AVEZ VOUS DÉJÀ ÉTÉ ENLEVÉ PAR DES ALIENS? MOI NON!

La thérapie pour traiter le trauma des personnes kidnappées par des extraterrestres connut son heure de gloire dans les années 60/70 outre Atlantique.

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Le titre de ce post « Avez vous déjà été enlevé par des Aliens? Moi non!  » est volontairement provocateur!

Et n’omettez pas le A majuscule pour Aliens, après tout, ils sont des citoyens de la galaxie comme nous! Mais l’esprit de ce blog n’a pas changé, et il pourfend les dérives des psychothérapies. Alors revenons à nos moutons…

l’histoire de ce cas est relaté dans l’excellent livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology (non traduit en français) des auteurs Scott O. Lilenfield, et de Steven Jay Lynn.

Myra souffre de son dos, et la douleur devenant intolérable, elle se décide à consulter son généraliste. Pour la soulager, il préconise des séances de relaxation, et l’adresse à un psychologue spécialisé dans le traitement de la douleur par hypnose. Les premiers rendez-vous se passent sans histoire. Myra noue avec son thérapeute une alliance thérapeutique classique. Mais les rendez-vous vont rapidement prendre une tournure du troisième type. Au fil des séances, le thérapeute attribue ses douleurs dorsales à un abus sexuel qu’elle aurait subi enfant. Il aurait été perpétré par son père. C’est du moins ce qu’elle lui aurait affirmé sous transe hypnotique. Et de fil en aiguille, les abus sexuels ne s’arrêtent pas qu’à l’inceste. Son oncle aurait eu également des gestes déplacés à son égard.

Seulement voilà, lorsqu’elle n’est plus sous transe hypnotique, elle est amnésique de ces abus intrafamiliaux, et malgré cela, le thérapeute lui soutient mordicus que c’est réellement arrivé. Lors d’une séance, elle lui aurait raconté (toujours sous hypnose) avoir été enlevée par des extraterrestres (E.T). L’OVNI, de forme ovoïde, s’est posé dans la cour derrière la maison de son oncle pour la kidnapper. À bord du vaisseau spatial, les E.T vont pratiquer sur Myra des examens gynécologiques invasifs. Et son mal de dos en est l’une des séquelles.

L’ineffable hypnotiseur et ufologue de son état vante à Myra le bien-fondé des séances d’hypnose; cette méthode est parfaitement adaptée aux victimes d’enlèvement extraterrestre. Car elle permet de raviver les souvenirs enfouis dans l’inconscient, dus à la violence du trauma que représente un enlèvement extraterrestre. Pourquoi?
Parce que les E.T hypnotisent leurs victimes pour effacer de leur mémoire le souvenir de cet enlèvement!  Logique ! Non ? Tenez vous bien, durant trois ans, le thérapeute lui fera suivre une « Thérapie de la Mémoire Retrouvée »  pour qu’elle se souvienne coûte que coûte de ce kidnapping extraterrestre! Au fond d’elle même, Myra sentait bien qu’il ne s’intéressait à elle que lorsqu’elle parlait de ce qu’elle avait vécu à bord du vaisseau spatial, mais elle était sous son emprise.

Au fil des séances d’hypnose, Myra se plaint « d’avoir de moins en moins les idées claires,  elle est ensuquée, perpétuellement épuisée et coupée de ses émotions». Qu’à cela ne tienne, le thérapeute augmentera la durée des séances. Pas moins de 3 heures et pouvant aller jusqu’à 4 heures,  et ce trois fois par semaine. Par ailleurs, il lui interdit de prendre les médicaments prescrits par son médecin généraliste; ceux-ci risquent d’interférer avec sa thérapie pour raviver ses souvenirs.

Le coût de ces séances n’était pas donné, et les économies de Myra fondent comme neige au soleil. Elle arrête sa thérapie faute de pouvoir régler les honoraires de son thérapeute. Après s’être informée sur les dérives de la thérapie de l’enlèvement extraterrestre, elle consulte un avocat et  porte plainte contre le thérapeute. Et les deux parties trouvent un accord pour dédommager Myra du préjudice subi.

 

L’histoire de Myra n’est pas isolée. La thérapie pour traiter le trauma des personnes  kidnappées par  extraterrestre connut son heure de gloire dans les années 60/70 outre Atlantique. On se doute qu’elle est pseudo-scientifique. Elle repose sur un ensemble de doctrines issues de plusieurs ouvrages qui ont comme point commun de postuler que les extraterrestres ont créé artificiellement l’humanité. C’est la théorie des anciens astronautes. Ainsi les mystérieux dessins de Nazca (au Pérou) seraient des pistes d’atterrissage de ces êtres venus d’une autre planète. Les pharaons égyptiens seraient en fait des anciens astronautes venus délivrer des enseignements à l’humanité. En France, toute une littérature ésotérique s’en est emparée, popularisée par les livres de Robert Charroux. De nombreux mouvements sectaires ont fait des E.T leur fond de commerce. Comme la scientologie et la secte de Rael. Claude Vorilhon dit Rael a créé autour des Ufaunotes une secte. Les puys dans le Massif Central sont devenus des pistes d’atterrissage à l’instar de celles de Nazca. Dans les années 70, il a persuadé  ses disciples de la venue des soucoupes volantes. Nombre de People de l’époque ont attendu en vain ces fameux vaisseaux au sommet d’un puy auvergnat!

Le mythe moderne de l’affaire Roswell, maintenu par des mécanismes psychosociologiques, a marqué le début de cet engouement. En juillet 1947,  un OVNI se serait écrasé au sol près de Roswell, au Nouveau Mexique (Etats-Unis). En fait, il s’agirait de la chute d’un ballon-sonde ultra secret mis au point par les Américains, et  destiné à espionner la Russie. L’ufologie s’est particulièrement développée lors du mouvement New Age, et l’avènement de ses thérapies farfelues qui provoquèrent des dommages dans la psyché. L’un de  ces  préjudices qui a encombré les tribunaux américains dans les décennies 70/80 est le False Memory Syndrome (Syndrome des faux souvenirs) induit par une thérapie à base d’EMC (État Modifié de Conscience) comme l’hypnose.  C’est le cas de Myra!

Des thérapeutes se sont spécialisés dans la victimologie de l’enlèvement ET. « Les patients zéro » de la vague de la thérapie de la « Rencontre du troisième type » remontent à 1961. Les époux Betty et Barney Hill  furent enlevés par les Petits Gris ( une espèce d’E.T) en pleine cambrousse, alors qu’ils revenaient du Canada. En proie à de terrifiants cauchemars dus à cette expérience du troisième type traumatisante, ils vont consulter le Dr Benjamin Simon un spécialiste de l’hypnose. Miraculeusement, leurs souvenirs bloqués vont être ravivés, et la thérapie va être un franc succès! Parait-il! Et le top départ de la vague de la thérapie d’enlèvement E.T est donné.

À l’époque, les connaissances scientifiques sur le fonctionnement de la mémoire n’étaient pas celles d’aujourd’hui, validées par les neurosciences et l’IRM qui permet de visualiser les aires du cerveau. On pensait que la mémoire fonctionnait comme un disque dur, et qu’il suffisait de revenir en arrière pour trouver le souvenir traumatisant grâce à l’hypnose. Comment agit l’hypnose sur la mémoire? Si l’hypnose (bien pratiquée) favorise l’émergence de souvenirs, elle n’augmente pas la qualité de la mémoire. Et là, c’est crucial. Le journaliste scientifique Michael Shermer, en 2002, a  inventorié la littérature scientifique et  confirme qu’il est impossible de récupérer des souvenirs malgré ce que les hypnothérapeutes prétendent. La mémoire est un phénomène complexe impliquant des distorsions, des suppressions et des ajouts, et est un processus de fabrication complète.»

L’histoire de Myra n’est pas isolée. Certaines femmes racontèrent (toujours sous hypnose) avoir été engrossées par FIV et utilisées comme mères porteuses pour donner le jour à des enfants mutants (génétique humaine et extraterrestre). Des polices d’assurance proposèrent à leurs clientes une assurance spécifique contre les grossesses non désirées provoquées par les Petits Gris, ou encore une assurance-vie en cas de décès imputable aux Aliens. L’histoire de Myra peut prêter à sourire pour les sceptiques, et on peut se demander comment elle a pu tomber dans le piège d’une thérapie pseudo-scientifique. Mais des spécialistes se sont penchées sur la victimologie E.T.

Le professeur Mc Nally de Harvard a passé 10 ans à étudier les témoignages de victimes supposées victimes des E.T.

Il a dégagé 5 constantes chez ces témoins :

1) Ce sont des personnes souffrant de paralysie post sommeil (paralysie hypnopompique). Parmi ses manifestations, l’activité physique du corps est bloquée. La personne se croit réveillée mais ne peut plus bouger. Cet état s’accompagne d’hallucinations visuelles (comme des lumières clignotantes qui font penser à celles d’un OVNI), ou auditives accompagnées d’un sentiment de panique. C’est une sorte de semi éveil.  Dans cet état, elle peut avoir l’impression d’une présence (souvent maléfique) dans la pièce et se sentir en danger.
2) On pense que 25% des gens éprouveront au moins une fois dans leur vie une paralysie du sommeil. Alors rien d’extraordinaire, sauf pour les ufologues qui, visiblement sont fâchés avec la science.
3) Pour le syndrome des faux souvenirs, MacNally a constaté que les témoins d’enlèvement extraterrestre échouaient aux tests de mémoire classique comparés à d’autres groupes de personnes non enlevées par des extraterrestres. Deux fois plus sur des souvenirs autobiographiques.
4)   Ces personnes ont la particularité d’avoir une imagination débordante, des images vivaces et un fort indice de suggestibilité.
5)  Leurs croyances sont à l’opposé de la science. Elles sont de type New Age et ces personnes sont friandes de médecines alternatives, de guérison holistique, d’astrologie et de divination. Ils adhèrent aux thèses de l’ufologie et de la Science Fantasy.
Toutefois, McNally note que ces personnes ne sont ni stressées, ni déprimées, ni psychotiques et ne semblent pas avoir de problème de santé mentale évident. Alors, on peut toujours blaguer en disant que finalement, les 5 constantes dégagées par McNally ont été implantées par les E.T dans la psyché de  ceux qu’ils ont enlevés! Qui sait ? La vérité est ailleurs…Trêve de plaisanterie!

 

Faut-il nécessairement nier toute forme de vie extraterrestre? Non, il faut simplement voir ce que la science dit à son sujet. Très sérieusement,  elle s’occupe de chercher des traces de vie extraterrestre sur des exoplanètes. Le programme américain SETI (Search Extra Terrestrial Intelligence) a lancé le projet d’observer 2000 naines rouges (espèces d’étoiles) dans l’espoir d’y détecter un signal extraterrestre. En 2015, Stephen Hawking lançait la fondation « Break Through Listen » pour dénicher un signe d’intelligence extraterrestre. L’exobiologiste André Brack pense que la vie peut-être présente sous forme de bactéries.  Et pour le paléontologue Sébastien Steyer « une intelligence extraterrestre est envisageable mais peu probable».

Ces scientifiques renommés acceptent l’hypothèse que d’autres planètes sont habitables, et peuvent contenir une forme de vie, mais jamais, oh non jamais ils n’ont adhéré aux thèses science-fantasy des ufologues, aux soucoupes volantes ou aux Petits Gris. Ni conforté la victimologie d’enlèvement extraterrestre. La tête dans les étoiles mais les pieds sur terre!
L’astrophysicien Roland Lehoucq pense que s’il s’est développé des formes de vie, elles le seraient à partir d’une chimie différente de la nôtre. Les représentations d’Aliens par les auteurs de SF se sont calquées sur notre chimie. Et ces formes de vie n‘ont pas pu emprunter les mêmes chemins que la terre.  « La physique, cependant est universelle, et les mêmes contraintes doivent s’appliquer partout.»

 

Alors, dommage pour ceux qui croient aux Petits Gris, et  s’il y a eu une  rencontre du troisième type, il ne s’agit que de faux souvenirs dus à la manipulation de leur  mémoire.

COMMENT L’ISLANDE LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE ET LES ADDICTIONS

Le programme de prévention primaire de lutte contre la toxicomanie et les addictions mis en place en Islande repose sur le pragmatisme et le bon sens, et les résultats obtenus prouvent que ça marche.

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Le rapport annuel de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies de 2017, fait état d’une évolution inquiétante du marché des opiacés,  et ce avec un nombre important de surdoses mortelles. Le cannabis reste avec la cocaïne l’une des substances illicites le plus consommée par les jeunes Européens de 15 à 34 ans.  En Europe, contrairement aux U.S.A, le canabis est souvent fumé avec du tabac. L’année dernière 16,6 millions de jeunes ont consommé du cannabis, et chez les adultes de 15 à  64 ans, 22,1 millions en ont consommé au cours des 12 derniers mois, et 83,2 millions au cours de leur vie. Il existe de fortes disparités suivant les pays. La consommation de cannabis est en baisse en Allemagne, Espagne et Royaume-Uni contrairement à la France qui la voit augmenter depuis 2010. Le cannabis continue est associé à d’autres problèmes de santé; et il est la drogue  à l’origine de  la plupart des traitements déclarés pour consommation de drogue. Concernant l’alcool, l’OMS constate que l’Europe arrive en tête du classement mondial concernant sa consommation. Selon un rapport de l’OCDE en 2015, la France figure parmi les premiers pays en terme de consommation d’alcool. Si sa consommation diminue régulièrement dans notre pays, 10% des adultes sont aujourd’hui en difficulté avec l’alcool.

 

L’alcool est la substance la plus consommée chez les jeunes de 16 à 16 ans. C’est ce que révèle le rapport de l’ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs). 78% des jeunes qui ont répondu à cette enquête avouent en avoir consommé à l’âge de 13 ans. Et ne parlons pas du Binge Drinking! S’il est constaté une baisse du tabagisme et de la consommation d’alcool, il faut noter que les élèves européens consomment plus d’alcool que leurs homologues américains. Ors, c’est prouvé suivant les règles de «l’Evidence Based Médecine», la consommation précoce d’alcool et de drogue augmente considérablement les risques de problèmes de santé. Ces chiffres sur les substances addictives, concernent principalement les jeunes! Ors, un pays fait exception à cette règle exponentielle et il pourrait servir d’exemple: l’Islande.

Ce ne fût pas toujours le cas en Islande,  et il faut remonter à une vingtaine d’années! Lorsqu’on compare la consommations de cannabis, d’alcool et de tabac entre 1998 et 2016, la diminution est drastique, et les jeunes sont quasi abstinents.
Les statistiques le prouvent:
-En 1998, 17% les jeunes Islandais de 15 à 16 ans consommaient du cannabis, et en 2016, plus que 7% !
-En 1998, 42% consommaient de l’alcool, et ils ne sont plus que 5% en 2006,
-Et en 1998, ils étaient 23% à fumer versus 3% en 2016.
Aujourd’hui, l’Islande fait figure d’exemple au classement des adolescents les plus « clean » sur le chapitre des addictions. Ils sont quasi-abstinents.

C’est le psychologue et professeur américain, Harvey Milkman qui a contribué à implanter à l’échelle nationale le modèle de prévention primaire islandais. Harvey Milkman enseigne une partie de l’année à Reykjavik, et est l’auteur de nombreux ouvrages de référence consacrés à la drogue.

Au début des années 70, Harvey Milkman  a assisté au phénomène de masse de l’usage de drogues de toutes sortes. Quand il était en stage à l’hôpital psychiatrique de Bellevue (New York), le LSD était déjà présent (et il n’était pas encore interdit), et de nombreuses personnes fumaient de la marijuana. Et la prise de certains types de médicaments (psychotropes, amphétamines) s’était aussi répandue. C’est tout naturellement que son doctorat va porter sur ces substances psychoactives et psychostimulantes. Il fait le lien entre la prise de certaines substances et la pression psychologique (le stress) inhérente à chacun. Le stress est un élément incontournable de notre vie. Il est très difficile à définir car ses effets varient d’une personne à l’autre.Indispensable à court terme mais dangereux s’il se prolonge. Il peut avoir un effet positif ou négatif. Par exemple, il peut favoriser la mémorisation ou bien au contraire la diminuer. Prendre de l’héroïne ou des amphétamines serait un choix orienté pour affronter son type de stress. Selon Harvey Milkman, les utilisateurs d’héroïne veulent l’atténuer, et ceux des amphétamines veulent au contraire en profiter en le décuplant.

Sous la houlette du National Institute of Drug Abuse,  après sa thèse, Harvey Milkman rejoint un groupe de chercheurs censé répondre aux questions suivantes:

-Pourquoi certaines personnes commencent-elles à se droguer?

-Pourquoi continuent-elles ?

-Où se situe leur seuil de tolérance ?

-Peuvent-elles arrêter ?

-Et à quel moment, en reprennent-elles?

Toutes ces interrogations s’appliquent aux collégiens. La chimie du cerveau joue un rôle prépondérant  L’immaturité du cerveau adolescent et en particulier du cortex préfrontal (visible sur IRM) explique en partie l’instabilité du comportement, et leur goût du risque engendrant des comportements à risque. Leur cerveau est sous l’influence des hormones liées à la puberté. Cette grande production d’hormones dans leur cerveau influence directement la production de sérotonine. Dépendants de la chimie de leur cerveau, les adolescents peuvent obtenir cet effet dans le cerveau en volant des radios ou des voitures ou par des substances psychostimulantes. L’alcool modifie la chimie du cerveau d’abord par un effet sédatif qui désinhibe (à doses limitées) et réduire l’anxiété. Harvey Milkman pense que les « gens peuvent devenir dépendants de l’alcool, des voitures, de l’argent, du sexe, de la nourriture trop riche, de la cocaïne-bref, à n’importe quoi. L’idée de dépendance comportementale est devenue notre marque de fabrique»

À partir de cette constatation comportementaliste, l’idée de mettre en place un programme social autour de personnes qui veulent modifier leur psyché sans les effets délétères des drogues a germé.

En 1992, Harvey Milkman et son équipe de Denver ont obtenu une subvention qui offrait aux adolescents des solutions alternatives aux drogues et à la criminalité. Leur programme s’adressait aux enfants à partir de 14 ans qui se droguaient ou qui étaient tombés dans la petite délinquance. Mais on leur a présenté ce programme innovant d’une autre manière que celle des autres programmes qui avaient échoué. L’esprit de ce programme est contenue dans ces propos: « nous ne leur avons pas dit, vous venez pour un traitement. Nous leur avons dit que nous allions leur enseigner tout ce qu’ils voulaient apprendre: la musique, la danse, le hip hop, l’art, les arts martiaux.»

L’idée part du principe que ces différentes activités peuvent modifier la chimie de leur cerveau et leur donner ce dont ils avaient besoin pour mieux être armés dans leur vie. Réduire leur anxiété et leur donner confiance en eux. Ces jeunes recrues ont alors acquis une formation suivant les principes de la psychologie humaniste et positive: l’amélioration de leurs pensées, estime de soi et interactions sociales de qualité. Plus qu’une une simple prévention, c’est le développement des compétences personnelles pour maîtriser sa vie, et ainsi agir sur la tentation de se droguer. Le programme était prévu pour une durée de trois mois, et certains jeunes y sont restés cinq ans.

En 1991, Milkman est invité en Islande pour parler de ce travail, de ses découvertes et de ses idées. Il est alors devenu consultant pour le premier centre résidentiel de traitement de la toxicomanie pour adolescents en Islande, dans la ville de Tindar. « L’idée est qu’il fallait occuper les enfants par des activités constructives qui leur plaisent, et donner aux enfants de meilleures choses à faire», explique-t-il.

Des enquêtes ont été effectuées en Islande pour analyser les comportements de ceux qui consommaient de l’alcool et des drogues avec ceux qui n’en prenaient pas. Les différences sont sans appel. Quelques facteurs ont émergé comme fortement protecteurs: la participation à des activités organisées – en particulier le sport – trois ou quatre fois par semaine, le temps total passé avec les parents pendant la semaine, l’école, et pas de sortie le soir. Les études ont montré qu’il fallait créer des conditions dans lesquelles les enfants peuvent mener une vie saine, et s’épanouir. Les méthodes sont simples pour modifier positivement la chimie de leur cerveau. À partir de cette enquête et de la recherche de Harvey Milkman, un nouveau plan national de lutte a été progressivement introduit. D’abords, les lois ont été modifiées. Il est devenu illégal d’acheter du tabac avant l’âge de 18 ans et de 20 pour l’alcool. La publicité sur le tabac et l’alcool a été interdite. Les liens entre les parents et l’école ont été renforcés par des organisations parentales qui, par la loi, devaient exister au sein de chaque école avec des représentants des parents. On a encouragé les parents à participer à des réunions de groupe sur l’importance d’accorder du temps à leurs enfants plutôt que sur un « temps de qualité» occasionnel, sur la façon de parler à leurs enfants de la vie, de surveiller leurs fréquentations et de leur interdire de sortir le soir.

 

Une loi,  qui est toujours en vigueur aujourd’hui, a été adoptée. Elle  interdit aux enfants âgés entre 13 et 16 ans d’être dehors après 22 heures en hiver et minuit en été. Les parents signent une charte rédigée par le Home and School (l’organisme national de coordination des organisations parentales), dont le contenu varie selon le groupe d’âge. Ainsi, les enfants âgés de 13 ans et plus, les parents peuvent s’engager à respecter toutes les recommandations et, par exemple, ne pas permettre à leurs enfants d’avoir des fêtes en leur absence, ne pas acheter d’alcool et de veiller à leur bien-être. Ceci afin de restaurer l’autorité parentale à la maison. Aucun autre pays n’a apporté autant de résultats significatifs que l’Islande. Le programme  de prévention primaire de lutte contre la toxicomanie et les addictions mis en place en Islande repose sur le pragmatisme et le bon sens, et les résultats obtenus prouvent que ça marche.

Notes:
Les jeunes Suédois en âge scolaire sont peu nombreux à en avoir consommé au cours de leur vie : 5% pour les filles et 7% chez les garçons alors qu’en France, on a 26% chez les filles et 30% chez les garçons.
Toujours d’après le rapport, après le cannabis, le psychostimulant les plus consommé est la  cocaïne, surtout dans les pays de l’ouest et du sud. On estime à environ 2,4 millions le nombre des jeunes adultes de 15 à 34 ans (1,9 % de cette tranche d’âge) ayant consommé de la cocaïne au cours des 12 derniers mois. «Bon nombre de personnes  qui consomment de la cocaïne le font à titre récréatif, en particulier le week-end ou pendant leurs vacances.
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