QUAND L’EMDR INDUIT DES FAUX SOUVENIRS.

Les faux souvenirs d’abus sexuels induits par une mauvaise prise en charge psychothérapeutique sont un sujet sérieux qui concerne les professionnels de la santé mentale mais aussi le grand public.

Photo de Markus Winkler sur Pexels.com

Dans ce blog, certains de mes posts traitent d’un sujet sulfureux qui est celui des faux souvenirs d’abus sexuel induits par une mauvaise thérapie. La mémoire corrompue et falsifiée par une psychothérapie à base de suggestibilité, et est susceptible d’amener un patient à porter des accusations graves d’abus sexuels sur un proche alors que ces violences ne se sont jamais produites.

Les faux souvenirs d’abus sexuels induits par une mauvaise prise en charge psychothérapeutique sont un sujet sérieux qui concerne les professionnels de la santé mentale mais aussi le grand public.

Pour les lecteurs intéressés par les conséquences des faux souvenirs sur la santé mentale des victimes et les conséquences sur leur entourage (certaines personnes accusées à tort de viol derrière les barreaux,) voici quelques uns de ces cas cliniques que vous pouvez lire (ou relire) sur mon blog : Psychothérapie d’une princesse satanique, L’affaire Ramona, Au sujet du film Régression et des adorateurs de Satan, Se souvenir de sa naissance avec le Cri Primal.

Le sujet de ce post est encore celui des faux souvenirs induits par une thérapie à base de suggestibilité. La technique sur la sellette est celle de l’EMDR, et cette dérive de la psychothérapie se passe en Italie. Un psychothérapeute italien a été condamné à de la prison pour avoir induit de faux souvenirs d’abus sexuels chez Sara, une adolescente de quinze ans. La justice a bien identifié le coupable à l’origine des faux souvenirs induits.

C’est une première en Italie. Les dessous de cette affaire sont décrits dans l’article « Un psychothérapeute italien condamné à de la prison pour avoir induit de faux souvenirs » et à lire sur le blog Réalités Biomédicales du journaliste Marc Gozlan, médecin de formation.

Marc Gozlan explique dans son article le déroulement du process des faux souvenirs induits. La technique de l’EMDR n’est pas sans risque car mal appliquée, elle peut falsifier la mémoire. C’est « un procédé oculaire qui réduit la vivacité et la charge émotionnelle liée à la mémoire autobiographique, et permet au cerveau de digérer l’évènement traumatisant...Cela souligne avec force « la nécessité d’une formation appropriée et de programmes éducatifs pour les thérapeutes sur la science de la mémoire », estiment Henry Otgaar et ses collègues criminologues et psychologues.»(sic)

Le psychothérapeute italien est condamné à quatre ans de prison avec interdiction de pratiquer la psychologie et la psychothérapie pendant deux ans. « Le tribunal a motivé son verdict en déclarant que de faux souvenirs ont été implantés par des « méthodes hautement suggestives et inductrices » afin que Sara soit convaincue d’avoir été sexuellement abusée par son père.» (sic)

L’un des points forts de cet article, c’est celui des dialogues entre Sara et son psychothérapeute. Ils mettent en lumière les erreurs à éviter pour conduire un entretien en psychothérapie. Et on voit bien la suggestion du thérapeute qui aiguille les propos de Sara qui aurait été abusée par un ami de son père et par son père.

L’histoire de Sara pose la question de la formation des thérapeutes sur la science de la mémoire et de celle de l’utilisation éthique des techniques suggestives en thérapie.

Faut-il ou non les utiliser? Sont-elles adaptées à tout le monde? Quelle est la balance bénéfice/risque? Depuis les années 80, les dérives des techniques à base de suggestion ont bien été cernées avec les risques de générer des faux souvenirs, mais et il semblerait qu’elles soient toujours prolixes. Derrière certaines de ces techniques, on retrouve souvent cette vieille croyance sur l’existence de traumatismes refoulés dans la mémoire depuis X temps. Comment ne pas se référer à cette étude américaine publiée en 2019 dans Clinical Psychological Science qui indiquait que 9 % des 2 326 patients en  thérapie s’étaient vus interrogés sur l’existence de souvenirs refoulés. »(Sic)

Scott O.Lilienfield (1960-2020) défenseur des traitements et méthodes fondées sur les preuves dans le domaine et coauteur de l’ouvrage « Science et pseudo science en psychologie clinique »a dans son livre « 50 mythes de la psychologie populaire » consacré un chapitre sur les croyances infondées concernant le fonctionnement de la mémoire telles que la mémoire fonctionne comme une vidéo en appuyant sur la touche replay, la mémoire réprimée lors de traumas, etc. Données hélas toujours d’actualité!

Pour lire l’intégralité de cette histoire passionnante, rendez vous sur l’excellent blog Realités Biomédicales du journaliste Marc Gozlan, et ne manquez pas de vous référer à la biographie sur les faux souvenirs qui se trouvent à la fin de son article.