PSYCHOTHÉRAPIE D’UNE PRINCESSE SATANIQUE

Le cas clinique de de la Princesse Satanique est la plus célèbre affaire de supposé rite sexuel sataniste. En réparation du préjudice causé par cette dérive de la psychothérapie, Patricia obtint 10,6 millions de dollars de dommages et intérêts.

Nous sommes en 1995. documentaire. Frontline, chaîne de TV diffuse l’émission « A la recherche de Satan » où l’une des séquences montre Patricia Burgus en thérapie avec le psychiatre Bennet Braun. Son histoire estracontée e dans « Science and Pseudoscience in clinical psychology », ouvrage qui répertorie les dérives des psychothérapies et leurs fondements pseudo-scientifiques.

Patricia est mère au foyer. Elle a vingt neuf ans. Après la naissance de son fils en 1982, elle souffre de dépression post-partum. Pour en venir à bout, elle va suivre une thérapie avec une travailleuse sociale. Rien d’extraordinaire en cela car beaucoup de femmes soufrent de dépression post-partum et une prise en charge médicale adéquate permet de la traiter.

Cette thérapeute utilise la méthode du jeu de rôle et incite Patricia à parler avec une voix d’enfant, en attribuant des surnoms à chacune de ses humeurs comme Super slow et Religious One (Patricia était très croyante). Elle lui met entre les mains une brochure sur le trouble des personnalité multiples (TPM), ce qui convainc Patricia qu’elle en en souffre. La psychothérapeute la recommande au docteur Braun, psychiatre et spécialiste du TPM, exerçant au prestigieux hôpital presbytérien de Chicago.

Pendant plus de deux ans, Patricia va être internée. Lors de ce séjour, elle suivra quotidiennement des séances d’hypnose, prendra des psychotropes puissants, et sera attachée régulièrement avec des sangles de cuir. Patricia ne souffre pas que de dépression post-partum mais surtout du « Trouble des Multiples Personnalités », l’une des conséquences du Rite sataniques d’Abus Sexuels (ASRS). Une notion née en 1980 et employée par Lawrence Pazder, un psychiatre canadien.

Pour comprendre l’aberration du rituel satanique, il faut évoquer en quelques mots l’Amérique des années 90 obsédée par la violence des cultes sataniques, réels ou imaginaires. Durant cette période, les rumeurs sur les adorateurs du Diable vont aller bon train et faire tâche d’huile jusqu’à l’hystérie collective. Les médias font circuler des vidéos supposées tournées par les adorateurs de Satan. Enregistrement de messes noires où des adolescentes seraient violées ainsi que des sacrifices rituels des bébés. De quoi faire froid dans le dos! Après enquête, le FBI a affirmera qu’il n’y avait absolument aucune preuve de l’existence d’un seul cas d’abus rituel satanique dans toute l’Amérique.

Cette vague d’allégations mensongères est connue sous le nom de Satanic Panic ou panique satanique. Une dénomination culturelle anglo-saxonne de l’hystérie collective liée au satanisme.

Le contexte dans lequel s’est développé cette hystérie collective est particulier. Outre Atlantique, les adorateurs de Satan ont pignon sur rue à l’instar de ceux de l’Église sataniste d’Anton Sanzdor LaVay. Surnommé « le pape noir », il fonde son église en 1966. Dès les années 80, des télévangélistes, des Pentecôtistes, fondamentalistes et encore plus surprenant des thérapeutes dénoncent sur de simples rumeurs les activités criminelles des satanistes.

L’abus sexuel ritualisé sataniste « étiquetait » des personnes violées au cours de messes noires et totalement amnésiques de ces violences. Il se manifestait par un Trouble des Personnalités Multiples suivant les critères du DSM de l’époque. Ce trouble se caractérise par la présence de deux ou plusieurs personnalités distinctes, les alters qui prennent le contrôle de la personnalité principale, l’hôte. Ce dernier ignore l’existence de ses autres personnalités et n’en garde aucun souvenir.

Aujourd’hui, le trouble des personnalités multiples ne figure plus comme tel et a été remplacé par le trouble dissociatif de l’identité ( TDI). À l’époque où existait le TPM, et c’est important pour comprendre l’affaire Patricia Burgus, il a été démontré que c’était les thérapeutes qui induisaient les faux souvenirs et le Trouble des Personnalités Multiples des techniques de récupération des souvenirs à base de suggestion provoquant des États Modifiés de conscience (EMC). Sous la conduite du thérapeute zélé qui le met en EMC, le sujet va avoir des flashs, des images ou des bribes de scènes du trauma originel qui sont automatiquement interprétés comme les souvenirs du trauma.

Pour être diagnostiqué comme souffrant de suites de rites sataniques d’abus sexuels, le patient devait répondre à plusieurs critères dont celui d’avoir été violenté par ses parents membre d’une secte sataniste, avoir participé à des rites cannibales et à des sacrifices de bébés. Tous ces critères seront remplis pour Patricia par le Dr Braun. Sous son influence et conditionnée à bloc, Patricia en arrivera à dire, de bonne foi, qu’elle avait été violée par des panthères, des tigres et des gorilles.

Le bon Docteur fit non seulement hospitaliser Patricia mais également ses deux fils, âgés respectivement de quatre et cinq ans car eux aussi supposés souffrir du Trouble des Multiples Personnalités car étant un signe de famille dysfonctionnelle. Ils alléguèrent que leur mère pratiquait bien un culte satanique, qu’ils avaient eux aussi participé à des rites cannibales où l’on dévorait des bébés encore vivants. Ce fut pris comme argent comptant par l’équipe médicale. Au fil de la thérapie, l’équipe médicale les amena à intégrer le fait qu’ils étaient des « tueurs nés ». La thérapie des enfants de Patricia comprenait des menottes et l’utilisation d’armes à feu pour voir si leur maniement leur était familier. Mieux que le film de Roman Polansky, Rosemary’s Baby, non?

Selon l’équipe médicale, Patricia était une mère incestueuse envers ses fils, était l’hôte de trois cent personnalités, une « princesse satanique » en charge de neuf états américains, et s’était livrée au cannibalisme sur plus de deux mille cadavres.

Le délirant Dr Braun soutint mordicus à la « Princesse Satanique que la viande du hamburger apporté par son mari était d’origine humaine. Au bout de trois ans d’internement, comme l’assurance-santé de Patricia ne couvrait plus ses frais, Patricia sortit de l’hôpital. L’assurance maladie avait déboursé pour elle et ses trois fils la coquette somme de 3 millions de dollars.

Mais comment a-t-on pu laisser le Dr Braun, pourtant psychiatre et exerçant dans un prestigieux hôpital détruire la vie de sa patiente et de ses enfants, abuser de sa confiance?

Le Dr Braun était l’un des leaders du mouvement des souvenirs récupérés. Au milieu des années 1980, il avait publié une vingtaine d’articles sur le trouble des personnalités multiples. Il avait à hôpital de Chicago une unité dédiée à son traitement; son cheval de bataille était le satanisme.

Le cas clinique de la « Princesse Satanique »est la plus célèbre affaire de supposé rite sexuel sataniste. En réparation du préjudice causé par cette dérive de la psychothérapie, Patricia obtint 10,6 millions de dollars de dommages et intérêts. L’ordre professionnel de l’Illinois raya le Dr Braun du conseil de l’ordre pendant deux ans suivi d’une période de probation de cinq ans.

Le docteur Braun contesta le paiement de cette indemnité. Il resta droit dans ses bottes en soutenant que son diagnostic et son traitement étaient adaptés. « il ne croit pas avoir fait quoi que ce soit mal » déclara son avocat en affirmant qu’il ne pouvait pas donner de détails supplémentaires au risque de violer la confidentialité patient/médecin.

L’histoire de Patricia Burgus n’est pas isolée. Il y a eu d’autres affaires judiciaires d’abus rituels satanistes, démontrant qu’il était possible de falsifier la mémoire des patients et de leur faire croire qu’ils avaient fait des actes innommables en pratiquant avec eux « une thérapie fondée sur la régression et des souvenirs récupérés». Les techniques de la mémoire récupérée les plus fréquentes sont l’imagerie guidée, l’hypnose (non médicale) induisaient ces faux souvenirs de messes noires.

Ces thérapies basées sur les « expériences émotionnelles du passé » prises pour des vérités ont pu se propager grâce à la lame de fond du New Age. L’un de ses chantres  est la journaliste américaine Marilyn Ferguson, qui avec son best-seller « La Révolution du Verseau » diffusa les principes de base de cette révolution spirituelle. Une nouvelle approche des psychothérapies fut proposée par l’institut d’Esalen en Californie, et les scientifiques du New Age fondèrent le mouvement de la « Gnose de Princeton ». Bien loin des règles de « l’Evidence Based Medecine», et en créant d’innombrables dégâts dans la psyché de clients qui leur firent confiance, et en propageant des théories pseudo-scientifiques qui perdurent encore dans le développement personnel.

Notes: Le mode opératoire lors d’un diagnostic de ASRS était le suivant : Dans la plupart des cas répertoriés, les clients suivaient une thérapie (soit individuelle ou de groupe) avec un thérapeute adepte du New Age, et en rupture avec la pratique traditionnelle de la psychiatrie. Le thérapeute adhérait aux croyances spirituelles et  pseudo-scientifiques du New Age. La plupart du temps, ces thérapeutes du New Age n’obtenaient pas l’aval des ordres des professionnels car les méthodes étaient considérées comme expérimentales, et peu fiables.

Certains praticiens étaient diplômés en médecine, et appartenaient à des ordres professionnels qui encadraient tant bien que mal leurs pratiques lorsqu’elles dérapaient. Ainsi pour le Dr Fredrickson, qui pratiquait l’hypnose sur les personnes supposées souffrir de d’abus sexuel ritualisé sataniste, l’Ordre n’avait pas réussi à faire comprendre aux patients que «l’hypnose peut donner l’impression d’avoir des souvenirs vivaces, qui en fait sont faux mais contribue à renforcer des convictions (d’avoir été abusé) ». (Walter-Singleton, 1999).

https://culteducation.com/group/1255-false-memories/6529-controversial-doctor-faces-loss-of-license.html

EXPÉRIENCE DE MORT IMMINENTE: QUE DIT LA SCIENCE (PARTIE II)?

Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer?

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Cité dans la première partie du post « Expérience de mort imminente: que dit la science? revenons à Sam Parnia. Son étude multicentrique et transdisciplinaire Aware a débuté en 2008 et a continué avec Aware II (AWAreness during REsuscitation) avec un recrutement ciblé de 1500 patients adultes hospitalisés en arrêt cardiaque.

L’étude comprend une surveillance explicite des niveaux du cerveau et de l’oxygène des patients en arrêt cardiaque via l’oxymétrie cérébrale et l’EEG portable respectivement. Parallèlement, la capacité à détecter des sensations audiovisuelles pendant l’arrêt cardiaque (téléavertisseur, iPad qui émet des stimuli audiovisuels indépendants transmis au patient voa un casque sans fil) . Ainsi grâce à ce matériel high tech, les survivants sont interrogés pour savoir s’ils se souviennent de l’un de ces stimuli.

« Nous essayons d’obtenir un marqueur de la façon dont la relation de la réanimation cérébrale interagira avec la conscience ainsi que la survie et les résultats neurologiques » Parnia. Quand on lit les propos de Sam Parnia, il y a incontestablement une éthique et une honnêteté intellectuelle. Après, est-ce vraiment de la science de chercher à savoir si la conscience survit à la mort physique et à un arrêt du coeur. Tout de même, les lieux d’étude sont des hôpitaux anglais et étasuniens et après tout pourquoi pas? Sam Parnia constate que le retour à la vie n’est pas toujours joyeux: « Alors que certaines personnes reviennent sans problème après une longue période de temps, d’autres reviennent avec des lésions cérébrales».L’étude de Sam Parnia est médicale et la plus précise possible. Une cible photographique avait été mise en place, et elle n’était visible que par quelqu’un flottant près du plafond.

Sam Parnia est rigoureux dans ses propos, et il insiste sur la notion d’arrêt cardiaque: « Seulement, le revers de la médaille est que, que cela nous plaise ou non, nous étudions essentiellement ce qui arrive à l’esprit et à la conscience humains lorsque les gens ont dépassé le seuil de la mort. – c’est-à-dire «l’expérience de la mort imminente»…«c’est un terme que je n’aime pas utiliser, mais je le ferai parce que les gens en ont peut-être entendu parler. Il est inexact parce que les patients que nous étudions sont techniquement allés au – delà du seuil de la mort ». Il relève que les caractéristiques de base des E.M.I sont similaires indépendamment de l’âge et de la culture.

Publié en 2014 dans la revue Rescuscitation, l’étude Aware et par la suite Aware II montre que la conscience externe et l’activité cognitive peuvent se produire durant un arrêt cardiaque; sans que cela ne décrive l’intégralité du processus cognitif au cours de l’arrêt cardiaque ou si des souvenirs peuvent se former chez certains survivants. Ces souvenirs donnent un plus grand sens à la vie (conforteraient-ils les croyances des survivants et aussi ceux des expérimentateurs?), contrastant ainsi avec les S.S.P.T (stress post-traumatique), dépression ou anxiété de certains. Sam Parnia propose de ne plus appeler N.D.E ou E.M.I mais « Expérience Transformatrice de la Mort »(T.E.D). Cette nouvelle dénomination empêchera-t-elle les charlatans de s’en emparer? Rien n’est moins sur!

Selon des chercheurs du Michigan, les sensations et visions, comme celle d’une lumière intense correspondent à un regain d’activité cérébrale quand la circulation sanguine cesse dans le cerveau. Cette recherche effectuée sur des rats et à partir d’enregistrements E.E.G est la première à analyser « les effets neurophysiologistes d’un cerveau mourant », précise Jimo Borjigin, professeur de neurologie à l’Université du Michigan , principal auteur de ces travaux: « Nous sommes partis de l’idée que si cette expérience résulte d’une activité cérébrale, elle devrait pouvoir être détectée chez les hommes comme chez les animaux, même après l’arrêt de la circulation  du sang dans le cerveau », explique la neurologue. Le cerveau serait ainsi capable d’une activité électrique bien organisée aux premiers stades de la mort clinique, caractéristique d’un état de conscience. »

L’étude du Michigan est contestée par chercheurs comme Chris Chambler, professeur de neurosciences cognitives à l’université de Cardiff. Cette recherche n’ayant été menée que sur des rats, on ne sait pas s’ils ont un état de conscience, et on ne peut pas comparer l’encéphalogramme d’un humain à celui d’un rat. Logique, non? « ..il est tentant d’établir une relation entre le regain d’activité des neurones et l’état de conscience mais on se heurte à deux problèmes: le premier est qu’on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c’était le cas, conclure que ce regain d’activité cérébrale est la signature d’un tel état est simplement fallacieux», telle est sa conclusion. Pas d’antispécisme non plus pour Sam Parnia: Pour Sam Parnia, ce n’est pas non plus acceptable: « l’idée qu’à l’instar des rats de l’expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque « est extrêmement hypothétique et ne s’appuie sur aucune indication tangible»

Les explications scientifiques des E.M.I et l’étude de ses mécanismes psychologiques sont rares. Si elles rendent compte des aspects cognitifs des croyances religieuses, impliquant des aspects affectifs et motivationnels, elles sont difficilement évaluables et compatibles avec la rigueur scientifique.

Une étude publiée en octobre 2018 dans un hôpital multiconfessionnel au Shri Lanka montre que les personnes croyantes sont plus susceptibles de faire des E.M.I que les non croyantes. On s’en serait un peu douté mais l’étude a le mérite d’exister et de donner un cadre scientifique aux E.M.I. Étude réalisée sur 92 patients gravement brûlés, une étude publiée en mars 2017, relie la croissance post-traumatique aux E.M.I . La croissance post-traumatique est un concept de psychologie positive et c’est le processus par lequel une personne ayant vécu un traumatisme connaît des changements positifs dans sa vie. La croissance post-traumatique concerne une minorité de personnes. On peut le concevoir sous l’aspect de la résilience. Les éléments de l’EMI les plus fréquemment rapportés sont une altération du sens du temps, la décorporation, un sentiment de paix, des sensations vives et le sentiment d’être dans un «autre monde. Cette étude est surtout incitative pour les soignants qui ainsi pourraient aider les survivants de brûlures, à  les amener à parler sans tabou des EMI,  à parler de leur spiritualité et de leurs croyances religieuses au fur et à mesure qu’ils se rétablissent.

Alors, l’une des questions qui se pose au sujet des E.M.I est celle de la véracité des souvenirs des expérienceurs. Vrais ou faux souvenirs?

Vanessa Charland-Verville, neuropsychologue à l’Université de Liège, a étudié ce phénomène pour sa thèse avec 319 personnes. Elle constate que l’expérience est plus réelle que la réalité. Avec une méthodologie rigoureuse comprenant, entre autres, le Memory characteristic questionnaire, Vanessa Charland-Verville a comparé d’abord des souvenirs réels avec des souvenirs imaginés. Ces derniers  sont beaucoup moins intenses que des souvenirs réels.

Pour les faux souvenirs, il est encore hasardeux de les comparer à des souvenirs imaginés ou des E.M.I. Concernant ces derniers, ils ne sont pas comparables à des souvenirs imaginés ou des faux souvenirs. Et Il est difficile des les apparenter à des hallucinations ou à des rêves. Il se passe manifestement quelque chose dans le cerveau que la science n’a pas encore élucidé.

Au sujet des E.M.I, il y a incontestablement des manifestations d’état non ordinaire de conscience, et elles sont influencées par la culture. Le tunnel de lumière serait plus occidental. Pour les Indiens, ce serait plutôt un fleuve. Ainsi rapporté par les journalistes Camille Gaubert et Anne-Sophie Tassart, les Indiens et les Thaïlandais relatent souvent des rencontres avec Yama, le dieu de la mort du Bouddhisme et de l’Hindouïsme.

Le sujet des E.M.I/N.D.E reste encore un sujet sulfureux pour les acteurs de la santé. Sur le net, la plupart des explications relèvent  de l’irrationnel, voisinent avec le spiritisme, la parapsychologie, la réincarnation, les OVNI, les voyages astraux et autres phénomènes surnaturels. D’aucuns affirment que la France négligerait l’étude scientifique de ce phénomène, laissant le champ libre aux dérives sectaires. Les chemins de l’au-delà seraient-ils eux aussi semés d’embûches? Les E.M.I gardent encore beaucoup de leurs mystères scientifiques.

Vidéo de Vanessa Charland-Verville sur les E.MI.

L’EXPÉRIENCE DE MORT IMMINENTE: QUE DIT LA SCIENCE? (PARTIE I)

Curieusement, tous les témoignages de N.D.E sont positifs.Les expérienceurs gardent une certaine nostalgie de cette Terra Incognita entrevue. Cette expérience va bouleverser la vie de certains.

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Qui n’a pas lu sur le net ces étranges acronymes de « E.M.I » et de « N.D.E »? Ils signifient respectivement « Expérience de Mort Imminente » avec sa traduction anglaise de « Near Death Expérience. Ce sont des expériences subjectives d’états non ordinaire de conscience que peuvent vivre certaines personnes dans certaines circonstances de l’ordre du trauma si l’on veut un point de comparaison: accident, arrêt cardiaque, noyade, suicide raté, effets secondaires de psychotropes etc. Des « survivants », déclarés cliniquement morts, après un arrêt cardiaque, réanimés, à leur réveil déconcertent leur entourage médical et familial par un étrange récit digne de la série culte « X FILes » qui défie la raison.

L’EMI concernerait les premiers stades de la mort, et leur étude couvre le champ de la psychologie, de la psychiatrie et du monde médical en général; c’est intéressant de les considérer avec pragmatisme, et de voir comment la science traite ce sujet de l’ordre de l’irrationnel car malheureusement les charlatans et marchands du New Age s’en sont emparés, et les N.D.E voisinent avec l’astrologie et autres facéties qui agacent le corps médical.

Les expérienceurs (ceux qui ont vécu une E.M.I) décrivent tous plusieurs impressions: l’impression de quitter leur corps et de l’observer de l’extérieur. C’est la décorporation. D’autres vont voir un tunnel ou se trouver sur  le seuil d’une porte virtuelle, aveuglés et attirés par une lumière blanche, brillante et chaude. Et encore d’autres affirment avoir parlé dans l’Au-delà avec des êtres de lumière ou des disparus. La sensation qui leur  reste de leur voyage « aux portes de la mort » est une sensation de paix, de légèreté, de sérénité qui  perdure et abolit la peur de la mort. Curieusement, tous les  témoignages de N.D.E sont positifs.Les « expérienceurs » gardent une certaine nostalgie pour la Terra Incognita entrevue;  la vie de certains va être chamboulée.

Le chantre des travaux sur les N.D.E est le Dr Raymond Moody, philosophe et psychiatre et auteur du best-seller (publié en 1975) La vie après la vie s’est toujours montré prudent pour aborder ce sujet sulfureux. Selon lui, le phénomène des N.D.E n’est pas rare du tout. Les N.D.E seraient reproductibles à volonté.

Effectivement, il est possible, en l’état  des  connaissances scientifiques « d’injecter » toutes les expériences virtuelles dans le système nerveux central. Dans les années 50, un programme de manipulation mentale de la C.I.A a été consacré à ce genre de recherches avec le L.S.D et autres produits psychoactifs. Et l’implantation de croyances irrationnelles sous forme de « visions » ou de « faux souvenirs » a été amplement démontré. Pour les neuroscientifiques, l’E.M.I résulterait d’un mode de fonctionnement particulier d’une zone du cerveau située dans le lobe temporal droit, le gyrus angulaire, lui même proche de zones impliquées dans la vision, l’ouïe, l’équilibre et le toucher.

En 2001, une étude hollandaise sur les N.D.E, chez les rescapés d’arrêt cardiaque, a été publiée dans la prestigieuse revue anglaise “The Lancet”. Menée par le Dr P.Van Lommel, elle porte sur 344 patients, qui après un arrêt cardiaque, ont été ranimés dans 10 hôpitaux hollandais. Les résultats de cette étude montrent que l’E.M.I n’est pas une  constante. Seuls 18% des patients interrogés disent avoir vécu une N.D.E,  parmi lesquels 12% relatent une « expérience profonde ». Si l’on s’en tenait à une explication purement physiologique, telle qu’une anoxie cérébrale, la plupart des patients déclarés cliniquement morts devraient avoir vécu une N.D.E. Ce n’est pas le cas!

L’étude de Van Lommel apporte du poids à l’hypothèse survivaliste, c’est à dire que la conscience survit à la mort du corps. Cette conception a été critiquée par Jason J.Braitwaite, non pas sur les données récoltées mais sur ces conclusions survivalistes. J.Braitwaite est un neuropsychologue spécialisé dans l’étude des facteurs neurocognitifs sous-jacents aux troubles de la conscience (hallucinations, perceptions aberrantes et distorsions perceptives). L’étude de Lommel ne fournit pas la preuve que l’esprit et le cerveau sont séparés du cerveau. Ses conclusions relèvent du domaines des croyances et de la foi. Toutefois, il faut retenir que la méthodologie de la collecte des données est acceptable.

Encore des expériences connues sur les E.M.I. Celles du neuroscientifique Michael Persinger en 1995. Il a stimulé artificiellement plusieurs aires du lobe temporal pour déclencher des phénomènes comparables aux EMI. Il n’a pas réussi à réaliser une EMI complète décrite par les « expérienceurs », mais il a réussi au moins à déclencher chez les sujets des visions mystiques et des sensations de décorporation. Même s’il semble que ce qui suit s’éloigne des des E.M.I, il faut évoquer l’approche rock’an roll de M.Persinger avec ses études sur l’expérience religieuse et la sensation d’une présence invisible dans la pièce.

Des chercheurs suédois ont voulu réitérer l’expérience de Michael Persinger sur les visions mystiques, mais échec et mat. Leur conclusion fut que l’expérience était corrélée à la personnalité et à la suggestibilité des sujets. Ce en quoi, Michael Persinger, dans le International Journal of neuroscience, argue que les chercheurs suédois s’étaient plantés dans leur programme informatique et avaient négligé la configuration magnétique qui induisait la présence éthérée dans la pièce; il réfute ainsi la notion de suggestibilité. On peut également s’étonner qu’un neuroscientifique comme Michael Persinger ait publié un rapport sur la communication télépathique avec le médium Sean Harribance. Ce dernier prône sur son site la thérapie par champ biologique traitant le cancer par des moyens non invasifs. Alors, s’il semble que les propos de Michael Persinger soient séduisants sur les états non ordinaires de conscience, le scepticisme reste de rigueur.

Avec l’étude Aware, Le Dr Sam Parnia, directeur de recherche sur la réanimation en soins intensifs à l’université de médecine de New-York a voulu aller plus loin que la collecte de témoignages de N.D.E; terme qu’il semble réfuter. Avec son équipe composée de 17 chercheurs venus de tous les États-Unis et du Royaume-Uni, Sam Parnia a voulu comprendre, tout d’abord, ce qu’était « l’expérience mentale et cognitive de la mort », étudier ce qui se passait dans la tête de quelqu’un qui a eu  à un arrêt cardiaque, et dont le coeur est reparti.

39 pour cent des interrogés pour cette étude affirmaient se souvenir de quelque chose alors qu’ils étaient cliniquement morts. Au final, si cette étude, la plus vaste à ce jour sur le sujet, « ne permet pas de conclure à la réalité ou à la signification des expériences d’E.M.I rapportées par certains patients, en raison de la trop faible incidence du phénomène de souvenirs visuels (2%), elle ne permet pas non plus de les désavouer  et requiert de poursuivre les études dans ce domaine » indique Sam Parnia [

Selon les auteurs de l’étude, sept grands thèmes reviennent le plus fréquemment dans les témoignages:
-Sentiment de peur-
-Visions d’animaux ou de plantes-
-Une lumière vive-
-Violence et persécution-
-Impression de déjà-vu-
-Vision d’un proche –
-Souvenir des évènements qui ont suivi l’arrêt cardiaque-

Les gens vivent une véritable expérience cognitive au moment de la mort, parler de souvenirs proprement dits seraient hasardeux.  Ils étaient, pour la plupart, sous sédatifs et Sam Parnia pose l’hypothèse que leur inconscient a enregistré une expérience particulière. Sam Parnia note que l’on peut trouver chez certaines personnes des symptômes faisant penser à un Stress-Post-Traumatique.

La suite à venir des rapports entre les E.M.I et la science dans une deuxième partie.

ÉCOPSYCHOLOGIE, UNE NOUVELLE DISCIPLINE POUR REMÉDIER À L’ÉCO ANXIÉTÉ? VRAIMENT?

Ce si sympathique néologisme d’écopsychologie est un piège abscons, et avant-tout un concept marketing.

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L’écologie évoque  la science du climat mais aussi s’intéresse à la santé mentale! Et bien oui, les souffrances de la psyché pourraient aussi se mettre au vert avec l’écopsychologie. Soigner la terre, guérir l’esprit, serait l’un de ses fondements!

Le synonyme d’écopsychologie serait (selon certains sites web) la psychologie environnementale, une discipline à part entière qui  est « l’étude des interrelations entre l’individu et son environnement physique et social, dans ses dimensions spatiales et temporelles ». L’excellent livre de Gabriel Moser, Psychologie Environnementale qui est représentatif du sérieux de la discipline de psychologie environnementale sans connotation idéologique. Cet «ouvrage vise à la compréhension des rapports entre l’individu, la société et l’environnement, d’une part, et la mise à disposition de savoir-faire et d’outils d’intervention au niveau de l’habitat, du lieu de travail, de la ville, de l’environnement global dans le cadre du développement durable, d’autre part. » Même si l’approche ne répond pas aux critères de « l’Evidence Based Science », la psychologie environnementale peut s’avérer une source de réflexion pertinente.

Aujourd’hui, en dehors des programmes politiques qui ne sont pas l’objet de ce blog, il y a une recrudescence du préfixe « éco » accolé à des mots basiques aux fins de donner une connotation écologique ou environnementale. Certains ont un véritable sens et peuvent être acceptables. L’un d’eux est celui de l’éco-anxiété dont les conséquences sont répertoriées dans des articles répertoriés dans Pubmed.

Qu’est ce que l’éco-anxiété? Ce terme a été créeé en 1997 par la Belgo Canadienne Véronique Lapaige, médecin chercheuse en santé publique et santé mentale. Elle a pris soin de préciser qu’il ne s’agissait pas d’une nouvelle pathologie mentale, mais selon elle cette forme d’anxiété repose sur l’adhésion à la thèse du réchauffement climatique à laquelle elle est sensible.

L’éco-anxiété est une anxiété chronique face aux bouleversements environnementaux. Selon le dictionnaire Oxford, c’est une inquiétude extrême face aux dommages actuels et futurs causés à l’environnement par l’activité humaine et le changement climatique. Ce mal toucherait les jeunes générations. Des jeunes adultes de 18 à 34 ans. Le portrait-robot (non validé scientifiquement) serait celui d’une femme habitant en ville, diplômée et de moins de 45 ans.

Il n’y a pas de consensus notamment médical sur cette supposée nouvelle forme d’anxiété qui ne figure pas dans le DSM V. Ce n’est ni un syndrome ni un diagnostic psychiatrique. Notons que l’American Pyschological Association a bien défini l’éco-anxiété comme la peur chronique d’une catastrophe environnementale (a chronic fear of environnemental doom).

On trouve dans la base de données Pubmed des articles sur l’éco-anxiété qui peut amener quelqu’un en psychothérapie car elle est source de détresse et altère la vie quotidienne. Il s’en trouve un sur le changement climatique (que personne ne nie) et qui induirait différents types de « syndromes psychoterratiques » émergents tels que l’éco-anxiété mais aussi l’éco-culpabilité et l’éco-chagrin, outre la détresse qu’ils peuvent causer facilitent un comportement respectueux envers l’environnement. J’ai du mal à croire à une méthodologie rigoureuse concernant ces syndromes terratiques.

Si l’éco-anxiété n’est pas un trouble mental, il n’en reste pas moins qu’elle se manifeste par un certain nombre de symptômes. Selon les psychiatre Antoine Pelissolo et Célie Massini, « les personnes qui déclarent souffrir d’éco-anxiété rapportent des symptômes du champ des troubles anxieux : attaques de panique, angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires (anorexie, hyperphagie), émotions négatives (peur, tristesse, impuissance, désespoir, frustration, colère, paralysie). Ces symptômes sont à l’origine d’une perturbation notable de la vie quotidienne chez certains individus et les consultations pour ce motif seraient de plus en plus nombreuses, notamment aux États-Unis16 ».

Mais revenons au terme d’écopsychologie, qui à mon sens est sujet à des interprétations et à des dérives. L’écopyschologie est manifestement une discipline inédite  qui s’est développé outre Atlantique depuis les années 1990. Elle a séduit des psychologues de la région de San Francisco où une formation est dispensée à l’université de Santa Barbara! Durant cette décennie, la presse française a encensé pendant plusieurs semaines cette nouvelle discipline du développement durable à la rubrique Santé ou Bien-Être. On est en droit de se demander si l’écopsychologie est un nouvel OPNI (Objet Psychique Non Identifié en relation avec la santé),  l’écopsychologie ne figure pas dans Medline/Pubmed qui référence les études scientifiques. Face à cette lacune des cautions scientifiques, le scepticisme s’impose. Tout en reconnaissant que sur Pubmed, il se trouve parfois des articles surprenants dans leur méthodologie scientifique.

L’écopsychologie n’est pas une nouvelle discipline. C’est Theodor Roszak, sociologue et auteur de science-fiction, qui popularisa en 1995 le terme d’écopsychologie. Il se serait inspiré des travaux de Gregory Bateson, l’instigateur du courant systémique et l’un des piliers de l’école de Palo Alto. Gregory Bateson avait évoqué, en son temps, l’écologie de l’esprit où « les progrès en sciences proviennent toujours d’une combinaison de pensées décousues et de pensées rigoureuses. » Cette alliance permettant de faire progresser la science en fonction des besoins des sociétés.

En écologie, le pragmatisme de la science est nécessaire. Depuis les années soixante, on assiste à une crise de la science au profit de l’inflation du pseudo-scientisme. L’écologie en découd souvent (sauf exception) avec l’esprit scientifique en général, et c’est souvent l’auberge espagnole. Lorsque l’écologie parle de santé publique, la prudence est de rigueur pour ne pas jeter les gens entre les mains de charlatans sous le prétexte que la terre perd la boule, et que par effet domino, les terriens aussi.

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