vécue comme traumatique. Les études sur ce trouble sont d’abord centrées sur les vétérans  du Vietnam où sont mis en évidence les séquelles psychologiques et somatiques causées par les combats.
En 1974, sous l’influence des féministes américaines, les médecins Burgess et Holmstrom, de l’hôpital Boston City View vont décrire les similarités des troubles des vétérans du Vietnam avec ceux des victimes de viol dans le « Rape Trauma Syndrome » (syndrome du viol), faisant connaître les conséquences sur la psyché des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants (inceste, pédophilie) occultées jusqu’alors.

Le Stress Post-Traumatique est introduit dans le DSM III en 1980 et dans le CIM 10, en 1990. Parmi les symptômes ESPT se trouve celui de l’intrusion, élément d’une triade comprenant l’évitement et l’hyperstimulation. Les trois éléments étant interactifs et non cloisonnés. Un symptôme peut être prédominant sur un autre.

Lors de l’intrusion, la personne revit l’événement traumatisant. Il ne s’agit pas que de réminiscences, il y a une incapacité à empêcher les images mentales relatives au trauma d’envahir la psyché et elles tournent en boucle. Des images prégnantes envahissent la psyché, hantent la personne et engendrent une grande souffrance mentale. Ces images récurrentes sont appelées « flashbacks »,  et s’accompagnent la plupart du temps d’angoisses récurrentes. Les cauchemars sont également une autre manifestation de l’intrusion.

L’une des croyances, fortement ancrée, est de penser que les flashbacks sont des souvenirs à part entière, et ce n’est pas toujours le cas. Les personnes souffrant de Stress Post Traumatique peuvent très bien avoir des flashbacks d’évènements qu’ils n’ont jamais vécu.

C’est ce qui s’est arrivé à un vétéran qui a servi dans l’unité d’élite des Marines durant la guerre du Vietnam. Il avait fréquemment été présent sur des scènes de guerre, et il avait été diagnostiqué comme souffrant de Stress Post Traumatique. Dans ses flashbacks, il voyait des combats au corps à corps avec les soldats ennemis et des civils. Des rats écharpaient ses vêtements lorsqu’il était de garde dans son abri de fortune. Lors d’un combat, il avait été blessé à la jambe droite, et depuis il devait marcher avec une béquille .

Huit mois après avoir été pris en charge pour ses troubles, l’ancien Marines va quitter la ville pour emménager à la campagne dans une maison isolée. Ce déménagement va susciter chez lui une nouvelle vague de flashbacks sur le thème de sa jambe blessée. À noter qu’un déménagement est souvent anxiogène, et il est chez certaines personnes source de mal-être voire de dépression.

Lors des flashbacks, l’ancien Marines se voyait sur un champ de bataille où blessé, on était venu le secourir pour le transférer dans un hôpital militaire.
« C’était le chaos, disait-il à ceux qui l’écoutaient, « les corps des  soldats morts étaient sur ceux des soldats blessés qui eux, gémissaient de douleur, et je hurlais à plein poumons ». Il avait l’impression de sentir les odeurs putrides des cadavres en décomposition, l’urine et le sang, à la fois des morts et des vivants. Il décrivit les quatre hommes en blouse blanche de l’équipe soignante venue le secourir et parla de l’haleine alcoolisée du médecin qui l’avait examiné. Il décrivit la trousse d’urgence, grande comme une boîte à ongles, et des chiffons sales faisant office de pansements pour tamponner ses blessures. Lorsqu’il racontait ces scènes, le vétéran était au trente-sixième-dessous. Il disait « cela est-il réellement arrivé? Cela me semble si réel et pourtant, c’est ce que j’ai vécu…»

Pourtant, de nombreux détails clochaient sur les circonstances où il s’était blessé la jambe. En fait, il n’avait pas été blessé sur un champ de bataille mais lors du crash d’un hélicoptère. L’ancien Marines était un passionné  d’histoire. Il décrivait avec précision les uniformes des soldats qu’il voyait dans ses flashbacks. C’était ceux de la guerre de sécession: pantalon bleu avec rayure jaune sur le côté, des épaulettes et des boutons dorés. Quant aux armes, il s’agissait des baïonnettes dont étaient équipées les Nordistes. Et au fil du temps, dans d’autres flashbacks, il se voyait blessé par un soldat allemand de l’armée du Kaiser lors de la première guerre mondiale. Inutile de préciser que les références à la guerre de Sécession et à celle de l’armée allemande du Kaiser étaient spatio-temporellement à côté de la plaque avec la guerre du Viet-Nam qui s’est déroulée de 1954 à 1975…

L’histoire de ce Marines montre que les flash-back ne sont pas forcément des souvenirs qui témoignent de la réalité, même si le récit est particulièrement convaincant. Selon les psychiatres Lipinsky J.FJr, et G.H Pope, le diagnostic de stress post-traumatique ne peut reposer uniquement sur les flash-backs décryptés comme des souvenirs de l’événement traumatique, ni servir de preuve unique pour poser un diagnostic de Stress Post Traumatique.

Ce genre de croyances peut conduire à des bévues sur le décryptage des flashbacks relatifs à des abus sexuels durant l’enfance. Ils sont décryptés systématiquement comme de souvenirs réels de l’abus sexuel par des thérapeutes mal formés. L’histoire de ce Marines est répertoriée dans un article scientifique des psychiatres JF jr Lipinsky et G.H Pope. C’est un coup de pied au derrière des praticiens utilisant les Thérapies de la Mémoire Retrouvée »pour récupérer les flash-backs, qui sont, pour eux, des souvenirs fiables sur l’origine du trauma.

Pour G.H.Pope, et J.F Jr, Lipinsky, « …des flash-back de faux événements peuvent se produire en intermittence avec des flash-back d’expériences réelles.» Ce qui n’enlève rien à la réalité des symptômes du Stress Post Traumatique vécus soit par des soldats ou des victimes d’abus sexuels.

L’état de stress post traumatique (ESPT) est un problème de santé publique et une question d’actualité (violences civiles militaires et catastrophes); son retentissement sur la psyché de la victime n’est pas négligeable, notamment sur les altérations mnésiques.

Sources:

Unusual Flashbacks in a Vietnam veteran, référence JF, jr Lipinsky, G.H Pope, do »flashbacks » represent obsessional imagery?, compr psychiatry 1994, 35:245-247
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_stress_post-traumatique
http://www.u1077.caen.inserm.fr/memoire-et-amnesies/la-memoire-dans-l’etat-de-stress-post-traumatique-etude-multicentrique-en-neuroimagerie-«-stress-et-memoire-emotionnelle-»/

Auteur : Nicole Bétrencourt

Psychologue clinicienne, psychosociologue

4 réflexions sur « LES FLASHBACKS D’UN VÉTÉRAN DU VIETNAM »

  1. Le blog n’a pour l’instant abordé que le premier tiers du livre. Les méthodes de manipulation sont celles de services de renseignement qui sont reprises par des criminels…qui renseignent des services de renseignement…qui pensent manipuler les criminels. Les criminels sont en fin de compte plus fort que les services de renseignement puisqu’ils les ont infiltrés, tout comme les franc-maçons. La manipulation psychologique est le coeur de ce premier tiers de livre mais on en voit pas encore ses effets. Plus tard, on verra que les services de police sont complètement noyautés. Les policiers français pensent servir une bonne cause mais ils sont devenus les soldats involontaires des trafiquants de drogue et de réseaux pédophiles. Les pédophiles sont eux mêmes manipulés mais ils sont protégés par des fonctionnaires qui ne se doutent pas qu’ils abusent d’enfants. De quoi douter, au bout de quinze ans, de la véracité des faits puisque rien ne transparait…

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  2. Un passage dans le livre 15 ans de mafia est celui où les mafieux utilisent un ancien réglement de l’armée qui traitait dans les années 50 de la guerre psychologique. Les mafieux s’en servait (et s’en servent toujours) pour appliquer les méthodes de manipulation de ce réglement. Les cibles sont les personnalités politiques et économique mais assi des policiers, magistrats, etc.

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