ÉTAT DES LIEUX DE LA CONSOMMATION DE PSYCHOTROPES EN FRANCE!

Dans son rapport, publié en 1996, concernant la prescription et l’utilisation de médicaments en France, le regretté Édouard Zarifian, psychiatre hospitalier universitaire à Caen avait écrit: « La France consomme plus de médicaments que les pays de niveau économique comparable. Les psychotropes, en particulier, sont trois fois moins utilisés en Allemagne ou en Grande-Bretagne. En France, « l’évolution totale de la classe de psychotropes est due à l’augmentation des ventes d’antidépresseurs. Cette classe thérapeutique a connu une augmentation de 5,63 % par an en moyenne de 1990 à 1994 », soit une hausse en dépenses de 10 % par an. « Si le taux de croissance de la Grande-Bretagne paraît plus élevé que celui de la France dans la période 1990-1994, il faut noter que le volume de prescriptions [d’antidépresseurs] en France en 1990 était de 40 % supérieur à celui de la Grande-Bretagne à la même époque. […]»

En 2020, les propos d’Édouard Zarifian sont-ils toujours d’actualité? Je me suis appliquée à trouver des données fiables mais les chiffres de consommation des psychotropes peuvent varier d’un site à un autre, aussi sérieux soient-ils! Ces chiffres sont utiles pour donner une idée de grandeur de l’ampleur de la consommation et l’évolution au fil des années.

D’abord, qu’entend par psychotropes? C’est un médicament qui agit sur la psychisme. Ils sont regroupés en cinq catégories: les antidépresseurs, les anxiolytiques (ou tranquillisants), et souvent souvent des benzodiazépines, les hypnotiques (ou somnifères), les antipsychotiques (neuroleptiques), les régulateurs de l’humeur et les psychostimulants (Ritaline) et sont délivrés uniquement sur ordonnance médicale. Les spécialités les plus consommées sont les benzodiazépines (18%), 9,7 % d’antidépresseurs, les hypnotiques 8,8 % et 0,7% de régulateurs de l’humeur. Toutes ces spécialités restent indispensables dans l’arsenal thérapeutique, sous condition qu’elles soient prescrites à bon escient. Si un regard critique s’imposer sur un excès de consommation, il n’est pas question de les remplacer par de la poudre à perlimpinpin.

En 2012, il s’est vendu 131 millions de boîtes de médicaments psychotropes en France. Et ô surprise, la France est tête du peloton avec une tranche d’âge de 18 à 75 ans (voire plus) et concernerait 17,4% de la population serait concernée . À quelques variables chiffres près

Les femmes en consomment plus que les hommes. 22, 7% de femmes contre 12,9% pour les hommes, et plus elles avancent en âge, plus la consommation augmente jusqu’à 75 ans. Les adolescents ne sont pas épargnés et comme pour les adultes, ce sont les adolescentes qui en prennent le plus: 23,4% contre 13,8%. Et dans un tiers des cas, ce ne sont pas les médecins qui prescrivent en première intention ces psychotropes, mais leurs parents qui prennent sur leur bonnet de leur en donner car leur médecin leur ont fait une ordonnance!

Par à rapport aux années précédentes, ça s’améliore en 2017! Les chiffres de remboursement des psychotropes montrent une baisse des ventes de psychotropes. Baisse de 6% sur les anxiolytiques durant la période 2012-2017. La diminution la plus importante concerne les hypnotiques avec -28%. En 2015, les Français occupaient la deuxième place parmi huit pays européens pour la consommation de benzodiazépines, soit 20% de moins qu’en Espagne mais 5 fois plus qu’en Allemagne. Concernant les personnes âgées, la consommation de psychotropes est préoccupante en Ehpad, même si au fil des ans, elle diminue.

Indépendamment de la baisse constatée au fil des ans, les Français consomment toujours énormément ces substances! Compte tenu de cette forte consommation, on est en droit de se demander s’ils en ont vraiment besoin plus que dans d’autres pays! Le Français est râleur mais est-il tellement si déprimé ou si anxieux pour prendre à gogo des psychotropes. Et bien, un début de réponse sur le bien-fondé de cette surconsommation. Il y aurait un décalage entre ceux qui prennent environ qui se situerait aux alentours de 10% et ceux pour lesquels la prescription serait justifiée, et qui elle se situerait à 5 %. Même si les données chiffrées sont floues, on n’est pas très loin de la réalité où les psychotropes deviennent des molécules de confort, un fourre-tout thérapeutique masquant des causes diverses pouvant aller au simple état d’âme (pas forcément pathologique) ou alors une indication forcenée qui ne nécessite pas un remède de cheval mais quand même prescrite. Et sans compter un mésusage de l’indication initiale de ces molécules dans le dopage cérébral.

On peut trouver dans le rapport du Dr Édouard Zarifian des explications lumineuses dont on aimerait qu’elles soient dépassées en 2020, mais il n’en est rien. Voici quelques phrases assassines qui n’ont pas pris une ride. Hélas, trois fois hélas!

Il n’existe actuellement aucune réflexion dans le milieu médical, et en particulier dans le milieu psychiatrique académique, sur l’éthique de la prescription de médicaments psychotropes. Les leaders d’opinion restent muets face à l’abaissement de la limite entre le normal et le pathologique, ouvrant de nouveaux marchés à la prescription ; […] ils acceptent la banalisation de l’utilisation des psychotropes pour lesquels il n’existe nulle part de pharmacovigilance spécifique de leurs possibles effets psychiques indésirables. […] Il existe une intentionnalité claire de fournir exclusivement aux médecins généralistes ou spécialistes, par la voie de discours académiques, une représentation monolithique réduite aux seuls symptômes accessibles aux seuls médicaments. » Alors que « pratiquement toutes les études cliniques, épidémiologiques, médico-économiques, sont suscitées, financées et exploitées au plan statistique de manière autonome par l’industrie ou par des sous-traitants qu’elle rémunère. »

Nous manquons beaucoup d’études pharmacologiques réalisées en toute indépendance afin de vérifier ce qu’à moyen et long terme ces molécules [les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, comme la fluoxétine, ou ProzacÆ] ont comme action sur la transmission dopaminergique comme le font les psychostimulants plus classiques, qu’il s’agisse des amphétamines ou de la cocaïne. […] »

En décembre 1998, la revue médicale et indépendante Prescrire publiait un article sur les poins forts du rapport Zarifian incluant un historique éloquent. Le psychiatre constate la tendance de ses confrères (généralistes et psychiatres) à prescrire larga manu ces molécules. Selon lui, ils se centrent uniquement sur le « symptôme isolé » décrit dans le DSM. Le manuel américain des troubles psychiatriques à l’origine était destiné à la recherche, et les symptômes potentiellement décrits dans le DSM manuel américain favorisent la prescription des psychotropes surtout celle des antidépresseurs, et ce encouragée par l’industrie pharmaceutique. « L’efficacité des psychotropes, qui sont arrivés tous à la fois entre 1952 et 1965 dans le désert de la pharmacopée psychiatrique, a pu faire croire à certains que les symptômes psychiatriques n’avaient d’autre fonction que d’être des cibles pour les médicaments. C’est la notion de “target symptom” ou symptômes cibles décrits aux États-Unis par Fryhan.»

De charybde en scylla, on est arrivé au symptôme cible qui tient lieu de description de la personnalité dépressive ou disthymique, menant à une construction organiciste de la psychologie par un « système de poupées russes ». Ainsi, la prescription à gogo des psychotropes est facilitée en détournant le DSM au profit de l’industrie pharmaceutique. Le marketing de l’industrie pharmaceutique s’appuie sur des situations de vie de patients dans leur vie quotidienne, psychiatrisant leurs souffrances existentielles et orienter les prescriptions des médecins. Pour favoriser les ordonnances de psychotropes, le marketing va utiliser un langage pseudo-scientifique emprunté à la neurobiologie, sous le couvert du DSM à la botte de l’industrie pharmaceutique. Ainsi, toujours pour trouver le plus de target symptômes nécessitant une prescription de psychotropes. L’une des démonstrations les plus éclatantes est le passage des 180 critères du DSM 1 à celui de 300 dans le DSM IV et V.

Le marketing pharmaceutique va donner l’illusion que toute difficulté existentielle engendrant des bouleversements émotionnels va se résoudre comme par enchantement par la prescription d’un psychotrope.

Dessin humoristique extrait du livre Comment l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions de Christopher Lane). 2007

À l’époque, les effets indésirables des psychotropes n’étaient pas connus comme aujourd’hui. On connait maintenant le risque d’abus, de dépendance et de syndrome de sevrage concernant les benzodiazépines, leurs effets secondaires indésirables comme des troubles de la mémoire, une altération des fonctions psychomotrices (risque de chute par exemple) et des troubles du comportement. Les traitements d’antidépresseurs doivent être prescrits le plus longtemps possible, et chez certains patients parfois à vie, et ce sans qu’il ne soit évoqué les effets secondaires de ces molécules ni leur changement de personnalité au long cours.

Cet extrait de l’article de la revue Prescrire appuie là où ça fait mal : « La pharmacovigilance des médicaments psychotropes est pratiquement axée sur les effets somatiques indésirables de ces traitements•» L’hépatoxicité et autres effets secondaires) sont mises en avant ainsi que les manifestations corporelles mais les changements de personnalité induits au long terme ne le seront pas!

Si cette forte consommation de psychotropes existe, c’est parce qu’il y a aussi collusion entre l’industrie pharmaceutique et de nombreux leaders d’opinion des milieux académiques. Dans l’enseignement médical, les matières comme pharmacologie, la neurologie et les médicaments sont encouragées. Les psychothérapies validées suivant les règles de l’Evidence Based Medecine ne font pas partie de l’arsenal thérapeutique car trop onéreuses et trop longues.

Ainsi, selon Prescrire, n’est-il guère étonnant que l’on continuera à voir apparaitre de nouvelles classes de psychotropes et d’antidépresseurs à visée comportementale comme dans le domaine de la violence. La maîtrise pharmacologique des enfants désobéissants avec la ©Ritaline comme aux États-Unis, et en soulignant aussi le mésusage de cette molécule dans le dopage cérébral ainsi que je l’avais écrit dans le post « Autour du film « Sans limites »: Le dopage cérébral »!

La forte consommation de psychotropes a aussi été dénoncée par le critique littéraire et historien anglais Christopher Lane dans son livre Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions paru en 2007. Là aussi, comme pour le rapport Zarfian, le sujet est encore actuel. Bien qu’il ne soit pas un spécialiste de la santé mentale, Christopher Lane complète avec réussite les observations d’Édouard Zarifian. Dans son livre, il évoque le changement de personnalité sous psychotropes: La neuropsychiatrie nous prodigue des «congés chimiques hors du moi intolérable», mais n’est-ce pas pour nous habituer aux peurs ordinaires et aux chagrins quotidiens, et nous faire souffrir finalement davantage. Comme le dit Hamm dans Fin de partie de Samuel Beckket: « vous êtes sur terre, c’est sans remède! Les neuropsychiatres et leurs mentors de l’industrie auront pourtant dépensé sans compter leur temps et leurs dollars pour nous convaincre du contraire

Quelles sont les dernières nouvelles de ce début d’année concernant la consommation de psychotropes? En France, la consommation d’anti-dépresseurs se situerait dans la moyenne! Cela ne veut pas dire que ceux qui n’en ont pas besoin n’en prennent plus. C’est l’Islande où il se vend le plus de boîtes d’antidépresseurs. Les remarques formulées plus haut sont toujours actuels y compris sur le rapport Zarifian. Sur la consommation d’antidépresseurs, j’ai recensé un article pertinent sur les disparités de consommation suivant les régions. Les trois régions où l’on consommerait le plus d’antidépresseurs seraient le Limousin, l’Auvergne et le Poitou-Charentes. L’une des explications avancées serait la vieillesse, le handicap célibat et le nombre de couples sans enfants. Ceci serait à prouver car il y a probablement d’autres raisons.

Si la consommation d’antidépresseurs diminue depuis 2000, celle des benzodiazépines reste fort élevée. La France en occupe le deuxième rang de la consommation de cette spécialité en Europe, derrière l’Espagne. Il reste encore fort à faire!

En conclusion de ce post, hommage à Édouard Zarifian. Il n’a pas uniquement écrit le rapport de 1996 sur les psychotropes, il a été aussi l’auteur prolixe de nombreux best sellers dont Les Jardiniers de la folie, et voici quelques phrases extraites de son livre Des Paradis plein la tête.

Ecoute-moi, toi mon semblable, mon frère. Tu as peur parce que tu te crois faible, parce que tu penses que l’avenir est sans issue et la vie sans espoir. … Pourtant, tu as d’authentiques paradis dans la tête. Ce ne sont pas des paradis chimiques, c’est toi, toi tout entier dans ta singularité d’homme avec les forces qui t’habitent et que tu as oubliées peut-être. Car c’est l’homme qu’il faut retrouver dans l’individu pour rendre l’existence viable.(Des paradis plein la tête

Si la consommation d’antidépresseurs diminue depuis 2000, celle des benzodiazépines reste fort élevée. La France en occupe le deuxième rang de la consommation de cette spécialité en Europe, derrière l’Espagne.

SOURCES:

pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/31301-Quelles-regions-France-l-on-consomme-d-antidepresseurshttps://www.prescrire.org/docus/PO2008_ZarifianLRP168.pdf

ENCORE CE SI MYSTÉRIEUX PLACEBO: ACTE II

Le placebo renforce l’alliance thérapeutique et la relation médecin/malade.

Placebos vintage

En mars 2018, j’avais rédigé le post « Ce si mystérieux placebo »! J’y décrivais sa spécificité qui est celle d’un médicament sans principes actifs, un leurre prescrit par votre médecin. 

En voici quelques grandes lignes- des extraits à vrai dire- pour rappeler les grandes lignes de mon post de l’an dernier.

« La plupart des connaissances sur le placebo ont été acquises par l’étude de la douleur. Le patient peut éprouver un effet antalgique simplement en anticipant le soulagement. L’interprétation des suggestions verbales dans la communication entre le thérapeute et le patient a également été montré pour soulager l’inquiétude qui catalyse souvent la souffrance. En clair, l’effet placebo conditionne l’individu pour ce que ça marche! Déjà, par la couleur d’une pilule qui  ressemble au vrai  médicament. L’effet analgésique du placebo doit être modulé par la réduction des émotions négatives.» 

Certaines zones du cerveau sont plus particulièrement ciblées par le placebo. J’ai cité les travaux de Tor D.Wager, professeur de psychologie et de neurosciences à l’Université du Colorado à Boulder. Il a suggéré que l’effet placebo commence dans les parties les plus évolutives du cerveau pour aller vers les zones qui libèrent les opioïdes.  L’effet placebo serait du au fait que le cerveau adapte son interprétation de la douleur selon l’état émotionnel et psychique de la personne. Il y a bien évidemment d’autres travaux et d’autres d’auteurs qui ont brillamment travaillé sur ce sujet. Ce sera pour un autre post consacré à ce sujet inépuisable! En attendant si le coeur vous en dit, vous pouvez consulter le site Pubmed, base de données incontournable qui répertorie les articles scientifiques dans les revues spécialisées. Mais en faisant ces recherches, garder son esprit critique car parfois, il peut y avoir des biais méthodologiques ou des falsifications d’études. Toutefois, pour en revenir au placébo, j’ai repéré (à la hâte) quelques articles sur le placebo qui paraissent acceptables en première lecture (plutôt survol).

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24909245

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26132938

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23899563

Pour compléter mon ancien post dont j’ai repris quelques extraits, je vous propose d’autres articles que je n’ai pas rédigé mais que j’ai plaisir à vous soumettre.

D’abord celui de Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique et médecin de formation, webmaster du blog Réalités Biomédicales.

Dans son article « Nous sommes inégaux devant le placebo », Marc Gozlan évoque cette inégalité devant le placebo étudié dans le cadre de la dépression, comme étant due à des variants génétiques. Des études ont démontré que plusieurs gènes sont concernés, et ceci étant observable par l’IRM et l’IRMf .

Voici quelques points forts de l’article:

Plusieurs gènes associés à la réponse placebo sont impliqués dans le métabolisme de neurotransmetteurs. Or, on sait que la séquence ADN d’un même gène ­n’est pas exactement identique d’une personne à l’autre. On parle de « polymorphisme génétique ». Récemment, des études ont montré que certains de ces « variants génétiques » sont associés à l’effet placebo dans la douleur, les troubles anxieux et la dépression. Ainsi, des variants génétiques affectant les voies de la dopamine semblent influencer la réponse placebo dans la dépression majeure et pourraient servir de biomarqueurs pour différencier les patients répondeurs et non répondeurs au placebo.

Ces travaux revêtent un intérêt considérable depuis que des études ont montré que la réponse au placebo est importante dans le traitement de l’épisode dépressif majeur. Cela pourrait expliquer les résultats d’une méta-analyse montrant que l’efficacité observée dans les groupes placebo atteint 65 % de celle enregistrée dans les groupes de patients traités par antidépresseur dans les essais cliniques. Cette proportion est encore plus élevée lorsqu’on inclut les résultats d’essais non publiés. »

Indépendamment de cet article de Marc Gozlan très documenté scientifiquement, j’en ai relevé un autre du Dr Guy-André Pelouze, chirurgien cardio-vasculaire. À première vue, cet article publié sur le site European Scientist semble plus éloigné du placebo que le précédent! Le sujet principal est le remboursement de l’homéopathie. Mais j’ai noté son extrême pertinence sur un passage parlant du placébo. L’homéopathie est un placébo comme un autre.

À ce sujet, voici ce que raconte le Dr Guy-André Pelouze:

« …c’est que les français n’auront même pas bénéficié d’une information de qualité sur ce qu’est l’effet placébo. Nous avons comme les animaux, enfouis dans notre cerveau et recouverts de médiation inhibitrice culturelle et sociale des programmes d’auto-guérison. Nous réagissons à l’adversité par notre système neurovégétatif, immunitaire, anabolique pour guérir. Nous pouvons diminuer drastiquement la douleur, influencer nos choix alimentaires et notre sommeil face à une infection un traumatisme etc… Dans le groupe humain du paléolithique, ces programmes étaient activés spontanément ou sous la médiation des anciens. Nous avons confié ces cas au médecin depuis des siècles. Tout acte de soin, produit un effet le plus souvent placebo mais dans certains, nocebo. C’est un sujet assez bien connu en psychologie évolutionniste. Donc les dilutions homéo avec ou sans sucre ont un effet placebo comme les manipulations d’un ostéo, comme les piqûres d’un acupuncteur, comme la piqûre de la méso comme toute médication allopathique, comme, je le répète, tout acte de soin. Cet effet placebo c’est le cerveau du patient qui le génère et il peut pour certains symptômes améliorer 30% des patients y compris durablement. L’observation que, dans le cas de l’homéopathie il n’y a que l’effet placebo est intéressante car double : il est impossible de mettre en évidence expérimentalement d’effet intrinsèque de la dilution, mais il n’y a pas non plus d’effet secondaire, de complications, nous y reviendrons. »

Toutes les observations sur le placebo sont bénéfiques pour les médecins. Cela démontre toute l’importance d’élaborer un rituel de soin qui améliore l’effet placebo et le soulagement du patient. Et de prendre en compte que notre cerveau est capable de repérer un bon nombre de signaux potentiels. Comme la façon dont le médecin est habillé, sa gestuelle, ses mimiques, et bien évidemment les mots qu’il choisit pour recommander le traitement. Et encore la forme galénique du placebo, et même l’environnement dans lequel le protocole de prescription est présenté.

Le  placebo n’est plus un simple mirage psychologique. Pour que ça soit efficace, il est inutile de mentir au patient en lui  disant que c’est un vrai médicament qu’il va prendre. Le placebo peut être inclus comme une prescription à part entière dans le rituel de soins. Le placebo renforce l’alliance thérapeutique et la relation médecin/malade. Comme le souligne le Dr Jean-Marie Lemarchant, Médecin chef honoraire des Hôpitaux Publics qualifiés en gastro-entérologue et endocrinologie: « Dans certaines affections, c’est la façon de donner qui vaut plus que ce que l’on donne. »

TOUT SE JOUE AVANT L’ÂGE DE SIX ANS! VRAIMENT?

Un mauvais départ se répercute tout au long de la vie d’adulte, et il y a les traumatismes de l’enfance comme la maltraitance (sous toutes ses formes) qui laissent des empreintes post-traumatiques.

J’ai emprunté le titre de ce post au fameux best-seller écrit par le Dr Fitzhurgh Dodson « Tout se joue avant l’âge de 6 ans »! La première édition de ce livre date de 1970, et il a ensuite été régulièrement réédité . Cela ne signifie que j’agrée totalement au point de vue de l’auteur, même si certains de ses propos sont pertinents! Avouez que l’idée que tout se joue  avant six ans est tout de même sacrément fataliste! Ors, elle s’est imposée comme une évidence psychologique auprès de nombreux parents, y compris de certains professionnels de la santé.  Tout est-il déterminé avant l’âge de 6 ans ? Et même avant?  Cette affirmation vous rappelle-t-elle quelque chose

Mais qu’entend-on par cette expression? La personnalité de l’adulte se construit-elle vraiment durant les cinq premières années de sa vie, et parfois avant l’âge de trois ans?

Le livre de Dodson est devenu un manuel pour de nombreux parents et des mères obnubilées par les progrès de leur enfant, dans cette étape du rôle maternel que Winnicott appelait « la préoccupation maternelle primaire !

La vision du « tout se joue avant six ans est très pessimiste, et s’inscrit dans la lignée du déterminisme psychologique suivant laquelle la vie psychique est totalement déterminée. Elle serait  dépendante de ses antécédents, et ne comporterait aucune liberté. Pour F.Dodson, durant les cinq premières années de sa vie, chaque enfant passe par les stades des acquisitions fondamentales –marche, langage, propreté, socialisation, estime de soi-. Les stimulations intellectuelles reçue au cours du développement de ces acquisitions durant ces cinq premières années sont importantes pour son intelligence adulte. Sur le point de la stimulation intellectuelle, passage obligé par les écrans!  La psychanalyste Sophie Maripoulos, sans citer Dodson, évoque dans un rapport sur les enfants et les écrans, la malnutrition  culturelle due au manque d’attention et d’accompagnement des parents dans l’éveil des tout-petits.

À la sortie du livre « Tout se joue avant six ans » en 1970, les connaissances en  neurosciences n’étaient pas aussi avancées qu’aujourd’hui. Certes le développement cérébral est influencé par la génétique, notamment l’intelligence et ses 40 gènes, mais il  ne faut pas sous estimer les facteurs relationnels, affectifs et environnementaux. Les certitudes, mal interprétées selon certains spécialistes, sont agaçantes !
La petite enfance est une période très riche dans la vie, mais rien n’est jamais joué. Certains apprentissages se font toute la vie, l’environnement, les expériences de la vie, les événements (heureux ou malheureux), les crises, et les rencontres influencent la personnalité de l’adulte. Bref, dans le fatum, il y a une part de hasard qui fait que la vie réserve aussi des bonnes surprises.
 

Toutes les théories psychologiques sont d’accord pour dire que des relations affectives de qualité nouées dès l’enfance avec les parents, ou des figures de substitution laissent une empreinte indélébile et essentielle, qui influenceront les relations adultes. Évidemment! Un mauvais départ se répercute tout au long de la vie d’adulte, et il y a les traumatismes de l’enfance comme la maltraitance (sous toutes ses formes) qui laissent des empreintes post-traumatiques. 

Des chercheurs suisses de l’École polytechnique fédérale de Lausanne sous la houlette de Carmen Sandi ont constaté que les blessures invisibles de l’enfance laissent une empreinte biologique qui perdure dans le cerveau adulte.  L’équipe suisse a montré (chez des rats) que les traumatismes chez l’enfant conduisaient à des comportements agressifs visibles  sur certaines zones du cerveau. Comme l’altération du cortex orbitofrontal identiques à celles retrouvées chez les humains violents. Cette connaissance sur les conséquences des traumatismes a des implications médicales, mais également thérapeutiques et sociales.
« Cette recherche montre que les personnes exposées aux traumatismes dans l’enfance ne souffrent pas seulement sur le plan psychologique mais elles subissent une réelle altération dans leur cerveau» (Carmen Sandi).
 

La plupart des chercheurs en psychologie s’accordent pour dire que les traumatismes de la petite enfance (ceux qui surviennent avant l’âge de six ans) sont à l’origine de beaucoup de dépressions et de troubles anxieux, et d’autres troubles. Une autre étude, celle de l’université de McGill de Montréal montre également que les abus et maltraitance laissent une empreinte chimique dans le cerveau. Il s’agit d’une modification de gènes dont l’enfant a besoin a besoin pour se construire un système de défense contre le stress. Une fois modifiée par l’expérience de l’abus sexuel, ces gènes restent altérés toute la vie, rendant les victimes plus vulnérables aux aléas de la vie. 

 
Sans s’arrêter à des événements traumatisants extrêmes (violence, abus sexuels abandon), les interactions destructrices et répétées avec les adultes sont néfastes dans la construction de la personnalité. C’est du désamour et de l’atteinte à l’estime de soi, ni plus ni moins. On entend par désamour les humiliations répétées, le manque d’affection et de compassion d’autrui, les négligences envers la santé mentale et physique. Les inactions des parents sont également destructrices;  elles font douter de la valeur de l’enfant et entachent son estime de soi. Les encouragements prodigués par les adultes sont essentiels à la sécurité affective et l’absence de retroaction positive est extrêmement dommageable à l’estime de soi. Les parents ou  les adultes ne sont pas les seuls acteurs des actions de démolition mentale. Les enfants sont parfois cruels entre eux. L’ostracisme, l’exclusion, l’intimidation par les autres enfants sont extrêmement traumatisantes pour un jeune enfant.
 
Même si le futur adulte est marqué au fer rouge par ses traumatismes, la vision déterministe où tout est  joué durant l’enfance est catastrophique. Elle risque d’enfermer l’autre prisonnier de son passé, et de ne pas l’encourager à dépasser ses problèmes !
 
Freud, en son temps, avait souligné l’inégalité des réactions des patients à la névrose face à un même événement. Jung a parlé de cette notion du « Soi », ce noyau subtil de la personnalité qui peut aider à surmonter les épreuves. Le très médiatique et contesté pédopsychiatre Marcel Rufo prend le contre-pied de F.Dodson de cette fausse croyance que « tout se joue avant six ans ».
 
La notion de résilience, développée par Boris Cyrulnick, démonte ce déterminisme, et est est une formidable leçon d’optimisme où tout est possible à tout âge! La résilience, c’est cette capacité à rebondir, et à reprendre le développement positif de sa vie après l’adversité.
Il n’y a pas de fatalité au malheur. « Les enfants qui ont connu la violence, l’abandon, l’orphelinat, la misère ou encore la guerre seront des enfants blessés et des adultes blessés tout au long de leur vie. Mais ces enfants ne sont ni foutus, ni sans valeurs (Boris Cyrulnick).» 
Les deux périodes pendant lesquelles se mettent en place les processus de résilience sont d’une part, la période qui précède l’acquisition du langage où l’enfant se façonne, se  » tricote  » avec la propre histoire de ses parents. D’autre part, la période qui sur l’acquisition du langage, où l’enfant acquiert la possibilité de se représenter son passé et son avenir et donc de donner un sens à sa vie et ainsi d’agir en la métamorphosant.
 
Conclusion : tout ne se passe pas avant six ans, ni même à trois ans ! On peut à tout âge revivre, et la résilience marche toute la vie, et jusqu’à 120 ans! 
 
 

Vidéo/conférence du Pr Marcel Rufo

 

 

 

 

Sources:
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2013/01/17/003-traumatisme-enfance-violence.shtml
Boris-Cyrulnik Les-vilains petits canards

LE COLORIAGE POUR ADULTES: ART-THÉRAPIE OU MARKETING?

L’activité de coloriage s’apparente aux bienfaits de l’écriture manuscrite. Si écrire à la main est bon pour le cerveau, le coloriage doit s’avérer également positif.

On pensait la pratique du coloriage réservée aux enfants de moins de dix ans ans. J’en offre d’ailleurs aux jeunes enfants de ma famille! Je me souviens avec délice des albums à colorier que ma mère m’offrait quand j’étais malade! Un rituel réconfortant du haut de mes huit ans! Pour l’enfant, cette activité facilite le développement psychomoteur de l’enfant, sa concentration et la précision du geste écrit.

Après cet épisode Madeleine de Proust, devenue adulte, je constate que je pourrai de nouveau gribouiller à mon aise! Les albums à colorier sont devenus pour les adultes un phénomène de mode! Il a démarré simultanément, en 2012, en France et aux États-Unis!

Mais quels seraient les bénéfices du coloriage? Chez l’adulte, il favoriserait la concentration et apporterait le calme. Colorier ces albums aurait des vertus thérapeutiques insoupçonnées! Même une action supposée sur l’insomnie! L’engouement des adultes pour ces coloriages est tel, que les albums sont en tête des ventes des ouvrages de loisirs créatifs. Leur nombre de ventes est comparable à celui des livres sur la méditation ou les massages. Anne Le Meur, responsable éditoriale chez Hachette Loisirs, est surprise de cet engouement des adultes pour les coloriages. Selon elle, l’une des raisons qu’elle évoque est celle-ci: « très sollicités par les écrans, le flux des mails, les gens veulent revenir vers du papier, vers des activités plus calmes sur lesquelles ils peuvent se concentrer». « Les inspirations sont multiples. Les thématiques autour des animaux – surtout les chats —, les fleurs ou encore les grandes expos du moment plaisent beaucoup», révèle Anne Le Meur. » Analyse pertinente!

Ces fameux gribouillages à compléter sont venus d’Angleterre, par l’entremise de maisons d’édition spécialisées dans les dessins. Les best-sellers portent sur les mandalas, les jardins, ou encore, sur des pièces de mode (My fashion Coloriage). Ayant retrouvé leur âme d’enfant, les fans  se font un plaisir de publier leurs oeuvres sur les réseaux sociaux et You Tube.

L’esprit de ces albums de coloriage sont catégorisés dans les labels comme «art thérapie», «mindfulness» ou «anti-stress», situant l’acte de colorier quelque part entre la psychothérapie et la méditation. Ces vertus me semblent quelque peu exagérées!

En cherchant des données « relativement sérieuses » (j’ai zappé pubmed), je suis tombée sur l’origine de ces albums, très éloignée de la psychothérapie! Elle remonte à 1960 et faisait dans la farce séditieuse et la satire sociale! Critique de l’American Way of Life, du conformisme et de la société de consommation. Ces albums furent politisés pour dénoncer les obsessions politiques du gouvernement américain de l’époque. Ainsi, Le « John Birch Society Coloring Book » tourne en ridicule le groupement anticommuniste qui porte ce nom et raille la paranoïa ambiante en affichant une page blanche avec cette légende: « Combien de communistes parvenez-vous à trouver sur cette image? J’en ai trouvé onze. Cela demande de l’entraînement.» Cet aspect politique de l’album à colorier n’a pas disparu. On peut encore choisir son personnage politique fétiche à colorier. De Hilary Clinton à Donald Trump.

Alors quel est le public de ces albums à colorier? Essentiellement des femmes, de tous âges! Des jeunes filles aux vieilles dames! C’est à se demander si cette activité  n’a pas remplacé le tricot, la broderie et tapisserie  d’antan. Et après tout, j’ose appliquer les vertus du tricot à ceux des albums à colorier. Ses vertus thérapeutiques ont été étudiées par le docteur Herbert Bendon, de l’institut du cerveau à Harvard: un moyen de mettre le corps en mode relaxation. En tricotant, le taux de cortisol baisse (hormones du stress) alors que celui de la dopamine et de la sérotonine(hormones du bien être) augmente. Évidemment, la méthodologie concernant les vertus thérapeutique du tricot est légère; cette affirmation sympathique ne précise pas si elle est exempte des lobbies de la laine ou de ceux prônant la femme au foyer. Bref, des conflits d’intérêts! Mais les propos du Dr Herbert Benson méritent toute notre attention. Il a écrit de nombreux articles publiés sur la base de données Pubmed sur la relation entre le corps et l’esprit. Il est surtout connu pour son best-seller de 1975, The Relaxation Response, dans lequel il décrit comment l’esprit peut influencer les niveaux de stress par le biais d’outils tels que la méditation.

Revenons à nos moutons! Les albums à colorier sont estampillés bien-être ou art-thérapie. Mais est ce vraiment de l’art-thérapie ou une simple activité ludique?

L’art-thérapie est apparue dans les années 30. Et ce à partir d’observations d’enseignants en arts plastiques qui avaient remarqué que les dessins libres et spontanés des enfants étaient très intéressants, et pouvaient être un support pour décrypter le plan émotionnel et symbolique. L’art thérapie est une discipline des sciences humaines, même si elle ne répond pas aux critères scientifiques rigoureux. « Le projet vaste (de l’art-thérapie) concerne le mieux-être global de la personne », écrit Jean-Pierre Klein, pionnier de l’art-thérapie en France. Psychiatre, auteur dramatique, il dirige une école de formation d’art-thérapeutes. L’art-thérapie est une forme de psychothérapie qui englobe l’expression et la réflexion tant picturale que verbale.

Les problèmes abordés en art thérapie sont analogues à ceux d’une psychothérapie verbale classique. Le processus thérapeutique est engagé par la création d’une œuvre avec le matériel d’arts plastiques tout en discutant avec le ou la thérapeute. L’art-thérapie va permettre à la personne d’exprimer un potentiel thérapeutique à travers la création. Elle renforce la créativité, et comme les rêves les créations (ou le geste lorsqu’il s’agit de la danse) qui sont des expressions de l’inconscient. L’activité créatrice aide à réduire le stress et l’intrusion de la pensée négative. L’art thérapie aborde les problèmes cliniques et aident les personnes qui désirent explorer et renforcer leur créativité. Introduite dans les différents secteurs de la santé, des services sociaux, de l’éducation et des services communautaires, elle rend d’immenses services. Aujourd’hui, la base de données Pubmed (recueil des données scientifiques) fait état de nombreux articles scientifiques sur l’art thérapie. Elle est souvent indiquée en traitement complémentaire, et dans la réhabilitation sociale de personnes souffrant de troubles psychiques. Le spectre de son application est large: schizophrénie, autisme, dépression, maladie d’Alzheimer, soins palliatifs, etc…

Navrée, malgré les accroches marketing, les albums de coloriage pour adultes ne sont pas vraiment de l’art thérapie, ô combien les maisons d’éditions et les sites de vente en ligne affirment le contraire! Mais si c’est du marketing pur et dur, c’est une activité dénuée de dangers et ludique. L’activité de coloriage s’apparente aux bienfaits de l’écriture manuscrite. Si écrire à la main est bon pour le cerveau, le coloriage doit s’avérer également positif. Il met en jeu un nouveau processus cérébral sans en faire une panacée thérapeutique si on est vraiment stressé.

Pour Patrick Collignan, coach spécialisé dans l’approche cognitive comportementale, « le coloriage est une source de relaxation en soi, car cela permet de se concentrer sur quelque chose d’agréable en soi qui nécessite suffisamment d’attention pour ne pas laisser les pensées négatives vagabonder…Les personnes qui choisissent le coloriage prennent du plaisir à en faire, vraisemblablement lié à un plaisir d’enfance…On peut également mobiliser les zones adaptatives du cerveau si on fait appel à sa créativité. le coloriage demande d’aller l’harmonie des couleurs, de se projeter dans le futur en imaginant le résultat final.»

Certaines bonnes âmes s’indignent de cette activité qu’elles jugent infantilisantes et qui se ferait au détriment d’autres plus culturelles et adultes! Faisons fi de ces râleurs professionnels! Ne nous privons pas de gribouiller sur ces albums à notre guise! Et pourquoi pas en famille s’échanger des crayons de couleurs et les piquer à ses enfants? Finalement, je me demande si je ne vais pas m’y mettre. En prime, je vous ai déniché deux dessins à colorier que vous pouvez imprimer et colorier à votre guise si le coeur vous en dit ! Un chat et un chien! Entre la Ronronthérapie et la Cynothérapie, vous avez le choix!

Chat à colorier

Sources:http://www.teteamodeler.com/scolarite/psycologie/coloriage1.asphttp://www.rfi.fr/culture/20140505-art-therapie-succes-coloriages-adultes/http://www.aatq.org/arttherapyhttp://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23073547http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23073547,21247921,23886343,17952163,7809739,10264527,13568530,12997661,3853059,18879851,3185221,10298784,12980060,13844954,5139569?report=docsum

http://www.lemonde.fr/vous/article/2014/05/07/le-coloriage-pour-adultes-un-retour-a-l-enfance-bienfaiteur_4412501_3238.htmlhttp://mercredietcie.blogspot.fr/2010/11/les-vertus-du-tricot.html