COMMUNICATION FACILITÉE : LE DÉBAT SCEPTIQUE FRANÇAIS.

Communication facilitée : entre croyance, espoir et dérive pseudo-scientifique, une controverse toujours vive.


Texte de Christine O. Ce rapport m’a a été envoyé par un contributeur anonyme de France qui, pour des raisons qui deviendront claires au fur et à mesure que vous le lirez, souhaite rester anonyme.

Ce texte fait écho à mon billet de 2018 Autisme : la communication facilitée, une pseudo-science. La communication facilitée prétend offrir aux personnes autistes non verbales la possibilité d’exprimer leurs pensées, une affirmation au cœur d’un intense débat sceptique. En réalité, elle relève de la pensée magique: elle privilégie l’expérience émotionnelle et l’impression de dialogue sur les exigences de la preuve scientifique.


Christine O analyse un cas français emblématique, où le scepticisme a mis au jour ces dérives, et complète ainsi le regard critique déjà esquissé dans mon billet.

Pour que vous puissiez vous faire votre propre idée, voici le texte de Christine O, ici traduit en français (sa version originale est disponible à cette adresse: https://www.facilitatedcommunication.org/blog/when-telepathy-awakens-skepticism-a-french-case-of-fc).


Tout commence par l’histoire d’une autrice non verbale, diagnostiquée autiste très déficitaire dès son plus jeune âge. Lorsqu’elle a atteint l’âge de 14 ans, sa mère, qui n’avait pas remarqué beaucoup de progrès, a décidé de la sortir du cadre institutionnel dans lequel elle était placée. Les recherches de la mère l’avaient amenée à la conclusion que, pour réaliser quoi que ce soit, sa fille devait d’abord « se reconnecter à son corps ». C’est en prenant en charge sa fille qu’elle a découvert que celle-ci, bien qu’elle n’ait jamais appris à lire, qu’elle était capable de communiquer avec elle en épelant des phrases parfaitement construites. Ses compétences motrices limitées, cependant, ne lui permettraient pas d’écrire avec un stylo. Au lieu de cela, elle s’exprime avec des lettres en carton classées par ordre alphabétique, qu’elle pioche l’une après l’autre pour former des mots.

UNE DIFFUSION MÉDIATIQUE ET SCIENTIFIQUE

Au cours des quinze dernières années, la jeune femme a publié plusieurs ouvrages. Certains de ses textes ont été adaptés au théâtre, mis en musique par des chanteurs et des musiciens, lus à la radio nationale, etc.

En 2016, son histoire a fait l’objet d’un documentaire qui a été sélectionné dans des festivals (notamment aux césars) et diffusé à la télévision sur Arte. Elle participe également de manière régulière à une émission populaire mettant en scène des journalistes autistes qui interviewent des célébrités.

Le parcours de l’autrice a soulevé des questions sur notre perception et notre compréhension de l’autisme sévère. Elle a en outre collaboré avec un chercheur en sciences cognitives du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Récemment, elles ont donné ensemble une conférence sur l’autisme, l’hyperlexie et « l’expérience intime du langage ».

Lors d’une conférence, en présence d’un membre d’un parlementaire, l’autrice avait qualifié de façon cinglante ses années passées en Instituts Médicaux Éducatifs résidentiels et médicaux (IME) comme étant « un grand vide».

Crédit : @LeTelegramme sur Youtube

UNE RENCONTRE DÉROUTANTE
Personnellement, je me suis sentie très chanceuse d’avoir l’occasion de rencontrer la jeune femme, il y a quelques années. Sa mère m’a accueilli chez elle, et sans que j’aie eu besoin de poser une seule question, elle a commencé à me raconter leur histoire. Elle m’a d’abord décrit à quel point il était difficile d’établir le contact avec sa fille: des années passées comme devant un mur, sans pouvoir communiquer avec elle. Puis, quelques minutes après le début de notre conversation, elle mentionne en toute simplicité qu’elles communiquent entre elles par télépathie.

Remarquant mon air sceptique, elle m’a souri, mais par la suite, elle m’explique que sa fille n’apprend pas comme nous, les « neurotypiques », mais qu’au contraire, ellle un accès direct et illimité à la connaissance.

UNE CONVERSATION DÉCONCERTANTE:

Après cet échange troublant, j’ai été invitée à avoir une conversation avec la jeune femme.

Nous nous sommes installées toutes les trois dans une petite pièce, autour d’une table où se trouvait la boîte à lettres. Ce ne fut pas un véritable échange. La jeune femme s’est mise à choisir des lettres et à composer des phrases pendant de longues minutes, dans son style étrange et poétique.

À un certain moment, se rappelant la révélation télépathique faite plus tôt, la mère m’a glissé que sa fille avait « simplement changé d’avis » — comme si elle connaissait déjà les mots que sa fille allait former sur la table… Et, en effet, peu après, sa fille a mis les lettres pour cette phrase : « je te fais une télépathie. »

La mère m’a alors tendu un petit morceau de papier et un stylo. Elle m’explique que c’est un jeu auquel sa fille aime parfois se livrer. Je devais sortir de la pièce, écrire une courte phrase, puis ensuite l’appeler.

Je me suis exécutée, j’ai quitté la pièce et, une fois ma phrase écrite, j’ai appelé la mère. Elle m’a rejoint, a lu la phrase, a plié le papier et l’a glissé dans la poche arrière de son pantalon.

Nous avons rejoint sa fille et nous nous sommes installées comme précédemment. Sa mère en face d’elle, et moi sur le côté. À peine installée, la jeune femme a commencé à saisir les bonnes lettres, l’une après l’autre. Pendant quelques secondes, je me suis senti déstabilisée et ma vision s’est même brouillée. Je leur ai assuré que tout allait bien et qu’il n’était pas nécessaire d’épeler la phrase en entier, mais la mère a insisté : « Quand nous faisons cela, elle aime poser toutes les lettres. »

UN RÉVEIL SCEPTIQUE
Cette rencontre m’a laissée extrêmement perplexe. Le lendemain, après une nuit très courte, j’ai appelé des amis pour leur raconter cette expérience de télépathie à laquelle j’avais participé.

En détaillant le déroulement des faits, j’ai réalisé que je ne parvenais pas à m’en convaincre totalement moi-même. Un ami m’a alors aidé à prendre conscience que quelque chose m’avait forcément échappé.

Comme beaucoup de personnes familières avec l’histoire de cette autrice non verbale, j’ai d’abord eu des doutes… mais la multitude d’articles et les collaborations avec des institutions institutionnelles notamment le CNRS, les avaient balayés.

L’histoire était touchante, positive et semblait mériter d’être relayée, afin d’ébranler les préjugés et d’attirer l’attention sur les personnes vulnérables. Malgré la conclusion décevante à laquelle cela pouvait mener, j’ai décidé de chercher en ligne des vidéos montrant la mère et la fille en train d’écrire.

J’ai été très surprise de constater que, dans toutes ces vidéos, la mère effectuait de nombreux mouvements. Dans mes souvenirs, je l’avais imaginée complètement immobile. Mon attention avait dû être captée par l’agencement des lettres, et le contexte m’avait échappé.

J’ai alors commencé à remarquer des gestes étranges de la mère… jusqu’à ce que, finalement, après avoir revu ces mêmes vidéos encore et encore, l’évidence me frappe: c’était presque comme si la main de la fille était reliée à celle de sa mère par un fil invisible.

Quant aux mouvements incongrus, ils se produisaient précisément au moment où la fille s’apprêtait à prendre la mauvaise lettre.

À cet instant, le scénario m’a semblé presque aussi incroyable que l’histoire initiale… la télépathie mise à part, évidemment.

Qui pourrait avoir une telle idée ? Combien d’heures d’entraînement ont été nécessaires pour parvenir à un tel résultat ? La mère en était-elle désormais convaincue elle-même ?

UNE TECHNIQUE DISCRÉDITÉE CONNUE SOUS LE NOM DE COMMUNICATION FACILITÉE
Avec autant de questions en tête, j’ai supposé que d’autres personnes avaient dû remarquer l’influence de la mère. J’ai fini par trouver une critique négative de leur documentaire le qualifiant de « supercherie».

Cet article mentionnait une technique sujette à caution qui m’était inconnue: la communication facilitée (CF). J’ai trouvé par la suite deux autres commentaires faisant le lien entre cette histoire et la CF, l’un en réponse à une publication sur Facebook d’un centre de ressources sur l’autisme, l’autre sur une page de forum intitulée « cherche cas d’autistes non verbaux qui peuvent écrire. »

Le phénomène étant beaucoup plus répandu aux États-Unis, mes recherches m’ont rapidement mené à facilitatedcommunication.org. J’ai regardé le documentaire PBS « Prisoners of Silence » et j’ai finalement découvert la réponse idéomotrice, ce qui m’a aidé à comprendre comment les facilitateurs peuvent, eux aussi, être victimes de ce système de croyance.

En ce qui concerne cette impression de télépathie décrite par les facilitateurs, une fois que l’on a entendu parler du phénomène de la FC, une explication logique et moins magique apparaît : les facilitateurs sont convaincus de ne pas être les auteurs des messages mais ils peuvent se rendre compte qu’ils connaissent les mots avant d’être épelés par les individus non verbaux, les facilitateurs concluent que les individus non verbaux qu’ils facilitent sont télépathiques.

La FC a été introduite en France en 1993 par l’orthophoniste Anne Marguerite Vexiau après une formation d’un mois à la FC en Australie. En 1995, elle a fondé « Ta Main Pour Parler », une association qui vise à diffuser le FC en France. En 1998, elle a pris une tournure plus ésotérique en étendant l’utilisation de la FC aux personnes sans problème de neurodéveloppement ou trouble de la parole. Elle lui a donné un nouveau nom : « Psychophanie« . Selon Vexiau, la FC pourrait permettre d’exprimer l’inconscient et les émotions les plus profondes de chacun. Tout comme avec la FC régulier, la facilitation peut entraîner des messages poétiques ou même spirituels, mais dans le cas de personnes sans trouble cognitif, elle est également présentée comme thérapeutique, aidant à libérer des traumatismes prétendument réprimés… ce qui revient essentiellement à induire de faux souvenirs. En 2002, Vexiau a fondé une « école de communication facilitée et de psychophanie » pour former à la fois les professionnels et les parents à devenir des facilitateurs , et ces sessions ont encore lieu régulièrement à ce jour.

NOUVEAUX NOMS ET NOUVELLES FORMES DE FC
Plus récemment, la communication facilitée (FC) est apparue sous de nouveaux noms, par exemple CPA pour Communication Profonde Accompagnée, développée par Martine Garcin‑Fradet, et EP pour Écoute Profonde de Marie Vialard Hauser. La méthode reste identique: une facilitation physique au‑dessus d’un clavier, destinée aux personnes non verbales, mais aussi aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, à celles dans le coma ou en fin de vie, ainsi qu’aux bébés et jeunes enfants.

La filiation avec la FC originale n’est pas cachée; ces nouvelles appellations correspondent surtout à des rebrandings à visée commerciale. Garcin‑Fradet et Hauser organisent par ailleurs des séances de formation régulières pour facilitateurs.

En ce qui concerne les nouvelles formes de FC sans contact physique, je n’ai pu trouver que quelques exemples. L’un d’eux concerne une association qui fait fortement pression pour les droits des personnes autistes, et qui a déjà invité Elizabeth Vosseler à présenter S2C. Cette association préconise un changement dans la perception de l’autisme non verbal et souhaite que la société “présume la compétence” des personnes avec autisme profond — un recadrage de l’autisme profond tel qu’il a été promu par les défenseurs de la FC depuis plus de 30 ans.

l’un des membres de cette association est un jeune homme autiste non verbal , facilité à la fois par sa mère, qui utilise un tableau de lettres, et par un facilitateur, qui l’accompagne lorsqu’il tape sur un iPad. Il étudie (avec son animateur) à la faculté de sociologie de Rennes et est membre du Réseau européen sur la vie indépendante (ENIL).

Il a été invité à discuter de la neurodiversité et du mouvement des droits de l’autisme à l’INSEI, une institution française spécialisée dans la recherche sur l’nclusion scolaire. Il a récemment rejoint le Conseil consultatif de la jeunesse des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’éducation (EAA). Ses expériences personnelles ont donné lieu à un article complet sur le site des Nations Unies.

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DÉMYSTIFIER LE CHARLATANISME AVEC L’HUMOUR : LA VOIE DU PALMASHOW

Le Palmashow utilise l’humour pour dénoncer le charlatanisme et illustrer l’absurdité des pratiques pseudo-scientifiques.

Combattre le charlatanisme avec des arguments rationnels est un véritable défi, car les personnes qui y adhèrent sont convaincues de sa validité scientifique. Pour asseoir leur autorité, les charlatans se cachent derrière un langage hermétique, des postures d’autorité et des concepts ésotériques faussement savants.

Là où un article critique peut sembler rébarbatif pour un non-professionnel de la santé ou de la psychologie, l’humour, lui, agit comme un puissant révélateur.En grossissant les traits, il met en lumière l’absurdité de certaines dérives que l’on ne remarque plus à force de les entendre dans le quotidien.

Le Palmashow ne fait pas qu’amuser : il participe, à sa manière, à une catharsis intellectuelle collective. Le rire libère, il dégonfle les discours pompeux et montre que, derrière les apparences de sagesse ou de sérieux, il n’y a parfois… qu’un vide scientifique abyssal souvent néfaste pour le portefeuille et la santé, de ceux qui se laissent prendre à cette toile d’araignée.

Inspiré par l’un des sketchs du Palmashow, ce duo comique qui excelle à pointer les travers de notre époque, arrêtons-nous sur un exemple emblématique : « le yoga. »

Originaire de l’Inde, le yoga est une pratique millénaire intimement liée à la culture indienne. Introduit en Occident lors du parlement mondial des religions de Chicago en 1893, il a connu un véritable essor grâce à des yogis et des moines. Depuis les années 60, il s’est d’abord fait connaître pour ses dimensions spirituelles et méditatives. Si les asanas (postures) ont ensuite pris le dessus, le yoga a depuis dépassé le stade confidentiel, et a été récupéré et transformé en un immense marché où se croisent bien-être, pseudo-science et marketing percutant, parfaitement rôdé. »/

Titre: LES PROFS DE YOGA – PALMASHOW CHAÎNE

 URL : http://www.youtube.com/watch?v=NsDh9EgNmrc

Dans leur parodie incisive, le Palmashow met en scène un ‘professeur’ de yoga fraîchement auto-proclamé après une formation express. Le sketch ne fait pas que nous faire rire : il met en lumière des mécanismes que je connais bien en tant que psychologue. Pour mieux comprendre comment fonctionne le charlatanisme, analysons ce qu’ils ont si bien su décortiquer:

  • Des cours dispensés au bord d’une nationale, ambiance zen-bruit-de-camion
  • Une boisson miracle, le fameux « Namasté » à base d’eau venue d’Inde,
  • Des asanas improbables, inventées sur place, accompagnées d’un jargon pseudo-spirituel,
  • Et surtout… 1 500 € les trois jours de jeûne, mais « ce n’est pas cher quand on pense au retour sur soi ». C’est un investissement qui fait évoluer votre spiritualité ! Et pourquoi pas, une étape positive pour votre prochaine réincarnation ?

Derrière la caricature, une réalité : le yoga est devenu pour certains un produit de bien-être, coupé de son sens originel et vendu à coups de slogans séduisants. Les postures de yoga sont revisitées à la sauce occidentale de la performance et de la spiritualité de pacotille.

Ce nouveau marché du yoga est un aimant pour les pseudo-thérapies, promettant guérison et bien-être absolu. Les mêmes « professeurs » de yoga proposent parfois des élixirs comme ceux de Bach ou aryuvédiques vendus à des prix vertigineux, des régimes détox censés « purifier le corps » mais souvent dangereux, des pratiques inspirées de médecines parallèles (magnétisme, soins énergétiques, « respiration quantique »), et une rhétorique culpabilisante : si ça ne marche pas, c’est que vous n’êtes « pas assez ouvert » et lâchez-prise, nom d’un chien!

Titre : LES MÉDECINES PARALLÈLES – PALMASHOW CHAÎNE

URL :https://www.youtube.com/watch?v=jNG1Mi2ncI8

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IRIDOLOGIE: DÉCRYPTAGE D’UNE MÉTHODE CONTROVERSÉE

L’iridologie est une technique de médecine alternative, et elle ne permet pas de diagnostiquer des maladies.

photo d’iris réalisée par @Romain Bebon: https://www.romainbebon.com

Pour rendre unique votre intérieur et suivre la dernière tendance très ego-déco, affichez dans votre salon une immense photo de votre iris. Plaisanterie mise à part, plus prosaïquement, parfois, c’est votre ophtalmologue qui, en vous faisant un fond d’œil, vous montre la beauté de votre iris qui peut donner envie d’en faire une oeuvre d’art.

Qui n’a pas régulièrement consulté un ophtalmologue pour un fond d’œil ? Cet examen est indispensable car il permet de dépister et de prévenir des problèmes de vision graves. En effet, l’examen est indolore et réalisé par un ophtalmologue. L’ophtalmologie est une spécialité médico-chirurgicale des plus sérieuses, qui répond aux dernières avancées de la science. Grâce aux progrès de la science et de la technologie, l’ophtalmologie est en constante évolution. De nouvelles techniques chirurgicales, des traitements innovants et des dispositifs médicaux de pointe sont continuellement développés pour améliorer la prise en charge des maladies oculaires.

On pourrait croire que cette spécialité est à l’abri du charlatanisme et de la pseudo-science. Absolument pas! Connaissez-vous l’iridologie? La publication récente d’un article paru en 1989 dans la revue The Skeptic vient nous rappeler d’être vigilant sur cette pseudo-médecine.

Contrairement à la spécialité médicale de l’ophtalmologie, l’iridologie n’est pas basée sur des preuves scientifiques solides. L’iridologie est une pratique qui prétend pouvoir diagnostiquer des maladies ou des problèmes de santé en examinant les motifs et les couleurs de l’iris de l’œil. C’est le chiropracticien et naturopathe Bernard Jensen à qui l’iridologie doit l’une des cartographies élaborées par les chefs de file de l’iridologie.

La santé d’une personne serait liée aux lignes et aux marques qui apparaissent dans l’iris. L’iridologie prétend être un système ordonné qui peut être cartographié et interprété comme un signe avant-coureur d’une maladie, même s’il vous semble que vous êtes en pleine forme. Selon les iridologues, chaque cercle de l’iris correspond à des organes et à des parties spécifiques du corps. Par exemple, si on se casse une jambe, une marque spécifique, telle qu’une signature liée à l’organe, apparaîtra dans l’iris. Hormis toute pathologie spécifique ou la dépigmentation progressive chez les personnes âgées, l’iris n’évolue plus au cours de la vie et il est caractéristique d’un individu, tout comme une empreinte digitale. La technologie en biométrie de reconnaissance par l’iris l’illustre.

Selon l’iridologie, « il y aurait au cours de la vie, trois grandes métamorphoses de l’iris… en relation étroite avec les trois phases évolutives de modifications physiques et biologiques de l’organisme.« 

Lors des premiers entretiens de Monaco sur les médecines énergétiques, le 22 novembre 1985, relayé par l’AFIS, tandis que le spécialiste cherche la nature précise de la maladie, pour le naturopathe, l’iris fournit des informations permettant de rechercher les capacités réactionnelles en rapport avec l’autoguérison et les causes profondes des déséquilibres physiologiques, etc. Une souffrance passée peut aussi s’inscrire dans l’iris.

L’iris droit représente la moitié droite du corps, et l’iris gauche la moitié gauche du corps. En partant de la pupille vers le bord extérieur de l’iris, plusieurs zones concentriques représentant les différents systèmes du corps humain. Chaque couleur d’iris a son profil de faiblesse et son lot de maladies. L’iris bleu ou constitution « lymphatique fibrillaire » est lié à des profils constitutionnels. Les personnes ayant les yeux clairs auraient un système immunitaire fragile, prédisposé aux allergies, asthme, migraines, arthrites.

L’iris brun ou constitution « hématogène » prédispose aux pathologies cardio-vasculaires, hypertension, cholestérol, diabète, troubles circulatoires, hépatiques et bilieux. L’iridologie n’oublie pas l’iris mixte ou constitution « mixte biliaire ». C’est un iris noisette de coloration vert-brun ou brun jaune laissant apparaître des couches iriennes profondes en bleu. Cette constitution témoignerait d’une faiblesse du foie, d’un potentiel digestif faible et d’une perturbation du métabolisme des glucides. Malgré ce jargon qui laisse supposer une spécialité médicale des plus fiables, aucune étude scientifique n’a pu prouver à ce jour que l’iridologie permettait de réaliser un diagnostic de pathologie.

Les études scientifiques sérieuses utilisent des méthodologies rigoureuses et des essais contrôlés pour évaluer les maladies et leurs traitements. Il y a sur PubMed, le service d’archives qui répertorie des titres de périodiques scientifiques, de rares articles qui déconstruisent l’iridologie. Il y en a un qui a retenu mon attention. C’est un article de 2008 concernant le dépistage du cancer colorectal par l’iridologie comme méthode alternative, car le développement de ce cancer est long. Et ainsi savoir s’il est possible d’anticiper avant le diagnostic; ce qui serait intéressant en gastro-entérologie.

On a présenté à des iridologues, dans un ordre aléatoire et sans qu’ils connaissent le nombre de personnes malades, l’iris de 29 personnes diagnostiquées d’un cancer colorectal et de 29 personnes en bonne santé. Dans cette expérience, la comparaison des iris de patients atteints d’un cancer du côlon avec ceux de personnes en bonne santé devrait permettre aux iridologues d’analyser les différences potentielles entre les deux groupes. En examinant la forme, la couleur, la texture et d’autres caractéristiques de l’iris afin de tenter de déceler des signes ou des patterns spécifique liées au cancer du colon.

Les iridologues auraient correctement détecté 53,7 % et 53,4 % des iris des personnes de l’étude. Ces résultats montrent que la probabilité n’était statistiquement pas meilleure que le hasard. Cette étude montre que l’iridologie n’a aucune validité en tant qu’outil de diagnostic pour la détection du cancer colorectal. Point. Circulez, il n’y a rien à voir.

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CAUCHEMAR EN THÉRAPIE POUR ELLEN!

L’histoire d’Ellen est une histoire parmi d’autres durant les années 80! Une histoire de faux souvenirs et d’emprise mentale par des thérapeutes sans scrupules!

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Au début des années 1980, le New Age inspire la psychologie et la psychothérapie. On peut qualifier le New Age sous divers angles soit comme un mouvement spirituel mais surtout comme un bric-à-brac de croyances ésotériques empruntant des éléments à la spiritualité orientale adaptée à l’Occidental en quête de spiritualité. C’est avec Le courant humaniste, apparu à partir des années 1940 aux États-Unis sous l’impulsion d’Abraham Maslow, que se sont développées ces thérapies du New Age. L’arrivée de la psychologie humaniste partait d’une bonne intention car il favorisait une vision positive de l’être humain, et s’opposait à la psychanalyse et au behaviorisme. Malheureusement ce courant fut dévoyé (et l’est encore) causant des dégâts dans la psyché de personnes ayant fait confiance à des thérapeutes pratiquant des thérapies pseudoscientifiques! L’histoire d’Ellen, digne d’un thriller, l’illustre (hélas) parfaitement!

Le cas d’Ellen a été recueilli par Margaret Thaler Singer, psychiatre et son collègue Abraham Nievod, psychologue légiste; ils vont le consigner dans l’un des chapitres de l’excellent livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology à la rigueur scientifique incontestable.

À la suite d’une énième rupture sentimentale, Ellen est déprimée, et consulte une psychothérapeute pour l’aider à y voir clair dans ses relations amoureuses. Lors de la première séance, la thérapeute fait allonger Ellen dans un fauteuil relax en lui mettant une couverture, et en lui disant de sa détendre.

Au cours des dix ans de thérapie, la thérapeute fit se remémorer à Ellen des souvenirs d’abus sexuels commis par son père et des membres de sa famille au cours de rites sataniques. Infondés, faut-il le préciser! En 2020, on se frotte les yeux en se disant que les rituels sataniques sont de la pure fiction et qu’ils n’ont rien à voir avec la psychothérapie et la dépression. Ne croyez pas ça, l’Amérique des années 90 est obsédée par la violence des cultes sataniques réels ou imaginaires, et de nombreux thérapeutes se sont spécialisés dans la prise en charge des patients supposés abusés lors de cultes sataniques « Au cours de cette période, les rumeurs sur les adorateurs du Diable vont se multiplier, jusqu’à l’hystérie collective. Les médias, avides de sensationnalisme, font circuler des vidéos dites tournées par les adorateurs de Satan. Elles montrent des messes noires où des adolescentes se feraient violer et où des bébés seraient sacrifiés.» 

Et dans cet « inventaire à la Prévert » des diagnostics délirants, Ellen découvrit qu’elle souffrait du trouble des Personnalités Multiples. Comme pour les rites sataniques, à partir des années des années 70,  le trouble de la personnalité multiple va devenir une maladie mentale populaire. Il se caractérise par la présence de deux personnalités (voire plus) nommées les alter ego qui tour à tour prennent le contrôle de la personne appelée hôte. Les alter ego se conduisent à l’opposé de la personnalité et ils émergent curieusement avec une thérapie utilisant les états modifiés de conscience. La personne ainsi diagnostiquée est complètement amnésique de ce qu’elle a pu faire ou dire de longues heures quand elle était sous l’emprise des alters. Aujourd’hui, dans le DSM V, le Trouble de la Personnalité Multiple est remplacé par celui du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI).

Ellen « cohabiterait »à l’intérieur d’elle avec 159 alters à l’intérieur d’elle, et cerise sur le gâteau, elle aurait aussi été enlevée par des extra terrestres. Tout comme pour le satanisme, les Personnalités Multiples, des psychothérapeutes s’étaient spécialisés dans la thérapie des souvenirs traumatisants d’enlèvement d’ET! Des copines d’Ellen l’informèrent qu’elles avaient eu vent de « techniques à la mode  » par des talk show télévisés et les médias mainstream, et qu’elle était sous l’emprise de sa thérapeute!

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