UN AUTRE REGARD SUR LA VIEILLESSE AVEC LES SUPERAGERS!

La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie (Dona Maurice Zannou)

Photo de Mikhail Nilov sur Pexels.com

Un article publié dans JNeurosci a suscité ma curiosité. Il évoque le substrat biologique lié au vieillissement cognitif exceptionnel observé chez certains séniors appelés les « SuperAgers »! Cette dénomination se retrouve dans des revues scientifiques consacrées au vieillissement. La Northwestern University SuperAging Research (Chicago) et ses programmes scientifiques et médicaux étudient ces personnes exceptionnelles.

Le terme de SuperAge bouscule les idées reçues sur le déclin cognitif lié à l’âge et les préjugés liés au vieillissement popularisés par l’expression OK Boomer. Ce n’est pas un terme fantaisiste. Il s’appuie sur les données scientifiques de la psychologie du vieillissement et la neuropsychologie.

Remettons les pendules à l’heure. Comment définir un SuperAger? Je reste volontairement floue sur cette notion de personne âgée car je considère qu’il y a une part sociétale importante qui participe au clivage des générations; même si à partir du curseur déterminé par l’âge chronologique (pas forcément en adéquation avec l’âge physiologique), c’est le pré carré de la gérontologie et de la gériatrie. Mais également, celui de la psychologie du vieillissement, une nouvelle spécialité qui s’est développée depuis des années 90, compte tenu du vieillissement de la population mondiale.

Le terme de SuperAger est clairement délimité dans la recherche médicale. Des critères ont été développés pour identifier des nouvelles caractéristiques anatomiques, biologiques, génétiques associées au phénotype et psychosociales du SuperAger. Il y a l’âge ( celui de 80 ans et +), la performance de la mémoire épisodique et les capacités cognitives.

Ces personnes ont des capacités cognitives et de mémoire similaires à des personnes beaucoup plus jeunes. Le terme de superager a été popularisé par les travaux de neuroscientifiques américains qui ont montré que certaines personnes âgées avaient un cerveau aussi performant que des personnes beaucoup plus jeunes qu’elles. Des personnes de plus de 80 ans qui obtiennent des résultats similaires à des personnes âgées de vingt à trente ans de moins qu’elles aux tests de mémoire, c’est pas mal, non?

La liste des scientifiques qui se sont penchés sur le cerveau vieillissant n’est pas exhaustive, mais d’en citer quelques uns. Comme Yaakov Stern (Université » de Colombia) a mené des études sur les facteurs de risque de la démence et de la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur les facteurs qui peuvent protéger contre ces maladies. Également, Denise C.Park de l’Université du Texas à Dallas a mené des études sur la plasticité cérébrale et sur les moyens de maintenir la fonction cognitive à un niveau élevé au cours du vieillissement. Et sans oublier Eric Kandel, qui à 80 ans a été couronné par le Nobel 2000 de médecine pour ses recherches (de toute une vie) sur la neurobiologie de la mémoire et du vieillissement du cerveau .

C’est une approche digne de la psychologie positiviste (au bon sens du terme) dont j’ai déjà parlé dans ce blog. La psychologie positiviste souligne des points optimistes et n’insiste pas lourdement sur les maladies qui font penser que la vieillesse est forcément un naufrage.

Cependant, le terme de Superager » ne s’applique pas à toutes les personnes avançant en âge. Il s’agit d’une frange de population relativement faible. Mais elle existe prouvée sur les règles de l‘Evidence-Based Medicine (EBM) et c’est le principal. Alors, voyons ce qu’il en est.

Quel est le point fort des superagers par à rapport à leurs pairs? Le vieillissement moyen est associé à une diminution progressive de la capacité de la mémoire, et ce qui est exceptionnel chez ces superagers, c’est la mémoire épisodique; aussi performante que des personnes plus jeunes qu’eux. La mémoire épisodique est aussi appelée mémoire autobiographique, et elle permet selon cette jolie formule empruntée au magazine Futura de voyager dans le temps, passé ou futur.

Comment dans l’étude de JNeurosci ou même d’autres, cette mémoire épisodique exceptionnelle a-t-elle été constatée chez eux?

Dans cette étude où deux tiers des participants étaient des femmes, pour distinguer les superseniors des autres pairs au vieillissement normal ou légèrement anamnestiques, l’étude a examiné l’intégrité neuronale dans le cortex entorhinal (ERC) (ou aire 28 de Brodman ), une zone phare de la mémoire et sélectivement vénérable à la dégénérescence neurofibrillaire. Ces neurones plus grands et plus sains serait la signature biologique de la trajectoire de ces superagers. Ce serait la couche II du cortex entorhinal (étudié post-mortem) qui serait concerné. Il reçoit en particulier les informations d’autres centres de mémoire et est un centre très spécifique et crucial le long du circuit de la mémoire.

Tamar Gefen, professeure adjointe de psychiatrie et de la science du comportement à la Northwestern University Feinberg School of médecine pense que ces neurones plus grands que chez les jeunes « étaient déjà présents à la naissance et se sont maintenus structurellement tout au long de leur vie». Vers une part génétique?

Quel est l’intérêt scientifique de ces recherches? Elles sont importantes pour comprendre comment des personnes peuvent résister à la maladie d’Alzheimer. Il existerait une forme de résilience aux voies conventionnelles du vieillissement observées chez les SuperAgers. L’ERC joue un rôle clé dans la mémoire est l’un des premiers endroits ciblés par la maladie d’Alzheimer. Le but est d’exploiter les traits biologiques particuliers aux superageurs pour aider les personnes âgées à éviter la maladie d’Alzheimer et pour de futures recherches.

La prévalence des superagers est plus élevée chez les femmes. Il a été constaté une influence positive du niveau d’éducation sur le score des tests cognitifs, ce qui indiquerait une réserve cognitive plus élevée des SuperAgers ayant un niveau d’éducation plus élevée. Un lieu commun mais confirmé par des tests.

Le bien-être psychologique serait-il lié à la performance cognitive chez les SuperAgers? Il a été constaté chez eux un niveau plus élevé de relations chaleureuses (positives ) avec les autres. L’autonomie, une certaine maîtrise de l’environnement et une aptitude au développement personnel. Pourquoi ne pas reparler de la pyramide de Maslow de son sommet (celle de la plénitude de son humanité) et peut-être après, envisager des niveaux dont le besoin cognitif, le besoin esthétique et le dépassement de soi? Il ne s’agit que d’une opinion personnelle.

Car en dehors de la recherche et de ses publications, les SuperAgers sont des personnes âgées définies comme impressionnantes, se comportant comme une personnes d’âge moyen. Rock on-roll! Dans un article sympathique écrit par Rod Rodriguez, le SuperAger et défini comme un Super-Adolescent! Une dénomination d’une gentillesse rare loin des coups de butoir sur les « vieux » lus sur les réseaux sociaux, et qui me font lever les yeux au ciel.

Rod Rodriguez répertorie des zones bleues géographiques où il y a une forte concentration de SuperAgers. Comme Ikaria en Grèce, Okinawa au Japon. Je fais l’impasse volontairement sur le mode de vie de ces SuperAgers et leur alimentation qui participeraient à leur longévité exceptionnelle. Une mention spéciale pour la région d’Ograliastra (Sardaigne) où des centenaires sont toujours actifs, autonomes et capables de vivre seuls chez eux.

Les SuperAgers incitent à une réflexion plus globale sur l’âge et l’activité. Ce qui va suivre pourra être perçu par certains lecteurs comme orienté idéologiquement, et ils auront probablement raison; certains éléments factuels scientifiques sont sujets à réflexion et doivent inciter à abattre le mur de la honte qu’est l’âgisme. Le sujet ne doit pas être esquivé car les publications mêlant économie et neurosciences existent.

Dans le Journal du Comportement Économique (Elsevier) via Science Direct, une publication titre la question suivante: « La retraite accélère-t-elle le déclin cognitif? Preuves de la Chine rurale ». Il y aurait un lien entre l’âge de la retraite et les performances cognitives. Je passe directement à la conclusion de la publication, et je pressens que certaines personnes figées sur la notion d’âge chronologique et dans l’âgisme invoqueront le biais de confirmation: oui, sans conteste le National Rura Pension Scheme chinois affecte la performance cognitive. En terme de mécanismes, la détérioration cognitive est liée à la réduction subtantielle de l’engagement social, du bénévolat et des activités favorisant l’acuité mentale, etc..

Le principe qui sous-tend le programme de retraite chinois lié au déclin cognitif est le suivant: la littérature économique s’est principalement concentrée sur la formation du « capital humain » (dixit). À titre personnel, je n’apprécie pas cette dénomination de « capital humain » qui est glaçante et déshumanisante. Quoi qu’il en soit, hormis la sémantique, il y a des pistes de réflexion. Les capacités cognitives représentent une dimension du capital humain tout comme l’éducation, la santé et les compétences non cognitives. La littérature économique s’est beaucoup moins concentrée sur les causes et conséquences de dépréciation du capital humain y compris le déclin cognitif. Et notamment celui lié à la retraite anticipée.

Les recherches neuropsychologiques citées dans l’article sur la Chine ont retenu toute mon attention, et elles pourraient bousculer les préjugés sur l’âgisme. L’une d’elles serait la malléabilité du cerveau adulte capable de s’améliorer même à la fin de l’âge adulte, étudié par Howard-Jones (et al) spécialiste de la recherche neuroéducative. Encourageant! Est si c’était l’une des dispositions des SuperAgers?

Et une autre étude à méditer sur la « retraite mentale » élaborée par Susan Rohwedder, et Robert J Willis .« ..deux mécanismes pour lesquels la retraite peut conduire à un déclin cognitif. Pour de nombreuses personnes, la retraite conduit à un environnement quotidien moins stimulant. En outre, la perspective de retraite réduit l’incitation à s’engager dans des activités mentalement stimulantes au travail. »

Ces études sur les SuperAgers sont revigorantes pour les générations les précédant. Elles devraient inspirer les programmes sur le vieillissement qui infantilisent les personnes âgées. Et si on partait de l’idée toute simple que toutes les personnes du grand âge sont des SuperAgers? Utopique?

Vraiment? Dans ma salle de fitness, je côtoie Jean-Pierre, ancien militaire de carrière qui manie les appareils de musculation deux heures par jour, participe avec enthousiasme à de nombreux cours collectifs, et à côté de cela est engagé dans le milieu associatif et culturel de sa bourgade normande. La mascotte de notre centre sportif! Une autre SuperAger âgée de 88 ans se rend régulièrement à des cours de Pilates, souple comme un roseau. À côté d’elle, j’ai l’impression d’être une petite joueuse…

Compte-tenu de l’allongement de l’espérance de vie, le regard doit changer sur le vieillissement. Dans un article publié dans la revue CAIRN en 2003, le gériatre Bernard Mouralis (1999) a ainsi défini le grand âge: «la vieillesse ne se laisse définir ni par un mécanisme spécifique unique, ni par le seul effet du temps, ni par un mode de décès. Il n’en existe aucune mesure biologique. Toutes les constantes biologiques gardent la même constance chez le vieillard sain». Les phénomènes de sénescence par exemple, et les incapacités qu’ils entraînent, varient d’une personne à l’autre: certaines personnes âgées sont en meilleure santé que pas mal de jeunes.

Et plus poétique en guise de conclusion celle de l’anthropologue béninois Dona Maurice Zannou: La vieillesse est un mirador qui permet d’avoir une vue panoramique sur la vie.

https://www.jneurosci.org/content/early/2022/09/26/JNEUROSCI.0679-22.2022

https://news.northwestern.edu/stories/2022/09/superager-brains-contain-super-neurons/

https://denverphysicaltherapyathome.com/super-agers-around-the-world/

https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/memoire-memoire-episodique-16094/

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167268122004358?fbclid=IwAR1wO8vjav6nQARZQPEPkERquuILYLSvoe4JSUYcyVZvzHlAP5HZTg8WO7c

https://www.lindependant.fr/2023/01/16/torreilles-a-82-ans-le-docteur-christian-riviere-part-a-la-retraite-10930231.php

EXPÉRIENCE DE MORT IMMINENTE: QUE DIT LA SCIENCE (PARTIE II)?

Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer?

©NBT

Cité dans la première partie du post « Expérience de mort imminente: que dit la science? revenons à Sam Parnia. Son étude multicentrique et transdisciplinaire Aware a débuté en 2008 et a continué avec Aware II (AWAreness during REsuscitation) avec un recrutement ciblé de 1500 patients adultes hospitalisés en arrêt cardiaque.

L’étude comprend une surveillance explicite des niveaux du cerveau et de l’oxygène des patients en arrêt cardiaque via l’oxymétrie cérébrale et l’EEG portable respectivement. Parallèlement, la capacité à détecter des sensations audiovisuelles pendant l’arrêt cardiaque (téléavertisseur, iPad qui émet des stimuli audiovisuels indépendants transmis au patient voa un casque sans fil) . Ainsi grâce à ce matériel high tech, les survivants sont interrogés pour savoir s’ils se souviennent de l’un de ces stimuli.

« Nous essayons d’obtenir un marqueur de la façon dont la relation de la réanimation cérébrale interagira avec la conscience ainsi que la survie et les résultats neurologiques » Parnia. Quand on lit les propos de Sam Parnia, il y a incontestablement une éthique et une honnêteté intellectuelle. Après, est-ce vraiment de la science de chercher à savoir si la conscience survit à la mort physique et à un arrêt du coeur. Tout de même, les lieux d’étude sont des hôpitaux anglais et étasuniens et après tout pourquoi pas? Sam Parnia constate que le retour à la vie n’est pas toujours joyeux: « Alors que certaines personnes reviennent sans problème après une longue période de temps, d’autres reviennent avec des lésions cérébrales».L’étude de Sam Parnia est médicale et la plus précise possible. Une cible photographique avait été mise en place, et elle n’était visible que par quelqu’un flottant près du plafond.

Sam Parnia est rigoureux dans ses propos, et il insiste sur la notion d’arrêt cardiaque: « Seulement, le revers de la médaille est que, que cela nous plaise ou non, nous étudions essentiellement ce qui arrive à l’esprit et à la conscience humains lorsque les gens ont dépassé le seuil de la mort. – c’est-à-dire «l’expérience de la mort imminente»…«c’est un terme que je n’aime pas utiliser, mais je le ferai parce que les gens en ont peut-être entendu parler. Il est inexact parce que les patients que nous étudions sont techniquement allés au – delà du seuil de la mort ». Il relève que les caractéristiques de base des E.M.I sont similaires indépendamment de l’âge et de la culture.

Publié en 2014 dans la revue Rescuscitation, l’étude Aware et par la suite Aware II montre que la conscience externe et l’activité cognitive peuvent se produire durant un arrêt cardiaque; sans que cela ne décrive l’intégralité du processus cognitif au cours de l’arrêt cardiaque ou si des souvenirs peuvent se former chez certains survivants. Ces souvenirs donnent un plus grand sens à la vie (conforteraient-ils les croyances des survivants et aussi ceux des expérimentateurs?), contrastant ainsi avec les S.S.P.T (stress post-traumatique), dépression ou anxiété de certains. Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer? Rien n’est moins sur!

Selon des chercheurs du Michigan, les sensations et visions, comme celle d’une lumière intense correspondent à un regain d’activité cérébrale quand la circulation sanguine cesse dans le cerveau. Cette recherche effectuée sur des rats et à partir d’enregistrements E.E.G est la première à analyser « les effets neurophysiologistes d’un cerveau mourant », précise Jimo Borjigin, professeur de neurologie à l’Université du Michigan , principal auteur de ces travaux: « Nous sommes partis de l’idée que si cette expérience résulte d’une activité cérébrale, elle devrait pouvoir être détectée chez les hommes comme chez les animaux, même après l’arrêt de la circulation  du sang dans le cerveau », explique la neurologue. Le cerveau serait ainsi capable d’une activité électrique bien organisée aux premiers stades de la mort clinique, caractéristique d’un état de conscience. »

L’étude du Michigan est contestée par chercheurs comme Chris Chambler, professeur de neurosciences cognitives à l’université de Cardiff. Cette recherche n’ayant été menée que sur des rats, on ne sait pas s’ils ont un état de conscience, et on ne peut pas comparer l’encéphalogramme d’un humain à celui d’un rat. Logique, non? « ..il est tentant d’établir une relation entre le regain d’activité des neurones et l’état de conscience mais on se heurte à deux problèmes: le premier est qu’on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c’était le cas, conclure que ce regain d’activité cérébrale est la signature d’un tel état est simplement fallacieux», telle est sa conclusion. Pas d’antispécisme non plus pour Sam Parnia: Pour Sam Parnia, ce n’est pas non plus acceptable: « l’idée qu’à l’instar des rats de l’expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque « est extrêmement hypothétique et ne s’appuie sur aucune indication tangible»

Les explications scientifiques des E.M.I et l’étude de ses mécanismes psychologiques sont rares. Si elles rendent compte des aspects cognitifs des croyances religieuses, impliquant des aspects affectifs et motivationnels, elles sont difficilement évaluables et compatibles avec la rigueur scientifique.

Une étude publiée en octobre 2018 dans un hôpital multiconfessionnel au Shri Lanka montre que les personnes croyantes sont plus susceptibles de faire des E.M.I que les non croyantes. On s’en serait un peu douté mais l’étude a le mérite d’exister et de donner un cadre scientifique aux E.M.I. Étude réalisée sur 92 patients gravement brûlés, une étude publiée en mars 2017, relie la croissance post-traumatique aux E.M.I . La croissance post-traumatique est un concept de psychologie positive et c’est le processus par lequel une personne ayant vécu un traumatisme connaît des changements positifs dans sa vie. La croissance post-traumatique concerne une minorité de personnes. On peut le concevoir sous l’aspect de la résilience. Les éléments de l’EMI les plus fréquemment rapportés sont une altération du sens du temps, la décorporation, un sentiment de paix, des sensations vives et le sentiment d’être dans un «autre monde. Cette étude est surtout incitative pour les soignants qui ainsi pourraient aider les survivants de brûlures, à  les amener à parler sans tabou des EMI,  à parler de leur spiritualité et de leurs croyances religieuses au fur et à mesure qu’ils se rétablissent.

Alors, l’une des questions qui se pose au sujet des E.M.I est celle de la véracité des souvenirs des expérienceurs. Vrais ou faux souvenirs?

Vanessa Charland-Verville, neuropsychologue à l’Université de Liège, a étudié ce phénomène pour sa thèse avec 319 personnes. Elle constate que l’expérience est plus réelle que la réalité. Avec une méthodologie rigoureuse comprenant, entre autres, le Memory characteristic questionnaire, Vanessa Charland-Verville a comparé d’abord des souvenirs réels avec des souvenirs imaginés. Ces derniers  sont beaucoup moins intenses que des souvenirs réels.

Pour les faux souvenirs, il est encore hasardeux de les comparer à des souvenirs imaginés ou des E.M.I. Concernant ces derniers, ils ne sont pas comparables à des souvenirs imaginés ou des faux souvenirs. Et Il est difficile des les apparenter à des hallucinations ou à des rêves. Il se passe manifestement quelque chose dans le cerveau que la science n’a pas encore élucidé.

Au sujet des E.M.I, il y a incontestablement des manifestations d’état non ordinaire de conscience, et elles sont influencées par la culture. Le tunnel de lumière serait plus occidental. Pour les Indiens, ce serait plutôt un fleuve. Ainsi rapporté par les journalistes Camille Gaubert et Anne-Sophie Tassart, les Indiens et les Thaïlandais relatent souvent des rencontres avec Yama, le dieu de la mort du Bouddhisme et de l’Hindouïsme.

Le sujet des E.M.I/N.D.E reste encore un sujet sulfureux pour les acteurs de la santé. Sur le net, la plupart des explications relèvent  de l’irrationnel, voisinent avec le spiritisme, la parapsychologie, la réincarnation, les OVNI, les voyages astraux et autres phénomènes surnaturels. D’aucuns affirment que la France négligerait l’étude scientifique de ce phénomène, laissant le champ libre aux dérives sectaires. Les chemins de l’au-delà seraient-ils eux aussi semés d’embûches? Les E.M.I gardent encore beaucoup de leurs mystères scientifiques.

Vidéo de Vanessa Charland-Verville sur les E.MI.

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