
Au début des années 1980, le New Age inspire la psychologie et la psychothérapie. On peut qualifier le New Age sous divers angles soit comme un mouvement spirituel mais surtout comme un bric-à-brac de croyances ésotériques empruntant des éléments à la spiritualité orientale adaptée à l’Occidental en quête de spiritualité. C’est avec Le courant humaniste, apparu à partir des années 1940 aux États-Unis sous l’impulsion d’Abraham Maslow, que se sont développées ces thérapies du New Age. L’arrivée de la psychologie humaniste partait d’une bonne intention car il favorisait une vision positive de l’être humain, et s’opposait à la psychanalyse et au behaviorisme. Malheureusement ce courant fut dévoyé (et l’est encore) causant des dégâts dans la psyché de personnes ayant fait confiance à des thérapeutes pratiquant des thérapies pseudoscientifiques! L’histoire d’Ellen, digne d’un thriller, l’illustre (hélas) parfaitement!
Le cas d’Ellen a été recueilli par Margaret Thaler Singer, psychiatre et son collègue Abraham Nievod, psychologue légiste; ils vont le consigner dans l’un des chapitres de l’excellent livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology à la rigueur scientifique incontestable.
À la suite d’une énième rupture sentimentale, Ellen est déprimée, et consulte une psychothérapeute pour l’aider à y voir clair dans ses relations amoureuses. Lors de la première séance, la thérapeute fait allonger Ellen dans un fauteuil relax en lui mettant une couverture, et en lui disant de sa détendre.
Au cours des dix ans de thérapie, la thérapeute fit se remémorer à Ellen des souvenirs d’abus sexuels commis par son père et des membres de sa famille au cours de rites sataniques. Infondés, faut-il le préciser! En 2020, on se frotte les yeux en se disant que les rituels sataniques sont de la pure fiction et qu’ils n’ont rien à voir avec la psychothérapie et la dépression. Ne croyez pas ça, l’Amérique des années 90 est obsédée par la violence des cultes sataniques réels ou imaginaires, et de nombreux thérapeutes se sont spécialisés dans la prise en charge des patients supposés abusés lors de cultes sataniques « Au cours de cette période, les rumeurs sur les adorateurs du Diable vont se multiplier, jusqu’à l’hystérie collective. Les médias, avides de sensationnalisme, font circuler des vidéos dites tournées par les adorateurs de Satan. Elles montrent des messes noires où des adolescentes se feraient violer et où des bébés seraient sacrifiés.»
Et dans cet « inventaire à la Prévert » des diagnostics délirants, Ellen découvrit qu’elle souffrait du trouble des Personnalités Multiples. Comme pour les rites sataniques, à partir des années des années 70, le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire. Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alter ego qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte. Les alter ego se conduisent à l’opposé de la personnalité et ils émergent curieusement avec une thérapie utilisant les états modifiés de conscience. La personne ainsi diagnostiquée est complètement amnésique de ce qu’elle a pu faire ou dire de longues heures quand elle était sous l’emprise des alters. Aujourd’hui, dans le DSM V, le Trouble de la Personnalité Multiple est remplacé par celui du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI).
Ellen « cohabiterait »à l’intérieur d’elle avec 159 alters à l’intérieur d’elle, et cerise sur le gâteau, elle aurait aussi été enlevée par des extra terrestres. Tout comme pour le satanisme, les Personnalités Multiples, des psychothérapeutes s’étaient spécialisés dans la thérapie des souvenirs traumatisants d’enlèvement d’ET! Des copines d’Ellen l’informèrent qu’elles avaient eu vent de « techniques à la mode » par des talk show télévisés et les médias mainstream, et qu’elle était sous l’emprise de sa thérapeute!
La thérapeute enregistrait les séances sur des K-7 audio aux fins d’écriture d’un livre à quatre mains avec Ellen. Après des années de thérapie, Ellen comprit que la thérapeute abusait de sa confiance, l’influençant sournoisement par ses suggestions indues.
Pour vous faire une idée de la dangerosité de cette thérapie, quelques propos entre Ellen et sa thérapeute retranscris par Margaret Thaler Singer et Abraham Nievod:
La Thérapeute (T) : soyez détendue, et dites ce qui vous passe par la tête. Ayez confiance en votre esprit. Visualisez vous en arrière-plan, et regardez le ciel! Voyez vous une lumière?
Ellen: oui.
T: Dites m’en plus
Ellen: une étoile, juste une étoile.
T: est-ce que cela se rapproche? Pouvez vous bouger ou non?
Ellen (en pleurs): je ne peux pas bouger, ça se rapproche et devient de plus en plus brillant. Je ne sais pas, je ne peux pas bouger, je ne sais pas.
T: vous êtes en train de vous souvenir de quelque chose.
Ellen éclate en sanglots
T: qu’avez vous vu? Qui est-ce? Êtes vous allongée?
Ellen: ils me disent que je dois me détendre.
T: entendez vous leurs voix ou communiquent-ils directement avec votre esprit?
Ellen: c’est dans ma tête, je n’entends aucun son.
T: que vous racontent-ils? Que comptent-ils vous faire?
Ellen:ils comptent m’implanter une puce électronique dans la plante de mes pieds!
T: vous en souvenez vous? Vous devez vous en souvenir car vous êtes prête à fouiller dans vos souvenirs. Regardez autour de vous et racontez moi ce que vous voyez.
Ellen décrivit les petits gris (une race d’ET) qui l’entouraient dans une chambre blanche, et tandis qu’elle décrivait la scène, la thérapeute l’interrompit en lui disant: « vous allez accepter cette expérience comme si elle avait lieu maintenant, vous allez vous souvenir de ce qui s’est passé. » Évidemment, il s’agissait pour la thérapeute de faire remémorer les supposés souvenirs de cet enlèvement pour qu’Ellen puisse aller mieux….
Après ces dix années de thérapie, Ellen de plus en plus échaudée va contacter d’anciens patients de sa thérapeute, et elle apprit, ô surprise que certains avaient porté plainte. Chaque plaignant avait été dédommagé généreusement grâce à la compagnie d’assurance de la thérapeute.
Ellen dépitée raconte à Margaret Thaler Singer et Abraham Nievod que sa Thérapie s’éternisait. Sa thérapeute ne cessait de trouver des raisons fausses (et délirantes) à son mal-être en invoquant que c’était du à un travail sur sa psyché en profondeur. Elle avoua qu’elle ne s’était jamais sentie bien psychologiquement au cours de la thérapie! Imaginez, dix ans, c’est un bail. Elle avoue également qu’elle n’a pas assez écoutée ses amies qui la mettaient en garde contre sa thérapeute, mais elle n’avait qu’elle à qui se confier.
L’histoire d’Ellen n’est qu’une histoire parmi d’autres durant la décennie 80/90! Une histoire de faux souvenirs, d’emprise mentale par des thérapeutes sans scrupules ou eux-mêmes délirants par leurs fausses croyances charlatanesques.
Si le cas d’Ellen semble inouï à cause du satanisme, des personnalités multiples et des ET, les thérapies pseudo-scientifiques liées au New Age, ou plus précisément au développement personnel sont toujours d’actualité. Des méthodes non validées suivant les règles de « L’Evidence based Medecine » et farfelues induisent des dégâts dans la psyché et accentuent le mal-être!
Merci!
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