LES FANTÔMES FACE À LA SCIENCE!

La suggestion joue un rôle non négligeable dans la croyance au paranormal et aux fantômes.

Depuis la crise liée au Covid, la parole scientifique est remise en cause et il y a un engouement pour les parasciences et les croyances au paranormal. Un peu plus de 40 % des Français croient aux fantômes.

Dans le film culte S.O.S Fantômes sorti en 1971, quatre professeurs d’université au chômage, décident d’ouvrir une société d’investigations paranormales. Ils doivent lutter contre un dieu sumérien malveillant. Il s’agit d’une fiction fort sympathique qui reprend la thématique des croyances irrationnelles sur l’existence des fantômes dans la parapsychologie.

Selon l’une des études du psychologue Richard Wiseman, professeur à l’université de la Hetfordshire, 25 % des Britanniques auraient déclaré avoir vu au moins une fois dans leur vie un fantôme. Il semblerait qu’au fil du temps, les fantômes côtoient de plus en plus nos voisins d’outre Manche. En 1950, ils n’étaient que 5% des Britanniques qui les voyaient, 14 % en 1980, 19 % en 2003 et 25 % aujourd’hui. Cette montée en puissance de la croyance aux fantômes est révélatrice du retour de la pensée magique, et à une remise en cause du scientisme depuis une trentaine d’années! S’il n’y avait que les croyances au paranormal concernées, aujourd’hui, les fakenews scientifiques malmènent la méthodologie scientifique!

Le psychologue Richard Wiseman étudie d’une manière rigoureuse le sujet de la « pensée magique » ou de la pensée irrationnelle. Il a publié sur cette thématique plus de 100 articles, notamment dans des revues scientifiques comme Nature, Pyschological Bulletin ou le PlosOne.

Sur son blogRichard Wiseman relate ses recherches dans les lieux hantés. Dont Hampton Court Palace qui serait hanté selon les dires de certains par le fantôme de Catherine Howard, cinquième épouse du roi Henri VIII reconnue coupable d’adultère et fut décapitée. Au XIX siècle, une partie du château fait l’objet de phénomènes étranges dans la galerie où elle avait été trainée en arrière après s’être jetée aux pieds du roi son époux pour demander qu’on la gracie. Richard Wiseman et son équipe de chercheurs ont été sollicités pour enquêter scientifiquement, trouver des réponses rationnelles à ces supposées présences fantomatiques. Selon lui, « ces expériences ne semblaient pas être induites par les connaissances historiques de ces gens sur ces lieux, (avant leur visite); les personnes qui croyaient en l’existence de fantômes aient rapporté plus d’expériences que les mécréants. Certaines de ces expériences ont été causées par des phénomènes naturels, tels que des courants d’air subtils et des changements de température de l’air, et il y avait des preuves provisoires reliant ces endroits où les participants ont rapporté leurs expériences avec certains types d’activité géomagnétique.» Le géomagnétisme n’est pas une activité paranormale!

Les fantômes ne se manifestent pas qu’en Grande-Bretagne, et nous en avons aussi en France. Ainsi, des événements paranormaux se seraient produits dans une maison en août 2014 Un couple de retraités aurait eu sa maison saccagée par des esprits frappeurs. Les médias nationaux comme TF1 et FR3 avaient relayé ce fait divers paranormal au même titre qu’une prouesse scientifique.Ceux qui croient au paranormal ont en été pour leurs frais avec cette histoire de phénomène de hantise. Il s’agissait d’un canular monté de toutes pièces par la propriétaire de la maison et de son neveu de 12 ans.

La suggestion joue un rôle non négligeable dans la croyance au paranormal et aux fantômes, plus particulièrement celle qui est verbale. Et bien évidemment confortée par les médias. Souligné par Richard Wiseman, « Je pense que cela est principalement dû à un nombre croissant d’évocations de fait paranormaux à la télévision. Un simple événement tel qu’un bruissement reste le même, mais la perception psychologique que l’on en a est modifiée ». 

Il y a des lieux qui inspirent ces croyances au paranormal et à la hantise. Ils sont souvent liées au folklore populaire. Une architecture bizarroïde dans un endroit isolé, un meurtre ou un propriétaire asocial et hop la légende de la maison est faite. Parmi ces endroits hantés, il y a la Maison qui saigne à St Quentin dans l’Aisn. les habitants se sont plaints d’entendre la nuit des bruits de casserole ou des gémissements. Les habitants affirment avoir vu les murs qui saignent. La maison finira par être démolie et on découvrira des squelettes de soldats allemands de la première guerre mondiale.

Comment les neurosciences expliquent-elles (hors canular) certains fondements de ces croyances irrationnelles fondées sur des distorsions de la réalité, des hallucinations parapsychologiques, des sensations étranges de présences invisibles auxquelles on donne le nom de fantôme, d’esprit. Cela peut-il arriver à tout le monde ou faut-il souffrir de troubles psychiques pour voir des fantômes?

Une équipe de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) vient de montrer qu’un tel « sentiment de présence » pouvait être généré en laboratoire, à l’aide d’un robot, par la simple perturbation du mécanisme de perception spatio-temporelle. Cette équipe publie dans la revue Current Biology un article décrivant ce dispositif. De nombreux travaux avaient déjà associé ces « apparitions » à des perturbations cérébrales chez des schizophrènes, épileptiques, migraineux… Autrement dit, les fantômes n’existaient que dans nos têtes.

Les chercheurs suisses ont quand même voulu y voir de plus près. Ils ont analysé les cerveaux de patients présentant ces symptômes : en l’occurrence douze personnes, en majorité épileptiques, dont ils ont scruté l’encéphale à l’aide d’images à résonance magnétique (IRM). Ils y ont trouvé des lésions dans trois régions corticales – les cortex insulaire, pariéto-frontal et temporo-pariétal –impliquées dans la conscience de soi, le mouvement et la position. Discordance temporelle et spatiale Les neurologues de l’EPFL ont donc émis l’hypothèse que ce sentiment de présence relevait d’une difficulté à conjuguer ces différents sens pour établir une perception « cohérente et unitaire de notre propre corps ».

Pour s’en assurer, ils sont allés voir leurs collègues du département de robotique. Ensemble, ils ont conçu un appareil capable de produire de la discordance temporelle et spatiale. Les yeux bandés, le sujet de l’expérience tend son bras puis le déplace devant son corps, le doigt dans un capteur. Derrière lui, un robot reproduit ces mouvements en lui touchant le dos. « Pour le cerveau, il y a un conflit spatial, explique Olaf Blanke, directeur du centre de neuroprothèses de l’EPFL et premier signataire de l’article. Un mouvement effectué devant soi ne doit pas se traduire par une sensation dans le dos. Mais ce conflit, il le résout. » Les sujets sains ont ainsi affirmé avoir éprouvé le curieux sentiment de se toucher eux-mêmes le dos. Faux dans la réalité, mais cohérent.

Les chercheurs ont ensuite ajouté une discordance temporelle. Cette fois, le robot reproduisait les mouvements avec un décalage d’une demi-seconde. Dans ces conditions asynchrones, plusieurs sujets ont eu l’impression que ce n’était ni eux-mêmes, ni le robot qui leur titillait le dos mais une autre, voire plusieurs autres personnes. Espoir pour les épileptiques Giulio Rognini, du département de neurosciences cognitives de l’EPFL, décrypte le résultat : « Notre cerveau possède plusieurs représentations de notre corps. Dans des conditions normales, il est capable de les rassembler en une perception unitaire de nous-même. Mais lorsque le système dysfonctionne, par maladie ou robot, une deuxième représentation de notre corps est parfois induite et n’est pas ressentie comme “moi” mais comme autrui, comme une présence. » Les chercheurs suisses n’entendent pas s’arrêter là. Si un robot peut créer un sentiment de présence, peut-être peut-il aussi le faire disparaître. Autrement dit, corriger certaines discordances subies par des sujets malades. Un espoir pour les épileptiques, une menace pour les fantômes.

Loin des esprits frappeurs, une réalité médicale et psychologique où l’esprit (au sens de la psyché) peut jouer des tours avec les membres fantômes! Quand un bras ou une jambe ont été amputés, les patients sentent encore la présence du membre pourtant manquant! D’après leneuroscientifique Vilanayur S.Ramachandran, il s’agirait d’une manifestation de neuroplasticité cérébrale qui fait éprouver cette étrange sensation de la présence du membre pourtant amputé. Les plans de l’image corporelle dans le cortex somatosensoriel sont recablés après l’amputation du membre. Rien de parapsychologique! Il a mis au point un protocole de thérapie-miroir pour rééduquer les patients amputés. Le principe repose sur une boîte où le membre sain est reflété dans un miroir en lieu et place du membre amputé. Ainsi par ce jeu de miroir, le patient peut ainsi voir ses deux membres, et un nouvel apprentissage pour enlever cette sensation de membre fantôme peut se mettre en place.

Loin de la parapsychologie, il faut aussi citer des réactions allergiques à certaines substances toxiques comme le monoxyde de carbone par exemple ou encore la prise d’hallucinogène psychédélique, l’ayahuasca déjà évoqué dans mon post « Trip avec le narco-tourisme hallucinogène »! Le but de cette drogue est de provoquer des expériences mystiques avec des esprits invisibles. À vos risques et périls car il s’agit la plupart du temps de l’utilisation d’une drogue puissante à des fins d’endoctrinement sectaire! D’un mésusage du chamanisme amazonien et le dévoiement de une tradition séculaire chamanique.

David Smailes, psychologue à l’université de Northrhumbria (Newcastle-Upon-Tine) évoque les perceptions erronées de notre cerveau . Notre cerveau peut mentir. De ces illusions, selon lui, tout le monde eut en avoir, mais la plupart d’entre nous les ignorent, mais certains vont se tourner vers les fantômes comme explication. « Nous sommes habitués à ce que nos sens nous donnent des informations précises sur le monde. Donc, lorsque nous faisons l’expérience d’une hallucination, notre premier instinct est généralement de le croire.» Sollicité de toute part et bombardé d’informations, le cerveau sélectionne selon peut-être aussi ces croyances, surtout que l’on peut constater depuis quelque temps la montée de la pensée magique et la perte de l’esprit rationnel qui caractérise la science.

Parmi ces illusions du cerveau, il faut citer la cécité intentionnelle. Le cerveau est aveugle à ce qui ne correspond pas à ce qu’il attend dans une image. « La mémoire ne fonctionne pas comme une caméra vidéo », dit le psychologue en (Université Goldsmiths de Londres Christopher French. Il est . Vous ne vous souvenez que des choses auxquelles vous faites attention. Certaines personnes sont plus susceptibles de s’en absorber que d’autres. Et ces personnes signalent également des niveaux plus élevés de croyances paranormales, dit-il, y compris des croyances dans les fantômes. Un autre type d’illusion qui peut conforter la croyance aux fantômes est la paréidolie. C’est la tendance décrite comme instinctive, sous l’effet de stimuli visuels ou auditifs à reconnaitre une forme familière dans des images, une tache d’encre, des nuages.

Le marché des gadgets de la chasse aux fantômes se porte bien!Le thème des fantômes n’est pas réservé au seul domaine du cinéma ou de la littérature, il fait l’objet d’un commerce ingénieux high-tech. Le geek fan de paranormal peut s’équiper d’apps à charger sur votre site comme « Ghost radar ou autres gadgets détectant toute activité paranormale comme un détecteur de fantômes, en signalant les modifications du champ magnétique, inévitables lorsque un esprit invisible est présent. J’ai noté pour vous le petit ours en peluche BooBuddy qui voit les morts; il fonctionne comme un « trigger objet », un objet déclencheur susceptible de provoquer chez un revenant l’envie de communiquer avec les vivants. En fait, c’est l’objet transitionnel à l’envers si cher à Donald Winnicott… à destination des fantômes et non des vivants! Cet enquêteur de manifestations paranormales, au design attendrissant, qui s’allume et tend les pattes lors de tout changement d’énergie vibratoire anormale se vend à plus de 300 euros.

Croyances aux fantômes, êtres surnaturels ou dialogue avec les morts, certainement des superstitions liées à la pensée irrationnelle. Pour paraphraser Honoré de Balzac, une superstition vaut peut-être une espérance mais la réalité semble plus pragmatique avec Friedrich August Von Hayek qui voit la superstition comme « tout système où les individus imaginent qu’ils en savent plus qu’ils n’en connaissent en réalité. »

Sources: http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/06/comment-les-scientifiques-produisent-des-fantomes_4519780_1650684.html
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article928
https://www.google.fr/#q=pseudo+sciences
http://fr.wikipedia.org/wiki/SOS_Fantômes
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1680

https://theconversation.com/victorian-scientists-thought-theyd-found-an-explanation-for-ghosts-but-the-public-didnt-want-to-hear-it-126153

https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/trois-questions-sur-la-pareidolie-cette-capacite-de-notre-cerveau-a-voir-une-tete-d-ours-sur-la-planete-mars_5634263.html

UN AUTRE REGARD SUR LA VIEILLESSE AVEC LES SUPERAGERS!

La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie (Dona Maurice Zannou)

Photo de Mikhail Nilov sur Pexels.com

Un article publié dans JNeurosci a suscité ma curiosité. Il évoque le substrat biologique lié au vieillissement cognitif exceptionnel observé chez certains séniors appelés les « SuperAgers »! Cette dénomination se retrouve dans des revues scientifiques consacrées au vieillissement. La Northwestern University SuperAging Research (Chicago) et ses programmes scientifiques et médicaux étudient ces personnes exceptionnelles.

Le terme de SuperAge bouscule les idées reçues sur le déclin cognitif lié à l’âge et les préjugés liés au vieillissement popularisés par l’expression OK Boomer. Ce n’est pas un terme fantaisiste. Il s’appuie sur les données scientifiques de la psychologie du vieillissement et la neuropsychologie.

Remettons les pendules à l’heure. Comment définir un SuperAger? Je reste volontairement floue sur cette notion de personne âgée car je considère qu’il y a une part sociétale importante qui participe au clivage des générations; même si à partir du curseur déterminé par l’âge chronologique (pas forcément en adéquation avec l’âge physiologique), c’est le pré carré de la gérontologie et de la gériatrie. Mais également, celui de la psychologie du vieillissement, une nouvelle spécialité qui s’est développée depuis des années 90, compte tenu du vieillissement de la population mondiale.

Le terme de SuperAger est clairement délimité dans la recherche médicale. Des critères ont été développés pour identifier des nouvelles caractéristiques anatomiques, biologiques, génétiques associées au phénotype et psychosociales du SuperAger. Il y a l’âge ( celui de 80 ans et +), la performance de la mémoire épisodique et les capacités cognitives.

Ces personnes ont des capacités cognitives et de mémoire similaires à des personnes beaucoup plus jeunes. Le terme de superager a été popularisé par les travaux de neuroscientifiques américains qui ont montré que certaines personnes âgées avaient un cerveau aussi performant que des personnes beaucoup plus jeunes qu’elles. Des personnes de plus de 80 ans qui obtiennent des résultats similaires à des personnes âgées de vingt à trente ans de moins qu’elles aux tests de mémoire, c’est pas mal, non?

La liste des scientifiques qui se sont penchés sur le cerveau vieillissant n’est pas exhaustive, mais d’en citer quelques uns. Comme Yaakov Stern (Université » de Colombia) a mené des études sur les facteurs de risque de la démence et de la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur les facteurs qui peuvent protéger contre ces maladies. Également, Denise C.Park de l’Université du Texas à Dallas a mené des études sur la plasticité cérébrale et sur les moyens de maintenir la fonction cognitive à un niveau élevé au cours du vieillissement. Et sans oublier Eric Kandel, qui à 80 ans a été couronné par le Nobel 2000 de médecine pour ses recherches (de toute une vie) sur la neurobiologie de la mémoire et du vieillissement du cerveau .

C’est une approche digne de la psychologie positiviste (au bon sens du terme) dont j’ai déjà parlé dans ce blog. La psychologie positiviste souligne des points optimistes et n’insiste pas lourdement sur les maladies qui font penser que la vieillesse est forcément un naufrage.

Cependant, le terme de Superager » ne s’applique pas à toutes les personnes avançant en âge. Il s’agit d’une frange de population relativement faible. Mais elle existe prouvée sur les règles de l‘Evidence-Based Medicine (EBM) et c’est le principal. Alors, voyons ce qu’il en est.

Quel est le point fort des superagers par à rapport à leurs pairs? Le vieillissement moyen est associé à une diminution progressive de la capacité de la mémoire, et ce qui est exceptionnel chez ces superagers, c’est la mémoire épisodique; aussi performante que des personnes plus jeunes qu’eux. La mémoire épisodique est aussi appelée mémoire autobiographique, et elle permet selon cette jolie formule empruntée au magazine Futura de voyager dans le temps, passé ou futur.

Comment dans l’étude de JNeurosci ou même d’autres, cette mémoire épisodique exceptionnelle a-t-elle été constatée chez eux?

Dans cette étude où deux tiers des participants étaient des femmes, pour distinguer les superseniors des autres pairs au vieillissement normal ou légèrement anamnestiques, l’étude a examiné l’intégrité neuronale dans le cortex entorhinal (ERC) (ou aire 28 de Brodman ), une zone phare de la mémoire et sélectivement vénérable à la dégénérescence neurofibrillaire. Ces neurones plus grands et plus sains serait la signature biologique de la trajectoire de ces superagers. Ce serait la couche II du cortex entorhinal (étudié post-mortem) qui serait concerné. Il reçoit en particulier les informations d’autres centres de mémoire et est un centre très spécifique et crucial le long du circuit de la mémoire.

Tamar Gefen, professeure adjointe de psychiatrie et de la science du comportement à la Northwestern University Feinberg School of médecine pense que ces neurones plus grands que chez les jeunes « étaient déjà présents à la naissance et se sont maintenus structurellement tout au long de leur vie». Vers une part génétique?

Quel est l’intérêt scientifique de ces recherches? Elles sont importantes pour comprendre comment des personnes peuvent résister à la maladie d’Alzheimer. Il existerait une forme de résilience aux voies conventionnelles du vieillissement observées chez les SuperAgers. L’ERC joue un rôle clé dans la mémoire est l’un des premiers endroits ciblés par la maladie d’Alzheimer. Le but est d’exploiter les traits biologiques particuliers aux superageurs pour aider les personnes âgées à éviter la maladie d’Alzheimer et pour de futures recherches.

La prévalence des superagers est plus élevée chez les femmes. Il a été constaté une influence positive du niveau d’éducation sur le score des tests cognitifs, ce qui indiquerait une réserve cognitive plus élevée des SuperAgers ayant un niveau d’éducation plus élevée. Un lieu commun mais confirmé par des tests.

Le bien-être psychologique serait-il lié à la performance cognitive chez les SuperAgers? Il a été constaté chez eux un niveau plus élevé de relations chaleureuses (positives ) avec les autres. L’autonomie, une certaine maîtrise de l’environnement et une aptitude au développement personnel. Pourquoi ne pas reparler de la pyramide de Maslow de son sommet (celle de la plénitude de son humanité) et peut-être après, envisager des niveaux dont le besoin cognitif, le besoin esthétique et le dépassement de soi? Il ne s’agit que d’une opinion personnelle.

Car en dehors de la recherche et de ses publications, les SuperAgers sont des personnes âgées définies comme impressionnantes, se comportant comme une personnes d’âge moyen. Rock on-roll! Dans un article sympathique écrit par Rod Rodriguez, le SuperAger et défini comme un Super-Adolescent! Une dénomination d’une gentillesse rare loin des coups de butoir sur les « vieux » lus sur les réseaux sociaux, et qui me font lever les yeux au ciel.

Rod Rodriguez répertorie des zones bleues géographiques où il y a une forte concentration de SuperAgers. Comme Ikaria en Grèce, Okinawa au Japon. Je fais l’impasse volontairement sur le mode de vie de ces SuperAgers et leur alimentation qui participeraient à leur longévité exceptionnelle. Une mention spéciale pour la région d’Ograliastra (Sardaigne) où des centenaires sont toujours actifs, autonomes et capables de vivre seuls chez eux.

Les SuperAgers incitent à une réflexion plus globale sur l’âge et l’activité. Ce qui va suivre pourra être perçu par certains lecteurs comme orienté idéologiquement, et ils auront probablement raison; certains éléments factuels scientifiques sont sujets à réflexion et doivent inciter à abattre le mur de la honte qu’est l’âgisme. Le sujet ne doit pas être esquivé car les publications mêlant économie et neurosciences existent.

Dans le Journal du Comportement Économique (Elsevier) via Science Direct, une publication titre la question suivante: « La retraite accélère-t-elle le déclin cognitif? Preuves de la Chine rurale ». Il y aurait un lien entre l’âge de la retraite et les performances cognitives. Je passe directement à la conclusion de la publication, et je pressens que certaines personnes figées sur la notion d’âge chronologique et dans l’âgisme invoqueront le biais de confirmation: oui, sans conteste le National Rura Pension Scheme chinois affecte la performance cognitive. En terme de mécanismes, la détérioration cognitive est liée à la réduction subtantielle de l’engagement social, du bénévolat et des activités favorisant l’acuité mentale, etc..

Le principe qui sous-tend le programme de retraite chinois lié au déclin cognitif est le suivant: la littérature économique s’est principalement concentrée sur la formation du « capital humain » (dixit). À titre personnel, je n’apprécie pas cette dénomination de « capital humain » qui est glaçante et déshumanisante. Quoi qu’il en soit, hormis la sémantique, il y a des pistes de réflexion. Les capacités cognitives représentent une dimension du capital humain tout comme l’éducation, la santé et les compétences non cognitives. La littérature économique s’est beaucoup moins concentrée sur les causes et conséquences de dépréciation du capital humain y compris le déclin cognitif. Et notamment celui lié à la retraite anticipée.

Les recherches neuropsychologiques citées dans l’article sur la Chine ont retenu toute mon attention, et elles pourraient bousculer les préjugés sur l’âgisme. L’une d’elles serait la malléabilité du cerveau adulte capable de s’améliorer même à la fin de l’âge adulte, étudié par Howard-Jones (et al) spécialiste de la recherche neuroéducative. Encourageant! Est si c’était l’une des dispositions des SuperAgers?

Et une autre étude à méditer sur la « retraite mentale » élaborée par Susan Rohwedder, et Robert J Willis .« ..deux mécanismes pour lesquels la retraite peut conduire à un déclin cognitif. Pour de nombreuses personnes, la retraite conduit à un environnement quotidien moins stimulant. En outre, la perspective de retraite réduit l’incitation à s’engager dans des activités mentalement stimulantes au travail. »

Ces études sur les SuperAgers sont revigorantes pour les générations les précédant. Elles devraient inspirer les programmes sur le vieillissement qui infantilisent les personnes âgées. Et si on partait de l’idée toute simple que toutes les personnes du grand âge sont des SuperAgers? Utopique?

Vraiment? Dans ma salle de fitness, je côtoie Jean-Pierre, ancien militaire de carrière qui manie les appareils de musculation deux heures par jour, participe avec enthousiasme à de nombreux cours collectifs, et à côté de cela est engagé dans le milieu associatif et culturel de sa bourgade normande. La mascotte de notre centre sportif! Une autre SuperAger âgée de 88 ans se rend régulièrement à des cours de Pilates, souple comme un roseau. À côté d’elle, j’ai l’impression d’être une petite joueuse…

Compte-tenu de l’allongement de l’espérance de vie, le regard doit changer sur le vieillissement. Dans un article publié dans la revue CAIRN en 2003, le gériatre Bernard Mouralis (1999) a ainsi défini le grand âge: «la vieillesse ne se laisse définir ni par un mécanisme spécifique unique, ni par le seul effet du temps, ni par un mode de décès. Il n’en existe aucune mesure biologique. Toutes les constantes biologiques gardent la même constance chez le vieillard sain». Les phénomènes de sénescence par exemple, et les incapacités qu’ils entraînent, varient d’une personne à l’autre: certaines personnes âgées sont en meilleure santé que pas mal de jeunes.

Et plus poétique en guise de conclusion celle de l’anthropologue béninois Dona Maurice Zannou: La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie.

https://www.jneurosci.org/content/early/2022/09/26/JNEUROSCI.0679-22.2022

https://news.northwestern.edu/stories/2022/09/superager-brains-contain-super-neurons/

https://denverphysicaltherapyathome.com/super-agers-around-the-world/

https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/memoire-memoire-episodique-16094/

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167268122004358?fbclid=IwAR1wO8vjav6nQARZQPEPkERquuILYLSvoe4JSUYcyVZvzHlAP5HZTg8WO7c

https://www.lindependant.fr/2023/01/16/torreilles-a-82-ans-le-docteur-christian-riviere-part-a-la-retraite-10930231.php

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