Leçons de Paul Watzlawick pour réfléchir autrement

L’humour, comme illustré dans le spectacle « Palma Show », permet de souligner des comportements ou des faits de société absurdes. Ce post va continuer dans l’humour avec une critique du livre « Faites-vous votre malheur » de Paul Watzlawick. Pourquoi ce choix ?
Watzlawick et l’humour comme outil pédagogique »
Dans Faites vous-même votre propre malheur, Paul Watzlawick s’amuse à montrer que nous contribuons souvent activement à notre malheur. Il en a fait une véritable arme à la fois pédagogique et curative.
Comme il l’écrit avec ironie : « Si vous êtes malheureux, vous pouvez être sûr d’avoir fait quelque chose pour. »
Cet humour, loin d’être un simple divertissement, devient un véritable outil thérapeutique. Il met en lumière les paradoxes de la communication humaine et les schémas de pensée rigides qui nous piègent. À travers des anecdotes décalées, Watzlawick oblige le lecteur à aborder ses problèmes sous un angle nouveau, et donc à changer de perspective pour trouver la solution et changer de comportement.
Le mythe du “c’était mieux avant”
Le livre est divisé en chapitres jubilatoires. L’un d’eux mérite une attention particulière : « Quatre façons de jouer avec le passé ». Le passé peut devenir une source fiable de malheur, surtout lorsqu’on le glorifie. Le fameux slogan « Ça, c’était avant » revient partout sur les réseaux sociaux : photos de vacances idéales, souvenirs scolaires, moments conviviaux… Derrière cette simple phrase se cache l’idée que nous sommes les artisans de notre malheur! On compare le présent à un passé idéalisé et on se sent frustré ou nostalgique, même si notre vie actuelle est satisfaisante.
La clé selon Watzlawick
Autre anecdote, toujours brillante : « La clé perdue ». Un homme ivre cherche ses clés sous un réverbère. Quand on lui demande pourquoi il ne cherche pas là où il les a perdues, il répond : « Parce qu’ici au moins, on y voit clair ! » Toute la finesse de Watzlawick est là : nous préférons souvent les solutions faciles et visibles, même si elles n’ont aucune chance de résoudre le vrai problème.
Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous passent des heures à chercher des solutions sur Google, à éplucher forums et tutoriels, à taper des requêtes dans le vide… exactement comme l’homme qui cherche sa clé sous le lampadaire parce que c’est éclairé.
Résultat : insatisfaction et temps perdu. Avec une IA comme ChatGPT ou Gemini, on peut aujourd’hui poser une question directement et obtenir rapidement des réponses adaptées, gagnant ainsi un temps précieux. L’IA devient alors un outil pour sortir de nos habitudes inefficaces… à condition de savoir poser les bonnes questions. Le reste — nos maladresses, notre humour, et parfois notre obstination — reste bien humain. PW aurait sans doute souri en voyant que la technologie peut réduire certains de nos malheurs, tout en nous laissant savourer nos absurdités quotidiennes.
Et si Watzlawick avait connu l’IA ?
Sa théorie de la communication nous rappelle que nos perceptions façonnent notre réalité. L’intelligence artificielle illustre ce principe à sa manière : elle utilise des données pour générer de nouvelles représentations, parfois si convaincantes qu’elles brouillent la frontière entre perception et réalité. En un sens, l’IA prolonge le jeu watzlawickien : elle amplifie nos paradoxes, tout en offrant un miroir qui nous oblige à réfléchir sur ce que nous croyons vrai.
Dans le cadre de l’ouvrage « Faites vous-même votre malheur », l’IA devient une version moderne de l’outil pour créer notre propre souffrance. L’idée principale de Watzlawick est que nous nous enfermons dans des problèmes par nos propres schémas de pensée et de communication.
Chez Watzlawick, l’erreur n’est pas dans le monde extérieur mais dans la façon dont nous le construisons avec nos propres lunettes déformantes. L’IA, censée nous éclairer, peut devenir le parfait complice de cette distorsion.
Un algorithme bien dressé n’a aucun scrupule à flatter nos biais de confirmation : il nous sert en boucle des contenus qui disent exactement ce que nous voulons entendre, y compris lorsque cela entretient notre pessimisme ou nos obsessions. Résultat : loin de nous libérer, la machine nous enchaîne à nos certitudes. C’est une pseudo-aide qui se déguise en pertinence, mais qui, en réalité, ne fait que renforcer la cage cognitive dans laquelle nous tournons. Prédictions auto-réalisatrices (Popper)
PW s’inspire de Karl Popper pour illustrer un phénomène fascinant : les prédictions auto-réalisatrices. Popper montrait que certaines hypothèses, si elles sont communiquées et prises au sérieux, peuvent provoquer exactement ce qu’elles annoncent. PW applique ce principe à la vie quotidienne avec son humour caractéristique.
Et le cas de la prophétie auto réalisatrice mérite le détour! Le fait de croire et de dire qu’un projet va échouer peut inciter à l’inaction, contribuant ainsi directement à sa chute. Ce mécanisme, s’il n’est pas pris au sérieux, peut transformer une simple inquiétude en une catastrophe.
La recherche en neurosciences, comme le rappelle National Geographic, montre que la frustration active des circuits cérébraux liés au stress et réduit nos capacités de raisonnement. Exactement ce que Paul Watzlawick tournait en dérision : plus on s’acharne à résoudre un problème de la mauvaise façon, plus on renforce le cercle vicieux du malheur.
PW en fait un outil pédagogique: plutôt que de paniquer, il montre comment nos croyances et nos attentes façonnent la réalité. En riant de nos propres excès et de nos tentatives de contrôle, nous comprenons mieux nos comportements absurdes et leurs conséquences paradoxales. Ainsi, la référence à Popper illustre parfaitement comment nos idées, même involontairement, peuvent créer notre malheur, exactement dans l’esprit du livre.
Les pièges de l’altruisme et des relation
Il explore ensuite les pièges de l’altruisme: aider autrui est perçu comme noble, mais peut provoquer des conséquences inattendues. L’intention ne suffit pas, et le malheur surgit parfois malgré nous.
Ces absurdités ne se limitent pas au passé ou aux prédictions. Elles surgissent aussi dans nos relations amicales et familiales, où nous nous piégeons nous-mêmes. Exemple typique : le reproche affectueux : « Tu ne m’appelles jamais… mais je t’aime quand même ! »
Le message explicite est tendre, mais l’implicite est un reproche. Celui qui reçoit ce message est piégé : s’il appelle plus souvent, c’est sous pression et culpabilité ; s’il n’appelle pas, il confirme le reproche. Dans les deux cas, c’est un dilemme. »
Conclusion : apprendre à rire de ses malheurs
Watzlawick montre que nos malheurs naissent souvent des contradictions implicites dans nos communications. Ces paradoxes relationnels, sérieux et hilarants, sont au cœur de son humour et de sa pédagogie.
En fin de compte, PW nous invite à observer nos comportements avec humour et détachement. Se rendre malheureux soi-même, s’engluer dans des solutions dépassées, tomber dans des paradoxes relationnels… tout cela fait partie du jeu. L’important n’est pas de supprimer le malheur, mais de le reconnaître, de le prendre avec ironie, et parfois de s’en amuser.
Le lecteur adopte alors un regard décalé sur ses absurdités quotidiennes. Comprendre ces mécanismes permet de découvrir la liberté dans le chaos et, pourquoi pas, de transformer un petit malheur en occasion de rire – et d’apprendre un peu de soi-même. PW ne promet pas le bonheur, mais offre un outil précieux : se connaître à travers nos propres maladresses, avec légèreté et humour. Et c’est déjà un petit pas vers une vie moins… malheureuse.
NOTE DE BAS DE PAGE:
Paul Watzlawick, figure de l’école de Palo Alto, propose une approche systémique de la communication. Chaque individu agit dans un système relationnel — famille, amis, travail — où tout comportement, même le silence, influence l’autre.
Il met en lumière le double bind : une situation où un message comporte deux niveaux contradictoires — le contenu explicite et le message implicite — qui piègent le destinataire. Quelle que soit sa réaction, il se trouve dans une impasse.
Face à ces contradictions, trois réactions principales :
- Accepter la vision de l’autre (communication complémentaire)
- S’opposer, provoquer un conflit (communication symétrique)
- Se retirer ou nier la communication (déni)
Pour Watzlawick, il est essentiel d’observer non seulement ce qui est dit, mais comment la relation est établie. Les décalages entre ces deux niveaux sont souvent à l’origine de malentendus et de paradoxes relationnels dans la vie quotidienne.
Exemples concrets :
- Dans un couple, dire « Je veux que tu me comprennes » tout en critiquant toute tentative d’explication crée un double bind.
- Au travail, un supérieur qui demande « sois créatif » tout en sanctionnant toute initiative met l’employé dans une impasse.
- Dans la famille, un parent qui dit « je t’aime » mais exprime constamment de la déception ou de la colère génère des contradictions difficiles à gérer pour l’enfant.
INTERVIEW DE PAUL WATZLAWICK : L’HUMOUR THÉRAPEUTIQUE EN ACTION
Cette interview de Paul Watzlawick vous offre une occasion rare d’entrer dans l’univers de ce grand psychologue. Il y aborde ses théories sur la communication et les problèmes humains, non pas avec un ton académique, mais avec une finesse et une légèreté surprenantes.
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Une réflexion sur « FAITES-VOUS VOTRE MALHEUR? »